Institut Trueman
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Les Femmes le détestent : Cet homme a perdu 15ans en...

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Basilio Tsumi
Mieux côté que le sous-fifre du recrutement.
Basilio Tsumi
Basilio Tsumi
Feat : Aidan Gallagher
© Avatar : STKa. & XynPapple (sign)
Messages postés : 363
Je suis aussi : Neville, Henry, Anto & Gaston
Pseudo : Synicareless
Super-pouvoir : Copier les pouvoirs des autres. Voyez-vous, chaque pouvoir se retrouve dans l'ADN et il suffit à Baz d'avoir accès à de la bave ou du sang de quelqu'un pour copier son pouvoir et muter, pendant 3 jours en moyenne.

Problèmes : de manière aléatoire, il copiera aussi certains traits de caractères, maladies ou dons... Ce qui rend Baz assez difficile dans ses envies de copie. En plus du fait que de base, déjà, il y a TRES PEU de pouvoirs intéressants ici... Rolling Eyes



Les Femmes le détestent : Cet homme a perdu 15ans en... 4f1c27d476d19772d3a8783bb8812abaf40850c6
Réputation (intra-école) : 8/10 : Un Tsumi, héros, sur fauteuil roulant, tout le temps hautain, aigri, et qui n'a pas beaucoup de scrupule pour clasher, insulter ou récupérer de la bave ou du sang pour copier un pouvoir... Voilà, vous avez tout compris. Puis bon, aussi, quand on passe d'Oméga à FDP puis à Héros... ça n'arrange rien.
Les Petits + : Ex oméga, il a été déchu de ce groupe... Après avoir tenté de voler les clefs des dortoirs fermés à Mila, lors de la soirée "Chaos" de la Saint Valentin... A cause de sa cousine Altéa qui a mal fait diversion, bien sûr. Tout est de sa faute. Encore. Mais vous savez ce qui est le pire ? C'est que Mila l'a bazardé chez les héros maintenant. Et c'est chiant, clairement.
Haters : 1008
Sam 2 Mai - 21:42
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Featuring le Maître en la Matière
Basilio partageait peu de choses avec son père sur un point de vue caractère. En effet, Adrian, son père, lui, était vu comme un agneau. Ou plutôt un taureau castré, désormais : doux, peu caractériel, effacé. Mais il n’avait pas été ce personnage dès sa plus tendre enfance. Avec son passé de criminel (ayant purgé sa peine depuis longtemps), il avait un côté fourbe qui pouvait avoir tendance à remonter dans certaines occasions. Et croyez-le ou non, ce trait de caractère n’avait pas sauté de génération. C’était pire même : la fourberie de Basilio n’était pas aussi tendre et occasionnelle que son paternel. Et pourtant, ce trait qu’il avait en excès, il dû le gaver pour un plan machiavélique à l’encontre de son oncle. Ou de quiconque pouvait-être cet homme.

La fourberie avait beau être innée et venir d’une facilité assez déconcertante chez lui, pour cette découverte et pour le plan qui était né dans son esprit, Basilio devrait repousser ses limites. Et il avait besoin de tant de savoir-faire pour ce piège, comme la manipulation, beaucoup de précision, un peu de sournoiserie, un bon côté calculateur. Et dans cette recette, avec tout ça déjà, il comptait bien ajouter facultativement une énorme dose d’esprit vengeur. Après tout, il connaissait son adversaire. Il était bon, très bon, même. C’était même lui qui lui avait appris l’imposture et quelques autres filons peu recommandables à transmettre à un neveu. Qu’il l’ait voulu ou non, une part de l’homme s’était immiscé dans l’enfant désormais adolescent et Basilio comptait bien s’en servir contre son propre maitre en la matière.

Comment ça avait commencé ? Par un midi normal, à priori. Dans un réfectoire normalement anormal (il n’y en avait pas d’autres, après tout, des réfectoires remplis de super-vilains en devenir… ou de super-boulets rêveurs.) ou Basilio était habitué à aller chercher sa désormais pitoyable pitance, depuis que la bordure de son uniforme s’était grisé. Il n’avait jamais été très compliqué et ses anciens repas de rouge lui convenaient agréablement, sans être du niveau de celui des FAPFAP, mais il s’en fichait. Il mangeait bien, plutôt bon. Et maintenant, c’était fini…

Ce fut après un nouveau repas qui atterrirait à la poubelle (de la part des cantiniers, Basilio trouvait qu’il n’avait pas à jeter ce plateau honteux) qu’il dégagea ses freins et décida d’aller au foyer pour prendre une barre chocolatée. Mais à peine fut-il tourné qu’il le vit.

Holden.

Ou… non. Pas Holden.

Un homme qui lui ressemblait. Cependant, avec bien 15 ou 20 années de moins sur ses traits. Mais toujours avec ce même air monotone et blasé qu’il n’avait cessé d’observer ses 11 premières années de vie. Est-ce qu’il rêvait ? Mais comme l’enfant qu’il a toujours été, Baz s’en priva aussitôt. Et pas parce que ça n’était pas dans sa nature de base. Mais parce que SI c’était Holden… LE TSUMI PENSAIT. Et son oncle, le père d’Altéa, était télépathe.

Avec la surprise, cela ne dura que quelques secondes avant qu’un système de barrière mentale ne soit mis en place. L’adolescent ne se permit que quelques insultes dans sa tête, s’appuyant dessus, les épelant, les visualisant, se concentrant entièrement dessus pour dissiper ses pensées le temps de FUIR. … Après une rapide photo prise depuis son téléphone comme preuve. Chose faite, le garçon s’enfuit en continuant de jouer sur ses pensées vulgaires. Et ce ne fut qu’une fois au foyer (qui était très loin ! Mais Basilio avait paniqué) qu’il se lâcha et ressortit son téléphone pour mieux observer le blond. Est-ce qu’il l’avait entendu ? Hmm, non, peu probable, la distance qu’il y avait entre les deux était grande en plus du fait qu’ils étaient entourés d’énormément de monde ! Et c’est après cette frayeur que le brun finit par se figer et se poser les bonnes questions. Pourquoi ? Pourquoi avait-il paniqué ? SI c’était Holden… C’était son oncle ! L’homme en qui il avait le plus confiance ! Bon, dans une splendide égalité avec son beau-père Lancelot mais… tout de même ! Est-ce qu’il avait réagi ainsi par rapport à Altéa ? … Non, sa cousine n’avait pas été dans ses premiers sujets de pensées, elle arrivait tout juste. Alors POURQUOI ?

Cette question resta en suspend quelques jours, le temps que Basilio monte tout un plan pour piéger l’homme ou du moins, en premier lieu, vérifier son identité. Et quoi de mieux pour ça que d’user de cette bonne vieille invention créée en 1852, pour connaitre le fin mot de cette histoire ?

User d’un ascenseur (entre la claustrophobie de son oncle et l’épisode de chute qu’il avait vécu avec Adrian) était mauvais. Mais l’adolescent ressentait le besoin d’exprimer son amertume dans son plan. Pour sa disparition soudaine, pour toute la tristesse que cela avait prodigué, pour le sort que cela avait engendré sur lui-même… Après tout, Antonella n’avait plus été la femme dévouée à la protection de ses deux accolytes lors de leurs missions à partir du moment ou le blond avait disparu de sa vie. Peut-être que sans ce besoin débile de chercher des informations sur son amant, elle aurait pu empêcher la défenestration de son neveu. Oui, Basilio repartait sur les pensées du mail qu’il avait envoyé à Holden : il était en parti coupable de son sort actuel.



Stop.

Le mail.

Alors que Basilio avait préparé un plan fastidieux pour coincer le sous-fifre qu’il avait croisé dans le self, ses pensées se figèrent sur LE MAIL. Voilà pourquoi le Tsumi avait paniqué et avait fui en voyant le jeune clone de son oncle ! Son compte mail personnel et caché avait été le journal intime du garçon de TROP nombreuses fois ces derniers mois ! Et qui qu’il puissait être, si l’adulte qu’il visait dans son plan avait un quelconque lien avec Holden… L’intimité de Basilio perdrait toute sa confidentialité !

Il s’était livré, pensant pouvoir juste se lâcher, exprimer pleinement son ressenti injuste, et… Tout tombait en ruine. Ses doutes, ses peurs, ses faiblesses.

C’est peut-être ce constat qui fit rajouter une énorme dose d’amertume dans le plan de la part de Basilio. Ce besoin de se venger, de punir l’homme qui le faisait tourner en bourrique ! S’il était bien ce crétin, et pas une simple personne ayant juste le malheur de ressembler au père d’Altéa. Mais au fond, quelque soit la réponse à tout ça, il y aurait de bonnes choses à la fin. S’il s’était trompé, au moins, Basilio aura eu la possibilité de se comprendre un peu plus et de passer des heures sur un plan qui lui aurait fait du bien, l’aidant à expulser une envie malsaine. Et il aura vécu pendant quelques secondes, inconsciemment, la joie de revoir son oncle. Mais si c’était vraiment lui… Alors, en plus de tout le reste, Basilio pourrait se nourrir du mal qu’il comptait faire ressentir chez Holden. Oui, Basilio Tsumi aimait Holden Redshore, mais aimer une personne ne signifiait pas lui vouloir forcément tout le bonheur du monde. Aimer une personne pouvait aussi signifier se montrer entièrement, sans barrière et s’exprimer sans se retenir. Être le gardien des sourires et des peines, être les bras accueillants un temps et voir son torse devenir un véritable punchingball dans d’autres occasions. Et pour un garçon dont l’existence tournait dans la négation… Holden allait en baver. Clairement. Il n’avait connu qu’un enfant un poil espiègle malgré tout son sérieux, désormais, il allait connaitre l’adolescent.

Caché dans les toilettes destinées à l’administration, Basilio ne relut pas une dernière fois le mail. Il n’y avait rien à tirer d’une relecture d’une connerie pareille. Même si c’étaient ces lignes pitoyables, la clef dans l’histoire. Celle qui allait tout déclencher, le premier domino à pousser pour faire s’écrouler le reste. Alors, donnant le premier élan, bousculant le premier élément, le pouce de Basilio appuya sur le bouton « Envoyer ». Le mail préparé depuis quelques heures venait de partir et son regard braqué sur l’entrebâillement de la porte de service, il attendit de voir passer sa cible. Qui sera bien obligée de prendre l’ascenseur parce que la porte des escaliers serait interdite d’accès par une feuille accrochée dessus… Ainsi que par sa fermeture.

Code par Melody
Basilio Tsumi
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Mer 13 Mai - 18:08

Les femmes le détestent...

• feat. "Holden" et Basilio

Les bouleversements de sa vie tournaient en permanence dans la tête d’Holden. Entre ça, la présence d’un trop grand nombre de personnes autour de lui, le fait qu’ils parlaient et pensaient tout le temps en français, et qu’il peinait à déchiffrer à ce qu’on lui disait parce qu’il ne comprenait aucune référence, il avait des maux de crânes permanents. Il fixait avec un air blasé l’écran de son ordinateur, occupant un bureau vide. Il était censé être en train de travailler sur une tâche incommensurablement ennuyeuse. En réalité, il l’avait terminé depuis la veille, et faisait juste semblant pour qu’on lui fiche la paix. Il avait d’autres choses à faire et trop de migraines pour travailler plus que nécessaire. Il se débarrassait machinalement de quelques mails, et sans y penser, se connecta sur l’autre boîte mail. (Il passait son temps à l’ouvrir, hésiter, et la refermer. Puis la rouvrir. Et la refermer. Et s’auto-énerver à cause de son comportement).  Un nouveau mail attira son attention. C’était le premier nouveau message qu’il recevait depuis qu’il l’avait redécouverte. Encore une fois, il venait de Basilio Tsumi. S’il suivait sa logique « je ne me mêle pas de sa vie », il aurait dû juste refermer l’onglet. Mais deux choses l’inquiétèrent. D’abord le mail n’avait pas d’objet, contrairement à tous les précédents. Ensuite, il avait été envoyé à une heure où il aurait dû normalement être en cours, cinq minutes plus tôt. C’était un peu étrange, comme s’il avait envoyé le message dans la précipitation. Sans savoir s’il trouvait ces deux informations réellement préoccupantes ou s’il les utilisait juste comme un prétexte, il se décida à ouvrir le message.

Vu la première phrase, ça s’annonçait plutôt mal. Le deuxième paragraphe d’autodestruction mentale était pire et…. Ok, en fait c’était une putain de lettre de suicide. Il se souvenait du premier mail. « Mais vraiment, j’en ai juste marre de tout ça ». « ou te faire toi-même sauter la cervelle car t’arrivais au bout de ta propre limite ? Les 2 options sont horribles, mais j’ai peur de la seconde car je me dis que j’étais loin de t’arriver à la cheville ». Deux phrases qui faisaient écho avec celles qu’il lisait maintenant, et qui incitaient à prendre au sérieux ce que Basilio écrivait. Les références appuyées à ce premier mail lui laissaient une impression étrange de manipulation, comme si quelqu’un lui montrait un scénario cousu de fils blancs : « regarde, crois-moi, c’est vrai, il y avait des signes ». La lettre était étrange, comme s’il manquait des éléments, ou que Basilio voulait cacher l’élément déclencheur de son envie de se suicider maintenant.  Mais la sincérité de la lettre et des raisons n’importaient pas. La seule chose qui préoccupait Holden, c’était l’annonce de la décision de se suicider. Il se leva tout de suite pour quitter le bureau. Le mail était déjà parti il y a cinq minutes. Cinq minutes, c’était suffisant pour se tuer.

Évidemment, les nouvelles règles qu’il avait décidées en lisant les premiers mails (« ne pas se mêler de sa vie »), étaient complètement balayées. Ne pas vouloir mettre le bordel dans sa vie n’avait de sens que s’il y en avait une, de vie. Le laisser se tuer pour un prétexte dans ce genre était absurde. Il pouvait se dire que ça ne le regardait pas. Il ne connaissait pas la vie de Basilio en dehors de quelques mails, il n’avait pas interférer dans son choix. Il ne considérait pas non le suicide comme quelque chose de forcément mal, en tous cas, il n’était pas dans l’idée de forcer des gens à vivre. Sauf qu’une logique qui aurait valu pour un adulte ne fonctionnait pas pour un garçon de seize, qui n’avait en plus pas réellement envie de mourir, puisqu’il parlait de « l’aide » qu’il n’avait pas eue. Et ne rien faire, ce serait une pure trahison. Envers Adrian, d’être le seul connaître les intentions de son fils et de le laisser se tuer sans rien faire, une trahison de la confiance de Basilio en son original, donc indirectement en lui. Et sûrement en Anto et en sa fille aussi. Bref il ne pouvait pas juste ignorer le message.

Il devait réfléchir logiquement. Où est-ce qu’il se suiciderait s’il était un élève ? Le mail de Basilio ne lui donnait aucun indice là-dessus. Vu le temps qui s’était écoulé, la première tentative qu’il ferait était la seule qui pouvait lui permettre de retrouver l’adolescent vivant –sauf s’il avait changé d’avis. Il n’imaginait pas Basilio se suicider devant témoins, donc il fallait chercher un endroit où il pouvait s’isoler. Donc il pouvait commencer par quitter les espaces administratifs. Trop de monde passait dans les locaux et les étudiants n’étant pas censés y traîner sans raison, il y avait trop de risque d’être dérangé. Quels autres indices pouvait-il trouver ? Il savait d’après les mails que Basilio était dans la caste des Fonds de placard, donc il pouvait exclure les dortoirs des Fils et filles à papa et des Omégas, en raison de l’espèce de « Kakarma » qui l’empêcherait d’y rester. Les dortoirs étaient supposés être fermés à cette heure, mais ça ne devait pas être complètement impossible de s’y faire enfermer. Donc le dortoir des Fonds de placard pouvait être une option. Une autre possibilité, c’était une salle de cours vide, mais c’était plus aléatoire, plus de monde pouvait y entrer par inadvertance. Le parc et les impasses et couloirs ne pouvaient pas être complètement exclus bien qu’intuitivement, il les trouvait moins probables, mais si c’était le cas, vu la surface, il n’avait quasiment aucune chance de le retrouver à temps. Il choisit donc d’aller voir dans le dortoir des Fonds de Placard.

Holden tenta d’ouvrir à la volée la porte des escaliers pour quitter les bâtiments administratifs, ignorant complètement le message d’avertissement, sauf que… Elle était bloquée. Et vraiment bloquée, il pouvait essayer autant qu’il voulait, mais la porte ne s’ouvrait pas, comme si elle était coincée de l’extérieur. Et merde. Il ne pouvait même pas envisager de crocheter la serrure, si un obstacle empêchait l’ouverture, ça ne changerait rien. De toute façon, il n’avait pas le temps de faire ça. Ni le temps d’aller chercher les escaliers de secours. Il ne lui restait qu’à prendre… l’ascenseur, objet de sa haine depuis qu’il s’était retrouvé coincé dans l’une de ces machines avec Adrian, se découvrant une claustrophobie. La gestion catastrophique de la compagnie Les Ascenseurs du Septième ciel et la rupture du câble et du frein d’urgence de l’appareil ne l’avaient pas aidé à retrouver la moindre de confiance là-dedans. Il allait encore devoir rompre une de ses règles : « ne plus jamais monter dans un ascenseur ». En fait il fallait qu’il arrête tout simplement d’établir des règles, ça ne servait à rien. À chaque fois, il finissait par les briser, comme si le simple fait de les énoncer amenait une forme de fatalité. Allez, peut-être que les ascenseurs de 2020 étaient plus fiables que ceux de 2000. Et la probabilité statistique de vivre deux fois dans sa vie une chute libre dans un ascenseur était nulle.

Il pouvait bien se dire tout cela, mais ça ne l’empêchait pas de ressentir une bouffée d’angoisse à la simple idée de se retrouver de nouveau enfermé là-dedans. Lorsqu’il se força à appuyer sur le bouton d’appel, les souvenirs de sa crise de panique claustrophobe lui revinrent, dans tous les détails. Il faut dire que ce n’était pas si ancien pour lui, il était loin de l’avoir relégué au stade de l’anecdote dont il pouvait rigoler avec sa fille et son neveu. En attendant l’ascenseur, il essaya de bloquer ces pensées. À la place, il se représenta des images d’un Basilio tout juste mort. Un Basilio dont le sang terminait de couler de ses veines, une large flaque autour de lui, par exemple. On pouvait dire que c’était motivant. Suffisamment pour qu’il parvienne à monter immédiatement dans l’ascenseur quand il arriva. C’était le pire type possible d’ascenseur, un modèle plutôt récent, mais bon marché –avec l’Institut Trueman, il avait compris qu’il ne fallait pas s’attendre à mieux. Sombre, petit, étroit. En plus, l’ascenseur lui avait paru bringuebalant lorsqu’il était arrivé, en faisant un bruit étrange de raclement. Le petit message « cet ascenseur a été vérifié le 2/03 » ne le rassurait pas, il pouvait y avoir plein de dégradations en deux mois. Mais puisqu’il n’avait pas le choix… Holden commanda la descente au rez-de-chaussée et appuya sur le bouton pour la fermeture immédiate. Et pour ne pas penser aux portes automatiques qui se refermaient trop lentement à son goût, il réfléchit au trajet le plus rapide pour atteindre le bâtiment des FDP.  
KoalaVolant
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Basilio Tsumi
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Problèmes : de manière aléatoire, il copiera aussi certains traits de caractères, maladies ou dons... Ce qui rend Baz assez difficile dans ses envies de copie. En plus du fait que de base, déjà, il y a TRES PEU de pouvoirs intéressants ici... Rolling Eyes



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Les Petits + : Ex oméga, il a été déchu de ce groupe... Après avoir tenté de voler les clefs des dortoirs fermés à Mila, lors de la soirée "Chaos" de la Saint Valentin... A cause de sa cousine Altéa qui a mal fait diversion, bien sûr. Tout est de sa faute. Encore. Mais vous savez ce qui est le pire ? C'est que Mila l'a bazardé chez les héros maintenant. Et c'est chiant, clairement.
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Mer 20 Mai - 20:35
 

Les Femmes le Détestent !

d'Alden et de Basilio


Une émotion étrange prit Basilio lorsque, du peu qu’il pouvait voir, il aperçut Alden se figer devant sa porte restée désespérément fermée. Un sentiment de satisfaction ? De vengeance ? De culpabilité ? De joie ? D’impatience ? De peur ? Un peu tout ça, et ça formait une drôle de boule dans son ventre. Observer son (normalement) oncle, disparu depuis des années, d’aussi près et se dire que dans quelques secondes, il allait être enfermé avec lui et obtiendrait des réponses… Tout ça rendait son attente encore plus fébrile, le faisant même chuchoter un « Aller, vas-y… oui, appuie… » impatient. Et ces simples mots, liant ses simples pensées, resteraient, comme ces dernières, pour lui seulement.

