J'étais à l'Institut Trueman depuis peu et... C'était sportif. Entre les cours -auxquels j'étais obligé d'assister même ceux que je connaissais par coeur-, la pression psychologique que beaucoup, ici, cherchaient à exercer sur ma trogne, la découverte des pouvoirs des personnes que je "fréquentais" -j'étais quand même pas mal timide, faut pas l'oublier ça-, la sociabilisation dont je faisais preuve pour être apprécié et l'attention que je devais porter à ceux qui voulaient m'en faire voir de toutes les couleurs... PFIUH. C'était éreintant. Et stressant. Liez à ça les heures de cours que je donnais en tant que professionnel du bien aux Héros et mes soirées à servir dans un bar... Okay, j'avais la chance de n'avoir besoin que de quelques heures de sommeil pour tenir mais... Du coup je tenais. Je ne vivais pas. Même si cette nouvelle vie était vivifiante et bien loin de mon ancienne vie en Inde, clairement. Mais je ne m'en plaignais pas. Non, ça n'est pas de la plainte, ce que je faisais là, c'était... Un expiration. De tout ça. En vrai, ça me faisait du bien d'être si actif, de découvrir de nouvelles têtes et personnalités... Et puis, tout ça, je le faisais pour mon enfant! Donc je n'avais pas le droit de flancher, ni le droit d'oser penser que tout ceci était trop! Non, non, vraiment, ma vie était.. Cool. Pas rythmée. Sportive. Pleine de surprise. ... Mais ok, peut-être que dans tout ça, loin de mes amis indiens, j'avais besoin de retrouver un peu de réconfort. Et en France, il ne me restait pas beaucoup de monde qui m'adorait. Enfin, disons que, surtout, je ne connaissais plus grand monde. Et je ne me voyais pas aller demander de l'affection aux élèves héros, même si j'en avais croisé quelques uns au début de leurs scolarité, comme Milo par exemple et que j'avais été un jour proche d'eux comme un grand frère. ... Ouais, bon, clairement, c'est pas avec lui que j'aurai droit à un câlin.

J'avais une heure de temps libre. Enfin. Littéralement une heure. Après, mon service au bar commencerait. Donc je comptais bien en profiter pour voir quelqu'un qui m'avait particulièrement manqué. Et qui était encore à l'institut.

Je l'avais rencontré lorsque j'étais à l'EIFEB, lors d'une soirée entre supers. J'étais stagiaire à cette époque-là et je découvrais que les héros et les vilains ne se tapaient pas toujours sur le coin de la face. Et qu'ils pouvaient même s'aimer. Et oui, moi, Gaël Leclercq, rejetté par sa famille de vilain et rejetant la vilenie coulant dans mes veines, j'étais sorti avec un étudiant de l'Institut Trueman. Ca avait duré de longs mois. Et j'étais fou amoureux de lui. Ou je le croyais. Peut-être que j'aimais sortir avec quelqu'un proche de ma famille, par son envie d'être un vilain. Dans tous les cas, notre relation amoureuse s'était terminée depuis plusieurs années mais notre amitié s'était poursuivie. Aussi belle et éclatante, tout comme mon ex petit ami, Léandre Raja.

En parlant d'éclatant, il se pouvait que là, bien que je m’apprêtais toujours bien pour aller travailler (ça ramenait plus de pourboire!), je m'étais fait particulièrement beau. Chemise blanche, pantalon noire, cheveux en pétard (comme Léandre raffolait!), je finis par toquer à la porte de son habitation avant de joindre mes deux mains dans mon dos, avec ma boite de chocolat et des fleurs cuillies sur le chemin, sous le stress. J'étais pire qu'une adolescente! Mais en même temps, on ne s'était pas revus depuis... DES ANNÉES ! Est-ce qu'il avait changé ? Est-ce qu'il était encore plus beau qu'avant ? Je trépignais d'impatience dans ma tête tandis que d'extérieur, j'offrais une toute autre vision à celui qui allait m'ouvrir (je l'espère) sa porte.

Je me liquéfiais sur place d'impatience et de peur. ... Surtout d'impatience. Je connaissais bien Léandre, il ne m'arriverait jamais rien avec lui. J'avais juste hâte de voir à quel point il était devenu encore plus formidable et... Vous voyez la scène d'ouverture de porte des plus grandes comédies romantiques ? C'était ça. Avec les paillettes. Le ralenti. Face à moi se trouvait Léandre Raja et... Sacré glow-up. Mon coeur manqua un battement, mes bras, eux, ne manquèrent rien, surtout pas l'occasion de sauter au cou de l'homme que j'avais failli ne pas reconnaitre avec sa tignasse plus longue que dans mes souvenirs.

"Léééaaandre! C'que tu m'as manqué vieux!" Oh bon sang, il avait toujours ce parfum depuis le temps ? Ou... C'était son parfum corporel ? Mince, ça chamboule mes neurones, ça me chauffe les joues. Mais non, aller, c'est juste que... Léandre est ma seule connaissance dans l'institut voire mon seul ami en France -et qu'il est terriblement sexy avec ses cheveux longs, bon dieu, comme si ça ne lui suffisait pas d'être lui-même, il devait l'être encore plus dans un level up de dingue. ... Je devais peut-être le lâcher, là, non ? Ahem, oui, faisons ça.

Je me reculais et présentais les fleurs et la boite de chocolat avec un sourire pincé, se retenant d'être trop expressif même si mes joues rebondies et mon regard brillant en disaient trop déjà sur mon état de joie et d'excitation.

"Pour toi." Ah et euh, il m'avait posé une question, non ? "Ce que je fais ici ? Oh, trop fois rien, jeeee..." J'admire mon ex. Voilà ce que je fais présentement à cet instant, ici, devant la porte de son foyer. Mais c'est très certainement car revoir une âme amicale ici me fait un bien fou que j'ai le coeur tout patraque. Et accessoirement, je continue d'être moi-même en faisant un truc de héros et ça me fait du bien de l'avouer presque sans gêne ? Ça n'avait pas trop changé depuis que l'on s'était vus pour la dernière fois donc le fait que je lui dévoile mon nouveau poste ici ne devrait pas trop le dégouter de moi..? J'espère...?

"Je suis un peu devenu professeur de la section de l'EIFEB et je..." Ma voix diminue dans son volume, allant presque dans les aigues. "...et suis devenu élève en vilenie..?" Je souris de toutes mes dents, mal à l'aise, espérant que la pilule passe et qu'il ne me juge pas trop. Bon, s'il me jugeait, ça ne serait pas le pire des chatiments de sa part. "T'es devenu magnifique mec." Oups, c'est sorti tout seul. Mais mon regard qui ne cessait de passer de son regard à ses ondulations ne devaient pas passer inaperçu. "Enfin, je veux dire... ça te va très bien, ta nouvelle coupe." Est-ce que j'essaye de fuir la discussion sur mes raisons d'être ici ? Certainement.