Une drôle de rumeur courrait en ce moment dans les couloirs des vilains… Mais également dans celui du dortoir des héros. Il était dit qu’un dossier confidentiel avait atterri dans le bureau de Lila… Un dossier si top secret que Mila aurait clairement démontré son intérêt pour le récupérer, par tous les moyens possibles. Un vent de méfiance plus violent que jamais s’était élevé donc entre les bleus et les autres castes suite à plusieurs tentatives d’infractions. Clairement, la rumeur n’en était plus une et était avérée étant donné les encouragements carnassiers (à peine discrets) de la petite soeur et la hargne avec laquelle les étudiants de Lila protégeait les affaires de leur Directrice.  L’un des représentants héroïques semblait plus épuisé que jamais à travers ses nombreuses nuits blanches hebdomadaires et cela se faisait ressentir dans ses échanges avec Lila. Elle ne voulait rien avouer, ni son existence, ni son possible emplacement ni l’étendu de toute l’affaire. Et Milo était blessé dans son âme. C’était si évident à lire sur son visage, il se sentait trahi par la femme qu’il aimait. Pathétique.

Basilio avait pu être témoin plusieurs fois de ce genre de scènes. L’homme repartait souvent en colère et passait ses nerfs sur beaucoup de son entourage. Le voir à bout de nerf ainsi était étrange surtout par ce que l’américain considérait comme l’un des représentants de cette nouvelle caste. Grand, puissance, plutot logique et avec une certaine jugeotte… Mais avec tant de défauts que finalement, ses qualités étaient souvent balayées. Cet homme était risible… Un exemple ? Basilio avait entendu d’ailleurs ce dernier réprimander Harry Rouantelezh sur l’image qu’il leur offrait mais quelque part… Ce Milo n’était pas mieux dans son propre comportement. Caractériel, s’emportant facilement, sans grande patience, jugeant beaucoup sans jamais nettoyer devant chez lui. L’adolescent ne l’avait jamais apprécié malgré le contrat qu’ils avaient passé.

Un fameux contrat qui pour sa part, pourrait lui ramener ses jambes grâce à un vœu et au génie... Mais un contrat qui pouvait être rapidement annulé vu les envies de Basilio Tsumi face à la rumeur de Mila. Clairement, il en avait marre des héros. De vivre dans ce batiment, de leurs cours qu’il connaissait déjà et qui étaient si BATEAU par rapport à ceux qu’il avait chez les vilains… Bon, dans au moins 20 % de ces cours… Il ne fallait pas non plus mettre les modules de vilains sur un piédestal, beaucoup étaient pathétiques mais la quantité face aux héros, était moindre… Et puis l’ambiance, quoi. S’il avait morflé en étant chez les vilains… Clairement, son liseré rouge lui manquait. Même… Il osait le penser, oui, sa colocation avec Altea. Cette 3ème année à l’institut lui faisant prendre encore un tournant dans sa scolarité si spéciale, balancé dans quasiment toutes les couleurs de cette stupide école. Il en était déjà à 3. Il avait commencé par gris, avant d’aller chez sa véritable caste, les rouges, puis retour chez les gris rapidement… Avant d’être balancé chez les bleus. On lui donnait l’impression d’être une girouette depuis le départ. Et peut-être s’y était-il habitué, car là, le fait de l’être, véritablement, cette fois, lui chatouillait l’esprit.

Sa sœur jumelle, Lucina, ne l’aidait absolument pas. Dévoilée il y a une paire de mois (par le professeur Leclercq), elle était désormais l’une des rares vertes de l’établissement. Et il rêvait de retrouver une habitation avec elle à ses côtés… C’en devenait presque vital, comme un retour aux sources, une envie de retour à la normal dans sa vie. Pour s’aider à la rééquilibrer et à la reprendre en main. Ok, ils avaient beau l’air se prendre la tête souvent, ils étaient un frère et une sœur très proches à leur maison de base. Et puis, il y aurait le confort de retourner chez les vilains et de sortir du groupe des bleus à leurs yeux… Mine de rien, c’était pesant de faire parti des héros. Ils se regardaient en chiens de faïence et c’était lourd. Les vilains étaient plus pervers dans leurs états d’esprit et faisaient pas mal de crace quand en général, les étudiants de Lila restaient juste méfiants. Donc passer à nouveau, ou plutôt, retourner du bon côté de la barrière serait beaucoup plus reposant pour le Tsumi… Quelques échecs de vilains après le lancement de la rumeur… Basilio finit par se décider. Il verrait pour ses jambes plus tard.