Piéger un télépathe n’était pas chose facile… Sauf si l’on passait toute son enfance au côté de l’un d’eux. Et de ce qui ressemblait le plus à une petite amie ou une femme, assez rusée même, Basilio ne pouvait le nier. Entre un oncle offrant des conseils pour se protéger mentalement et une tante qui avait su rapidement la jouer en finesse en se protégeant physiquement, Basilio avait de nombreuses cartes en main pour réussir son coup. L’adrénaline et l’énergie mises dedans étaient si grandes qu’il avait l’impression d’avoir passé sa vie entière pour ce moment-là, pour ce piège qu’il avait pourtant orchestré en quelques jours seulement. Bon, certes, les heures dans ces journées étaient nombreuses et plusieurs cours (inintéressants) avaient servis à la conception de ce plan, quitte à y revenir quand un possible obstacle dans tout ça pouvait tout mettre à l’eau, mais… Il était buté et voulait le fin mot de cette histoire. Et sans Altéa d’abord dans les pattes. Il voulait avoir ses réponses sans avoir de chiures émotionnelles et sentimentales, autant virer donc la fille du télépathe visé. Bien sûr, selon, il la préviendrait par la suite mais pour l’instant, ça se jouerait entre hommes.

Donc, pour résumé tout ça, ce plan nécessitait :
- Beaucoup d’heures
- De la patience
- Du cran
- De la testostérone
- Pas de sentimentalisme
- Un serre-tête dans un certain métal

Vérifiant une dernière fois que l’arme de défense massive qu’Antonella lui avait offert soit bien mise en place sur sa tête (et cachée dans sa chevelure, ça craignait un serre-tête pour un garçon…), Basilio se dérida. S’il l’avait mal mis, il aurait vu le blond tiquer, ils n’étaient qu’à quelques mètres. Mais rien. Tout allait bien pour l’instant, ça se passait sans accros. Une dernière fois, Basilio encouragea Alden sans qu’il ne puisse l’entendre à travers un « Rentre… » à peine les portes s’ouvraient mais… L’homme n’en eut pas besoin et semblait s’être engouffré sans réfléchir. Oh, pas de quoi faire paniquer Baz sur l’identité de l’adulte, sous la panique, peut-être que le phobique avait des poussées de courage, surtout avec la peur d’un suicide d’un ado sur la conscience… L’absence de doute chez le blond n’empêcherait pas de faire penser à l’adolescent que cet homme était bien l’homme recherché depuis des années par les filles de sa famille ! Ou du moins, qu’ils étaient liés…

La souris était dans la boite. … Une souris bien vive qui n’avait pas hésité à appuyer sur le bouton pour s’enfermer et se faire souffrir plus rapidement dans une boite prête à l’asphyxier mentalement. Quelque part c’était… Beau. Soit cet homme était réellement Holden et le voir courir ainsi à son secours en faisant fi de sa phobie lui fit se rendre compte à quel point ils avaient bien été attachés l’un à l’autre… Soit cet homme était bien un minimum rattaché à Holden et en plus, bon. Ca n’était pas un hasard si après quelques minutes d’envoi du mail, il avait déboulé dans le couloir pour s’échapper. On pouvait rapidement, dans ce cas là, deviner qu’il y avait une sérieuse attache entre lui et son sosie bien plus vieux, assez pour lui faire se lever ses fesses de son boulot. Bon, ça suffisait les pensées brouillonnes, Baz allait louper son coup.

Sortant de sa planque qui était située sur le côté de l’ascenseur, il se rendit compte de son retard dans tout ça. Aussi, il accéléra sa vitesse et agrippa l’une des portes à temps, l’empoignant correctement et s’aida de sa force, non seulement pour enclencher la sécurité et enclencher la réouverture, mais aussi pour se donner une dernière propulsion. Un soupir mentalement relâché fit s’envoler la pression. S’il avait loupé dès le départ tout ça, il s’en serait longtemps voulu. Mais non. Tout allait bien et il était désormais en face de l’ascenseur ouvert. Un regard silencieux vers l’homme plus tard, Basilio s’introduisit dans la cage de métal. L’étroitesse de la cabine était parfaite : Sa cible ne pouvait s’échapper à cause du fauteuil, sauf s’il touchait l’un des murs.

« Evite de toucher les parois. Ca peut picoter. » prévint aussitôt Basilio avec un sourire malsain et dans son dialecte familiale, bien que s’étant inconsciemment séparé de la langue japonaise pour le coup, dans un réflexe vieux. Sa main glissa du bouton de fermeture de porte jusqu’à son panneau en métal, libérant de son électricité dansante sur les murs. Les mêmes genres d’éclairs se mirent alors à parcourir les iris bleutés Tsumiesque du garçon bientôt, à force que la mutation ne soit utilisée en continue tandis que les portes se retrouvèrent, bloquant les deux garçons.

Malgré ça, il fallait rester concentré maintenant que le processus était déclenché : même s’il n’en avait plus besoin pendant quelques secondes, il devait rester concentré pour relancer son pouvoir pour la suite de son plan si l’homme (Alden, dans ses souvenirs) ne se montrait pas coopératif… Après tout, l’électricité n’était pas son pouvoir de prédilection et il voulait éviter de bloquer l’ascenseur en cramant les circuits comme la dernière fois avec Lotre… Pas que ça le dérangeait d’être enfermé une seconde fois mais il était venu ici pour résoudre un mystère, pas pour s’occuper de son oncle en pleine crise. Et puis bon, même s’il voulait le faire paniquer… C’était pour tirer plus facilement des informations. SEULEMENT pour ça. … Bon, même si, il devait se l’avouer, la vengeance avait une odeur envoutante pour le coup et lui chatouillait beaucoup trop les narines…

La concentration, donc. Bien sûr, Basilio avait prédit la difficulté de tout ça. Mais pas assez bien, visiblement. Se retrouver face à une version juvénile de son oncle était… Déstabilisant, encore plus de se retrouver face à lui tout court. Et d’aussi près, il n’y avait plus de doute. Il avait vécu dans le déni jusque là, se disant que ça n’était que de la ressemblance, et pas vraiment lui, au loin, malgré la démarche similaire, les moindres mimiques, mais là, ce doute venait de se dissoudre. Physiquement, c’était lui, clairement. Alors, ces quelques secondes qui passèrent (laissant l’ascenseur déclencher sa descente dans une légère secousse) ne furent pas dans le programme. C’était juste le temps… D’accuser le coup pour Baz qui avait plissé les yeux pour mieux profiter des traits qui lui étaient donnés à voir… Enfin, depuis de trop longues années. Même ce grain de beauté en bas de son œil gauche était là. Sortant de cet instant de quasi contemplation, presque avec une commissure fièrement relevée, l’adolescent se reprit.

« Bon, on fait quoi ? » reprit-il dans une voix trop basse à son gout et en français mais ne faisait plus vraiment attention à son accent américain. Ses premiers mots prononcés avaient juste été un peu de taquinerie, pour lui réveiller quelques souvenirs mais la suite du plan allait se passer en français. Histoire de continuer de le déstabiliser. Et pour ça, il appuya aussi sur le bouton d'arrêt. Pour l'instant.« Tu vas gentiment m’expliquer tout ce bordel ou non ? » Il aurait sa réponse quoi qu’il advienne avant qu’il ne puisse s’enfuir. Pas que le temps était compté mais il était impatient et ça s'entendait jusque dans sa voix : « Autant j'ai juste eu à appuyer sur le bouton, autant je peux aussi tout faire griller si tu cherches à gagner du temps en me mentant ou si tu tentes de réappuyer. Donc je te conseille de me répondre rapidement ou je risquerai de m’énerver à la sauce Tsumi . Ca serait idiot que l’on se retrouve bloqués, non, Holden ? » Pas de « tonton », d’oncle ou quoi. Pour le coup, il fallait juste… De l’assurance. Beaucoup d’assurance. C’est ce qu’il fallait. En énorme dose. Mais ça en manquait cruellement même si son regard ne lâchait pas le blond. Il y avait de quoi perdre de la contenance, malgré les bras qui s’étaient croisés à peine les portes s’étaient fermées.

Pour l'instant, il arrivait à se contrôler et à rester "calme", donc autant en profiter et se concentrer sur ça. Car autant dire qu'il n'était pas sûr de ne pas réagir en entendant ses explications ou... Rien que sa voix, en fait. Alors, pour se donner contenance, Basilio fit ce qu'il faisait de mieux : l'agacer, se moquer. Et à travers un petit rictus. Ca le regonflait un peu et ça n'en était que mieux.

« Alden. Holden... Tu t'es pas trop emmerdé. Je t'ai connu plus imaginatif quand même... Même William Jones était mieux que ça, c'est pour dire...» Comme pour le presser davantage, Basilio laissa éclater quelques éclairs du bout de ses doigts, en guise d'avertissement. Il manquait peut-être les muscles de son père (il était une crevette comparé à lui, au même âge) mais cette position et cette machoire crispée offrait un bel héritier à Adrian.
KoalaVolant
Basilio Tsumi
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Mer 27 Mai - 20:53

Les femmes le détestent...

• feat. "Holden" et Basilio

Et alors que les portes se refermaient sur la prison mouvante, Holden s’étant calé dans un angle, deux petites mains dorées s’interposèrent, agrippant au dernier moment les battants, jaillissant d’un angle mort. Le détail était incongru, c’étaient deux mains d’adolescents, d’une taille presque adulte, mais encore très fines, placées à hauteur d’enfant. Et pour Holden, cette irruption était d’autant plus étrange qu’il n’avait entendu personne s’approcher. Il ne l’avait pas entendu au sens habituel du terme, mais ça, c’était plutôt normal. La machinerie de l’ascenseur et le fracas métalliques pouvaient parfaitement couvrir quelques pas légers. Ce qui était plus étonnant, c’est qu’il n’ait pas entendu mentalement la personne s’approcher, qu’il n’ait pas entendu ses intentions. Pour arriver aussi vite près de l’ascenseur, l’intrus devait déjà être à proximité et donc dans son rayon de perception, lorsqu’Holden était rentré dans l’appareil et avait ordonné la fermeture immédiate. Or là, il reconnaissait certes une présence, parmi beaucoup d’autres alentours, qu’il isolait seulement maintenant qu’il savait que cette personne se manifestait, mais pas de pensées précises. Le télépathe pris en défaut attribua provisoirement la raison de tout cela à son stress à l’idée de reprendre l’ascenseur, et à ses préoccupations concernant son apparemment neveu suicidaire. Son cerveau avait simplement dû écarter inconsciemment les informations parasites, comme il le faisait d’ailleurs maintenant en évacuant sa perplexité.

Alors que ce bug mental l’aurait alerté dans d’autres circonstances, il s’en fichait complètement. Holden soupira, agacé. Il n’avait pas de temps à perdre avec un autre passager, qui pouvait appuyer sur un bouton entre l’étage et le rez-de-chaussée et le ralentir. Après il ne manquerait plus qu’encore une personne rentre à un étage intermédiaire, et ainsi de suite. Tout ça pouvait bien gâcher quelques minutes
D’autant plus qu’il n’y avait que des emmerdeurs pour vouloir forcer l’ouverture des portes de l’ascenseur. Ce n’était pas compliqué à comprendre que si une personne appuyait sur le bouton de fermeture rapide, c’était justement partir vite, ou être seul.  

Maintenant il ne pouvait pas faire grand-chose pour se débarrasser des deux mains pénibles. Il ne pouvait pas aller décrocher les doigts un par un, ni passer un pied dans la fente trop étroite pour expulser le gêneur. Même si ce n’était l’envie qui lui manquait, lancer une attaque mentale était risqué, l’autre pouvait tomber en avant et se coincer à moitié la main ou le bras entre les portes, ça le ralentirait encore plus. Holden espéra donc que cette fois, l’ascenseur serait de son côté. Le gêneur –ou la gêneuse, puisque les mains fines pouvaient aussi être celles d’une femme– comptait visiblement sur le dispositif de sécurité de l’ascenseur pour s’en sortir. Mais est-ce que le dispositif de sécurité d’une chose aussi peu fiable pouvait fonctionner, alors que les portes étaient si proches, et avec en plus de cela des mains si petites ? Ce n’était pas évident du tout, se dit Holden. Peut-être que l’obstacle ne serait pas repéré. L’intrus serait obligé de retirer ses mains pour ne pas se faire pincer, et lui pourrait repartir tranquillement. Et puis, sincèrement, si l’autre se coinçait les doigts, ça lui était complètement égal. Ça ne le ralentirait pas plus que s’il entrait, et ça lui apprendrait, tiens.  Voilà, on ne pouvait pas compter sur une sécurité d’ascenseur. Pendant un instant, Holden crut que ça allait se passer comme il l’espérait, les portes continuant de se rapprocher à leur vitesse habituelle, menaçant d’écraser d’un instant à l’autre les petits doigts. Mais juste après, elles se bloquèrent… et repartirent dans l’autre sens. Fait chier. Putain d’ascenseur de merde. Objet le plus traître de la création. (Après tout, cela en faisait peut-être son alter ego mécanique, et dans ce cas, il se prenait un retour de karma somme toute bien mérité).

Et voilà, les portes de l’ascenseur étaient de nouveau grandes ouvertes – tout ça pour ça. Et Holden avait le champ libre pour observer l’intrus, qui ne se dérangea pas pour rentrer.  Et c’était un intrus bien particulier. Un fauteuil roulant, des yeux bleus dont la clarté ressortait sous la lumière des néons, une mâchoire forte, très dessinée, des cheveux bruns coupés court, mais placés bizarrement – la lumière artificielle se reflétait dans un bout de métal. Il y avait peu de doutes à avoir sur son identité : Basilio Tsumi, le fils d’Adrian et le neveu de son autre lui. Il y avait trop de coïncidences pour qu’il puisse être quelqu’un d’autre. D’abord, il ne devait pas y avoir beaucoup d’étudiants en fauteuil roulant à l’Institut Trueman, théoriquement, ça ne collait pas très bien aux cours physiques et à l’image qu’on se faisait d’un supervilain. En plus, les bâtiments n’étaient même pas accessibles. Son âge était aussi plus ou moins le même que celui qui écrivait à son fantôme. Holden avait vaguement l’impression qu’il faisait jeune pour un adolescent de seize ans, mais pas excessivement non plus, et de toute façon il n’y connaissait rien en adolescents. Ce qui aurait pu être un doute était en plus complètement balayé par la correspondance de son physique avec la petite icône associée à l’adresse mail de Basilio. Icône sur laquelle il avait plusieurs fois zoomé pour mieux voir son visage derrière les pixels, et pour chercher des traits de ressemblance avec Adrian. À vrai dire, si elle ne lui était pas beaucoup apparue sur le portrait enfantin, elle était maintenant frappante, aux yeux d’Holden. Avec quelques années de plus, les traits de visage de l’enfant étaient beaucoup plus marqués, et rappelaient ceux de son père. Son menton était un peu plus fin, ses sourcils plus dessinés, mais ses autres traits trahissaient leur ressemblance, et plus encore, il remarquait certaines de ses mimiques. Il faut dire qu’il avait eu d’assez nombreuses occasions d’observer Adrian énervé ou perturbé pour les remarquer.

De la même manière que toutes ces coïncidences ne permettaient pas le doute sur son identité, sa présence dans l'ascenseur, à ce moment précis, ne pouvait pas en être une non plus. Il était bien placé pour le savoir, les coïncidences n'existaient pas. (Holden se dit que c'était peut-être une des choses que son original avait apprises à Basilio. S'il était là, s'il avait monté tout ce plan pour le coincer dans l'ascenseur, c'était bien parce qu'il ne pouvait pas croire en la coïncidence qu'un homme ressemblant exactement à son oncle, avec un prénom proche et juste vingt ans de moins pouvait n'avoir aucun rapport avec lui. En lisant sa lettre et en sortant, il lui avait donné une coïncidence supplémentaire). Et alors qu'il le reconnaissait, Holden se sentit soulagé. Parce que tout cela signifiait que le gamin n'allait pas se suicider. Et un léger sourire éclaira son visage.

Allez, réveille-toi. Arrête de le regarder, efface ce sourire, et engueule-le comme le ferait n'importe quel sous-fifre dérangé par un élève. Il ne va pas se suicider, donc tu peux reprendre ton plan. T'as plus besoin de t'approcher de sa vie. Comporte-toi comme un connard, comme un pur inconnu. Il sera dur à convaincre, mais ça lui mettra un doute. "T'as rien d'autre à foutre de ta vie que de faire perdre leur temps aux gens? Dégage de cet ascenseur petit con". Voilà, un truc comme ça, c'est assez typique. Et tu peux donner un coup dans son fauteuil pour l'envoyer dans le couloir, histoire d'en rajouter encore un peu.

Mais il ne dit rien.

Et maintenant il était trop tard. Basilio, lui, dit quelque chose, le sortant de son dédale mental. "Évite de toucher les parois. Ça peut picoter". Holden ne comprit pas immédiatement pourquoi l'adolescent lui disait ça, encore à moitié perdu à la fois dans la contemplation de Basilio et émergeant tout juste de son "bug". Ensuite il vit les petits éclairs partir des doigts du gamin, et là, il dut réagir in extremis pour s'enlever de l'angle où il était calé, appuyé entre deux parois, pour ne pas se prendre une décharge. Sale gamin, commenta mentalement Holden -mais encore une fois les mots ne franchirent pas la barrière de sa pensée. Il n'y voyait d'abord qu'une stratégie pour le faire se sentir encore plus mal dans l'espace exigu, en réduisant encore l'espace de quelques centimètres. Après seulement, il remarqua l'espace sur les côtés, et comprit que si le garçon avait fait cela, c'était pour empêcher une potentielle fuite. Bizarrement, il était surpris de cette remarque. Ça ne lui était pas venu à l’esprit de sortir de cet ascenseur, comme si la décision qu’il avait prise en décidant d’appuyer sur le bouton était irrémédiable. Peut-être aussi parce qu'un sous fifre en colère ne se serait pas comporté comme cela.

Et voilà qu’il était au moins autant déstabilisé que Basilio. Entendre de nouveau le dialecte devenu familier des Tsumis dans la bouche d’un inconnu lui laissait une impression complètement irréelle. Avec cela, il n’était plus possible de douter. Et si jusque-là, le petit le ramenait à Adrian, l’usage de ce langage particulier lui faisait maintenant parler à Anto. Après tout, c’étaient surtout les triplés qui s’exprimaient dans ce mélange. C’est à ce moment-là seulement qu’Holden réalisa réellement qu’Antonella était la tante de Basilio, et ce que cela impliquait. Il risquait de retrouver en lui certains traits d’elle… et aussi certaines choses. À commencer par un certain « serre-tête anti-télépathe », dissimulé derrière des mèches de cheveux bruns. Cet objet dont il reconnaissait parfois qu’il était nécessaire à leur santé mentale, à lui et à Anto, mais qu’il voyait la majorité du temps juste comme une sorte d’objet de torture. Même après plusieurs mois de cohabitation avec cette chose, il n’arrivait pas à s’y faire – il en avait déjà eu marre au point de proposer à Anto d’arrêter de se voir, avant qu’ils ne s’accordent sur des moments où elle ne l’utiliserait pas. Holden se demanda si sa version originale avait vraiment réussi à s’y habituer ou pas. Il avait sûrement dû faire des progrès en tous cas, pour que son neveu ait son propre artefact… Alors que les portes se refermaient, Holden sentait le regard de l’adolescent le détailler, en silence, alors il ne se gêna pas pour en faire autant. Il profitait de pouvoir encore le faire, avant que les premiers symptômes de sa claustrophobie n’apparaissent, et que sa vision ne se brouille. Il mémorisait ses traits comme si c’était la dernière fois qu’il devait le voir.

