Qu’Adrian Tsumi (le grand frère d’Antonella) soit MAUDIT le jour ou il coucha avec cette stupide Skylar sans FUCKING CONTRACEPTION. Oui, ça semblait être horrible, ce genre de pensées, de regretter la naissance de son neveu (et de sa nièce aussi, parce que tant qu’à faire, SOYONS FERTILE, FAISONS DES JUMEAUX) mais pour l’heure, Antonella en avait juste marre de ce petit con. (Et de l’autre petite conne, mais ça, encore, ça allait, Lucina était chiante mais pas autant que son frère). Basilio Tsumi lui sortait par les yeux. Pour ne pas faire de meurtre, la « tante » avait préféré abandonner cette guerre. Parce qu’elle était l’adulte. Que Basilio était un crétin et pas elle. Et aussi, parce que si ça partait en bagarre, Antonella ne ferait qu’une bouchée de son crétin de neveu, avec ou sans pouvoir. Donc elle perdrait son poste, irait certainement en prison et serait certainement banni de la belle et grande famille Tsumi pour meurtre. Autant abandonner et… être la plus intelligente, en un sens. … Tsss. Sale gosse, bon sang… Elle avait l’impression d’avoir du fuir ventre à terre et ça ne lui plaisait pas.

Clairement, Antonella avait besoin de se relacher un peu, de se ressourcer. Mais la question, était, comment ? Rentrer chez elle ? Et ramener sa mauvaise humeur avec ? Non. Et puis, il y avait bien assez peu de meubles chez elle sans qu’elle ne ramène sa mauvaise humeur et fasse exploser quoi que ce soit… alors elle tournait en rond et essayait de trouver un endroit dans ce fichu endroit pour pouvoir expulser sa colère. Elle ne savait pas quoi, mais… une salle d’entrainement? Un local poubelle ? QUELQUE CHOSE, ET VITE.

Au final, la professeure finit par faire le tour du propriétaire. Elle n’en avait jamais eu l’occasion. A vrai dire, elle se sentait sur un territoire ennemi (oui, elle avait rapidement pris le parti de Lila par automatisme au lieu de rester neutre, tout simplement) et n’avait pas eu envie de découvrir plus que ça l’endroit… Mais il fallait l’avouer, les environs avaient un certain charme qui réussit à duper l’agacement de la Tsumi. Ce fut même une certaine bonne humeur avec une pointe d’apaisement qui habitait l’américaine quand, après une bonne heure de marche et de découverte, elle commença à se rapprocher de l’Institut. C’était même certainement grâce a ce calme retrouvé, qu’au loin, elle aperçut une silhouette et… décida de la rejoindre. Il était l’heure d’être en cours et l’homme ne semblait pas avoir d’uniforme sur lui. Il semblait également à la brune avoir croisé chaque professeur, côté héros comme côté vilans et cette tête, qu’elle arrivait à détailler de plus en plus, ne faisait pas parti du groupe des professionnels. Ce qui la poussa aussi à se diriger vers cette silhouette, était une discussion avec sa fille, Altéa, qu’elle avait eu il y a quelques jours. Elle lui avait parlé d’Alec, le bibliothécaire, mais aussi, un ami de la dernière génération Tsumi. La mère de la pseudo vilaine en avait déjà entendu parler. Basilio et Altéa l’adoraient et semblaient même l’avoir pris sous leurs ailes lorsqu’ils étaient encore à Jacksonville, il y a de cela quelques années déjà. Si elle n’avait jamais pu rencontrer le garçon, encouragée par un esprit actuel léger, Antonella se dit que c’était certainement le moment.

Ses traits étaient fins. Ses cheveux étaient sombres et ses yeux étaient clairs. Antonella n’arriva pas spécialement à lui donner une fourchette d’âge mais il faisait jeune. Elle était curieuse et ne se retint pas de l’interpeler.

« Excuse-moi ? » lança-t-elle dans la langue qui avait pris le plus de place dans sa vie au final. « Tu ne serais pas Alec ? » Si ça n’était pas lui… Au pire, tant pis. Au moins, il n’avait pas cette gueule de stupidité sur patte comme beaucoup dans cette école. Ça la rassurait sur le pourcentage de personnes normales ici.

Yes, c’était bien Alec ! Et même si elle était habituée à entendre de l’anglais avec l’entourage proche qu’elle avait ici et les étudiants héros qu’elle éduquait à coup de cours anglophones… avoir un américain en face d’elle lui fit tant plaisir ! Qu’elle ne connaissait pas ! C’était idiot mais retrouver un confrère était plaisant, tant et si bien qu’elle sentit son sourire s’agrandir sagement. En plus, elle rencontrait enfin le fameux Alec ! Qui sembla cependant ne pas reconnaître les traits de la Tsumi… Normal, d’un côté, ils ne s’étaient jamais vu ! Mais donc… Altéa ne lui avait jamais montré de photo de sa maman à ses amis… ? Oh bon dieu, non, Anto, on ne tombe pas dans ce genre de pensées aussi stupides que guimauves !