C’était un état d’esprit étrange de sa part mais il s’y était peut-être fait, après tout et… Et Milo faisait trop trainer le contrat, comme s’il doutait de Basilio. Ça ne le mettait donc clairement pas dans de bonnes dispositions pour rester sage, au petit américain. Au final, le manque de confiance se partageait et Baz avait surtout l’impression d’être mené par le bout du nez et il détestait ça. C’était ça aussi, qui l’encourageait à trahir. Au final… Bon, ok, il avait beaucoup trop de raisons pour ne pas rester à sa place…

Basilio avait consciencieusement étudié les rondes des héros. Et surtout, mieux, il savait que ce soir, ça n’était pas au tour de Milo. Autant il était confiant sur ses capacités, autant se retrouver face à un freaking phenix ne rassurait pas l’adolescent qui préférait éviter un tel scénario. Ce gars était tant déséquilibré qu’il pouvait le tuer ! Il avait eu vent d’une bagarre entre lui et Leclercq, et s’il n’avait aucun instinct de survie visiblement, il n’avait aussi aucune pitié envers ses ennemis. Et clairement, Baz allait passer dans ce groupe-là dans la nuit… Qu’il soit en échec ou non.

Armé du pouvoir d’invisibilité déjà encré dans son sang, Basilio sortit aux alentours de 3 heures du matin de sa chambre. Pas encore actif, son pouvoir allait attendre encore un peu. Parce que clairement, un fauteuil roulant bougeant tout seul était bien plus suspect qu’un simple héros allait aux toilettes en pleine nuit. S’il croisait quelqu’un, ça allait lui servir, sinon… il l’activerait dès lors qu’il serait devant la porte ou du moins dans la direction opposée des toilettes et de sa chambre. Le plan était pas mal et… Avait commencé plutôt bien. Le duo de surveillants bleus était dehors à tourner autour du batiment, comme si le danger ne pouvait pas venir de l’intérieur. Après tout, pourquoi douterait-on de lui ? Il s’était plutôt bien intégré et rangé et sa réputation à Jacksonville (ou du moins, son histoire) l’avait bien aidé… Est-ce qu’ils avaient vraiment besoin de douter de quelqu’un du batiment du coup ? Il était le seul à pouvoir la mettre à l’envers ici et…

Basilio sursauta. Le bruit d’une porte grinçante le sortit de sa concentration ! Et merde, le duo était déjà de retour ? Il était presque à la porte ! Dans un mouvement de panique, Baz gara son fauteuil contre le mur face au bruit (pour pouvoir observer) avant d’activer son pouvoir. Respiration bloquée, ses yeux inspectèrent le couloir sombre, essayant de repérer les surveillants mais… mais.

La surprise lui fit bouger les lèvres dans un What The Fuck silencieux. La chevelure blonde platine ne correspondait aucunement aux deux cas sociaux de la ronde de cette nuit… Plissant les yeux pour s’habituer un peu plus à l’obscurité et pour mieux discerner la personne qui se rapprochait, il fut soudainement envahi par une odeur PESTILENTIELLE et si REPOUSSANTE qu’il en eut un relent. Plaquant sa main sur sa bouche instantanément, les larmes aux yeux face à cette nausée et à cette senteur digne d’un cauchemar, Basilio essaya de reprendre contenance. Mais c’était compliqué… C’était une odeur de poisson pourri renfermé… Jamais il n’avait connu une telle odeur ! Ou plutôt… Si… Ça lui rappelait…  Quand il était chez les FDP avec l’homme invisible… IL S’ETAIT TROMPÉ DE CAPSULE D’INVISIBILITÉ BORDEL ! Merde. Une nouvelle nausée s’en prit à lui. Il arriva pour la seconde fois à l’arrêter mais… Ça allait devenir compliqué… Tout comme sa mission, ainsi qu’avec l’arrivée de… DAPHNE ?!

