Végé vs carnivore

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J'étais... Barbouillée. Et il n'y avait que deux causes possibles : soit le premier test des gellules miracles de Lotre Harker n'était pas concluant, soit la nourriture était cuisinée par un sous-fifre ayant des doigts-poubelle. Mais genre juste la nourriture des FDP. Forcément. Les riches devaient avoir l'inventeur de la mode du sucré-salé en cuistot (une idée de merde mais raffinée).
Bref, j'avais mal au bide. Et sachant que Lotre étaient un des esprits les plus éclairés de cette école, le genre de femme qui n'avait pas besoin d'argumenter pour mettre les gens de son côté, parce qu'évidemment elle a raison quoi. Bah... Ses compétences en science étaient à mettre hors de cause. Franchement j'avais de la chance de côtoyer Lotre. Il fallait que je me fasse à l'éventualité que je ne devienne pas une super vilaine, mais si j'arrivais à me hisser en tant que sa seconde, sa main droite. Ou sa dixième, son petit orteil droit. Et bien j'aurais réussi ma vie.

Bref, c'était une longue pensée pour conclure que la bouffe était en cause.

Vous y avez cru ? Bah nan bande de cons ! Lotre avait fait du Dulcolax 2.0 ! Ce boulet heureusement qu'elle payait !
Mais ça ne changeait rien au fait que je ne pouvais pas manger grand chose ce soir là. Alors j'avais pris quelques feuilles de salade sans sauce, 3 cuillères à soupe de riz avec des rondelles de carottes et une pomme. La dech putain.

Je m'étais assise non loin des toilettes. Au cas où. En face d'un petit minet blond plutôt mignon. Contrairement à son assiette. Que de la viande ! Dégoulinante de sang en plus ! Mais quelle horreur ! C'était un coup à se chopper un ténia !
La vision d'un énième fauteur de troubles digestifs me donna un haut le cœur. Instinctivement je bloquai ma respiration. Cela n'arrangea rien les 5 première secondes d'apnée, puis l'envie de remplir son assiette avec un autre truc dégueu disparu.

Bon... Aujourd'hui je n'était définitivement plus capable de manger.

Soit.

Je regardai à nouveau le mec, que j'avais cru apercevoir en cours quelques heures plus tôt. Il lisait un livre. Une idée me vint en tête : ne pas faire de gâchis et équilibrer un peu plus le plat de viandard. Discrètement, je saisis ma fourchette et y mis quelques morceaux du légume orange qui n'attendait que d'être mangé. Puis, j'avançai lentement mon bras pour transvaser le contenu.
T'aimes pas les légumes ? Bah bouffe ! On sera quittes !

Au moment où j'allais faire tomber la bouffe, il releva ses yeux et nos regards se croisèrent. Et c'est en se fixant que je pourris son assiette.

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Je ne m’attendais pas à une telle réaction. Il avait pourtant l’air d’être gentil (qui disait “s’il vous plaît” à l’institut Trueman ?) et d’un coup… D’un coup…
Le mec me balança son plateau dessus. J’eus le réflexe de me protéger avec les bras, et je me levai d’un coup. Le plateau me heurta mais ne me fis pas vraiment mal. Mais qu’est-ce qu’il lui prenait à ce type ? C’était un Berserker c’est ça ? Un gros con capable de débrancher son cerveau et faire “bim bam boum” ? Pourquoi il le faisait d’un coup comme ça ? Je ne lui avais rien fait de mal c’était juste une blague.
J’allais gueuler contre lui, mais ma parole fut coupée par une table. Une table ! Je n’eus pas le temps de plonger, elle me frappa violemment et me fit tomber au sol. Une bouffée d’adrénaline parcourut tout mon corps et je me relevai instantanément, prête à frapper et me faire respecter !

Mais le mec était beaucoup trop rapide. Il m’attrapa la gorge et me souleva. Je me débattis comme je pus, frappant son torse ou son ventre (je ne savais pas trop) d’un poing et essayant de desserrer une de ses main avec mon bras libre. J’y mis toutes les forces que j’avais mais il ne bougea pas d’un pouce. Après 5 ou 6 coups mes forces commencèrent à faiblir et je commençai à réfléchir à mon pouvoir. Que pouvais-je faire pour me libérer de son emprise ? Faire exploser les os de mon cou pour lui transpercer la main ? Quelle horreur putain ! J’étais sûre que la douleur que ça occasionnerait serait la pire chose que j’aurais à vivre.
Je n'avais donc pas d'autre choix que de subir. Attendre que quelqu'un vienne. Mais aucun étudiant ne risquerait d'affronter un jaune pour les beaux yeux d'une grise, et le personnel de l'institut n'était pas du genre à jouer aux preux chevaliers non plus…

Je n'avais pas mal, juste de plus en plus de mal à respirer. J'arrêtai de frapper et levai mes deux mains près du visage du type, avec les 2 majeurs fièrement dressés. J'avais peur, mais ma fierté m'interdisait de le montrer. Je fis mon plus beau sourire en réponse à ses canines, en attendant la fin.

Heureusement pour moi la fin ne vint pas, puisque quelqu'un fit lâcher prise à mon agresseur. Je n'avais aucune idée de combien de temps j'avais passé sous son emprise.

Désormais au sol je vis le vampire se faire éclater au sol. Wow la classe ! Pourquoi je n'avais pas eu de super force comme pouvoir plutôt que cette merde ?
Je tentai de me lever et sentis ma tête tourner. Ça devait être le manque d'afflux sanguin. Finalement, je restai à genoux comme une conne. Et en bonus, une nouvelle crampe d'estomac se déclencha !
Trueman Wars épisode 2 : le retour de la chiasse --'

Trop concentrée sur mon sphincter, je ne refis attention au monde extérieur que lorsque le vampire m'adressa la parole, avec en guise de ponctuation une giclette de sang dans la gueule.

S U P E R

Étrangement, le mec poli avait repris la place de la bête en furie. Je n'allais pas m'en plaindre ceci dit.

"On a tous les deux pris cher hein ?" répondis-je en attrapant son mouchoir.
Je me levai et eu l'idée de prendre un peu d'avance sur les cours de réseaux sociaux. Je sortis mon téléphone et lançai l'application Instagram.
Sans prévenir mon… J'allais dire "camarade" mais faut pas déconner… Rival du jour ? Je pris un selfie, poing fermé, avec le mec en arrière plan. Puis je lui montrai le résultat.

"Qu'est-ce que tu penses de "La Chouette te vole dans les plumes" ? Ça fait pas une formulation trop désuette avec le jeu de mot ?"

J'aurais pu lui faire la gueule mais ça aurait une erreur stratégique vu sa force et son pedigree. Alors je lui fis un grand sourire, avec la gueule toujours pleine d'un sang qui n'était pas le mien, et peut-être pas le sien non plus.