Bon, autant le dire, je ne fis pas le malin une fois dans l’eau. A poil. Et dans l’eau froide de Paris. Bordel de sa race, j’en sentis mon souffle se couper sous le choc de la température. Un putain d’electrochoc qui me fit buller sous l’eau et qui aurait offert un cri strident si mes vocalises n’avaient pas été freinées par l’élément où je me retrouvais. Une chaire de poule recouvrit tout mon corps, m’extirpant un frisson désagréable. Vite. Sortir. De l’air. J’activais jambes et bras pour retrouver la surface le plus rapidement possible pendant que je voyais l’autre sale traitre se déshabiller dans l’eau. Mais il faisait quoi ce con ?! A peine ma tête sortit-elle de l’eau que je vis l’immonde transformation se passer pile à cet instant. C’était hideux, de voir un humain avoir un gros truc qui lui pousse en plein milieu et devenir gris chelou… Buah ! J’étais habitué au morphing animal, mais quand même, avec un fruit de mer, c’était vraiment moche ! Par réflexe, j’esquissais une grimace et c’est seulement après ces quelques secondes bêtement perdues que je me rendis compte que la suite n’allait pas me plaire. Ce fut rapide, à peine le temps de me formuler le danger dans ma tête que je me le pris.
Il n’en fallut pas plus pour me replonger dans l’eau. Le cri qui s’échappa sous la douleur -à m’en couper le souffle- me priva bien sûr de l’air que j’avais réussi à récupérer en urgence après mon premier plouf. La vache, ça faisait mal. J’avais au moins la chance que, malgré le gabarits qui m’avait foncé dans le bide -aouch..- l’eau avait atténué mais… Bordel, je souhaitais pas ça à mon pire ennemi. Se faire enchainer par un dauphin sous l’eau ! Pour une griffure, le salaud, j’allais lui péter la gueule. … Si j’en sortais vivant, surtout que cette pédale aquatique m’avait trainé avec lui vers le fond!
J’allais crever comme ça ? Sans déconner ? C’était horrible comme mort ! Merde, me noyer pour ça ? Toutes les bulles qui se créaient sous le mouvement de nos deux corps (burk, c’était dégueulasse mais je me noyais, j’ai le droit de faire des phrases cheloues !) m’empêchaient de m’accrocher visuellement à quelque chose. Je paniquais de ouf, je commençais à avaler de l’eau, à boire la tasse, à suffoquer… Putain de batard de cétacé, j’allais me le faire en broche si je sortais de là ! Si… Bordel, J’VOULAIS PAS CREVER !
J’savais pas comment j’avais fait mais… J’avais la tête hors de l’eau. De l’air. Je pouvais respirer à nouveau ! Ce connard avait fini par me relâcher et avec une force que je ne me connaissais pas (alors que bon, j’étais pas très humble sur mes capacités en général…), j’avais réussi à me propulser à la surface. Je toussais, je manquais de m’étouffer, de vomir, j’avais l’impression de continuer à m’asphyxier même si l’air me fouettait le visage violemment. Je ne devais ressembler à rien à me tortiller de partout, a essayer de m’accrocher aux pierres du mur. Ca glissait, ça s’agrippait pas. J’avais peur. J’arrivais PAS à sortir de là ! Mes pieds et mes mains glissaient et je me massacrais plus dans mes gestes désespérés qu’autre chose. … Oh ! Putain ! UNE PRISE ! Je plantais mes orteils d’un pied dans un trou et poursuivis mes recherches de prises… Avec les vêtements de cette salope des mers dans mes mains. J'avais un plan et si j'arrivais à sortir de là, ce trou du cul allait mal le vivre.
Sans savoir comment, j'avais réussi. Me retenant de dégobiller de peur ou sous l'eau que j'avais avalé, je tentais de reprendre ma respiration tout en fusillant le dauphin du regard.
"Ah ouais ?! t'as voulu m'faire crever pour UNE GRIFFURE MON VIEUX ?!"
Il savait pas à qui il avait affaire le Flipper! Me dépêchant de m'habiller avec ses fringues (car spoiler alert: j'étais un peu à walpé suite à ma transformation), je fouillais vite ses poches pour trouver son téléphone dernier cri gnagnagna mais surtout... waterproof. Ah, la technologie. J'avais beau ne pas avoir le fric pour, je me tenais au courant des avancées de la technologie et m'assurait des promesses du téléphone en le testant... Ey yes, il marchait encore!
"Tu vas voir mon vieux, qui c'est le plus salaud d'entre nous!"
Bam, ni une ni deux, je prenais une dickpic et après quelques manipulations, j'la balançais sur son compte instagram de craneur qui avait beaucoup trop de fans, franchement. Voilà, vous vouliez d'la queue, les abonnés, vous en aviez désormais! Sauf que c'était pas celle d'un dauphin héhé. Et ça, ils allaient vite s'en apercevoir avec la couleur qui changeait, même si niveau longueur, FRANCHEMENT, en toute honnêteté, j'en étais pas loin. Héhé. Beauf ? Moi ? Si peu.
Et ça, mes amis, ça signait le début d'une paix tacite entre la pouascaille et moi. C'était chelou, hein ? Mais peut-être que voir qu'il pouvait trouver toute aussi pute que lui, ça lui avait remis les idées en place. Ou peut-être que ma vengeance l'avait amusé. Ou qu'il avait kiffé la photo, héhé. Dans tous les cas, j'pense qu'on l'avait compris ce jour-là : il valait mieux pour chacun de nous deux d'être amis. Surtout en étant coloc. Autant se liguer à deux contre d'autres plutôt que d'se faire des coups foireux entre nous.
FIN DU RP