Il fallait retenir sa respiration. Aussi bien pour ne pas se faire entendre et remarquer par cette fichue Daphné que pour ne pas vider son estomac à cause de l’odeur pestilentielle qui émanait de lui… Une brève seconde, l’inquiétude que l’odeur ne l’abandonne jamais ses pores le traversèrent… Bon dieu mais quel abruti fini… Si cela s’avérait vrai, sa vie sociale (le peu qu’il avait, du moins) serait fichue! Mais là n’était au final pas le problème le plus important (même s’il lui avait filé un mal de ventre sous l’inquiétude…)... Il devait arriver à se sortir de cette galère. Essayant de garder sa concentration, en plus de retenir son souffle, Baz dût retenir un grognement lorsque l’autre blondasse l’aveugla avec son flash… Merde, elle semblait suspicieuse face à son fauteuil vide… ET CE DOIGT. MENACANT. Tant de stress en lui et il devait garder le contrôle… C’était impossible! Mais il tenta. Avalant sa salive, Basilio freina lentement le levier de frein de sa chaise afin que celle-ci ne recule pas sous son action. Puis il se rabougrit dans son fauteuil. Plaquant sa tête en arrière, la rentrant dans son cou, l’inclinant pour gagner toujours un peu plus de centimètre de sécurité entre son visage et son doigt et… A peine le doigt eut-il le temps de froler le bout de son nez qu’un relan le prit.

Sa main lacha son frein et tapa d’un geste sec la main de Daphne avant que son corps ne se brise en deux, relachant le contenu de ses entrailles en avant… Au minimum sur les chaussures de cette fichue héros, au maximum sur son tee-shirt et pantalon vu le trajet du jet de vomi.

Basilio, resté plié, poursuivit de se vider alors que son corps reprenait l’entièreté de ses couleurs. Cela dura quelques secondes avant que, essoufflé et dégouté par tout ça, il ne releva son regard sur la blonde pour la fusiller de ses yeux marrons, identique, semblait-il à ceux de l’homme invisible.

“Mais espèce de connasse, ça va pas non ?! Va foutre ton doigt ailleurs bordel de merde!” pesta-t-il en essayant de maintenir sa voix basse alors que sa respiration n’était toujours pas revenue. Entre l’apnée précédente et ses vomissures, ainsi que sa colère qui dictait ses mots, son coeur n’était pas vraiment tranquille. “Qu’est-ce que tu fous ici la débile ?!” Heureusement pour Daphné, qui aurait pu encore se faire agresser verbalement par Basilio Tsumi longtemps, une nouvelle nausée le prit. Mais non. Il plaqua sa main contre sa bouche et parvint à la retenir. Ca lui permettait juste de fermer sa grande gueule qui parlait déjà bien trop fortement pour une mission en toute discrétion.

Malgré la situation, Baz se permit de fermer les yeux le temps de se calmer un peu, tête penchée en arrière, le dos à nouveau contre son dossier. Il ne considérait pas Daphné comme une menace physique et pensait bien pouvoir reprendre son souffle dans un échange sans politesse sans pour autant se faire attaquer. Et puis dans tous les cas… Il avait besoin de se poser, d’emplir ses poumons convenablement avec de l’air de bien meilleure qualité que précédemment… Certes, l’odeur ignoble était toujours là mais… semblait s’être calmée sous la fin de l’utilisation de son invisibilité. Au moins ça...