« Je suis Antonella Tsumi. La maman d’Altéa Tsumi. »

Il était drôle de se présenter ainsi. Elle évitait d'énoncer son lien avec sa fille (pour lui éviter tout problème) et, il y a quelques temps, elle se présentait en tant qu’Antonella Pierce et s’était même habituée à porter ce nom depuis quelques mois. Entre les anciennes fiançailles prévues et l’envie d’être anonyme, elle avait réussi à se détacher de son propre matricule. Mais pour le coup, revenir sur ses origines pour mieux être identifiée remua le couteau dans la plaie fraiche de la bientôt quadragénaire... Oh mais non! Hop, on se reprends, on garde tout ça pour soi et on avance !

« Je suis la nouvelle Professionnelle du Bien. Altea et Basilio m’ont beaucoup parlé de toi, quand nous vivions à Jacksonville, il y a quelques années. Et aujourd’hui ma fille m’a dit que tu étais là. Donc je voulais te rencontrer. Je suis contente de mettre un nom sur un visage. »

Si cet Alec n’avait été qu’un ami de Basilio, peut-être se serait-elle abstenue, sait-on jamais. Mais il était aussi lié à sa fille et Antonella savait qu’elle n’avait que d’excellentes fréquentations (malgré les parents...)! Elle pouvait donc avoir confiance sur ce lien.

Disons-le clairement, Antonella n’était pas du genre à faire causette ni à vouloir faire connaissance mais… Allez savoir pourquoi, là, elle en avait envie. Pour… retrouver un certain confort pour ses oreilles ? Pour retrouver certaines racines ? Autre que celles que lui offraient sa famille… C’était agréable en tout cas. Le tout, avec une attitude calme du jeune garçon, qui semblait plus enclin à parler une fois l’identité de l’adulte dévoilée. Si elle capta cette petite différence -ainsi que son sourire, mais ça, c’était normal, Anto avait parlé d’Altéa !-, elle capta également une certaine… rudesse ? Est-ce que ç‘en était ? Bon, d’un côté, elle comprenait qu’il ne parle pas aux professionnels de cette école, ils étaient soit cons (ceux du mal) soit abominablement hautains et parfaitement parfaits (ceux du bien).Bref, pas de quoi ressentir un quelconque attrait, mais tout de même… Elle fut malgré tout amusée et sentit son sourire s’agrandir quand elle entendit que sa progéniture avait parlé d’elle ! Sa petite Altéa… Une petite fierté brula alors tendrement sa poitrine avant d’être à nouveau interloqué par les paroles d’Alec. Décidément. Il semblait… Spécial ? Sa fille et son neveu ne lui en avaient jamais parlé ainsi… Mais déjà, elle semblait comprendre pourquoi Basilio l’appréciait, avec ce franc-parler.

« Oh euh, disons que... » commença une Antonella étonnamment surprise, avant de laisser le garçon compléter sa proposition. Au final, la brune hocha la tête et joignit la parole au geste : « Si cela ne te dérange pas. Je suis intriguée de rencontrer un ami de ma fille, américain en plus. » ne put-elle s’empêcher de se justifier. « Donc oui, j’aimerais bien discuter, en plus de rencontrer un collègue, du coup. Ca fait d'une pierre deux coup. » Et ça lui ferait parler americain. Avec son entourage, elle pouvait parler normalement, donc avec son dialecte propre à la famille Tsumi. Mais avec un pur américain (et pas un français parlant pitoyablement leur langue…), il y avait de quoi la renvoyer dans les rues de Jacksonville, là où elle s’était finalement habituée à déambuler. A sociabiliser (un peu, pas trop, ça restait Anto)… Ok, il se pouvait que les Etats-Unis lui manquaient. En vérité, ce nouveau départ avait fait remonter, malgré son envie d’être ici, un arrière-goût amer qu’elle avait découvert lorsqu’elle avait dû quitter le Japon à ses 12ans, puis l’Espagne à ses 16ans. Il y avait de bons côtés à être ici, comme des mauvais et clairement, un petit mal du pays s’était vite incrusté dans la nouvelle routine qu’elle essayait de se construire. Autant dire qu’Alec était donc une sorte de bouffée d’air frais… Une drôle de bouffée mais… ça en restait une quand même ! Il était même plutôt curieux comme personnage, sans que ça soit péjoratif. Alors elle l’avait suivi à peine lui avait-il proposé de l’accompagner.

« Tu habites loin ? » demanda en premier lieu l’américaine qui voulait calculer le temps qu’elle pouvait passer avec lui. Clairement, cette rencontre occupait sa journée et lui changerait les idées. Certainement.