« Bon, on fait quoi ? », demanda Basilio. Si les circonstances avaient été différentes, Holden lui aurait demandé si c’était une question rhétorique ou une vraie question. Sans lire ses pensées, il était incapable de faire la différence. La voix trop basse de l’enfant lui donnait un doute. Tout comme l’ascenseur qui descendait, normalement, comme s’il avait d’un coup oublié ses stratagèmes. Appel à l’aide ou effet de style ? À moins qu’il ne soit en train de se parler à lui-même ? Qu’est-ce qu’on fait ? Je ne sais pas. À toi de me le dire, Basilio. C’est ton plan, j’imagine que tu as prévu quelque chose pour la suite. Un plan, ça ne s’abandonne pas comme ça. Tu ne t’es pas embêté à faire tout cela sans but, alors va jusqu’au bout. Assume ton idée, si tu veux savoir quelque chose, alors pose tes questions. Dans ses pensées presque ironiques se mêlait aussi un peu de… il ne savait même pas comment nommer ce sentiment. Une sorte de vague fierté ? Il était doué quand même ce gamin, d’avoir imaginé tout ça. Se renseigner un peu pour savoir où il travaillait, repérer les lieux pour bloquer la porte – à ce stade il avait bien compris que ce n’était pas un hasard, penser à prendre son serre-tête, choisir son pouvoir, le tout pour en arriver là, pour le bloquer dans l’ascenseur… Pour le mettre mal en difficulté, c’était réussi. Et surtout le coup de la lettre de suicide. Le reste était bien joué, mais ça, c’était particulièrement efficace. Le petit avait trouvé le moyen à la fois de s’assurer de son identité et de le faire aller là où il le voulait. En fait, en termes de fourberie, il en avait déjà vu pas mal avec Adrian et Anto, mais Basilio les surpassait peut-être.  Alors au fond ce serait décevant, qu’un plan si bien ficelé soit ensuite lâché, abandonné, que Basilio se trouvât incapable d’aller jusqu’au bout. Mais visiblement, il avait surmonté son trouble, et il reprenait déjà un ton très décidé.

Décidé au point d’appuyer sur le bouton d’arrêt. Encore une fois, bien joué. La respiration de Holden se bloqua brutalement. C’était illogique, ça n’avait pas de sens, mais il ne pouvait pas lutter contre ce stress croissant, contre l’angoisse qui le prenait à la gorge. Être enfermé dans un petit espace stable était encore pire pour lui que d’être dans un petit espace en mouvement. Et être dans un petit espace arrêté en suspension, c’était vraiment le pire. Il imagina par flash l’ascenseur resté bloqué lorsqu’ils appuieraient sur le bouton. Il se représenta aussi les cordages de l’ascenseur en train de rompre, les sécurités se briser et… une nouvelle chute libre. Sauf que cette fois son petit « neveu » n’ayant pas copié le pouvoir de la téléportation, mais une autre beaucoup moins utile, ils pourraient juste s’écraser tranquillement tous les deux et mourir sous le choc et l’effondrement de l’ascenseur sur lui-même ; puis pour essayer de se calmer, écoutant à peine Basilio, il égrena dans sa tête toutes les statistiques qu’il connaissait sur les chutes d’ascenseur, comme il l’avait déjà fait quelques minutes plus tôt. Ça aidait un peu, et il en avait appris beaucoup par cœur. Finalement, ce qui empêcha le déclenchement d’une réelle crise de panique, c’était que l’acte était complètement délibéré, même un peu prévisible. Il le savait, ça n’empêchait pas l’angoisse, mais ça en limitait un peu les proportions. Il réussit à souffler ensuite, donnant l’impression d’un soupir. Sa vision était déjà suffisamment brouillée pour qu’il ne puisse plus distinguer très clairement le visage du garçon, mais sa voix lui parvenait toujours bien. Assez pour qu’il retienne les informations importantes : « Répondre rapidement », « Griller ». « Bloquer ». « Holden ». Clairement non, il n’avait pas envie d’être bloqué – et surtout il ne savait même pas ce qu’une décharge électrique pouvait déclencher d’autre, de pire. « S’énerver à la sauce Tsumi ». Il n’offrit même pas une réaction à cette manière de formuler une menace, manière qui l’aurait pourtant amusé.

Sa respiration était stabilisée, et il avait un peu repris le contrôle de lui-même. Holden accentua son réflexe de gestion du stress, déchirer sa peau autour des ongles. Les petites pointes de douleur l’aidaient à se concentrer sur ce qui était réel, et cela lui évitait de trahir autrement son stress. Il récupéra son masque habituel en situation critique, un air neutre et calme, alors qu’il avait l’impression que tout s’effondrait. Il devait penser logiquement. Après qu’il eut découvert sa claustrophobie, Holden s’était mis en tête de « s’entraîner », pour voir combien de temps il arrivait à tenir sans complètement perdre le contrôle et paniquer. Et ça faisait environ quinze minutes, son niveau de stress pendant cette période jouant les montagnes russes, alternant entre des moments où il arrivait à maîtriser et des moments où il n’y arrivait pas, pour enfin se fixer au stade de l’authentique crise d’angoisse. Admettons que la crise ait débuté au moment où Basilio avait arrêté l’ascenseur. Depuis, il avait dû se passer moins d’une minute, en comptant large. Donc il pouvait compter sur à peu près quatorze minutes. Il jeta un coup d’œil à sa montre -encore un objet qui venait tout droit de 2002- pour se fixer un repère. Holden ignora complètement la pique de Basilio dès le moment où il commença à parler, la plaçant dans la catégorie « informations sans importance ». Il avait besoin de réfléchir, et c’était un moyen de gagner du temps.

Holden pouvait encore suivre son plan « Ne pas se mêler de la vie de Basilio », ou en tous cas, il pouvait toujours limiter les dégâts. Basilio voulait des réponses, mais il n’était pas obligé de les lui donner. Il avait le choix.

Il pouvait se comporter comme un connard. Le serre-tête de Basilio ne le protégeait pas des attaques mentales. Il suffisait qu’il l’attaque, très fortement, pour « l’assommer mentalement ». Au mieux Basilio s’évanouirait immédiatement. Au pire, il aurait à maintenir la pression mentale les quelques secondes où lutterait contre l’inconscience, cela devrait suffire à provoquer une douleur le rendant incapable d’utiliser en retour son pouvoir contre lui. Après cela, il n’aurait qu’à réappuyer sur le bouton d’arrêt et attendre d’arriver à l’étage du dessous. Déjà ça, ça pourrait dégoûter Basilio pour qu’il n’ait pas envie de reprendre contact, peut-être. (Pas complètement évident vu comment les Tsumis étaient butés). En allant jusqu’au bout du geste, il pouvait ensuite se barrer. Quitter l’Institut. Voire dégager de Paris, pourquoi pas. Ça lui était complètement égal. Il pouvait encore séparer les vies de « Holden » et de « Alden ». Pour ne pas interférer dans leur vie, les entraîner encore dans ses histoires. Pour ne pas interférer dans la vie de son original aussi. Et puis c’était tentant, en soi. D’accord, ça restait une fuite. Mais il avait aussi une sorte de pulsion. Cette envie irrépressible de détruire toutes ces attaches pour s’assurer que sa vie lui appartenait entièrement.

Ouais, c’était peut-être le mieux pour tout le monde.

Il regarda silencieusement Basilio à travers le flou dans son angoisse, pendant de longues secondes. Et il voulut rompre cette attache émotionnelle qui s’était formée presque malgré lui en lisant ses mails.

Il lança une attaque mentale.

Et l’arrêta immédiatement.

Parce qu’il avait repensé aux mails envoyés, et qu’un passage de la « lettre de suicide » lui était revenu en mémoire. « J’espère juste être dans le même bordel que toi. Ne t’inquiète pas, Antonella m’a mené dans bien pire donc je suis sûr que tes conneries dans ta « nouvelle vie » ne seront pas aussi dangereuses et poussées que celles que j’ai déjà vécu au côté de ma tante. Donc évite de me repousser s’il te plait ». Et si ces mots n’avaient été intégrés que dans un bloc global « lettre de suicide » lorsqu’il les avait lus quelques minutes plus tôt, ils prenaient maintenant un tout autre sens. Un peu comme si Basilio savait déjà qui il était, et ce que ça impliquait d’avoir des liens avec lui.

Holden hésita encore quelques secondes, son regard quittant Basilio.

Ok, après tout, pourquoi ne pas respecter la volonté de Basilio. Il voulait lui-même des réponses. Il était solide, déterminé. Il n’avait pas besoin d’être protégé. Il avait grandi entouré de risque et avait vécu suffisamment de bouleversements. Il ne pouvait pas utiliser Basilio comme une excuse. La question de Basilio « bon, on fait quoi ? » était en fait mal posée. Maintenant, il ne restait plus qu’une question pour Holden. « Tu fais quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? ».

-C’est comme pour ta lettre de suicide, toi non plus tu t’es pas emmerdé. Tant que ça fait le taff on s’en fout. Dans ton cas, c’était bien joué, répondit-il à la pique de Basilio, ne se gênant pas pour lui parler en anglais.

C’était juste pour gagner encore un peu temps pour réfléchir, sans que ça ne soit trop évident. À côté, son cerveau calculait les conséquences des options « connard » et « donner les réponses ». Et puis finalement, il choisit, mû par un ensemble de sentiments qu’il ne pourrait démêler que plus tard –le sentiment que tout était irréel, qu’il avait envie de ce lien avec son autre vie, envie de connaître Basilio, savoir ce qui c’était passé, il ne savait pas vraiment.

-Ok. (Il poursuivit après un temps). Je vais te parler. Vire tes roues de là, lâcha t-il.
« Là » désignait le milieu de l’ascenseur, où Basilio était encore stationné. S’il se décalait pour occuper l’un des espaces restant sur le côté, Holden pourrait s’installer un peu plus confortablement pour élargir l’espace, en s’asseyant et en étendant un peu ses jambes. Et vu ce qu’il allait devoir lui expliquer, il avait intérêt à se mettre dans les meilleures conditions pour éviter la crise d’angoisse. Lorsqu’il put s’installer, il soupira et ferma les yeux, pour éviter d’être perturbé par sa vision bancale.

-Putain, comment je vais t’expliquer ça… soupira Holden, pensant à voix haute.

C’était super, vraiment. Franchement qui pouvait croire comme ça à cette histoire débile ? Il y croyait à peine lui-même alors présenter tout ça de manière convaincante à quelqu’un en étant à moitié en panique dans un ascenseur… « Lol » comme disent les gens en 2020. Il pouvait s’attendre à se prendre quelques décharges électriques non ? Ses pensées un peu mises en ordre, il regarda de nouveau Basilio. Puis il expliqua laborieusement, en anglais, la voix plus rauque que d’ordinaire, le souffle court et marquant souvent des temps pour chercher ses mots, s’arrêtant un plus longtemps lorsqu’il eut une montée d’angoisse, provoquée par un grincement de l’ascenseur.

- Je suis la copie du... euh… Holden que tu connais. J’ai été… généré on va dire, à partir d’une photographie prise en 2002. Ce qui fait que je suis exactement comme le Holden de cette période, avec les mêmes souvenirs, tous les souvenirs. D’où le fait que j’ai accès à la boîte mail. J’ai vécu exactement la même vie, il n’y a pas de différence entre l’original et moi, jusqu’à maintenant en fait. Enfin jusqu’à ma « génération » il y a à peu près un mois.

Holden sortit de sa poche son gros Nokia 3310 déchargé, et le lança à Basilio, révélant au passage des débuts d’écorchures sur ses mains. Il commença un geste pour détacher sa montre, mais s’interrompit en se rappelant qu’il en avait besoin pour évaluer plus ou moins le temps de lucidité qu’il avait devant lui.

-Pour ce que ça vaut comme preuve… Celui qui m’a généré est un supervilain de la Flander’s Company, Copycat. Tu peux regarder sur internet si tu veux, il y a des articles sur lui et son pouvoir, ajouta-t-il avec un haussement d’épaules.

Il y avait déjà l’histoire du mail mais quelques détails supplémentaires pour crédibiliser l’histoire ne pouvaient pas nuire… Holden s’arrêta là, pour voir si Basilio le croyait, et comment il réagissait.

KoalaVolant
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Basilio Tsumi
Mieux côté que le sous-fifre du recrutement.
Basilio Tsumi
Basilio Tsumi
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Je suis aussi : Neville, Henry, Anto & Gaston
Pseudo : Synicareless
Super-pouvoir : Copier les pouvoirs des autres. Voyez-vous, chaque pouvoir se retrouve dans l'ADN et il suffit à Baz d'avoir accès à de la bave ou du sang de quelqu'un pour copier son pouvoir et muter, pendant 3 jours en moyenne.

Problèmes : de manière aléatoire, il copiera aussi certains traits de caractères, maladies ou dons... Ce qui rend Baz assez difficile dans ses envies de copie. En plus du fait que de base, déjà, il y a TRES PEU de pouvoirs intéressants ici... Rolling Eyes



Les Femmes le détestent : Cet homme a perdu 15ans en... 4f1c27d476d19772d3a8783bb8812abaf40850c6
Réputation (intra-école) : 8/10 : Un Tsumi, héros, sur fauteuil roulant, tout le temps hautain, aigri, et qui n'a pas beaucoup de scrupule pour clasher, insulter ou récupérer de la bave ou du sang pour copier un pouvoir... Voilà, vous avez tout compris. Puis bon, aussi, quand on passe d'Oméga à FDP puis à Héros... ça n'arrange rien.
Les Petits + : Ex oméga, il a été déchu de ce groupe... Après avoir tenté de voler les clefs des dortoirs fermés à Mila, lors de la soirée "Chaos" de la Saint Valentin... A cause de sa cousine Altéa qui a mal fait diversion, bien sûr. Tout est de sa faute. Encore. Mais vous savez ce qui est le pire ? C'est que Mila l'a bazardé chez les héros maintenant. Et c'est chiant, clairement.
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Jeu 28 Mai - 16:46
 

Les Femmes le Détestent !

d'Alden et de Basilio


Basilio connaissait plutôt bien son oncle. Son véritable oncle et non pas cette copie rajeunie, entendons-nous bien. La différence ? Les peut-être 20ans qui le séparaient de l’adulte réel mais porté disparu. Et ça en faisait une sacrée bonne, mine de rien. Mais non, pour l’adolescent, ils seraient les mêmes, quasiment, peut-être tout juste sans un instinct pater… enfin, sans un pseudo instinct paternel. Car il y avait mieux comme père que Holden, et de loin. Pourtant, le peu de cette chose qui aurait dû naitre de manière un peu plus prononcée en même temps que la naissance ou les années d’Altéa passantes, cet instint « naturel », avait beau avoir été pitoyable et faiblard… avait fondé au final un bien meilleur père pour l’américain que son père biologique. Peut-être avait-ce été le calme qui régnait et cette sensation de pouvoir parler de tout sans être interrompu par une dispute ou sans avoir l’impression d’être pris pour un gamin qui avait donné cette meilleure posture à Holden ? Ainsi était né un fort attachement étrange entre un gamin… étrange et… un adulte… tout aussi étrange. Quoi de plus normal au final ? Et c’est de cette relation énigmatique que Basilio se pensait apte à déclarer haut et fort (presque fièrement) que son oncle, l’homme disparu avoisinant les 50ans, le père d’Altéa, n’avait que peu de mystère pour lui. Et donc, par logique, cet homme aussi, dont la seule différence serait cette absence d’expérience en matière de paternité (et de famille tout court, clairement), il le connaissait. Ou plutôt, il le reconnaitrait. A travers son non-verbal et sa gestuelle. Le verbale était trop simple à modifier et surtout, c’était bien l’une des catégories qui avait le plus de chance d’avoir changé en 20ans de manière involontaire.

C’est donc en s’empêchant de sourire que Basilio releva les premières réactions offertes et  qu’il connaissait : du moment ou leurs regards se croisèrent pour la première fois, jusqu’aux premières paroles du blond. Et s’il comptait partir sur le jeu du bingo avec chacune d’entre elles… Il fut surpris de les retrouver, d’abord, sortant un peu plus du déni, toujours, du programme qu’il s’était monté, pour chaque étapes de leurs « retrouvailles », s’oubliant lui et ses réactions humaines dans l’équation. Et… Tout ça, être surpris, être pris au dépourvu, ne pas avoir calculé sa propre humanité et être dans cette béatitude (invisible pour quiconque à part lui, bien sûr), c’était... C’était agréable. Comme de revoir un fantôme qui avait été un véritable modèle et auquel on ne se serait pas attendu à croiser alors que tout un plan avait été concocté sur de longs jours. Holden lui offrait encore cette capacité à le surprendre et à lui apprendre toujours de nouvelles choses. Ou a lui en rappeler certaines. Comme le fait qu’il avait beau se considérer comme très intelligent, comme un adulte dans une foule d’idiots... il était toujours un gamin qui raffolait de son oncle comme s’il était un messie. (Certes, un messie qu’il n’hésitait pas à agacer par un comportement de peste, mais tout de même !) Et donc, au lieu de cocher mentalement chaque petite chose prévue ou chaque mimique qui était resté malgré une bonne partie de sa vie en moins… Il les appréciait. C’était à la fois réjouissant et digne d’une récompense, comme s’il avait gagné le droit de les revoir. Il ne jubilait pas, c’était plus innocent : il en profitait juste comme si ça lui avait manqué. Comme s’il s’en ressourçait après un manque abusif, comme on enlacerait ses parents après un trop long moment sans les voir. ... Ce genre de scène aurait pu exister s’il n’avait pas tant de bizarreries dans l’affaire. Et s’il n’y avait pas ce fauteuil mais pour une fois, il n’était pas la cause première. Et si l’homme en face de lui arborait les traits tirés et ridés de son oncle. Mais même s’ils en étaient loin, d’offrir le spectacle que voulait vraiment Basilio, ces traits offraient quand même quelque chose d’un minimum rassurant à l’enfant. Quelque chose à quoi s’accrocher malgré toutes les questions qui subsistaient encore.

Mais malgré ça, existait encore Basilio Tsumi l’Affreux. Chaque déraillement de respiration chez l’homme lui offrait un pic de plaisir, lui rappelant que, malgré tout, cet homme en face de lui avait disparu et avait laissé des séquelles chez lui. Bon, ça n’était pas réellement cet homme là, mais il morflerait pour le véritable Holden. Qui prendrait à son tour cher dès que Basilio le retrouverait. S’il le retrouverait. S’il était encore en vie. Se focalisant d’abord sur l’homme sous ses yeux inconsciemment, ne cherchant pas à aller plus vite que la musique, le petit américain observait son « oncle » s’enfoncer dans une sorte d’état second, ne le faisant plus réagir d’ores-et-déjà plus à certaines choses. Basilio était déçu.

Il aurait voulu qu’il réagisse (paradoxalement) à sa petite menace qui avait été… Digne d’une Antonella Tsumi. Bon dieu. Il n’avait pas fait exprès, ça. Ou bien… Peut-être que, si, inconsciemment… Certainement. Rah ! C’en était insupportable pour l’adolescent qui détestait cette femme mais s’en servait encore comme modèle, et qui était perdu entre l’envie de voir l’homme se noyer dans sa phobie et l’envie de le revoir sourire comme au début de leur échange visuel. Lorsque cet Alden avait eu l’air de ressentir un sentiment de soulagement alors qu’il l’avait certainement reconnu. Juste avant de le détailler des yeux. Et dans la pensée d’avoir son oncle face à lui mais avec un « petit quelque chose en moins », Basilio se mit à espérer que l’adulte avait perdu la mémoire. Suite à une mission idiote, à travers laquelle il se serait rajeuni. Et que le passage aux rayons X lui rafraichirait la mémoire. C’était idiot mais c’était l’un de ces scénarios improbables qui venait de naitre avant de se faire détruire par un garçon ayant quitté l’enfance depuis longtemps et étant désormais trop rationnel. Pourquoi son cerveau inventait de telles bêtises alors ? Pour le faire patienter certainement dans cette attente. Pour l’empêcher de l’electriser ou de lui sauter dessus aussi, très probablement.

