❝ I'm too hot, hot damn! Call the police and the firemen! ❞
Un air de guitare. Des basses. Mark Ronson. Bruno Mars.
Les écouteurs bien enfoncés dans les oreilles, Ava n'entendait rien d'autre que la chanson Uptown Funk qui tournait à fond sur son téléphone.
Elle préférait travailler avec de la musique, ça lui donnait une énergie folle. En particulier cette chanson.
Un balais à la main, elle bougeait les pieds et dansait sur le rythme de la chanson et sans s'en rendre compte, son don s'emballa aussi vite que on propre corps.
Un Bruno Mars, puis deux, puis trois s'alignèrent à elle et imitèrent ses pas à la perfection, comme une chorégraphie répétée maintes fois.
Ils chantaient tous en chœur, comme elle d'ailleurs, mais elle ne s'entendait pas, les écouteurs masquaient le son de sa voix.
Le manche du balais lui servait à présent de micro, il y ressemblait en tout cas. Encore son don qui s'improvisait ingénieur du son.
- Don't believe me, just watch !
Les Bruno Mars prirent finalement son apparence. Elles étaient à présent quatre jeune femmes rousses à se déhancher et le sol du couloir se transforma en une scène étroite, limitée par la proximité des murs autour d'elle.
Peu importe, le plafond disparaissait déjà pour laisser apparaître un ciel étoilé. Des étincelles virevoltaient de façon harmonieuse autour d'elle.
Elle était en plein show. Son show. Au loin, à travers les trompettes, elle croyait percevoir les applaudissements, les hurlements d'une foule en délire !
Sa tenue, autrefois confortable pour travailler se transforma en une robe moulante et pailletée, laissant peu de place à l'imagination, mais peu importe, elle était sexy. Elle était la personne vers qui tous les visages d'une marée humaine étaient tournés. Elle était la star.
Elle laissa de côté son manche à balais aux allures de micro et se déplaça en dansant avec l'une de ses trois répliques.
Leurs cheveux roux et longs tombaient en une cascade de cheveux ondulés à la perfection et ce maquillage lui donnait un teint beaucoup moins pâle.
- Gotta kiss myself, I'm so pretty!
En un mouvement qu'elle croyait harmonieux, elle se retourna vers le devant de la scène, s'attendant à faire face à son publique imaginaire et tomba nez à nez avec un jeune homme aux cheveux noirs et au regard sombre...Sombre mais clairement amusé.
D'un geste, Ava tira sur les fils de ses écouteurs et recula d'un pas.
Toutes ses illusions disparaissaient aussi vite qu'une bulle de savon exploserait.
"Pop"
La scène redevint le somptueux couloir de l'institut Trueman, les étincelles s’éteignirent et deux de ses doubles disparaissaient, en abandonnant la dernière, qui observait d'un air hébété le nouveau venu.
Ava recula de nouveau, mais d'un pas de trop pour récupérer son balais qu'elle se prit dans les pieds.
Elle se sentit tomber en arrière sans aucune idée de la façon dont elle éviterai la chute à venir.
Dans un fracas, le manche à balais tomba au sol en même temps qu'elle.
Des rires résonnaient derrière elle. C'était son double, sa conscience, cette garce qui la quittait rarement et qui l'humiliait dès qu'une occasion se présentait à elle.
La jeune femme prit alors une décision qu'elle trouvait parfaite pour la situation : Elle allait rester allongée ici, ne plus bouger et se laisser mourir de honte. Avec un peu de chance, le jeune homme partirai et oublierai ce qu'il venait de voir.
Oui. C'était certainement la meilleure des solutions en fait, pas la plus courageuse, mais la meilleure.
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Dim 19 Jan - 20:59
La sonnerie retentit et comme tous les autres élèves de la classe, Ren quitta la pièce, peut-être sans être aussi pressé que les plus jeunes. Cependant, on ne pouvait pas en vouloir à ces derniers d'être content d'avoir à présent enfin un peu de temps libre devant eux. Ils avaient sûrement plein de projet pour le passer, mais qui ne devait rien avoir de très éducatif cela dit ! En ce qui concernait Ren, c'était déjà plus ou moins tout trouvé. Il comptait bien se mettre dans un coin et s'avancer sur les devoirs pour avoir la paix à l'avenir. La vraie question était : où aller pour ça ? Sa chambre ? Le parc ? La bibliothèque ? Au final, le lieu lui importait peu, du moment que c'était désert et silencieux.
Cherchant alors son lieu peinard, il s'aventura dans un couloir dénué de personnes, mise à part cette silhouette au loin qui se dandinait avec un balai en main. Généralement, on faisait rarement attention aux femmes de ménages, mais la voir ainsi seule à l'autre bout du couloir en train de se déhancher tel un hippie écoutant du Jefferson Airplane, ça avait tendance à ne pas passer inaperçu. Cela dit, Ren ne comptait pas non plus s'y attardait. Il avait un coin tranquille à trouver et visiblement, ce n'était pas ce couloir ! Il comptait continuer son chemin sans se poser plus de question, mais il se figea quand il aperçu d'autres silhouettes apparaître autour de la première.
Le couloir se changeait, se modifiait et tout se transformait petit à petit autour de lui, qui observait tout ça d'un regard plus que déconcerté. Au début un peu désemparé et intimidé par ce virement de décor, il se rendit rapidement compte que, visiblement du moins, il n'y avait aucun danger à l'horizon. A part celui de perdre les pédales éventuellement, mais ce n'était pas son genre. Aussi avait-il reprit doucement la marche, alors qu'il se retrouvait face à une scène en extérieur. Il n'était plus très loin de celle qui était jadis une simple femme de ménage, et il se demandait encore s'il devait continuer à avancer ou non. Après tout, il n'y avait plus de couloir !
