La Cigale et la Fourmi (Azalée)

Boudeuse, Azalée mettait un pied devant l’autre sans grand entrain. Elle poussa un soupir avant de contempler le ciel, qui brillait haut dans le ciel depuis plusieurs jours. Cela faisait bien longtemps qu’il n’y avait pas eu un vrai hiver, par ici. En réalité, Azalée se demandait si elle en avait déjà connu, des hivers si froids, comme ceux des histoires de sa mère. Non, tout ce qu’elle avait toujours expérimenté, c’étaient ces hivers tiédasses et dénaturés où le soleil tentait de se faire remarquer. Elle ne l’aimait pas, le soleil. Elle préférait de loin l’obscurité. La lumière si intense qui émanait de lui brûlait ses yeux, elle le supportait difficilement. Mais comment contrôler cet insupportable astre ? Impossible. La jeune adolescente se contentait donc de pester dès qu’elle devait mettre le pied dehors.

Elle lança un regard vers le sol derrière elle. Comme toujours, un peloton de fourmis lui servait d’escorte, juste au cas où. Boubou, Bébé et quelques autres fourmis étaient, quant à eux, restés dans la chambre du dortoir durant le temps de l’excursion d’Azalée. Inutile d’amener l’intégralité de son armée en terrain dangereux lorsque cela n’était pas nécessaire. Elle surveillait étroitement ses chers amis à 6 pattes, de peur qu’ils ne soient blessés volontairement ou involontairement par un humain.

Elle leur aurait bien donner l’ordre de tout faire pour survivre jusqu’à ce qu’elle ait accompli sa mission mais c’était impossible. Si elle l’avait fait, elle n’aurait pu adresser la parole à personne jusqu’à avoir terminé et cela aurait débuté un cercle vicieux dans la mesure où elle n’aurait pas été capable de délivrer le message dont elle était chargée. De nouveau, un soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Pourquoi lui avait-on demandé, à elle, d’apporter ce message ? Bien d’autres élèves auraient ravi d’accomplir cette tâche, pensant ainsi s’apporter les bonnes faveurs du personnel de l’Académie. Mais voilà, elle avait passé un pied au-delà de la porte du dortoir et cela avait suffit à ce qu’on l’interpelle.

Alors qu’elle continuait son chemin à travers le parc, elle repéra un groupe d’individu en train de parler fort. Le plus âgé semblait disputer les plus jeunes. Pourquoi ? Azalée s’en souciait peu. Faisant mine de ne pas les avoir vu, elle passa à côté d’eux en regardant à l’exact opposé. Malgré tout, ses oreilles trainèrent et elle saisit quelques brides de la conversation. Aussitôt, l’indignation teinta son visage et elle se retourna soudainement. En aucun cas ils n’avaient mentionné un quelconque insecte, mais elle connaissait l’emplacement de toutes les fourmilières de l’Institut. Ils ne pouvaient parler que de ça.

D’un pas décidé, elle se rapprocha des jeunes perturbateurs et leur adressa d’un ton cassant :

« Rassurez-moi. J’ose espérer que vous n’embêtiez pas ces fourmis ? »

Azalée n’attendit même pas leur réponse. Ses yeux glissèrent vers le sol où elle put constater l’ampleur des dégâts. Quelques fourmis blessées (dont une gravement) et d’autres fourmis traumatisées, incapables de poursuivre leur travail. Elle sentit la rage monter en elle et adressa aux jeunes gens un regard assassin. Il devait apprendre à craindre les insectes, en particulier les fourmis. C’était le rôle d’Azalée, elle devait protéger la famille fourmi qui avait élu domicile en ces lieux. Elle leur tourna le dos un instant pour faire face à son armée et lui murmura, en se penchant vers elle :

« Mes chères petites fourmis. Recouvrez son corps, autant que possible, et effrayez-le. Arrangez-vous pour ne pas mourir, mes amours. Quand je parlerai, arrêtez d’attaquer. C’est parti. »

Sans un mot de plus, Azalée se retourna vers les garçons qui embêtaient les fourmis et un sourire malsain déforma son visage. Elle avait hâte de se délecter du spectacle de leur peur. C’était tout ce que méritaient ceux qui osaient la défier et attaquer ces êtres suprêmes que sont les insectes.