Enfant et adulte. Heureux et déçu. Rationnel et rêveur. Sadique et … Coupable ? Il se retrouvait dans de trop nombreux entre-deux inconfortables et compliqués à comprendre. Mais honnêtement, ce qui le faisait le plus tenir dans cette attente, c’était de voir un adulte paumé face à son petit plan. Ce stress l’envahir, à travers sa machoire qui semblait serrée, à travers ses yeux qui se baladaient et qui observaient, à travers sa respiration déséquilibrée. Le regard qu’offrit Alden vers sa montre perdit un peu Basilio. Ca, il n’arriva pas à le décrypter. Et ok, ça le destabilisa car il ne comprenait pas alors qu’il avait compris chaque fait et geste du blond jusqu’à présent! Et vous savez ce qui destabilisa encore plus idiotement Basilio ? L’attaque mentale.

L’enfoiré. Ce fut rapide. Un condensé de douleurs éclair. C’aurait pu être naturel, quelque chose de bref et sans conséquence, sans raison, un petit raté de son corps, une très rapide et brève migraine, un signe annonciateur d’un mal de crâne… En soit, tout ce qu’il y a de plus normal (tant que ça ne se répétait pas). Mais pour avoir déjà connu ça, Basilio savait très bien d’où cela provenait, il en avait déjà fait les frais il y avait bien 4ans, voire plus. Mais il s’en rappelait très bien.

D’avoir fermé les yeux et claqué sa machoire en essayant de ne rien laisser transparaitre de plus durant les « longues » secondes ou Holden l’avait attaqué pour lui faire comprendre son agacement. Ses doigts s’étaient refermés dans la paume de ses mains, refusant de se prendre la tête avec. Alors que c’était bête, il n’avait pas eu besoin d’attraper ses cheveux entre ses mains pour faire comprendre la douleur de l’attaque mentale de son oncle sur lui, ça se voyait clairement sur son expression, sur sa gorge vibrante qui essayait de retenir un gémissement puis des grognements. Mais pour le gamin avoisinant les 10ans, c’eut été une fierté que de ne pas avoir emprisonné sa boite cranienne, quand tout ça eut été fini. Et dieu, qu’il lui en avait voulu de lui avoir infligé cette attaque... Certes, ça ne l’avait pas empêché de revenir à l’attaque une semaine après, lui demandant encore de pouvoir copier son pouvoir…

Mais là, ici, actuellement, dans cet ascenseur, pour sa seconde attaque, ça s’était passé si différamment. Ca n’avait été que bref. Très bref. Mais la puissance lancée dans cette attaque avait été inimaginable. Et c’était un adolescent ayant chuté de 2 étages qui adjectivait ainsi ce qui venait de se passer. Et qui avait, au final, à peine eu le temps de se recroqueviller d’un iotat, crispant chaque muscle de son corps sous la décharge avant de se rendre compte que l’action de défense et de repli pouvait s’arrêter là car tout venait de disparaître. Un trop grand réflexe de faiblesse pour une « si petite » crispation d’un point de vue extérieur. Basilio se laissa accuser le coup une poignée de secondes, le visage grimaçant mauvaisement sous le pique d’abord, puis sous quelques ressentiments.

Cet homme avait osé. Cet homme était, à si méprendre, différent de Holden. Il s’était bien trompé. C’était certainement ce fichu instinct parental qui avait changé la recette de cette attaque, de Holden à Alden. Et s’il ne savait pas laquelle il avait la mieux vécu, une chose était sûre : il détestait les deux hommes de la même manière pour avoir osé faire ça. C’était à la fois comme une trahison et… comme une impression détestable que les Tsumis aient déteint sur l’homme. Et que ce dernier se sente assez proche de la famille multiculturelle pour se permettre une telle chose sur l’un d’entre eux. Se replaçant correctement sur sa chaise, Basilio ne put s’empêcher de regarder mauvaisement Alden malgré la tentative d’offrir un visage neutre. Pour l’attaque et… pour l’avoir mauvaisement surpris, pour lui avoir donné tord, pour… avoir eu un coup d’avance sur lui. Il n’avait pas du tout prévu que « l’inconnu » puisse l’attaquer. Oui, il venait de passer d’« oncle » à « inconnu » pour cet affront, mais ça passerait d’ici quelques instants parce que...

Dns un crescendo toujours agréable, dans la (re)découverte d’un homme, le fait d’entendre enfin et à nouveau sa voix… Basilio ne lui en voulut pas plus longtemps  et passa à autre chose. Cette voix, cet accent, cette langue, cet ensemble, il l’aurait reconnu de partout. Avec ou sans son cynisme piquant, s’attaquant à son tour à son envoyeur. Et ç’aurait pu suffir à l’adolescent pour sourire, tout simplement, mais le compliment ajouté fut… déroutant. Mais bon à prendre, très agréable, pour redorer son égo et sa fierté. Mais ça restait étrange. Quel était l’intérêt à cet homme, pour qui l’adolescent était un parfait inconnu, de le complimenter comme s’il était son oncle ? Pourtant, malgré ce questionnement, avec une commissure fièrement relevée, Baz attendit la suite pour comprendre ou voulait en venir celui qui avait été une véritable figure paternelle et… qui ne l’était, plus vraiment, à la fois. Oh… Il réfléchissait. L’attaque, la pique, le compliment. Il gagnait du temps. Et il avait paniqué. Face à cette soudaine pensée, Basilio eut l’impression d’être livide, comme s’il venait de comprendre ce à quoi il avait échappé. Aussi simplement que bonjour, l’homme en face de lui aurait pu le neutraliser, appuyer sur le bouton de démarrage et s’évader de l’ascenseur. C’était ce qui aurait probablement pu se passer si… si quoi ? L’attaque n’avait pas été un avertissement, juste le début d’un plan avorté… Mais pourquoi ? Perdu entre la recherche de cette raison et l’envie de se traiter de tous les noms possibles pour avoir oublié la possibilité qu’Alden puisse ne pas le laisser jouer paisiblement avec sa phobie, il patienta. Un peu plus curieusement, quoi que sur ses gardes. Et ça se voyait d’autant plus car cette petite scène et ses pensées lui faisaient dégager à nouveau des éclairs du bout de ses doigts tandis que son regard restait planté sur lui, sombrement et silencieusement.

Rien n’avançait assez rapidement pour Baz. Aussi, quand on lui demanda de faire de l’espace, il s’empressa d’obéir « sagement », presque gaminement, se reculant pour laisser Grand-Père Castor s’installer pour raconter son histoire. Il se montrait un peu indulgent : après l’avoir enfermé, voilà qu’il lui donnait une petite bouffée d’air frais pour survivre plus longtemps dans ce cauchemar organisé. Basilio était trop bon.

« Avec des mots, tio. Et sans attaque cette fois… »
s’amusa à dire, quoi qu’un peu mauvaisement (et restant sur le français principalement), le garçon, restant sur un registre sur lequel il était à l’aise avec le blond désormais assis au sol. Basilio aurait pu l’y rejoindre mais… Pas encore. Il voulait garder sa position de dominant même si une petite voix le lui murmurait très bien : il pouvait perdre sa place très rapidement si Alden le souhaitait. Alors, autant garder le dessus sur lui avec sa hauteur. Ca opresserait certainement plus le blond. Même si tout semblait déjà s’accentuait chez lui. Sa respiration, ses mots, sa voix… A en offrir un pincement au coeur de l’américain. A créer une grimace furtive face au grincement étrange qu’avait produit l’ascenseur, dans une empathie affolante pour l’adulte bloqué. Alors que pendant ce temps, ce dernier offait une histoire abracadabrante à son « neveu ». Baz avait réagi machinalement comme s’il était pris par l’histoire, à ne pas douter d’un seul mot rocambolesque d’Alden.

Réceptionnant la preuve d’un certain réflexe, Basilio se laissa observer son lanceur un temps, faisant tourner le vieux téléphone entre ses doigts. La montre, encore une fois, offrait un comportement qu’il ne comprenait pas au blond. Plissant les yeux sous les neurones qui chauffaient d’autant plus, le fameux regard Tusmiesque finit par observer le téléphone tout en restant concentré sur la voix de Holden qui résonnait encore. C’était bien, de ne pas l’observer, de ne pas voir cet « inconnu » avec la voix de son oncle. A ne pas le regarder, il pouvait imaginer partager une discussion tout à fait normal (non) avec son vieil oncle. … Il allait continuer à faire ça. A s’occuper de ce téléphone. A le décortiquer de sa carapace, à enlever la batterie, à vérifier la taille de la puce qui était anormalement grande pour pouvoir provenir des années actuelles. Même pour les nouveaux modeles de nokia « retro », la place des cartes sim était bien plus petite que celle qu’il observait à cet instant-là. Et même avec cette preuve, Bas poursuivit ses observations comme s’il découvrait un objet étrange, et comme si les numéros minusculement inscrits pouvaient apporter la preuve de... Il ne savait pas ce qu’il cherchait en fait. De quoi apporter du crédit à cet homme ou de quoi découvrir son mensonge ?

Le Tsumi laissa son regard divaguer sur le sol de l’ascenseur, essayant de réfléchir. Mais ça devenait compliqué. Car ce téléphone semblait offrir des preuves pour consolider la folle histoire d’Alden. Et donc… il n’avait pas son oncle en face de lui mais… une version du passé, entre autre, si on oubliait toutes les bêtises de photos, de copycat… Donc c’était Holden mais sans être Holden. C’était… Alden. Et c’était… Pitoyable. Et horrible. Et triste. Basilio s’était senti si prêt à toucher un but dans toute cette affaire, qu’il ne s’était pas réellement aperçu qu’il n’attendait au fond qu’un seul, un précis : celui de retrouver Holden, celui qu’il avait connu. Et pas une foutue copie dont il recomposait le téléphone, sentant ses mains rater quelques actions de précisions sous la frustration qu’il ressentait et qui faisait trembler ses doigts. Ok, non, tant c’était faux. Encore une fois, il voulait piéger cet homme, lui faire cracher le morceau. Mais un tout autre morceau ce que qu’il venait de lâcher là. Il voulait lui faire avouer qu’il avait menti et surtout, qu’il n’était pas qu’une maudite copie d’un homme que le plus jeune aimait beaucoup trop pour accepter la disparition. Un peu comme…

« C’est pas une preuve ça. Il est pas allumé, t’as pu le trouver je sais pas où. » répondit enfin fébrilement Basilio en lui envoyant à son tour l’objet. Puis il grimaça. Il s’était entendu. Il était idiot. Il ne pouvait pas avoir accès à la boite mail de Holden s’il n’était pas Holden. Sa machoire se contractait et il se sentait lui-même pris au piège. C’était même pire, il était dans son propre piège. Il refusait de voir la réalité. Il avait encore besoin de preuve, comme pour se maintenir, pour ne pas se laisser aller dans une conclusion qu’il ne lui allait pas. Peut-être que Holden se fichait de lui ?! Et que cet « Alden » n’existait pas !

Alors, dans un ton moins enclin à la sympathie, Basilio enchaina. Mélangeant questions auxquelles Holden pouvait répondre et des questions auxquels « Alden » ne pourrait pas. Et s’il avait son véritable oncle devant lui, sans toute cette histoire de Copycat, il serait capable de le voir réfléchir et tilter sur certaines questions dont il ne serait pas censé connaître les réponses.

« L’année de naissance d’Altéa. L’année ou Antonella a eu un accident de moto et l’endroit. L’année ou mon père t’a téléporté dans un terrain vague. L’année ou tu m’as prêté ton pouvoir. L’année ou toi et Antonella vous êtes retrouvés face à face dans chacune de vos missions. L’année de sa fausse couche. » Ca sortait tout seul, mensonges & vérités, passé  des deux blonds ou futur désormais impossible pour Alden. Et tout ça, avec une voix qui se faisait de plus en plus prise. Alors il décida de s’arrêter un peu, sortant son téléphone et tapant le nom de Super de Copycat sur Internet, lisant en travers, essayant de se resolidifier. Encore une fois, il se raccrochait à un téléphone mobile, le sien, cette fois, pour ne pas avoir à raccrocher son regard à celui de l’homme. Tout semblait si irréel que même ses preuves les plus affutées donnaient l’impression d’être bien pâles désormais, presque inexistantes. Aussi fantomatique que l’homme qu’il imaginait parler quand Alden laissait à nouveau entendre sa voix dans cette boite de conserve.

« Tu as dit arriver de 2002… Quel mois exactement ? » Basilio n’allait pas hésiter à parler d’une grossesse probablement encore inconnu au blond. Pour le déstabiliser. Et pour se venger de cet état de panique dans lequel il était en train de le plonger. Même si en soi, c’était lui et lui seul qui avait créé tout ça. Et qui en arriva à cramer d’un coup son téléphone entre ses doigts sous une pulsion trop encombrante pour être gardée. Par un réflexe rapide, Basilio écarta ses doigts de son mobile qui tomba au sol, continuant de fumer même au sol. Et à partir de là, ce fut dur pour Basilio de garder encore contenance alors qu’il se sentait particulièrement ridicule, impuissant et fragile dans cette situation. Ses paupières se closent un instant, lâchant une grossièreté japonaise de la part de l’adolescent qui s’était alors montré sans défense tout ce temps-là. Inconsciemment, même s’il avait paniqué, et malgré l’attaque d’Alden sur lui, il ne se sentait plus vraiment en situation de danger à ses côtés… Erreur ou non ?
KoalaVolant
Basilio Tsumi
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Jeu 4 Juin - 10:15

Les femmes le détestent...

• feat. "Holden" et Basilio

Quand on prévoit un plan avec une bombe à retardement, c'est toujours plus malin de veiller à ne pas être à portée au moment de l'explosion. Holden se demandait à quel point Basilio était conscient de ce qu'il faisait lorsqu'il avait choisi de l'enfermer dans l'ascenseur. Il ne devait pas l'être tant que ça. Ou alors il avait de réelles tendances suicidaires. Le Tsumi pensait probablement que son piège n'allait provoquer qu'une crise d'angoisse classique, ce qui était assez gérable et pas vraiment dangereux. Accélération du rythme cardiaque, tremblements, difficultés respiratoires, douleurs, vertiges, maux de tête... Du point de vue d'un spectateur, tout cela pouvait être un peu impressionnant, mais ce n'était pas dangereux. À la limite, seules d'éventuelles nausées posaient un réel désagrément à l'observateur. Provoquer une crise d'angoisse, c'était donc le moyen le plus facile et efficace pour mener une petite torture mentale sans prendre le moindre risque. Donc logiquement cette stratégie n’avait que peu de chance de se retourner contre le piégeur, à condition de s'être renseigné à l'avance sur les symptômes pour ne pas paniquer (histoire de ne pas s’imaginer que sa victime était en train de faire une crise cardiaque ou autre chose) - ce que Basilio avait sûrement fait. Et aussi de ne pas perdre ses nerfs, et de ne pas montrer une once d'empathie. Pas évident que Basilio respecte ces deux-là. C'était donc un premier risque dans ce plan.

Le pouvoir de Holden ajoutait un second risque, beaucoup plus important et dangereux pour le piégeur. Si Basilio était certainement conscient du premier défaut, il avait beaucoup moins de chances de connaître le deuxième. À cause d'un réflexe de défense mal réglé, dans une situation de panique, ses capacités télépathiques augmentaient nettement. En puissance, comme en portée, dans des proportions qu'il ne pouvait plus contrôler. À l'angoisse normale s'ajoutait donc une violente surcharge, Holden percevant les pensées de beaucoup trop de personnes en même temps, dans un rayon bien trop étendu. Comme lors de ses "crises télépathiques" habituelles, se déclenchant de la même manière que d'autres déclencheraient de simples migraines, à cause de circonstances particulières. Lorsqu'il avait trop utilisé de son pouvoir ou de sa faculté d'attaque mentale. Ou lorsqu'il avait été dans des endroits trop fréquentés, pendant trop longtemps. Parfois sans la moindre raison. Ce premier réflexe stupide et inconscient d'augmentation de sa mutation en menait à un autre, tout aussi difficile à réfréner. Le réflexe de survie de son cerveau télépathe lors de telles surcharges, c'était d'attaquer toutes les choses pensantes autour de lui, perçues comme des agresseurs, sans faire le moindre tri. Juste pour faire le vide, se débarrasser de tout ça. Et s'il avait appris à combattre difficilement ces réflexes dans des conditions normales, la perte de contrôle généralisée de la crise d'angoisse risquait de rendre cela impossible.

Ce danger particulier, Holden en avait eu un aperçu lors de son premier blocage dans un ascenseur, avec Adrian. À l'époque - et pour lui, il n'y a pas si longtemps - il avait senti une crise télépathique - et du réflexe d'attaque mentale qui allait avec - se déclencher. Au final, il avait pu l'arrêter, sans que cela ne pose de réel problème. Mais il faut dire que les efforts qu'Adrian pour le calmer n'y avaient pas été étrangers, que ce soit en l'aidant à trouver la meilleure position pour élargir l'espace, ou en lui racontant son enfance en Espagne. C'était donc aussi pour savoir à quel moment situer le point de rupture avant le déclenchement d'une crise télépathique qu'il s'était entraîné à affronter sa claustrophobie. Une attaque télépathique d'ampleur aurait eu beaucoup trop de conséquences, pour les victimes ou pour lui-même. Ça ne pouvait pas passer inaperçu, et ç'aurait été comme signer sa présence. Curieusement, c'était indirectement la mauvaise expérience du père qui lui permettait de savoir comment protéger un tant soit peu le fils – et lui-même au passage.

Le piège avait d’abord été efficace. Le temps avait joué contre Holden, il avait dû se décider vite, le plus vite possible. Basilio l’avait forcé à choisir en quelques minutes, voire quelques secondes, et en ce sens, on pouvait dire que son plan avait marché. Il avait dû décider. Soit détruire tous les liens qui le rattachaient à la famille Tsumi - famille qui, apparemment, était un peu devenue la sienne dans son futur – et ainsi détruire la seule entrave émotionnelle qu’il avait dans sa nouvelle vie, sa vie en tant qu’Alden. Soit les conserver et accepter de donner à d’autres un pouvoir sur lui, ce qui commencerait immédiatement avec Basilio. Finalement, les quelques mois durant lesquels il avait fréquenté la famille Tsumi l’avaient peut-être beaucoup changé, plus qu’il ne l’avait réalisé, pour qu’il ait choisi la seconde option. Pourtant, à peu près deux ans plus tôt, il n’avait rien de tout ça. Plus de famille. Aucune personne en qui il avait suffisamment confiance pour parler honnêtement de sa vie. Pas vraiment d’amis, juste quelques connaissances agréables et des contacts de business. Et s’il avait eu des amantes, sex friends, ou autres, il n’avait pas eu de relation affective « sérieuse » et d’une certaine durée depuis au moins… l’université. Quand il avait encore une vie à peu près normale. Et s’il rechignait à considérer sa relation avec Anto comme « sérieuse », Holden, avec le recul et surtout en sachant ce qui allait se passer après, être bien forcé de réaliser que ça n’avait rien à voir avec son genre habituel de relations. Il n’avait donc rien de tout cela, et surtout, il avait la certitude que cela ne lui manquait pas. Et voilà qu’il avait de l’attachement pour ce petit gamin qu’il ne connaissait même pas (mais qui le connaissait, lui et ses faiblesses), et de la nostalgie pour sa vie floridienne. Il comprenait enfin un peu sa version originale et future, pourquoi il avait brisé toutes ses règles au point d’avoir une vie… pas vraiment une vie de famille, mais quelque chose qui s’en approchait un peu. Disons des liens sociaux humains approfondis. Il le comprenait parce qu’au fond, les raisons de ce choix étaient déjà en lui. Et dans l’urgence, il avait pris délibérément la même décision que celle –inconsciente ?- de son « autre ». Holden était incapable de déterminer ce qu’il ressentait, de l’agacement envers lui-même ou… autre chose qu’il ne savait pas qualifier. Peut-être les deux.