Soudain, la jeune femme se tourna vers lui. Ce fut comme si elle se rendait compte de sa situation et se figea sur place avant d'ôter ses écouteurs. Ren était un peu embarrassé également, mais son attention fut attirée par tout ce qui était apparu qui se mit à disparaître, tandis que le couloir reprenait son aspect normal. Ren esquissa un léger sourire mal à l'aise mais soudain, la jeune femme partie en arrière, trébuchant sur son balai en reculant et tomba tout simplement à la renverse au sol. Surprit, Ren la rejoignit rapidement.
❝ I'm too hot, hot damn! Call the police and the firemen! ❞
"Merde! Est-ce que ça va?!"
Toujours allongée sur le sol sans bouger, Ava regardait l'homme qui la surplombait l'air manifestement inquiet. Ses joues prirent une teinte rosée - cramoisie en fait - et l'idée de rester immobile et de se faire passer pour morte tombait à l'eau.
Elle ne savait pas trop quoi répondre au nouveau venu "oui, j'aurais juste un hématome à la fesse gauche" "non, je serai bien tentée de me liquéfier ici et maintenant" deux choix qui lui demandaient le courage de répondre.
A la place, un rire disgracieux se faisait entendre à côté d'eux.
"Non mais quelle empotée tu fais Ava. Sérieux."
La jeune rousse se redressait à ces mots. Assise avec ses mains encrées au sol, elle lançait un regard noir à sa conscience qui s'esclaffa de plus belle.
- Je...Je suis désolée pour le spectacle, je me suis laissée emporter. Je devrais me remettre au travail maintenant...
D'un geste maladroit, elle se levait et reprenait déjà le manche de son balais, abandonnant définitivement ses écouteurs et évitant soigneusement lle regard de l'inconnu aux yeux noirs.
Mais c'était sans compter sur son double qui s'avançait déjà vers lui d'une démarche sûr et avec un sourire charmeur.
"Je suis désolée, je ne me suis pas présentée. Je suis la conscience de la femme de ménage, mais j'ai ma propre personnalité. C'est quoi ton nom beau gosse?"
Une bouffée de chaleur attaqua Ava de plein fouet, horrifiée, elle observait la scène tétanisée. Aussi rouge qu'une pivoine, elle hésitait entre gifler Conscience et s'enfuir en courant, mais c'est à ce moment là que son double détourna son regard du jeune homme et le tourna vers elle.
" Quoi encore? Les romans d'amour commencent toujours par la présentation des personnages. Tu me remerciera plus tard. Quand tu seras moins rouge."
Elle était au bord du malaise. Et elle voulait tuer Conscience. Mais peut-on réellement tuer sa conscience? Non! Bien sûr que non, on n'a qu'une conscience et Ava avait le malheur de devoir se la coltiner en dehors de sa fichue tête! Sale garce.
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Lun 27 Jan - 14:57
Difficile de ne pas prête attention au double de la jeune fille qui était toujours là. Ren avait pensé que, comme le reste de la vision, elle finirait par disparaître. Ca ne semblait pas être le cas. Alors il focalisa son attention sur celle qui était bien réelle, étant donné qu’une vision n’aurait pas eu la capacité à faire une chute aussi monumentale. La rouquine avait l’air bien mal à l’aise de la situation dans laquelle elle se retrouvait mais décidément, l’autre vision ou on-ne-sait-pas-trop-quoi continuait de s’esclaffer comme si la seule chose qu’elles avaient en commun était le physique. En se relevant toutefois, la vraie rouquine prouva ainsi au jeune homme qu’elle n’était pas blessée au moins, et s’excusa par la suite de ce qu’il venait de voir.
- Sacré spectacle, commenta le jeune homme, c’est bien la première fois que je vois ça.
Ren imaginait sans mal que tout ceci était dû au pouvoir de la jeune femme. Au début, ça l’avait vraiment surpris, mais maintenant qu’il faisait le lien, il prenait ça avec plus de légèreté. Il n’avait pas dit ça dans le but d’enfoncer d’avantage la femme de ménage dans son mal être, mais plutôt au contraire comme un compliment, même s’il était sûrement le seul à comprendre ça comme ça. Et puis, au fond, voir la rouquine perdre son assurance devant lui avait quelque chose d’amusant. Non pas qu’il se moquait d’elle, mais il trouvait ça assez attendrissant. Et puis, pour une fois que ce n’était pas lui qui se tournait en ridicule aussi. Ca lui faisait assez bizarre de voir l’effet qu’il venait de faire à cette demoiselle. Quand bien même il regrettait qu’elle se soit ramassée une gamelle malgré tout. Mais très vite, le regard noir, au sens propre du terme, du jeune homme fut attiré par la double rouquine en qui il avait déjà un peu plus de méfiance. Et si c’était sa jumelle peut-être ?
Mais quand cette dernière se présenta, ça mettait cette nouvelle hypothèse à l’eau. Sa conscience ? Ren haussa un sourcils. Une conscience avec une personnalité propre en plus ? Ca existait vraiment ? C’était assez difficile à imaginer pour le jeune homme. C’est vrai quoi, quitte à avoir une conscience, cette dernière n’était pas censé être comme soi ? Mais ce qui le mettait plus mal à l’aise encore, c’était sans nul doute la façon dont lui parlait cette même conscience.
- Euh…Ren Summers, répondit-il quelque peu gêné.
Il regarda les deux individus à tour de rôle.
- Ehm…Vous êtes vraiment sa conscience… ? Parce que dédoublement de personnalité, ça semble bien correspondre aussi.
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