Okay, peut-être que, éventuellement, j'avais abusé avec les insultes mais... merde quoi! Tout un plan quasiment foutu à l'eau! Et... Yerk... le gout qui me restait en bouche... ignoble. Mais bref! Oh, et puis, cette fille n'était qu'une potiche, une écervelée, elle ne valait pas la peine que je lui accorde la moindre marque de respect! Surtout quand sa débilité faisait tout foirer! ... Ok, elle avait quoi à me regarder comme... Aller, here we go, prenons mon fauteuil roulant comme un manège, prenons-moi comme une poupée à trimballer et... Bah oui, bien sûr, traitons-moi de crétin! C'était MOI le crétin ?! VRAIMENT ?!

Totalement blasé, et ne voulant pas manquer d'avantage de discrétion (et uniquement par sa faute...), je posais juste la pliure de mon bras sur l'accoudoir et plantait mon menton dans le creux de ma main. Et pendant que je me faisais balader comme un chariot à provision, je ne pouvais m'empêcher de lever les yeux au plafond. Sans rire, elle me voulait quoi cette petite idiote de héroïne? Et... elle m'emmenait où, sérieusement ?! N'ayant plus qu'à attendre pour avoir ma réponse, je me retrouvais bientôt ... aux toilettes... Sans déconner, elle avait de la chance que mon pouvoir actuel ne me servait à rien contre elle! Quoi que... En me concentrant assez et en retenant ma respiration assez longtemps, je pouvais la faire s'évanouir sous l'odeur qui émanerait de mon corps dès que j'userai du pouvoir de l'autre... Mais je préférais attendre de voir ce qu'elle voulait.

Jeté comme un malpropre, je freinais l'élan de mon fauteuil laché sans ménagement par la Lowrens et me retournais dans sa direction pour la fixer d'un air mauvais. Madame se nettoyait... Bon, ok, moi-même j'avais besoin de me passer un coup d'eau et de savon sur les mains et c'est ce que je fis alors qu'elle me répondait enfin. Silence de ma part... Elle n'était pas si stupide mais je n'ajoutais rien et ne lui offris qu'un bref regard. Et ça parlait encore. Bla. Bla. Bla. C'est chiant les... français ? C'était bien une frenchie au moins ? ... Aïe. Bureau de Lila. Elle était bel et bien au courant. Et il est vrai qu'elle avait reçu le même traitement que moi il y a quelques temps, ça n'était pas illogique qu'elle même veuille prouver ses valeurs.

Nouveau croisement de regard. Je ne la lachais pas cette fois. J'attendais la suite, immobile. Une complice ou... Yerk. Je grimaçais intérieurement face à son scénario. Non pas qu'elle me faisait peur. Disons juste que je n'avais aucun plaisir à frapper une fille... Mais je n'aurai aucune honte de me défendre pour l'empêcher de m'enfermer ! Je restais cependant persuadé qu'elle voulait juste me faire peur pour me faire accepter plus facilement la suite. Et ça ne tarda pas. Récolter les bonnes grâces de Mila.

"Tu sais que je pourrais te faire tomber comme une mouche en quelques secondes?"

J'avais ce besoin de montrer que, moi aussi je pouvais avoir le dessus sur l'autre. Ou plutôt, que c'était moi et seulement moi qui aurait le dessus sur elle. J'avais ce besoin de me rassurer aussi alors que mon plan ne tenait qu'à un fil de l'échec... La défiant du regard avec les sourcils froncés quelques secondes, je finis par soupirer et m'humecter les lèvres, croisant mes bras.

"C'est l'autre empoté de Jean et Cassandra qui font les tours de garde ce soir."

Clairement, c'était une acceptation tacite de notre équipe pour ce soir. Tacite... Mais qui pouvait se retourner selon. Je n'avais aucune confiance en elle ou en qui que ce soit. J'aimais jouer seul. Et je suppose qu'elle aussi pouvait me la faire à l'envers. Nous étions deux vilains après tout. Et on avait le même objectif. Puis, qui sait si Mila n'allait pas vouloir un seul gagnant dans son défi ? Autant me débarrasser de ma pseudo co-équipière rapidement ... Mais pas trop tôt.