Si cette phase du plan était finalement réussie, maintenant, le piège se refermait sur son propre concepteur. Holden avait dû choisir vite, mais Basilio aussi, allait devoir être rapide, ce qui n’était pas simple. Personne ne veut de la vérité, même pas ceux qui croient la chercher. Et encore moins lorsque ladite vérité était aussi peu crédible que l’histoire d’Holden. Le compte à rebours était enclenché, et il n’avait pas beaucoup de temps pour accepter ce que Holden lui avait dit. Parce que s’il tardait trop, soit il devrait renoncer à l’enfermement dans l’ascenseur, soit il risquait de nouvelles attaques mentales incontrôlables, dont l’attaque menée quelques temps plus tôt n’offrait qu’un petit aperçu. Si le Holden du futur avait le moindre rapport avec sa version du passé, Holden se disait qu’il n’avait que très peu de chances que Basilio soit conscient de ce risque, ou en tous cas, qu’il l’ait apprit de sa bouche. Il ne pensait pas qu’il aurait parlé de ses difficultés à supporter son pouvoir à un garçon qui devait avoir quoi… treize ans au maximum quand il l’avait vu pour la dernière fois ? Il n’aurait eu aucune envie de lui dire, en plus d’en n’avoir aucune nécessité. Sûrement. Mais ce n’était là qu’une supposition, ou une intuition, un peu affaiblie par le fait que Basilio en savait déjà beaucoup sur lui. Sur sa télépathie comme sur sa vie clandestine. Est-ce qu’il aurait donc aussi pu connaître cette dangerosité ou l’avoir devinée ? Ce n’était pas complètement impossible – auquel cas le plan du garçon était donc particulièrement audacieux, ou comme il l’avait d’abord pensé, à moitié suicidaire. Mais Holden choisit de faire comme si le petit ne savait rien. C’était le plus probable, mais aussi le plus sûr. Et donc c’était peut-être le plan de Basilio, mais maintenant, il lui revenait de gérer le temps de la discussion et de vérifier que tout ne dégénère pas. Mais ce n’était pas encore le temps de lui en parler ou de le presser pour remettre l’ascenseur en route. Il lui restait du temps avant de ne plus pouvoir gérer, et ce n’était pas le moment d’interrompre les réflexions de l’adolescent. S’il pouvait en arriver lui-même à la conclusion qu’il avait ses réponses avant que l’arrêt de son plan ne lui soit imposé, ça valait mieux. Et au fond, si Holden pouvait se passer de lui expliquer ses dysfonctionnements mentaux, il n’était pas contre.

La balle était donc dans le camp de Basilio, comme disaient les français, et Holden ne pouvait plus rien faire d’autre qu’attendre. Attendre qu’il encaisse l’histoire et qu’il y réfléchisse. Le silence initial de Basilio n’était pas un mauvais signe. Au moins, il ne lui avait pas envoyé une décharge électrique en accusant de lui mentir et de raconter n’importe quoi. C’était… soulageant. Holden n’était pour l’instant absolument pas sûr que l’adolescent accepte l’histoire, mais au moins, il y réfléchissait un peu, c’était un premier pas. Peut-être que Basilio avait tellement de confiance en sa version originale que cette confiance débordait sur lui. Ou il avait l’habitude d’entendre des histoires invraisemblables. L’Institut Trueman était rempli de gens aux histoires farfelues, ça devait aider à développer une certaine tolérance. En tous cas il réagissait visiblement mieux qu’Holden lui-même lorsqu’il avait entendu tout ce bazar pour la première fois. Mais si le silence de Basilio commença par le soulager, lorsqu’il se prolongea un peu, il le fit perdre pied. Parler et réfléchir pour lui expliquer son histoire, cela avait été douloureux et difficile, mais au moins, cela avait distrait un minimum Holden de son angoisse. Maintenant que tout était dans les mains de Basilio et qu’il n’avait plus rien à dire, il se sentait s’enfoncer, doucement, mais sûrement. Il fixait un point de l’ascenseur, un point le plus neutre et le plus petit possible, pour s’empêcher de voir l’espace se distordre. Le silence général laissait place aux bruits de son imagination. Son cerveau paniqué interprétait mal le moindre bruit de l’ascenseur et s’en nourrissait pour créer des hallucinations auditives. Le crissement d’une roue ou d’un pied sur le sol devenait le hurlement d’un frein lâché. Le moindre craquement était celui d’un engrenage brisé. Et puis plus profondément, les sons de la machine se muaient ensuite dans son esprit aux longs hurlements d’humains dont les nerfs avaient lâché. Au milieu du délire d’angoisse, Holden se raccrochait au seul son qu’il pouvait identifier clairement, le son innocent d’un téléphone portable que l’on démontait, examinait, un geste qu’il avait dû faire au moins des dizaines de fois. À cause de chutes accidentelles ou… de quelques lancers volontaires, comme pour une blague. Encore une fois, c’était étrange que d’imaginer que le téléphone dans les mains de Basilio était celui qu’Adrian avait lui-même tenu lors de leur blocage dans l’ascenseur du centre commercial de Jacksonville. Le téléphone qui devait servir de preuve pour l’héritier était aussi celui qui avait donné Adrian la preuve de la manipulation d’Antonella et de Holden.

Mais si, dans le cas d’Adrian, la preuve avait été accablante, ce n’était pas le cas aujourd’hui. Ce n’était qu’un pauvre téléphone, qui avait peut-être l’air ancien, mais qui ne permettait ni de le dater avec certitude de 2002, ni de le rattacher à un propriétaire. Comme le disait Basilio, « c’est pas une preuve ça. Il est pas allumé, t’as pu le trouver je sais pas où ». Eh oui, tout seul, cela ne voulait rien dire. Le seul intérêt, c’était d’alimenter un faisceau d’indice. Il ne pouvait pas en vouloir au Tsumi de rejeter cette « preuve ». Et s’il reçut la phrase dans une atmosphère brumeuse, son cerveau semblant la placer à la frontière du réel et de l’irréel, le poids du téléphone qui lui atterrit sur la poitrine lui permit de bien réaliser que tout cela été concret. Il n’avait pas regardé Basilio lorsqu’il avait parlé, seulement à la fin de la phrase, donc trop tard pour anticiper le trajet de l’objet. Holden le récupéra ensuite dans ses mains, avant de le glisser de nouveau dans une poche.

-Désolé de pas avoir pensé à prendre le chargeur avant d’atterrir en 2020, lâcha Holden avec une lassitude à peine dissimulée derrière son habituelle ironie. Il continuait de répondre en anglais au français de Basilio.

Il n’avait pas parlé tant pour lui apporter une information supplémentaire accréditant son histoire que pour se forcer à se sortir de son état d’angoisse que le silence alimentait. Se forcer à rester dans le présent, dans le réel. Et c’était épuisant. Chaque instant où il arrêtait de se concentrer sur la discussion présente le refaisait plonger profondément dans son angoisse. Ainsi, lorsque Basilio recommença à parler, sa voix lui parvint d’abord comme un flux indistinct, auquel il était de plus en plus difficile de se raccrocher. La tentation de lâcher prise était de plus en plus forte. Allez fais un effort. Écoute-le, il te parle. Le laisse pas tomber comme ça, tu ne peux pas commencer à lui parler et refuser après de répondre à ses questions. Surtout quand tu sais qu’elles vont venir. Holden finit donc par se reconcentrer, posant ses yeux sur la bouche de Basilio pour mieux comprendre ce qu’il articulait. Le temps de se remettre en état d’écouter l’adolescent, Holden avait manqué presque toute la première phrase, n’entendant que « naissance d’Altea ». Ensuite les mots s’enchaînèrent, vite. Trop vite. Il n’arrivait pas à saisir le lien entre toutes ces syllabes énoncées d’un ton affirmatif et martelé. Elles semblaient ne former qu’une seule et longue phrase dont le sens lui échappait. C’est seulement après quelques moments de réflexion qu’il arriva à comprendre que c’étaient des questions. Une sorte de jeu de devinettes sur sa propre vie. Le temps d’arriver à comprendre formellement ce que disait Basilio, Holden en avait quasiment oublié le contenu.

-C’était quoi la première question ? soupira l’adulte.

Basilio consentit à répéter (« L’année de naissance d’Altea »). Holden détesta déjà ce jeu de devinette. Il ne les aimait déjà pas lorsque cela portait sur un sujet sans importance et qu’il lisait les pensées, alors là… Il n’avait pas la moindre idée de la réponse. Et savoir que quelqu’un d’autre que lui connaissait beaucoup mieux sa vie lui donnait une impression assez désagréable. Un peu comme s’il était un amnésique à qu’il fallait tout réapprendre. Il mit un temps avant de répondre, parce qu’il essayait de savoir qui pouvait être Altea. Quelqu’un d’important, c’était sûr, mais il était incapable de l’identifier précisément. Le prénom ne lui évoquait que deux choses. La ville en Espagne où Adrian avait passé son enfance. Et un prénom –qu’il aimait bien- cité dans un des mails de Basilio, associé à l’adjectif « chiant » et à côté d’un autre prénom, « Lucina », sans qu’il ne puisse ni l’un ni l’autre attribuer à une personne en particulier. Il n’avait aucun indice clair. Altea, c’était sûrement quelqu’un de proche de lui et de Basilio, mais il ne savait même pas qui c’était. Vu la consonance hispanique, ça devait un enfant de la famille Tsumi. Une sœur ou une cousine de Basilio ? Peut-être… sa fille ? Si c’était par exemple une sœur, il n’avait aucun indice concernant l’année. Si c’était sa fille, il savait qu’elle était l’aînée de Basilio, donc une naissance… Il ne savait même pas l’année de naissance de Basilio. Il avait 16 ans, mais il pouvait être né en 2003 comme en 2004. Donc pour sa fille devait être né entre 2002 et 2003. Si peu de temps après le moment où il avait « quitté » sa vie d’origine. La pensée le laissa muet un instant.

-Aucune idée, répondit-il finalement.

Et il s’efforça de penser aux questions suivantes. Il les avait entendues en entier celles-là… Il les chercha dans un coin de mémoire où il les aurait inconsciemment enregistrées.

-L’accident de moto, je ne sais pas.

L’information l’avait fait imaginer l’accident, et avait provoqué une inquiétude, pour un événement qui était certainement passé depuis longtemps… tout en n’étant « pas encore arrivé » pour Holden. Cela ne l’empêchait pas d’espérer qu’il n’avait pas été trop grave. Il tiqua en se souvenant de la question suivante. La téléportation par Adrian était inextricablement liée au blocage dans l’ascenseur qui avait précédé. Est-ce qu’il faisait exprès, de lui rappeler encore une fois la chute libre qu’il avait manqué de vivre ? Ou était-ce plus inconscient, à cause des circonstances – ou parce que l’histoire l’avait particulièrement marqué. L’adolescent connaissait probablement d’autres événements dont il pouvait être certain qu’un Holden de 2002 avait assisté. La pendaison crémaillère d’Antonella par exemple. Mais il avait choisi celui-là… Et si Holden ne pouvait pas décider exactement pourquoi, la question ne l’aida pas vraiment à se sentir mieux. Il ne put s’empêcher de prendre une grande inspiration avant de répondre.

-La téléportation dans le terrain vague, c’était il y a un peu plus de deux ans. Et il se rendit compte seulement après de ce qu’il venait de dire. … Pardon, mars 2000.

On pouvait appeler ça un lapsus révélateur. Stratégiquement, ça pouvait soit convaincre Basilio de ce qu’il disait… soit au contraire, lui paraître beaucoup trop « gros ». Holden ne s’attarda pas à y penser, et passa mentalement à la question suivante. Ah oui… Même lorsqu’il l’avait entendu la première fois, elle lui avait paru bizarre, celle-là. Encore plus que les autres, celles auxquelles il ne pouvait pas répondre.

-Ensuite l’année où je t’ai prêté mon pouvoir, c’est ça ? dit-il, pour vérifier. Ça n’est jamais arrivé. Tu l’avais mis dans ton mail, ajouta-t-il avec un haussement de sourcils, comme pour lui demander à quoi il jouait.

Il ne fallait pas exagérer non plus. Même dans cet état d’affaiblissement, il ne pouvait pas se laisser avoir par un mensonge aussi flagrant. Quitte à mentir, c’était toujours mieux de mentir bien. Sinon c’était même plus du mensonge, juste de l’irrespect. Holden n’était pas mécontent d’avoir la réponse à cette question-là. Au moins, ça lui assurait que sa version du futur avait encore quelques points communs avec lui. Si cela ne se voyait pas vraiment – car c’était noyé au milieu de tous les signes de stress déjà existants- il était perdu par cette question étrange. À vrai dire, il ne comprenait plus vraiment où Basilio voulait aller. Ce n’était pas complètement logique, enfin cette question particulière n’était pas logique. Est-ce qu’il avait fait ça pour voir s’il avait lu les autres mails, et pas seulement le mail de suicide ? Ou est-ce qu’il était simplement en train de perdre pied, et avait lancé ça sans réfléchir ? Il n’arrivait pas à comprendre les hypothèses qui circulaient dans la tête de Basilio. À ce moment-là, il regretta de ne pas pouvoir suivre ses pensées. L’utilité des « devinettes » était de voir que les seules réponses qu’une copie de 2002 pouvait donner à la plupart des questions étaient « je ne sais pas », aux questions vraies comme aux mensonges… En fait… Peut-être qu’il voulait vérifier qu’il n’était vraiment pas le Holden original qu’il connaissait. En pariant sur la panique pour affaiblir ses capacités de réflexion, il s’attendait peut-être à ce qu’un Holden original réagisse au mensonge ? Ou alors savoir s’il était bien un « Holden » quel qu’il soit et pas quelqu’un d’autre. Holden n’arrivait pas vraiment à tirer ça au clair, et n’était pas non plus en capacité d’y réfléchir normalement. L’angoisse interrompait chacune de ses pensées, chaque flux et reflux de stress était comme un coup. Il avait juste la sensation que quoi que Basilio était en train de faire… c’était bancal, comme s’il ne faisait que de balancer ce qui lui passait par la tête, avec juste un embryon de stratégie. Ce n’était pas absurde, mais pas complètement maîtrisé. D’où le soupçon de Holden : Basilio n’était pas loin de perdre le contrôle de son plan. Alors quelles que soient les intentions de Basilio, autant « l’aider » et répondre aux deux suivantes.

L’idée qu’Antonella et lui se soient retrouvés face à face dans une mission lui arracha malgré toute l’angoisse qu’il ressentait un petit sourire. Si ça s’était vraiment produit… ça avait dû être plutôt amusant. Ou terrible. Ou les deux. (Probablement compliqué sur le moment, et amusant avec le recul ?) À ce moment-là, il aurait bien aimé pouvoir en parler avec Anto, savoir ce qui s’était passé. (Si ça s’était passé tout court). Mais ce sourire n’exista qu’un bref moment, avant de se souvenir de l’ultime question de l’adolescent. Celle-là… il espérait vraiment que ce soit un mensonge. Mais il pouvait regarder autant qu’il voulait le regard de Basilio, il n’y trouverait pas le moindre indice. Déjà parce que sa vision brouillait trop ses traits pour qu’il puisse y repérer le moindre tic caractéristique du menteur. Ensuite parce que même avec une vision dépourvue du flou de la panique, il avait très peu de chance de réussir à interpréter quoi que ce soit sur le visage d’un garçon presqu’inconnu. Un visage qui n’était d’ailleurs même pas tourné vers lui, mais vers son téléphone portable. (Il était toujours surpris de penser que ces petites choses entièrement avec des écrans et sans boutons étaient des téléphones, et qu’en plus ils avaient presqu’autant de fonctionnalité qu’un ordinateur… 2020 avait quand même quelques avantages). Il supposa qu’il était en train de chercher des articles sur Copycat.

-Les deux autres questions je ne sais pas. Un jour, tu penseras à me dire ce qui était vrai ou faux dans tout ça, répondit-il avec un haussement d’épaules. Ça t’a aidé ?

La question était réelle, même s’il se doutait que Basilio n’y répondrait pas. Après ça, il regarda encore une fois sa montre. Il était obligé de la fixer de plus en plus longtemps avant d’arriver d’abord à voir où se situait l’aiguille – à avoir la certitude que sa vision n’avait pas déformé sa ligne- et ensuite de procéder les informations. Il éloigna la montre ensuite, affichant un air neutre. Chaque seconde qui passait dans cet ascenseur avait beau lui paraître interminable, le temps passait beaucoup trop vite. Entre l’explication de Holden, le moment de réflexion de Basilio, quand il démontait le portable, et les réponses difficiles aux jeux de devinettes, beaucoup trop de minutes s’étaient écoulées, un peu plus d’un tiers du temps qu’il pensait avoir. Holden commença à douter qu’il ait assez de temps devant lui pour arriver à convaincre Basilio de son histoire et de relancer l’ascenseur avant de devoir mettre fin abruptement à la discussion, d’une manière ou d’une autre. Mais bon, ce n’était pas encore entièrement impossible non plus, et ce n’était toujours pas le moment de le presser, il n’en était pas à la dernière limite. Holden s’efforça encore de rester attentif au garçon. C’était un peu plus facile que quelques minutes plus tôt, puisqu’il avait dû se concentrer pour répondre à la série de questions. Série de questions qui n’était visiblement pas  terminée. Si ça n’avait pas été vraiment gênant jusqu’à maintenant, le français de Basilio provoqua une confusion. Holden n’arrivait pas à savoir s’il voulait savoir quel était le dernier mois de 2002 qu’il avait vécu ou si ce qui l’intéressait, c’était de savoir quel était le mois où il était « arrivé » de 2002 (« de 2002 » prenant le sens de la provenance), donc le mois où il était arrivé en 2020. Holden décida de donner les deux réponses, trop fatigué pour tenter de deviner les intentions de Basilio. Ce n’était pas la peine de perdre son énergie.

-J’ai quitté 2002 en février. Et je suis arrivé en 2020 en avril.

Cette fois encore, Holden ne voyait pas où Basilio voulait en venir avec cette question. Il y avait une intention derrière, c’était sûr, mais il ne voyait pas laquelle. Le Tsumi n’allait pas demander ça juste pour s’informer… à ce stade il essayait encore de trouver des preuves à son récit. Donc il y avait un sens à cela, mais quoi ? Il s’interrogeait lorsqu’un flash lumineux attira encore son attention sur Basilio. Il le prit d’abord pour une hallucination visuelle, un « bug » du même ordre que les lignes distordues ou les tâches noires. Ce n’est qu’après, en entendant la chute du téléphone résonner, qu’il comprit que quelque chose s’était réellement passé. Les éclairs crépitant au bout des doigts de Basilio lui donnèrent une réponse. Il avait évacué quelque chose d’ordre émotionnel (stress ? pression ? rage ?) en électrocutant l’objet. Et ensuite en disant quelque chose en japonais. On ne se refait pas, la première réaction d’Holden fut une nouvelle montée de stress. Basilio venait de rendre hors d’usage le seul téléphone en fonctionnement qu’ils avaient. Donc si le bouton d’arrêt de l’ascenseur ne voulait pas se remettre en marche… Il restait que le bouton d’appel. Son expérience avec le bouton d’appel avec Adrian ne lui inspirait rien de bon. Les gens à l’autre bout pouvaient être totalement incompétents, ou ne pas répondre. Et si ça n’arrivait, ils n’auraient plus aucune alternative. Ils n’auraient plus qu’à attendre que quelqu’un se rende compte que l’ascenseur était coincé, et alerte… probablement les services d’entretien, c’étaient sûrement eux qui s’occupaient d’appeler des techniciens extérieurs. (À moins que les ascenseurs ne débloquent si souvent ici qu’ils avaient leur propre technicien ?). Tout cela prendrait beaucoup trop longtemps. Après avoir parcouru cette chaîne de conséquences négatives, Holden se trouva capable de formuler une seconde pensée. Celle que Basilio n’allait pas bien, qu’il avait vraiment du mal à faire face à tout cela. Qui n’en n’aurait pas ? La réaction du garçon était normale, et somme toute déjà assez maîtrisée pour quelqu’un d’aussi jeune – et malgré tout inexpérimenté.

