Pourquoi avais-je finalement accepté de venir enseigner à l’institut Trueman ? Ah, vrai, pour Taylor. Je marchais dans les couloirs du bâtiment avec mes talons hauts, le bruit claquant résonnant sur le carrelage. La rentrée des classes était pour bientôt, d’ici quelques jours, et il fallait déjà préparer certaines choses avant leur arrivée en salle. Tout ceci me donnait déjà un mal de tête incroyable et une envie de mettre des 0 à tout le monde sans aucune raison valable. Mais bon, si je pourrissais trop les dossiers des élèves, j’aurais sans doute Mila sur le dos.
Ah, cette Mila était aussi effrayante qu’elle était sexy. Elle était pile le genre de femme que j’aimais : brune et dominatrice. Ah, oui, j’aimais les femmes également, quoique j’étais tout de même à 90% sur les hommes. Je gardais précieusement un petit pourcentage comme un péché mignon pour les femmes. Il était tout de même assez rare que je me retrouve avec une femme. J’étais quelqu’un de difficile. Plus que pour les hommes. Les hommes, il suffit qu’ils aient un air de chien battu. Cela avait tendance à me faire craquer et à vouloir les manipuler à ma guise.
Une chemise avec des feuilles sous les bras, je parcourais les couloirs de l’institut en soupirant. Je n’étais pas encore habituée et j’avais encore tendance à me perdre dans ses méandres. On m’avait conseillé de demander de l’aide aux autres professeurs, mais, têtue et fière comme je suis, j’avais décliné. Je n’aurais sans doute pas du décliner aussi vite. Tout ceci était un gros changement dans ma vie. Prendre un logement à l’institut, me mettre à devenir un minimum responsable, préparer des cours, visiter le campus. Ha. Je ne saurais dire si cela m’ennui. Au moins, cela me faisait passer le temps.
Aujourd’hui, je cherchais à me rendre dans le bureau de mademoiselle Mila pour quelques formalités. Pour l’occasion, j’avais mis une très jolie jupe rouge allant jusqu’au dessus des genoux, serrée tout du long, et un chemisier blanc à décolleté presque-pas plongeant. Moi, tenter de séduire Mila ? Non, du tout, vous vous méprenez. C’était le genre de vêtements que je mettais habituellement – et je ne plaisante qu’à moitié. Tenant de mon autre main mon blouson en cuir, je l’avais nonchalamment posé sur mon épaule tandis qu’à chaque mouvement de mes hanches, je sentais les pointes de mes cheveux arrangés en queue de cheval haute chatouiller l’arrière de mon cou. J’avais également mis sur ma peau un parfait léger et frais puisque nous étions en plein été.
Je répète, je n’essaie pas de séduire Mila. Non, non, non.
Tout aurait très bien pu se passer. Cela aurait très bien pu être une journée banale, normale, et ennuyeuse. Jusqu’à ce que mon regard accroche sur l’une des portes de bureau, un nom qui me stoppa net. Taylor Wood. La curiosité malsaine me poussa à me rapprocher et à poser une oreille près du battant de la porte… afin de capter de léger mouvement, signe qu’il y avait bien quelqu’un à l’intérieur. Instinctivement, je me mis à serrer un peu trop fort la chemise cartonnée dans ma main. Mon cœur se mit à battre plus vite. Combien de temps ne nous étions pas vus face à face ? Cela faisait bien plusieurs années. Et là, il était là, juste derrière cette porte.
Ah, je crois bien que l’entretien avec Mila allait être repoussé à plus tard.
Je dus me faire violence pour ne pas sourire comme une psychopathe en manque de sa dose de massacre. Là, debout devant la porte, je pris quelques secondes et quelques grandes inspirations. Une seconde… deux secondes… trois secondes… j’étais prête. J’avais retrouvé un semblant de calme. Et il était temps d’aller faire une petite surprise à mon mari adoré.
J’ouvris la porte avec violence de la main tenant mon perfecto. La porte vint claquer contre le mur tandis que j’entrais un pied devant l’autre, un sourire satisfait et triomphant sur le visage, tandis que d’un mouvement élégant, je remettais mon blouson par-dessus mon épaule.
« Heeere’s Charlie, honey ! » Mon sourire était si grand, découvrant mes dents blanches, que j’en avais mal aux joues. « Je t’ai manqué, sweetheart ? » Poursuivis-je en me rapprochant, le son de mes talons emplissant la pièce, jusqu’à arriver à son bureau pour y poser durement la chemise que je me trimbalais depuis le début. Posant les paumes de mes mains sur son bureau de bois, me penchant légèrement en avant, je repris. « Car on va passer beaucoup de temps ensemble désormais, mon chou. »
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