"Donc l'équipe de surveillance est pitoyable ce soir." Par rapport à l'habituel Milo-Méladya. Un phénix et une oreille ambulante... Clairement, ceux de ce soir étaient du gateau comparé à ce duo. Peut-être avais-je tord de les sous-estimer mais... "Jean contrôle l'eau mais est stupide. Il va paniquer en se trouvant face à nous. Cassandra, elle, peut carrément nous casser la gueule par contre, surprise ou pas." Autant partager les informations. A voix basse, bien sûr. Après ça, il fallait voir si la Daphné avait aussi un peu de jugeotte et avait des informations inédites pour moi. "Mais le revers de mon pouvoir peut nous aider. Et aucun des héros ne s'attends à être trahi par notre groupe.. Enfin, je suppose." Les anciens vilains avaient été si sages dernièrement. Entre Harry l'imbécile heureux, Eglantine l'imbécile heureuse et... Tiens, beaucoup d'imbéciles heureux... Et je faisais parti de ce groupe...? Pff.. Puis Daphné qui se faisait toute discrète (et qui n'était pas stupide, visiblement ?) et moi qui était accompagné de mon passé héroïque en Floride... "Je pense qu'on a le temps d'aller crocheter le bureau de Lila sans trop galérer. Le souci sera son coffre-fort..." Je n'avais jamais pu réellement approcher de l'endroit où était censé se trouver le précieux document... Je laissais un instant un blanc, avant de demander "Ton plan, à toi, des détails que je n'ai pas, du coup ? Crache-tout." Plus j'en savais et mieux je pouvais voir venir les evenements.

Je me savais pas stupide. Bon, je dois l’avouer, je me pensais même plutôt malin et intelligent, et je n’étais qu’un adolescent. Alors une personne comme Daphné, plus âgée que moi, qui semblait se dévoiler là comme une personne pas si conne que ça, ça devait aussi avoir un plan non ? Elle qui s’était montrée discrète jusqu’à présent -contrairement aux deux autres bleus débiles cités plus haut, elle ne pouvait que rejoindre la 2ème catégorie où je me trouvais : la catégorie des gens doués d’un cerveau! Ceux qui réfléchissaient! … C’était une épingle à cheveu qu’elle présentait là…? Mes yeux roulèrent vers le plafond avant que mon front ne tombe dans ma main. Mais quelle conne celle-là. C’était définitif. Je la laissais parler inutilement et être inutilement inutile et inutilisable pour la suite, essayant de ne pas m’énerver et d’envoyer péter cette blonde sans cervelle. Comme quoi, les stéréotypes… Et ça ne fit qu’empirer lorsqu’elle avoua préférer se trouver face à Milo.

“Milo… Le phénix. L’un des gars les plus hargneux et le plus gros pigeon de Lila ? Vraiment ?” Je ne savais rien de son lien avec lui et honnêtement, je me sentais tellement désabusé et déçu de cette partenaire en carton, que je m’en fichais de si ça pouvait être son grand ami ou son voisin de palier de maternelle. “Décidément, entre ta lubie stupide qui te fait penser que tu pourras ouvrir un coffre-fort qui protège des documents top-secret d’une personne comme Lila, avec une épingle à cheveu, et tes envies suicidaires, je regrette clairement m’être laissé embarquer ici…” C’était avoué sur un ton blasé. Peu après mon facepalm, et avant que je ne me mette à parler, j’avais finalement installé ma joue contre mon poing fermé. Je la jugeais si fort mais j’étais trop fatigué pour être plus désagréable que ça. “Donc non, je n’ai aucune autre idée...” Et n’avais accessoirement aucune confiance en elle pour la laisser monter la garde. “On va juste faire cette mission suicide à deux et… Et on verra. En mettant en jeu notre scolarité ici et peut-être même notre vie.” Je soupirais. “Y a rien d’autre à faire de toute manière…” Pas question de reporter tout ceci, Daphné en savait trop et j’avais attendu bien trop longtemps cette nuit-là en particulier pour repousser encore tout ceci! Roulant vers la porte des toilettes, je finis par exposer mon plan :

“Du coup, crocheter la serrure sera un jeu d’enfant je pense. Je te laisse faire et je ferai le guet au coin du couloir. Si jamais les deux débiles arrivent, j’active mon pouvoir pour les éloigner. J’espère que t’es bonne en apnée, l’odeur va loin. Si on arrive à rentrer sans problème, on avisera alors pour le coffre.” Je sortis de ma poche un nécessaire assez soft de crochetage de serrure et le tendit à mon alliée temporaire. “Prends ça, ça sera toujours mieux que ton épingle.”