C’était une chose de remarquer la détresse de Basilio – et ce n’était pas très compliqué puisque même un télépathe au pouvoir bloqué et en panique pouvait le comprendre –, mais c’en était une autre de trouver un moyen de l’aider, dans le cas où sa tentative pour évacuer n’était pas suffisante. L’aider à continuer sa réflexion et achever son plan avant une possible explosion mentale.

-Pourquoi cette question ? finit-il par dire, la voix la plus calme possible, comme si les dernières secondes n’avaient pas existé.

Il espérait permettre à Basilio de se raccrocher à son plan, à son amorce de stratégie.  Le ramener au Basilio calme et stratégique qui avait conçu ce piège, et qui était déterminé à le mener jusqu’au bout. Un peu comme une preuve de confiance, il décida de ne rien faire d’autre pour le moment. Basilio était capable de trouver seul ses réponses, et de les accepter, se disait Holden. Et il avait encore le temps…

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Basilio Tsumi
Mieux côté que le sous-fifre du recrutement.
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Basilio Tsumi
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Je suis aussi : Neville, Henry, Anto & Gaston
Pseudo : Synicareless
Super-pouvoir : Copier les pouvoirs des autres. Voyez-vous, chaque pouvoir se retrouve dans l'ADN et il suffit à Baz d'avoir accès à de la bave ou du sang de quelqu'un pour copier son pouvoir et muter, pendant 3 jours en moyenne.

Problèmes : de manière aléatoire, il copiera aussi certains traits de caractères, maladies ou dons... Ce qui rend Baz assez difficile dans ses envies de copie. En plus du fait que de base, déjà, il y a TRES PEU de pouvoirs intéressants ici... Rolling Eyes



Les Femmes le détestent : Cet homme a perdu 15ans en... 4f1c27d476d19772d3a8783bb8812abaf40850c6
Réputation (intra-école) : 8/10 : Un Tsumi, héros, sur fauteuil roulant, tout le temps hautain, aigri, et qui n'a pas beaucoup de scrupule pour clasher, insulter ou récupérer de la bave ou du sang pour copier un pouvoir... Voilà, vous avez tout compris. Puis bon, aussi, quand on passe d'Oméga à FDP puis à Héros... ça n'arrange rien.
Les Petits + : Ex oméga, il a été déchu de ce groupe... Après avoir tenté de voler les clefs des dortoirs fermés à Mila, lors de la soirée "Chaos" de la Saint Valentin... A cause de sa cousine Altéa qui a mal fait diversion, bien sûr. Tout est de sa faute. Encore. Mais vous savez ce qui est le pire ? C'est que Mila l'a bazardé chez les héros maintenant. Et c'est chiant, clairement.
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Ven 7 Aoû - 5:00
 

Les Femmes le Détestent !

d'Alden et de Basilio


Ce Kuso sorti était la preuve que Basilio commençait à déborder de son plan. Ne pas contrôler un pouvoir aussi puissant que l’électricité était normal, il ne l’utilisait pas si souvent que ça même s’il avait un certain passif avec (souvent mélangé à cet ascenseur d’ailleurs…). Mais laisser son agacement s’échapper à travers une injure montrait le début d’une perte de contrôle mentale ! Et l’utilisation du japonais, lui faisant perdre son français, langue qui faisait parti intégralement de son plan pour emmerder Holden et le décontenancer, était annonciateur d’une perte de contrôle bien plus avancée. Il devait rester sur cette langue qui leur était étrangère pour eux, Basilio refusait d’offrir ce confort à l’homme en face de lui ! Mais outre l’échec non francophone, le neveu d’Antonella avait utilisé l’un de ses tics verbaux favoris. Il voulait éviter de « réconforter » l’homme en face de lui pour au final balancer des bribes de la femme qu’il aimait ? C’était une blague ! Comment en était-il arrivé là ? Ok, il n’avait pas tout prévu, mais quand même ! L’attaque mentale avait certainement joué dedans et il y avait de quoi être déstabilisé mais à ce point, c’était fou ! … Sauf que… outre ça, toutes ses questions qu’il avait lancé à la file sans laisser le temps à Holden de répondre avant de balancer la suivante, le forçant à répéter, à user davantage de ses nerfs et de sa patience… Ç’avait de quoi être encore plus agaçant. Sans parler des réponses qu’il avait eu et qui résonnaient dans sa tête. Comme si avait la décharge lancée sur son téléphone, elles ne lui étaient pas parvenues. Elles arrivaient maintenant. Avec de la latence. Au final, qu’est-ce que ça donnait ?

Cet homme avait répondu comme… Alden et non comme Holden. Bien sûr, c’était facile de mentir sur les réponses mais Basilio n’avait intercepté aucun signe de mensonge dans ses gestes et manies. Avec la situation inconfortable pour le Sous-Fifre en plus, ç’aurait été encore plus facile de déceler ce genre d’indices ! Mais rien… Pire encore, le blond avait pointé du doigt une défaillance dans le plan de son neveu. Comment dire que ça n’aida pas le petit brun quand il releva ce fait passé. Se sentir en échec était une chose, mais être enfoncé par son ennemi dans l’histoire, qui pointait les failles dans le plan du cerveau du piège, qui en avait repéré une alors qu’il était dans un état de panique… Ça n’était plus une question d’égo touché à ce train là, c’était de la pure remise en question pour l’adolescent qui se maudissait et qui se sentait encore plus perdu dans son propre plan. Il montrait sa faiblesse, sa stupidité alors qu’il ne l’était pas ! Pourquoi ce plan n’était pas parfait ?! S’était-il tant fourvoyé que ça en se félicitant d’avoir monté tout ceci en quelques heures par ci et par là étalées sur une poignée de jours? Au final, avec ce décalage entre les réponses et leur absorption dans le mental de Basilio, Alden n’aurait pas la réponse à sa demande et à sa question. Ça s’était noyé. Ça n’était pas important. Et puis, son esprit refusait de relever le fait que l’adulte commence à s’inquiéter pour lui car ça signifiait qu’il s’intéressait à lui ! Ça n’était pas censé arriver, dans une telle situation, que la victime s’inquiète pour son bourreau ! Ni qu’il le fasse, ni qu’il soit en capacité de le faire ! Ça signifiait clairement beaucoup trop de choses et d’échec pour que le cerveau de Basilio accepte de se souvenir de cette pitié. Il fallait se reprendre et… L’homme l’aida.

Est-ce qu’il avait frappé sa curiosité ? Ou était-ce un plan pour gagner du temps ? Basilio devenait parano tant il avait l’impression de perdre le fil. Il perdait tant le fil qu’il ne comprit pas la véritable envie du télépathe qui voulait juste l’aider en toute discrétion. Tant mieux, d’un côté, voir de la pitié l’aurait plus fait déchanter qu’autre chose, autant paranoïer alors en pensant avoir un ennemi en face de lui et non un membre de sa famille désireux de l’aider.

Que ça soit au final de la curiosité ou un plan, Baz comptait bien ébranler l’homme avec sa réponse. Février 2002. Très bien. Parfait même. Basilio reprenait un peu contenance. Il pouvait lui faire du mal. Le déstabiliser autant qu’il ne l’était, voire plus : L’homme qu’il avait en face de lui n’était pas père. Seulement un géniteur en devenir fréquentant une femme encore en plein déni, un beau couple d’ignorants, donc. Le cousin du bébé de l’affaire avait de l’avance sur l’homme. Ça lui fit du bien, cette sensation de savoir cette bombe, de l’avoir entre ses mains, de jouer avec après avoir allumé la mèche, la laissant se consumer. Alors, s’étant repris et profitant de sa position, Basilio prit une grande respiration et se penchant en avant pour récupérer son téléphone, laissant son ‘oncle’ dans l’inconnu encore plusieurs secondes. Le temps, encore plié, d’appuyer sur le bouton de déverrouillage du téléphone et d’avoir confirmation : il avait rendu son téléphone HS. Ça l’aida davantage à nourrir son envie de faire du mal à l’homme, tout comme sa position qui l’aida à rapprocher leurs regards, lui permettant de murmurer des mots à la fois intime et explosifs.

« Février 2002 ? Oh, tu empoisonnais donc déjà ta propre enfant en fumant à côté d’Antonella et en vous programmant des petites soirées amoureuses et alcoolisées alors ! Félicitation daddy. » Basilio savait ou appuyer pour faire mal. Parler d’amour avec Antonella et lui alors qu’ils avaient toujours été dans un déni grossier (ça devait être pire encore à cette époque…) et des bêtises dignes d’une vie de débauchés alors qu’ils attendaient déjà Altéa… Il laissa quelques secondes s’écouler avant d’ajouter une seconde couche. « Dommage, à quelques semaines près, tu apprenais la présence d’Altéa. Et à… 4 mois près, tu aurais morflé d’inquiétude en t’en voulant face à ta Petite Premature sous couveuse. » Il releva son regard quelques secondes, fouillant dans ses souvenirs puis redescendit ses yeux identiques à beaucoup de personnes de l’entourage d’Alden. Ou plutôt, de l’ex entourage. « Et tu aurais recommencé à respirer après un énorme mois d’inquiétude, à soutenir Antonella qui s’en serait rendue malade face à tous vos conneries faites pendant son déni. Et même après ça, vous auriez continué longtemps à vous en vouloir, à chaque maladie, à chaque fièvre de votre enfant. » Antonella continuait encore de s’inquiéter pour son enfant. Même si cette dernière avait épousée une voie plus calme, la santé de son unique fille était sa plus grande inquiétude. Basilio ne savait pas ce qu’il en était pour le père d’Altéa désormais. En partant du principe qu’il était vivant ou en prenant en compte les dernières fois ou il aurait vu Holden… Son méfait accompli, n’ayant pas lâché un instant le visage du blond pendant le déversement de son futur, le dos de Basilio retrouva son fauteuil.

« Tu as donc pu t’échapper sans connaître tout ça, joli timing… » Quelle douce torture, non pas de savoir son futur à lui, mais que de lui dicter les pires moments de sa vie expressément. Et de ne surtout pas lui parler du présent. Oh, bien sûr, si Alden faisait encore appel au souvenir du mail de son bourreau, il pouvait noter que sa fille était en assez bonne santé pour que son cousin rappelle à quel point Altéa pouvait être chiante. Sans peser ses mots. Comme si elle était normale. Comme si tout ça était du passé. « Ce que je ne t’apprends pas, par contre, c’est qu’elle n’est pas à l’Institut Trueman pour rien. » Ça y est, il avait reprit de la contenance et se sentait assez bien lancé pour frôler le mensonge, pour faire croire des choses à Alden. Quand est-ce qu’il allait arrêter ça ? Qu’il allait offrir à nouveau sa liberté à la version jeune de son oncle ? Pas tout de suite, de trop gros mauvais sentiments brûlaient encore en lui. Une trop grande rancœur qu’il semblait vouloir expier en une fois au lieu de le faire petit à petit. Que ça lui retombe dessus ? C’était déjà le cas, non ? Avec cette jolie petite attaque mentale qu’il avait reçu de plein fouet. Mais il savait que l’homme avachi s’affaiblissait, son pouvoir aussi, donc, non ? Alden ne ressortirait donc que lorsqu’il serait au bord de s’évanouir ou lorsque Basilio en aurait fini de tout cracher. Et il en était loin. Sans compter qu’il voulait aussi des réponses.

« J’ai eu la chance d’avoir le pouvoir de mon père. C’est très pratique, surtout avec un brouillon ayant déjà exploré cette capacité, ses limites et ses dangers. Par contre… Spoiler Alert : Altéa n’a aucunement les pouvoirs de ta chère et tendre. » Basilio savait que Holden voyait son pouvoir comme une véritable malédiction. L’avoir transmise à son enfant ne serait pas non plus une bonne nouvelle à apprendre. Même si elle était fausse. Mais ça, l’homme ne le savait pas encore. Et même s’il n’avait pas encore cet instinct paternel, lui offrant la possibilité d’attaquer une personne qui était clairement son neveu, ce dernier était sûr qu’il pouvait faire à nouveau mouche avec ce sujet-là. Et pour appuyer un peu plus ses dires, il replaça théâtralement son serre-tête.

« Mais revenons sur le sujet principal : du coup, avec tout ça, ta petite crise de claustrophobie. Tu lui donnerais combien ? Zéro correspondrait à… Non, pas besoin de légende, ça serait du déni. Ou de l’hypocrisie. Et donc… Dix, serait la crise avec mon père. J’imagine que les cables qui lachent valent bien ça... Après, si besoin, on peut faire un comparatif, voir comment a évolué l’ascenseur en 20ans ? »
Il se moquait. C’était si bon de récupérer le pouvoir, de jouer avec le feu, d’être à nouveau inconscient du danger pendant qu’il s’amusait à nouveau avec le tableau de bord de tout ce bordel. « Ou alors, je peux arrêter mes conneries et t’écouter gentiment m’expliquer d’autres choses sur ta situation. Comme la raison de ton invocation, les raisons qui font que tu travailles ici malgré mes mails et donc ma présence… et le fait que tu n’aies pas décider d’en finir avec ses conneries. Si tu n’es qu’une pâle copie, et connaissant Holden… » De ce qu’il avait eu le temps de lire à propos de Copycat, le fait de générer une version 2002 de Holden n’aurait pas pu se faire sans raison. « … Tu n’as pas été généré par hasard… Tu dois être juste un pion. Ton suicide aurait dû être une option, surtout si c'est pour servir d'esclave à quelqu'un. Donc je t'en prie. Dis moi. Tu as quoi derrière la tête ? »
KoalaVolant
Basilio Tsumi
https://institut-trueman.forumactif.com/f86-basilio
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Lun 31 Aoû - 11:04

Les femmes le détestent...

• feat. "Holden" et Basilio

Dans l'espace mental d'Holden, le temps s'écoulait paradoxalement trop vite et trop lentement. Trop vite parce que chaque instant qui passait le rapprochait de son point de rupture. Trop lentement parce que chacun de ces instants était une lutte interminable contre sa panique, contre les souvenirs qu'il avait soigneusement enfermés à double tour, et qui n'attendaient qu'une occasion aussi propice que celle-ci pour s'échapper et l'engloutir. C'est ça le problème des souvenirs laissés de côté. On aurait pu penser que tout le temps où on ne s'en occupait pas, ils s'affaiblissaient, ils disparaissaient. Comme des enterrés vivants, ils s'asphyxieraient dans le noir, à l'abri des regards. Ils deviendraient des corps froids, toujours présents, mais déjà inoffensifs. Une chose désagréable, mais déjà lointaine. Une chose qui disparaissait surtout, en perpétuelle décomposition. Ensuite, il ne restait plus que les ossements, et enfin, plus rien. C'était un long procédé, mais un procédé efficace. Enfermez-les et vous aurez les paix. Mais non. C'était beaucoup trop simple. Holden avait été optimiste en imaginant s'en débarrasser comme cela. C'était idiot de comparer les souvenirs à des mortels. Non, les souvenirs étaient des putains de zombies. Plus on les laissait croupir, plus ils se multipliaient, sournoisement. Ils se préparaient dans l'ombre, gagnant en intensité. Ensuite, il fallait juste attendre que le monde extérieur créé une petite brèche dans les barrières mentales. C'était une question de temps, il suffisait d'être patient. Au cours d'une vie, l'apparition d'une fissure était inévitable, d'autant plus que les prétextes étaient partout, dans des choses les plus idiotes et anodines - comme dans les ascenseurs, par exemple. Lorsqu'elle était là, la faille, les zombies-souvenirs en profitaient pour sortir de leur tombeau. Ils activaient leurs mâchoires pour détruire leur sépulture et en sortaient, les uns après les autres. Une fois que c'était arrivé une première fois, c'était fini. On avait beau colmater la brèche, mettre tout ce qu'on pouvait pour calfeutrer les zombies mémoriels, ils trouvaient toujours un moyen de se renforcer, et de revenir. Chaque invasion était pire que les précédentes. Et au final, la horde vous engloutissait sans la moindre pitié. Qu'est-ce qu'on pouvait faire contre ça, de toute façon ? D'un point de vue réaliste, un mortel isolé n'avait aucune chance de survivre à une invasion de zombies, se multipliant et ressuscitant, et pire, des zombies parfaitement calibrer pour nous annihiler, au courant de nos moindres faiblesses. Peu importe le nombre de gadgets à disposition, armes ou barrières psychiques, l'épuisement nous gagnait, pas les zombies intemporels. On se faisait forcément bouffer. La seule chose à faire, c'était de rester en mouvement, le plus longtemps possible.

Le silence qui répondit à la question d'Holden le plongea en plein cœur de cette fosse à souvenirs dévoreurs. Il n'y avait momentanément plus rien dans cet ascenseur pour le raccrocher à la réalité. L'absence de réponse de Basilio n'avait pas pour seule conséquence l'absence de voix, ces voix qui réelles qui étaient son premier rempart contre ses crises d'angoisses. C'était aussi l'absence de nouveaux éléments, l'absence de matière à traiter, rien qui puisse l'occuper intellectuellement et servir de dérivatif. S'inquiéter de l'état et des plans du jeune Tsumi l'obligeait à suffisamment de réflexion et de concentration pour que ce soit "divertissant", pour s'extirper du marasme de l'angoisse. Là, c'était le vide. Un vide auditif, un vide mental, et aussi un vide visuel. Le vide qu'avait laissé Basilio lorsqu'il s'était penché, tombant à la limite du champ de vision d'Holden, dont les yeux étaient désormais rivés les murs blafards de l'ascenseur. Ce vide, il a arrivait à peu près à l'aménager lorsque des éléments extérieurs se présentaient à lui, mais il n'avait plus assez d'énergie pour le remplir seul. Alors il lâchait et glissait. Les secondes qu'il vivait avaient un air d'éternité. Comme en maths. Le passage de 1 à 2, puis de 2, à 3, la succession des chiffres, cela paraît évident naturel. Sauf qu'entre 1 à 2, il y a un infini. 1,1 et 0 à l'infini. 1,11 et 0 à l'infini. 1,111 et 0 à l'infini. 1,11111 et 0 à l'infini, et ainsi de suite. À se demander comment il est possible de franchir cet infini, de passer de 1 à 2. Dans cet ascenseur, Holden n'y arrivait plus. Il lâchait prise et glissait dans ce gouffre temporel. C'était la chute libre psychologique,, jusqu'à ce qu'un réflexe de défense mental de survie prenne le relais dans un sursaut. D'un seul coup, sans raison apparente, il se reconnecta à la réalité. Son état proche de l'évanouissement laissa place à une injection de lucidité. Pendant un instant, ses perceptions se refirent nettes. Ensuite tout se brouilla de nouveau, mais c'était suffisant pour qu'Holden se reprenne, un peu.


