• feat. Antonella du futur et Théophile, boyfriend inconnu

« Les passagers du vol easyjet en direction de Riga, départ à 14h53, sont appelés à se présenter immédiatement aux portes d’embarquement », entonnèrent les hauts-parleurs du Terminal. Ah ok. Les vols étaient annulés les uns à la suite des autres sans plus d’information et maintenant le départ avait l’air pressé comme si même la compagnie aérienne craignait de devoir annuler le vol à la moindre minute de retard. Alden ne s’agaça même pas de ces imprévus en chaîne et s’inséra dans la file des voyageurs déboutés. De toute façon, il était très loin de tout cela, et à défaut de jeter des coups d’œil à Antonella, son cerveau avait fait un arrêt sur image sur ses retrouvailles avec son copain. Son pouvoir aussi, peinait à se décrocher des pensées de la belle Tsumi. Et il était surtout perdu en 2002, toujours à flotter à moitié entre deux époques et deux vies.

Alden embarqua sans la moindre complication, assez vite... pour mieux se retrouver dans un couloir d’embarquement étroit et bondé. Heureusement pour lui, la construction en plexiglass donnait un peu plus d’espace. Ça restait oppressant, surtout que la file n’avançait pas du tout... Pour supporter ça et se changer les idées, le blond sortit ses écouteurs et entreprit de choisir une musique. Il ne savait pas pourquoi cette rencontre à sens unique avec Antonella l’affectait autant. Il se sentait trop proche de la désormais inconnue. Il aurait juste dû... être content pour elle non? Elle avait l’air d’aller plutôt bien. Ou de se sentir bien avec son compagnon. Alors pourquoi il se sentait déprimé ? Parce que l’Anto de son époque lui manquait?

• feat. Antonella du futur et Théophile, boyfriend inconnu

Dans ce couloir absolument pas claustrophobe-friendly, Alden se diluait douloureusement dans le chaos de pensées des voyageurs qui attendaient leur avion pour la Lettonie – sérieusement, qui aurait pu imaginer qu’autant de gens se masseraient dans une petite allée en plexiglas pour rejoindre le pays balte ? Le télépathe laissait les pensées les plus proches et les plus bruyantes l’assourdir, suivant le flot sans tâcher de le contrôler. Alden comptait sur le fait que sa phobie et son pouvoir allaient enfin servir à quelque chose d’utile pour lui et former un obstacle télépathique qui l’empêcherait de céder à sa tentation d’espionner les pensées d’Anto et de son… compagnon. Autrement, ce serait prendre le risque de n’agir pas du tout comme un voyageur lambda (et c’était bien le but, d’agir comme un touriste inconnu ordinaire et pas comme un type du passé qui venait juste de retrouver son Antonella mais version future.

La forteresse mentale d’Alden fût à peu près aussi résistante que ne l’aurait été le plexiglas fasse au pouvoir d’Anto : elle explosa au premier assaut. Et Alden lutta physiquement contre le réflexe immédiat de se retourner vers elle, lorsqu’elle lui lança un appel télépathique. Puis plusieurs. Le karma avait visiblement tourné : après qu’ils se soient littéralement rentrés dedans sans qu’elle ne le remarque, l’héroïne l’avait maintenant totalement repéré… et reconnu. Les phalanges de la main gauche d’Alden, serrée contre la barrière le long du couloir, blanchissaient alors qu’il tentait ainsi de se bloquer et de s’attirer lui-même du côté opposé à celui de la Tsumi. Ne rien faire, ignorer, c’était bien la chose la plus contre-intuitive pour Alden… mais il pensait encore que c’était le meilleur moyen de limiter les dégâts. Il avait le mince espoir qu’elle croie s’être trompée à cause de cette complète absence de réaction, et repense à autre chose, qu’elle enterre cette rencontre dans un coin de sa tête. Visiblement, il avait déjà bien assez gâché sa vie dans son présent, pour ne pas risquer le refaire une nouvelle fois dans ce futur.

Alors que la file se débloquait et qu’il avançait plus rapidement, Alden eut une fragile impression de soulagement alors que les appels télépathiques s’atténuèrent et lui semblèrent disparaître… Peut-être que cela avait marché, et que cette rencontre resterait au stade d’un incident sans conséquences sur la vie d’Anto, et que leurs trajectoires reprendraient une direction parallèle. Enfin… Heureusement peut-être, que la file avançait maintenant à grande vitesse et qu’Alden soit rentré dans son avion avant qu’Antonella ne finisse son tour du hall d’aéroport et ne soit coincé à la sécurité, trop loin du champ de perception du télépathe dans un lieu si brouillé… parce que rien n’aurait alors assuré qu’il s’en tienne à cette résolution, dont il n’arrivait même pas vraiment à déterminer si elle était bonne ou mauvaise.