La blondasse était armée désormais, autant que possible du moins et Basilio dut retenir un énième et long soupir quand ses yeux semblèrent briller sur "le matériel de super-vilain". Amazon. Cinq euros et des brouettes. Le super-matos du FDP, ouais, donc la qualité était très certainement à revoir. Mais bon, ça ferait sûrement l'affaire. Peut-être pas avec Daphné et le brun s'attendait absolument à devoir échanger leurs postes et à crocheter lui-même la serrure mais pour l'instant, ils s'en tiendraient au plan jusqu'à l'échec futur de la fausse héroïne. Et aller, c'est reparti pour un tour de Je te pousse ton fauteuil car tu es handicapé et je t'aide tu vois et puis c'est si drôle de pousser un poids. Ou encore appelé Promenade assistée. Ok, le soupir sortit clairement là et sa position de blasé de la vie ne changea pas du trajet jusqu'à son nouveau lieu de garde. Se retenant de balancer un "te casse pas un ongle" peu mérité, le Tsumi finit par attendre convenablement en montant la garde. Ses sens étaient aux aguets. Ses yeux défiaient chaque impression de mouvement, ses oreilles triaient les bruits de crochetage du bruit environnant, son nez inspectait l'air : Cassandra sentait le déo Axe Masculin, et de très loin, un vrai garçon manqué. Et ses mains restaient accrochés au métal de ses roues, prêt à démarrer au quart de tour si besoin. Mais rien. Les minutes s'écoulaient et tout se passait comme prévu.

Un signal fut donné, déposant les yeux temporairement marrons de Basilio dans la direction de Daphné. Un dernier coup d'oeil autour avant que son fauteuil ne pivote, le ramenant près de sa co-équipière.

"Je ne m'attendais à rien... tout en m'attendant d'être déçu." annonça-t-il une fois à ses côtés. "Mais je me suis trompé visiblement." De longues phrases pour annoncer un Bien joué qui ne sortirait jamais de ses lèvres. Ego trop mal placé pour la féliciter. Ok, elle était douée de ses doigts mais... ça ne voulait pas dire grand chose au final. C'était peut-être même un coup de chance. Et pour sûr que l'américain aurait été plus rapide pour ouvrir cette serrure!

Faisant son entrée dans le bureau prudemment, analysant chaque centimètre carré avec prudence, les roues du fauteuil finirent par braver la moquette avant que son propriétaire ne referme la porte ainsi que le bouton loquet derrière eux, une fois Daphné rentrée. Bien qu'il l'aurait bien laissé sur le pas de la porte étant donné le statut de Boulet qu'elle avait dans l'esprit de l'adolescent... elle était capable de donner l'alerte par vengeance. Et puis... D'un côté... Les deux se mettaient dans la même galère, voulant sortir de ce pays de bisounours cheatés. Quelque part... Il y avait des similitudes entre eux. Et une brève empathie commençait à faire son chemin chez Basilio.

"Occupe-toi du bureau, je fouille les casiers." Simple, bref, un murmur qui se perdit dans les micros bruits de fouille qui suivirent. Dernière conversation de sa part avant que sa voix ne se joigne à nouveau à ce silencieux raffut après que ses recherches l'aient rapprochés d'elle. "Au fait... Simple curiosité. Pourquoi tu veux les bonnes grâces de Mila ? Outre le fait que la vie avec les bleus soit chiante et qu'on ait envie de leur faire bouffer leur mélodie du bonheur..."