Comment trouver une prise dans ce vide ? Les sensations d'abord. Holden entrechoqua ses mains contre la réalité physique la plus proche. Et ensuite, il s'efforça d'analyser cette sensation, comme s'il n'avait plus le moindre automatisme, que toutes ses catégories de pensées avaient explosé et qu'il devait maintenant les reconstruire. La sensation était dure, le choc provoquait un peu de douleur, mais pas suffisamment pour le sortir de sa semi-léthargie. Ce qu'il touchait était en dessous par rapport à lui, c'était le sol. Un sol froid, métallique, sur lequel il fit glisser ses doigts crispés. Il sentit quelques aspérités. Les motifs antidérapants de l'ascenseur. Bien, voilà une première prise. Le vide se remplissait. Ensuite ? Il devait se concentrer sur les tâches de couleur brouillées. Les identifier, une par une, et les remettre à leur place, les faire rentrer dans leur cadre. À chaque couleur appartenait une forme géométrique standard. Toutes celles qui n'avaient pas de contours dessinés étaient déformées par sa vision hallucinatoire. Peu importe s'il ne voyait pas vraiment l'ascenseur comme il l'était. Il devait juste l'imaginer. Un ascenseur, ce n'est quand même pas une construction très complexe. Il pouvait calquer sur cet environnement trouble la forme théorique d'un ascenseur, convoquer ses souvenirs les plus récents, ceux formés lorsqu'il était entré sans hésitation dans la cage quelques minutes plus tôt. Ensuite, lentement, se concentrer pour faire rentrer les tâches diluées au milieu des contours. Voilà, ça ressemblait à un peu près à un ascenseur. Et cette masse sombre, presque fantomatique, à la limite de son champ de vision, dans le coin, à droite. C'était... Basilio. Ça, il eut moins de mal à le reconstituer. Le garçon était le meilleur ancrage. Il était la chose la plus incongrue dans ce décor, la plus identifiable. Basilio, se rappeler qu'il était là pour Basilio... Ignorer le vide.

La reconstruction visuelle et mentale d'Holden était floue et fragile, mais au moins, elle existait. Elle permit surtout d'attirer son attention sur une incohérence. C'est une très bonne prise pour sortir du vide. Holden avait fini par reconstituer qu'il était sur le sol, assis. Basilio s'était baissé. Ça, il s'en souvenait. Mais il n'était plus dans son champ de vision. Ce n'était pas logique. L'adolescent ne pouvait pas avoir disparu à moitié enterré dans le sol de l'ascenseur, avec juste sa tête qui dépassait et qui bougeait un peu, en réaction aux gestes de son corps. Donc... Il regardait complètement à l'opposé, trop haut, trop à gauche. (Fallait le temps que les neurones se remettent en marche et se rendent disponibles pour autre chose que paniquer... C'était exaspérant pour Holden de se rendre compte le temps qu'il lui fallait pour comprendre une chose aussi... Évidente. Mais bon, s'il ressentait quelque chose d'autre que la panique, c'était déjà signé que ça allait mieux). Il devait bouger les yeux, vers la droite, et vers le bas. Et effectuer ce simple déplacement oculaire était déjà un effort... Considérable. Limite épuisant. Ah tiens, un visage. Un visage flou, certes, mais un visage quand même. Devait-il blâmer ses yeux pour ne pas faire un focus correct et reste dans le vague, ou son cerveau pour ne pas reconstituer correctement les images ? Il n’en avait aucune idée. Peu importait. Et ce visage, c’était Adrian. Les yeux bleu vif, la mâchoire carrée, une masse de cheveux bruns. Adrian dans un ascenseur, logique. Non pas, Adrian. Basilio. Concentre-toi un peu, bordel. C’est quand même pas compliqué. Le visage devant lui était clairement celui d’un adolescent. Quelques rondeurs enfantines persistaient derrière le voile flou. On était en 2020, en plus. Déjà en 2002, Adrian avait des traits beaucoup trop anguleux, beaucoup trop marqués, pour correspondre à ceux à quelques dizaines de centimètres de lui. Et maintenant on était en 2020, alors ça avait encore moins de sens. Adrian, il devait avoir pas loin de cinquante ans. C’était marrant, ça à imaginer. Et son double aussi, devait avoir à peu près cet âge. Shit, c’était tellement absurde cette idée. Il le réalisait seulement maintenant. Et ça l’aurait fait franchement rire dans d’autres circonstances, tellement ça lui paraissait bizarre. Franchement, avant son basculement en 2020, Holden aurait été bien en peine de deviner ce qui allait se passer dans son futur. Il n’imaginait même vraiment le « futur », il ne l’anticipait absolument pas. Le concept était absent de son existence. Il gérait à peu près son présent, c’était déjà pas mal. Et pour être honnête, même s’il en avait eu quelques bribes à travers les mails de Basilio, il avait toujours beaucoup de mal à comprendre comment tout cela s’était passé. À comprendre quels enchaînements l’avaient mené à ça, à cette vie finalement très différente de celle qu’il menait avant. Une vie avec un enfant, une sorte de famille… il ne savait pas exactement quel genre de relation il avait avec Anto, mais ce qui était sûr, c’est qu’il y en avait une. Qu’il y en avait toujours une. (Le pauvre ne se doutait pas qu’à peine quelques secondes plus tard, Basilio allait le lui jeter à la figure, l’enchaînement, le lien entre sa vie telle qu’il l’a connaissait et le futur de son double. Et il ne se doutait pas non plus qu’il aurait dû être imminent.)

Bon, il partait trop loin. Il avait déjà assez de problèmes à régler maintenant pour ne pas commencer à se poser davantage de questions sur le futur de son double. Après le passage de la chute libre mentale au sursaut lucide, des flashbacks aux anticipations sur un avenir qui n’était même plus vraiment le sien, Holden arrivait enfin à se concentrer à peu près sur ce qui se passait dans cette cage d’ascenseur. Pour se raccrocher au présent, il fit défiler dans sa tête toutes les informations qu’il avait sur Basilio, et les minutes qui avaient précédé. Il était là pour une raison précise après tout, Basilio voulait des réponses. Mais pour l’instant, le garçon n’avait pas l’air d’être en train de les chercher. Devant lui, l’adolescent était en train de regarder son téléphone, le tenant dans ses mains. De ce qu’Holden avait pu lire sur 2020, c’était vraiment l’attitude clichée des ados. Partout, tout le temps, le téléphone dans la main, les yeux rivés sur l’écran. Tiens, encore une scène un peu bizarre pour occuper le vide. C’était un peu bizarre de passer de l’avalanche de questions de Basilio et de son air… perdu, on va dire, à cette image d’une effarante normalité. Qu’est-ce qui s’était passé avec le téléphone, déjà ? Ah ouais, Basilio lui avait envoyé une bonne décharge électrique. Donc là, à en juger par les mouvements des doigts du garçon et l’écran noir borné qui n’y réagissait pas… il était en train d’évaluer les dégâts. Drôle de sens des priorités, tiens. Il montait tout un plan pour obtenir des réponses, et là il avait l’air de s’en ficher complètement, ne s’occupant que de son smartphone. Bon, Holden ironisait, c’était toujours pratique pour remplir le vide et récupérer un peu de contenance, mais il se doutait bien que l’intérêt de Basilio pour son précieux item n’était que de façade. Il gagnait du temps, pour se reprendre, retrouver sa stratégie. Holden connaissait trop ce genre de pirouettes et d’astuces pour rester maître du rythme d’une conversation pour ne pas les reconnaître lorsqu’elles étaient appliquées par d’autres – inconsciemment ou non. L’adolescent n’était pas pressé, lui. Holden était le seul à ne pas supporter l’enfermement dans cet ascenseur. Indirectement, ce petit jeu avec ses nerfs risquait de se retourner fortement contre son initiateur, mais ça, le gamin ne pouvait pas le savoir… Cela n’empêcha pas Holden de penser qu’ils perdaient du temps… et penser au mot « temps », à celui-ci précisément, le conduit à regarder sa montre, encore. Il esquissa avec un doigt le contour des aiguilles, ne pouvant plus se fier à leurs chiffres déformés. Il s’était écoulé peu de temps, finalement, depuis la dernière fois qu’il s’en était remis à cet accessoire. Il n’arrivait pas à définir si cela l’angoissait davantage, car cela lui faisait prendre conscience que plus ce blocage durait, plus il était insupportable, et donc que les prochaines minutes risquaient d’être encore pire que les précédentes, ou si ça le soulageait, parce que théoriquement, il ne devait pas atteindre son point de rupture… Enfin… c’était un peu vite dit, l’évaluation de sa résistance à la claustrophobie de 15 minutes, ce n’était pas vraiment une science exacte. Après tout, il ne s’était jamais entraîné dans un ascenseur, dans une époque qui n’était pas la sienne, dans un lieu avec une langue étrangère et avec un autre occupant au rôle ambivalent, tantôt améliorant la situation par sa seule présence, tantôt l’aggravant délibérément.

Par exemple, là, ça ne l’arrangeait vraiment pas que le garçon se soit rapproché de lui. Le voir, c’était un point d’ancrage, mais… l’avoir aussi près de lui, ça lui donnait encore la sensation que l’espace se réduisait. Au moins, lorsqu’il était plus loin, l’espace entre eux pouvait se distordre dans les représentations mentales d’Holden, mais le garçon vu en entier restait un repère logique, un moyen de se rassurer en se disant qu’ils n’étaient pas si collés que ça. Ok, il s’était avancé et penché pour récupérer le téléphone, ça, Holden l’avait compris, mais là, c’était fait, et l’adolescent ne manifestait pas la moindre volonté de changer de position. Ce qui retint le télépathe de lui demander de se reculer, c’était que manifestement, c’était fait exprès, c’était calculé. Il ne savait pas vraiment ce qui lui permettait de comprendre cela. Il y avait une lueur particulière dans les yeux bleus du jeune Tsumi, plantés dans les siens. Holden n’était pas assez à l’aise, ni assez habitué à converser avec son pouvoir bloqué, pour déchiffrer exactement ce que c’était. La seule chose qu’il était certain, c’était que cette lueur avait été absente du reste de cette conversation, et donc il s’en méfiait. Si Basilio calculait vraiment ses actes pour accentuer son malaise – ou les faisait inconsciemment dans ce but – ce n’était pas une bonne idée de lui confirmer sa réussite, et lui donner ainsi la possibilité d’en jouer encore plus. Ce n’était pas vraiment une réflexion – Holden peinait à raisonner correctement –, mais un réflexe mental bien trop ancré pour disparaître comme ça. C’était un peu le système de secours de son cerveau. Et là, ce système de secours avait entièrement glissé sur « rester sur ses gardes », au point qu’Holden doive combattre un autre réflexe. Celui qui lui intimait d’éliminer par une attaque mentale l’adolescent. Bloquer l’action télépathique naissante, et se rappeler que ce n’était pas son but. C’était un adolescent, il était même – certes d’une façon étrange et inexacte – de sa famille. Il était déjà suffisamment « attaché » au garçon pour ne pas vouloir le blesser, sans qu’il ne comprenne très bien pourquoi. Il pouvait le gérer autrement, enfin… il voulait le gérer autrement. Même s’il ne comprenait pas les intentions de Basilio, pendant ce moment de latence.

« Février 2002 ? Oh, tu empoisonnais donc déjà ta propre enfant en fumant à côté d’Antonella et en vous programmant des soirées amoureuses et alcoolisés, alors ! Félicitations Daddy ! »

Ah d’accord. Il comprenait mieux les intentions maintenant, c’était assez clair. Basilio voulait le blesser, le déstabiliser. Être désagréable. Et c’était aussi pour cela qu’il lui avait demandé le mois de départ de son époque dans sa question précédente, celle dont Holden n’avait pas compris à quoi elle lui servirait. La révélation de Basilio fut un choc. Vraiment. Et elle laissa Holden complètement coi. Sa stupéfaction fut suffisante pour faire disparaître le Vide, pour changer les priorités de son cerveau et faire passer l’angoisse au second plan. Comme lorsqu’une nouvelle douleur plus forte venait momentanément faire oublier une douleur plus faible. Il s’était bien senti partir, et là, Basilio l’avait retiré avec force dans le monde présent. Monde présent qui était peut-être aussi cauchemardesque que celui de ces « zombies-mentaux », après tout. La révélation lui faisait l’effet physique d’un coup puissant. Sa respiration se bloqua un peu. Enfin… qui se bloqua encore un peu plus qu’elle ne l’était déjà, le souffle d’Holden était court et laborieux depuis son entrée dans l’ascenseur. Quelques signes de troubles visibles qui se superposaient à un visage resté de marbre, mais dont la crispation accrue pouvait trahir aussi le choc à un observateur familier... mais que l’on pourrait aussi attribuer à sa crise d’angoisse. L’indice le plus clair était tout de même dans ses yeux scrutés par Basilio : ses yeux qui s’écarquillèrent un peu, sans raison physique.

Le souffle de l’explosion était néanmoins un peu atténué par le fait qu’Holden se méfiait de ce que pouvait lui raconter l’adolescent. Les phrases du garçon avaient largement transpercé ses gardes mentales, mais elles se remettaient déjà en place. Encore ces réflexes mentaux trop bien intégrés, une seconde nature lentement construite, qui prenait le dessus. Holden ne pouvait pas faire autrement que de douter de ce qu’il lui disait. Ce n’était pas une question de personne, de confiance dont il manquait en ce neveu qu’il ne connaissait pas. C’était juste une question de pure logique et de méfiance généralisée. Il avait déjà pris Basilio en flagrant délit de mensonge, quelques instants plus tôt. Il y avait cette phrase dans laquelle il avait prétendu avoir un jour copié son pouvoir avec son accord. Et parmi les autres affirmations-questions de l’adolescent, Holden n’avait aucun moyen de savoir lesquelles étaient vraies et lesquelles étaient inventées de toutes pièces pour le moment. Sans pouvoir lire ses pensées, il n’avait aucun moyen de savoir avec certitude ce qui était vrai ou faux dans ce qui sortait de la bouche de Basilio. Et ce d’autant plus qu’il pouvait déjà repérer une exagération dans cette tirade. « Amoureuses », leurs soirées avec Antonella ne l’avaient jamais été. Ni de son côté, ni de celle de la Tsumi. Ce n’était tout simplement pas ça leur relation, et ce n’était pas particulièrement négatif, du point de vue d’Holden. (En fait, leur relation était meilleure qu’une relation amoureuse, du point de vue d’Holden. Plus sain, plus gérable, plus rationnel. Plus équilibré. Les côtés positifs sans le négatif. Il n’avait jamais vraiment voulu ni envié une relation amoureuse, à part la journée où il avait été sur influence d’une potion. Et il n’avait pas une vie compatible avec ça non plus). Bref, la nature de sa relation avec Antonella à l’époque, il était mieux placé pour la définir que Basilio, qui n’était pas présent. Ce qui s’était passé après, Holden n’en avait aucune idée, mais ça n’avait pas à changer sa perception de son passé proche. (Note du narrateur omniscient : Oui, comme tu l’as deviné Basilio, le déni grossier d’Holden et d’Antonella était encore pire à l’époque). Certes, ce n’était qu’un détail, peut-être simplement un effet de style de la part du garçon. Mais c’était surtout inexact, et donc peut-être un indice que tout ce que Basilio racontait pouvait être n’importe quoi, juste dans le but… d’ébranler ? de blesser ? Il ne savait pas vraiment en fait. En tous cas, ce doute créait une distance. Ses anticorps mentaux se mettaient en place contre ce nouveau sentiment de malaise qui voulait le gagner. Et la logique venait s'y ajouter. Ils utilisaient toujours une contraception. Alors certes, les accidents, ça pouvait toujours arriver, rien n'était fiable à 100%... Ça restait assez peu probable, il aurait vraiment fallu qu'ils aient manqué de chance. Il y avait quand même un ton de conviction, une certitude dans la voix de Basilio qui obligeait Holden à se poser des questions.

Donc puisqu’il ne pouvait pas tenir immédiatement pour vraies les paroles de l’enfant d’Adrian… il devait chercher dans ses souvenirs. Il fallait les récupérer dans cette zone mémorielle, au milieu des souvenirs zombies. Replonger dans sa mémoire, maintenant… Holden appréhendait la perspective. Si Antonella avait vraiment été enceinte… quels signes aurait-il manqué ? Ok, il était loin d'être renseigné sur les signes de grossesse, ça n'était pas vraiment d'actualité dans sa vie. Mais quand même, il y avait des choses qu'il aurait repérées. Des nausées matinales par exemple. Antonella n'avait souffert de rien de tout cela, apparemment. (Ou sinon elle avait vraiment bien caché son jeu). À bien y réfléchir... D'accord, il y avait peut-être quelques autres signes, plutôt anodin vu comme ça, mais qui pouvait jouer le rôle d'un faisceau d'indices. Ouais, il y avait bien le fait qu'elle avait "récemment" remplacé ses soutiens-gorges (un problème de taille...). (Là Holden dut se freiner dans ses enchaînements de souvenirs. "Achat" menait à "Centre commercial". "Centre commercial" à "Ascenseur". "Ascenseur" à "Bloqué". "Bloqué" à "Claustrophobie". Et "Claustrophobie" à ... À il fallait qu'il arrête cette chaîne de l'enfer. Et remonter au premier maillon de l'interminable association d'idées. "Soutien-gorge" et "nouvelle taille", donc). Devoir changer de taille de soutiens-gorge... C'était un truc qui pouvait arriver aux femmes enceintes non ? Cela dit il pouvait y avoir d'autres explications. Une prise de poids par exemple. Il avait remarqué qu'Anto, habituellement très fine, ait grossi "ces dernières semaines". Pas beaucoup, mais quand même suffisamment pour qu'il s'en rende compte. Holden n'avait pas abordé le sujet avec elle. Déjà parce que cela ne le regardait pas, tout simplement. Antonella était plus que capable de se constater qu'elle prenait du poids et voir elle-même si c'était lié à un problème ou non. Elle n'avait pas grossi beaucoup non plus, juste un peu, rien d'anormal. Donc il n'avait pas à se mêler de ça. En plus, Holden ne vivait pas avec elle, et ils n'avaient une relation intime que depuis environ un an. Il ne savait pas tout de sa vie, ni de ses habitudes alimentaires. Et enfin... quand on connaissait un tant soit peu Antonella, on comprenait vite que ce n'était pas le genre de remarque à lui faire... Bref, une prise de poids relativement légère, ça pouvait arriver n'importe quand, pour n'importe quelle raison. Sauf que ça pouvait aussi arriver aux femmes enceintes. Merde. En cherchant bien, certaines choses venaient étayer les arguments de Basilio.

Ok, il ne savait pas si Basilio lui disait vraiment la vérité. Certes. Bon, maintenant que le réflexe avait agi, que les émotions étaient à 90% bloquées… il pouvait continuer à assimiler l’idée. Pour se préparer au cas où elle serait vraie. Putain. Il avait déjà une fille, c’était bien ce que Basilio lui disait. Déjà une fille. Déjà un presqu’enfant, un embryon assez formé, assez définitif. Et surtout... un enfant qu'ils avaient gardé alors ? Pourquoi ? Antonella avait-t-elle choisi de ne pas avorter ? Ou n'avait-elle pas eu le choix parce que le délai légal avait été dépassé ? Et ensuite, ils n'avaient pas proposé l'enfant à l'adoption. (En imaginant cela, Holden eut le même rejet instinctif que son double avant lui. Ok, la naissance n'était pas prévue, ni désirée... mais ça restait son enfant. Comme tous les parents, il voulait le meilleur pour elle. Or, le meilleur, ce n'était certainement pas les services sociaux américains. Il connaissait trop bien les abus du système d'adoption ou de famille d'accueil, et il se méfiait beaucoup trop de tout ce qui se rapportait à l'Etat américain pour s'y remettre. En plus, vu leurs gènes, à Antonella et lui, leur fille aurait très probablement développé des pouvoirs, ce qui aurait rendu cela encore plus compliqué. Holden aurait parfaitement compris si Antonella n'avait pas eu envie d'élever l'enfant. Elle ne l'avait pas prévu, elle avait vingt et un ans à peine, et elle commençait une carrière de super-héroïne. Qu'elle souhaite autre chose que de s'occuper d'un enfant c'était tout à fait normal. Mais même dans ce cas, et même ne se considérant absolument comme prêt à être père, ni comme dans une situation propice à l'être... il aurait choisi sans hésiter de s'occuper seul de sa fille plutôt que de la laisser dans les mains d'un système d'adoption). Donc ils ne l'avaient pas remise aux mains de l'Etat et... Ils l'avaient élevée, et il l'avait même plus ou moins... Élevée ensemble, s'il se rappelait bien des mails de Basilio. C'était... assez étrange de penser tout cela. Et surtout étrange de se dire que dans l'avenir qu'il aurait normalement dû avoir, "tout cela" avait eu lieu à peine quelques semaines plus tard. Alors qu'Antonella et lui n'étaient que des amants non engagés et somme toute, relativement "insouciants". Si cela était arrivé. Évidemment. Rien n'était sûr à ce stade.

Holden n'eut pas davantage le temps d'assimiler cette idée. Basilio n'avait pas fini de jouer les prophètes d'un avenir révolu. Il n'eut pas non plus la capacité d'arrêter le gamin, de lui répliquer qu'il n'avait pas accepté - car c'était finalement plutôt le cas - d'être coincé dans un ascenseur pour s'entendre parler de sa vie par une personne non concernée. Il était déjà captif du garçon, qui s'était attiré par sa phrase-choc toute l'attention de Holden. Il était bien trop sous le choc pour réagir, pour mettre un terme à ce petit jeu. Ce choc, Basilio l'accentua encore. Plus le brun ajoutait de détails à son histoire, plus Holden y adhérait. Ç'aurait été difficile pour un adolescent perdant ses moyens - le déferlement vengeur ne trompait pas Holden- d'inventer aussi vite autant de détails, même avec beaucoup d'imagination et d'inspiration. Surtout, ce qui aurait été compliqué, ce serait d'inventer des détails aussi vraisemblables. Les réactions d'Anto et de son futur-lui leur ressemblaient beaucoup. D'ailleurs, la culpabilité des jeunes parents qu'évoquait Basilio trouvait déjà un écho chez Holden-la-copie. Lentement, il réalisait que l'histoire racontée par Basilio n'était pas seulement celle de deux étrangers, Holden-du-futur et Anto-du-futur. C'était déjà la leur, Anto-du-passé et lui. Et donc cette Altea-du-présent, c'était déjà un peu "sa" fille. Et donc cette naissance prématurée était déjà "sa" faute. Lorsqu'il avait lu pour la première fois les mails Basilio, apprendre que sa version future avait un enfant avait fait éprouver une incompréhension, mais aussi un certain ressentiment. Avoir un enfant, c'était la pire des idées. C'était léguer à un enfant un monde de merde, mais aussi des gènes de merde, et un parent de merde, un parent qui n'aurait jamais dû l'être. (Heureusement que cet enfant avait une mère super pour compenser, avait-il pensé). Sauf que maintenant, il se rendait compte que cette "version future", c'était déjà lui, et le ressentiment trouvait dans la culpabilité une forme nouvelle. (Si c'était vrai. Il y avait encore ce petit doute qui s'amenuisait de plus en plus). (Et si c'était vrai, Basilio n'avait pas besoin d'être inventif pour mettre en place sa torture. La réalité, ça suffisait).

La remarque suivante de Basilio lui arracha une réaction ironique. "Joli timing", pas vraiment, non. "Pire timing", plutôt. S'il avait été généré quelques semaines plus tôt... Eh bien il aurait au moins pu s'épargner avec une bonne dose de mauvaise foi ce sentiment de culpabilité, et tranquillement continuer à blâmer une quelconque version future pour ses agissements. Et s'il avait été généré plus tard... Ou pas du tout - ce qui, même avec tout ce que Basilio venait de lui cracher, il aurait largement préféré - il aurait au moins eu la possibilité d'être conscient de cela, de le découvrir en temps réel et pas avec 18 ans d'écart de la bouche d'un inconnu. Il aurait pu assumer ce qu'il avait fait. Et réparer ce qui pouvait l'être. À la place, il se retrouvait coincé dans un insupportable entre-deux, sans l'insouciance du premier timing et sans la possibilité d'améliorer les choses et de prendre en charge ses responsabilités du deuxième. "Pire timing", ça convenait mieux. Il se retrouvait coincé dans sa propre vie comme il l'était dans cet ascenseur.

Bon, la phrase de Basilio avait peut-être pour but de l'enfoncer, comme toutes les précédentes, mais elle eut un effet inverse. Réagir avec ironie à la phrase le remettait dans un mode de pensée plus normal, plus rapide. Plus froid, aussi. Ça lui redonnait un peu d'air. Et l'ironie était souvent accompagnée de ses deux camarades, l'agacement et la lassitude. Holden en avait marre de laisser Basilio jouer avec lui. D'ailleurs, comme si c'était le mot "timing" qui le faisait réagir - ce mot anglais dans la tirade française, il posa ses yeux de nouveau sur sa montre, discrètement. Basilio parlait, parlait, et le temps s'écoulait. Il gérait mieux, le vide était "occupé", mais il ne tiendrait pas une demi-heure de plus comme ça. Surtout que cette conversation n'allait nulle part.

Holden s'était donc complètement enfoncé, dans les minutes qui avaient précédé, se sentant d'abord complètement partir dans son angoisse, puis réveillé en même temps que sonné par la révélation de Basilio, et maintenant... Ça allait mieux. Assez pour arrêter de subir complètement les événements, et pour s'opposer à la litanie du gamin.

-Tu avais un plan, au fait? Je suis dans cet ascenseur parce que tu veux obtenir des réponses à des questions, ou en fait tu t'en fous et tu veux juste bavasser sur la vie de mon double du futur? Pardonne-moi, c'est un peu confus, je m'y perds, répliqua l'adulte avec une fausse politesse mordante, qui déguisait - pas assez bien - son malaise et les efforts qu'enchaîner trois phrases lui demandait.

Cette opposition, l'adolescent s'en foutait complètement, apparemment, parce qu'il continuait son petit discours. Il eut d'abord une phrase qu'il rendit perplexe Holden. Une perplexité qui s'affichait sur son visage, alors qu'il essayait de comprendre sans y arriver. "Ce que je ne t'apprends pas, par contre, c'est qu'elle n'est pas à l'Institut Trueman pour rien". En fait, si, Basilio lui apprenait. Holden n'avait pas la moindre idée de la présence de sa fille à l'Institut Trueman. Il essayait de se rappeler des mails envoyés par Basilio - une zone dangereuse encore, comme ce mail où Basilio lui écrivait depuis l'ascenseur dans lequel il était coincé, il fallait slalomer au milieu des obstacles mentaux. Rien de la sorte ne lui revenait concernant Altea. Donc non, première nouvelle, sa fille était aussi ici. L'allusion "elle n'est pas à l'Institut pour rien", Holden ne la comprit pas davantage. Il ne connaissait rien de la vie de son enfant. Comment il était censé savoir qu'elle avait un potentiel de super-vilaine ? (Encore une fois, si Basilio disait la vérité). En dehors de son existence, la seule chose qu'il savait d'Altea était que son cousin l'avait qualifiée de "chiante", ce qui en soi ne voulait pas dire grand-chose. Et qu'elle avait été assistante super-héroïne pour Antonella - donc encore plus incompatible avec cette histoire d'Institut Trueman. Il y avait aussi une mention vague du fait qu'elle "n'aurait pas joué son rôle d'ainée"... Mais de là à vouloir répandre le mal dans le monde, il y avait un gouffre logique qu'Holden n'avait pas franchi. Bref, il était encore plus perdu, et il s'impatientait davantage de cette conversation sans direction qu'il subissait complètement.

Et Basilio parlait de lui maintenant. Allez, un pas en avant, deux pas en arrière, le trouble angoissé d'Holden gagnait de nouveau du terrain, alors que Basilio avait à peine prononcé trois mots. La raison ? Entendre "père", alias Adrian, et "copier pouvoir" dans la même phrase, et les entendre dans un ascenseur, cela déclencha immédiatement des flashbacks. Ce moment où l'ascenseur du centre commercial de Jacksonville faisait des bruits de plus en plus inquiétants, et où Adrian avait avalé une fiole de sang pour copier un pouvoir de téléportation juste avant la catastrophe. (Et ce moment où Holden ne savait pas encore qu'Adrian était en train de copier ce pouvoir, puisque les pensées du Tsumi étaient bloquées. Comme celles de Basilio lui étaient bloquées maintenant. La pire plaie possible pour un homme trop habitué à connaître les pensées des autres et quasi incapable de se débrouiller sans cette faculté).

La première phrase de Basilio sur son pouvoir, sur laquelle il ne se concentra que par bribes entre-deux flashbacks, le troubla donc... Et la seconde, pas vraiment. Ironiquement, c'était peut-être l'information dont il douta le moins, dans tout ce que disait Basilio. Ce n'était pas que ça ne lui faisait rien, ce sous-entendu que sa fille avait le même pouvoir que lui. Le jeune Tsumi n'avait pas tort en pensant le blesser encore un peu plus en lui disant cela. C'était juste qu'il ne l'assimilait pas de la même manière que ces autres révélations. Elle n'était pas un choc, pas du tout. Pour Holden, le fait qu'avoir un enfant résulterait en la catastrophe génétique qu'était la transmission de la télépathie, c'était certain. Tout ce qui pouvait aller mal, irait mal. Holden s'était résigné à l'idée dès l'instant où il avait appris qu'il avait un enfant. La confirmation de Basilio n'était donc pas une surprise. C'était un poison insidieux et lent, qui trouvait son chemin jusqu'au cœur. Le poison était à retardement, et son effet était de détruire, tranquillement, calmement, tous les restes d'espoir qu'Holden pouvait encore éprouver. Les doses successives de ce poison, à intervalles réguliers feraient ensuite que l'espoir disparaîtrait définitivement de sa palette d'émotions. Son regard se fixa longuement, très longuement sur le serre-tête mis en évidence par Basilio. Cet objet qui confirmait tout.

Holden accueillit donc la nouvelle avec un calme apparent et une déprime profonde, agrémentés de l'angoisse de l'enfermement. Et avec ça, il lui fallait lutter contre l'abattement, garder prise face à Basilio et son allié l'ascenseur... Quoique... À quoi bon, après tout ? Vraiment, ça lui servirait à quelque chose de faire ça?

-Putain, c'est un cauchemar, lâcha Holden après que Basilio ait parlé de la télépathie de sa fille. Basilio&Ascenseur 1 - Holden 0. Il avait l'air complètement cassé. Il y avait cet aveu de faiblesse, cette confirmation donnée à Basilio que tous ses efforts pour prendre l'ascendant avaient payé. Et il y avait aussi les gestes de l'adulte. Un soupir non retenu, cette façon de secouer légèrement la tête, comme si pulsion de déni était telle qu'il ne pouvait se retenir de l'exprimer. Une main vint aussi se poser sur son crâne, pour s'empêcher d'exploser. Ses yeux se fermèrent un instant sur ce décor qu'il ne voulait plus voir. Oh, ça oui, cet ascenseur, il ne pouvait plus le supporter. Cette conversation non plus. Il resta un moment comme cela, alors que les paroles moqueuses de Basilio avaient de nouveau pour but de le ramener dans son souvenir de chute libre dans l’ascenseur. Il se trouvait dans un état complètement fermé, presque prostré. Il lui lança sèchement un « Arrête ça » lorsque Basilio commença à présenter des échelles de panique, et après plus rien. Même la menace de saboter l’ascenseur ne provoqua pas de réaction supplémentaire visible. À croire qu’il était trop déprimé, trop affaibli, et que son cerveau ne recevait plus rien. Son regard était fixé sur un point vague, maintenant, évitant l’adolescent.

S’il fallait encore une preuve que tout ceci –la mise en scène, les révélations- l’avait brisé, sa réaction lorsque Basilio se moqua de sa claustrophobie la donna. Pendant cette longue phrase railleuse, Holden se releva, péniblement, luttant ses vertiges. Un bras collé au mur, comme s’il ne pouvait avancer sans cette béquille, il glissa le long de l’ascenseur, en direction des portes. Sous l’assaut des questions de Basilio, il fuyait. Direction les portes closes. Pourquoi ? Difficile à dire. Peut-être parce qu’au moins, comme ça, Basilio sortait de son champ de vision ? Il était à côté maintenant, et plus en face de lui. Le garçon devait se dévisser le coup s’il voulait continuer à le regarder. Parce qu’à défaut de pouvoir s’en aller, il n’était pas obligé de rester captif, dans la même position ? De toute façon, à quoi s’attendait Basilio ? Comme s’il était en état de répondre correctement à une seule de ces questions. C’était naïf d’imaginer ça. En le voyant, Basilio devait peut-être penser qu’il n’était pas loin de perdre connaissance. Après tout, il n’avait sûrement jamais vu son « oncle » dans un état pareil, dans un état aussi pitoyable. Ce ne serait pas une si mauvaise idée de la part de son cerveau, de lâcher prise et de se sortir de tout ça. Mais puisqu’Holden tenait encore debout, appuyé contre l’ascenseur, c’était quoi la prochaine étape ? Il n’était plus capable de grand-chose. S’effondrer et supplier le garçon de remettre en marche les ascenseurs, peut-être.

Ou peut-être pas.

Lorsque le son de la voix de Basilio s’arrêta enfin, dans le silence soudain, un bruit se fit entendre.
Un bruit de mécanisme et d’engrenages.

Oups. Il semblerait que l’ascenseur soit de nouveau en marche.
Oups. Il semblerait que la main d’Holden ait glissé, alors qu’il coulissait en direction des portes, fuyant Basilio.
Oups. Il semblerait que pour tenir debout, Holden se soit installé tout naturellement dos contre les commandes de l’ascenseur. Mince alors, dans son état de panique, il n’avait absolument pas fait attention à ça.
Quel hasard, vraiment.

Un hasard, vraiment ? Oups, Holden semblait aller bien mieux que ce qu’il avait laissé croire. Lorsque Basilio arrêta sa litanie de questions et que juste à ce moment-là, l’ascenseur se remit en route, il réagit bien trop vite pour être innocent dans tout cela. À l’instant où ce fut fait, profitant de s’être mis dans l’angle mort de Basilio, Holden prit par surprise l’adolescent en donnant un coup de pied fort dans une roue du fauteuil, l’envoyant contre le mur. Et au moment où le fauteuil filait en emportant son propriétaire… le télépathe arracha aussi le serre-tête du crâne de Basilio. S’il l’avait regardé aussi longuement un peu plus tôt, ce n’était pas seulement parce qu’il était un symbole douloureux. C’était aussi pour ancrer sa position sur le front du plus jeune dans sa mémoire… et pour calculer la position qu’il devait prendre pour s’en emparer. Ça ne lui avait pas demandé beaucoup d’efforts, juste ce qu’il fallait pour le détacher au moment où il le frôla de ses doigts. Enlever cet instrument de défense, c’était un geste à double tranchant. D’abord parce que la surcharge télépathique que cela entraîna manqua de l’achever, aggravant temporairement sa migraine télépathique… et provoquant un nouveau réflexe d’attaque mentale. L’attaque mentale eut lieu, à peine plus longtemps que la dernière, le temps qu’Holden reprenne le contrôle, mais incomparablement moins intense. En plus de ça, Holden donnait une arme supplémentaire au gamin pour l’affaiblir mentalement – rien n’était plus simple que de penser très fort à des ascenseurs en train de chuter, par exemple. Cependant, lorsqu’il avait monté ce « plan », Holden avait décidé qu’il préférait encore cela à le laisser continuer à jouer avec ses nerfs en mélangeant dans un même fil mensonge et vérité. Et après ça, il bloqua d'une jambe le fauteuil. Cette "barrière" ne représentait pas grand-chose, mais pouvait gêner un peu. (Est-ce qu'il se sentait coupable d'utiliser l'handicap de Basilio? Absolument pas. À la guerre comme à la guerre, après tout).

« Plan », c’était un bien grand mot pour décrire le mouvement d’Holden. C’était tellement simple et peu élaboré qu’il ne l’aurait pas appelé comme ça, mais admettons. Ce qui l’avait conduit à vouloir mettre un terme à tout cela, ce n’était pas seulement la tournure insupportable de la conversation. C’était aussi l’attitude de Basilio. Une attitude de pure confrontation, d’opposition, qui créait une distance psychologique entre Holden et lui. Basilio voyait cette conversation comme un bras de fer, une négociation ardue, apparemment. Ses attaques multiples, ses stratégies pour le mettre mal à l’aise… marchaient, mais finalement, perdaient moins Holden que ses attitudes précédentes – les attitudes d’un adolescent vulnérable, perdu. Face à cela, il ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas comment réagir à la détresse perceptible –dissimulée avec soin – de son « neveu ». Par contre, s’il arrêtait un instant de le voir comme quelqu’un de sa famille, aussi étrange que l’idée puisse lui sembler, la situation devenait plus claire. C’était une négociation. Soit. Au point où il en était Holden n’avait rien contre parler avec Basilio. Si on faisait une comparaison, « donner les réponses » était son job, et il était d’accord avec ça. (Enfin peut-être pas toutes les réponses, certainement pas…). Par contre « discuter de ça dans un ascenseur avec un adolescent hargneux et à la limite de la crise d’angoisse et télépathique », ça ne lui convenait pas du tout. S’il récupérait sa comparaison, ce serait comme si on lui disait « tu vas me faire ce job, mais tu vas le faire gratuitement, et en plus de la façon dont je veux ». Donc c’était simple, il n’avait qu’à utiliser le peu d’énergie qui lui restait – mais que la brutalité de la conversation, le remettant sur ses gardes, lui avait donné aussi - pour renégocier les termes du contrat. Changer la situation. Forcer Basilio à renoncer à l’ascenseur et reprendre un minimum le contrôle de la conversation. Qu’est-ce qu’il avait à perdre de toute façon ? À ce stade, rien. C’était ça, le « à quoi bon ? » qui lui avait effleuré l’esprit. « À quoi bon rester dans cet ascenseur ? ».

Alors voilà, il avait calculé et exécuté tant bien que mal ce coup en traître, et maintenant l’ascenseur gargouillait, se préparant à reprendre sa fonction. Holden appuya sur le bouton de l’étage le plus proche. Basilio voulait le coincer dans l’ascenseur pendant encore un moment, quelle qu'en soit la véritable raison. Holden, lui, n’avait besoin que d’une poignée de secondes pour sortir de là. Ensuite, tout irait mieux, ou presque.

-Pour te répondre, ma claustrophobie atteint... Allez, disons un 3. Ça va. Désolé de te décevoir, tu aurais bien aimé un 8, peut-être? enchaîna Holden, juste après son dérapage avec l'attaque mentale. Il poussa le vice à parler à son tour en Français, comme si les difficultés qu'il avait eues tout à l'heure à enchaîner ne serait-ce que quelques mots en anglais, avaient totalement disparues... Et aussi pour tenter de perturber encore davantage Basilio. Merci pour tes informations, c'était très intéressant. Ça l'aurait été encore plus si j'avais pu savoir ce qui est vrai ou faux dans ce que tu dis, c'est un peu confus. Maintenant que je sais tout ça, j'ai plus aucun intérêt à rester dans cet ascenseur à t'écouter gentiment dérouler un plan qui ne va nulle part. Justement, l'ascenseur se remit enfin à descendre, lentement... Trop lentement. Mais déjà le temps s'écoulait pour l'adolescent s'il voulait sauver son plan.

Holden, un connard? Si peu. Il se rappelait la menace de Basilio, au début de cette conversation : envoyer une décharge électrique dans l'ascenseur pour le bloquer. À cause de ça, il préférait provoquer le garçon et accaparer son attention. Comme ça, si le Tsumi décidait d'attaquer quelque chose, il augmentait les chances que ce soit lui, plutôt que l'ascenseur. Entre une électrocution et rester enfermer l'ascenseur encore plus longtemps, il préférait l'électrocution. Au moins il n'aurait plus à subir cette interminable crise d'angoisse. Parce que même s'il faisait croire le contraire à Basilio, la crise était bien plus proche d'un 8 que d'un 3. En témoignaient ses vertiges alors qu'il s'échinait à rester debout, les brefs, mais réguliers flashbacks hallucinatoires qui projetaient des silhouettes fantômes autour de Basilio et lui, et le fait qu'il ne décryptait très peu des pensées de Basilio, peinant à les repérer dans son marasme télépathique. Ça valait le coup de récupérer le serre-tête. Surtout, il y avait cette douleur dans son thorax qui se faisait de plus en plus violente... Il se retrouvait à espérer sans y croire que cet ascenseur s'arrête enfin, que les portes s'ouvrent... Il en était réduit à ça, espérer... Et ça voulait tout dire sur le degré de contrôle qu'il avait sur la situation : Zéro.


KoalaVolant
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