J'veux pas y aller, à ce dîner, j'ai pas le moral, je suis fatigué
Je n’avais pas envie d’être là. Peut-être que j’avais fait un mauvais choix en décidant d’être bibliothécaire à l’institut Trueman. J’aurais dû choisir autre chose. J’avais pris quelque chose qui me permettrait d’être proche de Basilio et Altéa, mais… J’aurais pu choisir autre chose. A Paris, c’était la capitale. Il devait y avoir tout un tas d’autres travail. D’autres travail en bibliothèque en plus. Mais est ce que Paris embauchait les personnes à pouvoirs ? Je ne savais pas. Jacksonville le faisait.
Du moins, j’avais pu faire mes études sans que l’on ne me dérange avec ça. Par contre, on m’avait posé pleins de questions. Je me souviens. Mes camarades de classe voulaient savoir tellement de choses. Ce n’était pas agréable. Mais si je n’avais pas envie d’être là, c’est que j’avais une raison. Ou plusieurs. Je songeais à en faire la liste, mais je ne pouvais pas. Il y avait trop de choses à voir, à penser, à réfléchir. Tout le monde parlait français. Tout le monde parlait, surtout. C’était bruyant. C’était parce que la directrice m’avait demandé de faire quelque chose. Je lui avais demandé si c’était par rapport à la bibliothèque, elle avait semblé se moquer de moi. Je savais que la bibliothèque était fermée pendant l’été, mais elle n’était pas obligée de se moquer de moi. Parfois, les gens pensaient que je ne voyais pas quand ils se moquaient. Mais je le voyais.
Ce qu’elle m’avait donné à faire c’était… Je savais que je ne n’étais pas bon pour ça. Il fallait faire la publicité de l’institut. J’avais dit que je n’étais pas publicitaire, mais ça n’avait pas suffi. Elle avait dit quelque chose comme quoi j’étais beau. Je ne voyais pas en quoi j’étais beau, ni en quoi ça allait changer quelque chose.
Seulement, elle avait semblé persuadée que c’était un argument de vente, et m’avait laissé avec un professeur. Je le connaissais de loin, parce que je n’avais jamais fait connaissance avec le reste du personnel. Il y avait trop de gens. Trop de choses à retenir. Et je n’avais pas envie. Je l’avais fixé, le professeur. Il s’appelait Alistair Dynaro. Puis on était parti.
D’abord, le transport n’avait pas été agréable, ensuite, quand on est arrivé à la « station balnéaire », ça me confirma que c’était une mauvaise idée. Je regardais Alistair.
- Je ne sais pas ce que l’on va dire. Comment on fait de la publicité ?
J’étais sûr et certain que lui non plus ne savait pas. J’espérais juste que les bruits allaient cesser. Et je ne connaissais pas l’endroit. Je n’avais pas prévu ça. Je n’aimais pas cette situation, et je fronçais fort les sourcils.
- On peut repartir ?
Je savais que je n’avais pas le droit. Mais je m’en moquais. J’allais dire à « Mademoiselle Mila » que je ne pouvais pas faire ça.
[Je ne me suis pas étendu sur le moyen de transport, parce que ça peut aussi être un portail xDD]
L’été. C’était finalement un moment un peu chiant pour les professeurs. Il n’y avait pas de cours à donner pendant les deux mois à venir. Alistair avait donc commencé à travailler les prochains cours pour la rentrée, mais cela ne lui prendra sans doute pas tout son temps. D’autant plus qu’il aimait autant improviser ses cours que ne le faisait son pouvoir quand il s’en servait. Aussi songeait-il qu’il retournerait jouer les juges dès que les occasions se présenteront. Ce n’était pas ça qui manquait en général, et ses services dans ce domaine étaient bien appréciés –sauf par les condamnés évidemment !- Mais aujourd’hui, la directrice de l’Institut Trueman avait visiblement d’autres projets pour lui. Cela dit, Alistair ne voyait que difficilement pourquoi elle l’avait choisi lui pour faire de la publicité pour l’Institut. Est-ce qu’il était doué pour ça ? Il n’en savait rien. Il n’avait jamais joué les enseignes publicitaires. Avait-il été désigné au hasard ? A cause de son côté excentrique ? Ou de sa qualité à faire peur aux autres ? –même si ce dernier point serait contre-productif- Franchement, il ne savait pas, et s’en moquait un peu à vrai dire. Il avait accepté justement parce qu’il avait du temps. A moins que ce ne soit là le seul critère pour lequel on l’avait désigné pour faire ça.
Ce n’était pas tout. Le trentenaire ne serait pas seul à accomplir cette mission. Alec. C’était ainsi que se nommait celui qui allait l’accompagner. Alistair ne le connaissait pas plus que ça. De nom, tout du moins. En le voyant avant leur départ, il s’était simplement dit qu’il était bien jeune pour être autre chose qu’un élève. Mais soit. Peut-être que lui savait y faire dans la publicité. C’était donc tout sourire que Alistair l’accompagna hors de l’institut. Ils arrivèrent ainsi à une station balnéaire où le soleil ne ménageait personne en cette saison estivale. Ce qui ne dérangeait pas outre mesure le professeur malgré son teint blafard et sa tenue atypique. A lui tout seul, il attirait les regards. Quitte à faire de la pub, en tout cas, il se faisait aisément remarqué. Le jeune homme à ses côtés ne paraissait pas très à l’aise. Il lui confirma le fait qu’il n’y connaissait rien en publicité.
- Je n’en ai pas la moindre idée, répondit alors l’homme avec un sourire.
Il observa alors la populace se dorer la pilule et profiter du coin touristique. Bah, et s’ils accrochaient l’enseigne de l’institut à l’arrière d’un avion qui passerait au-dessus de la plage, ça suffirait ou pas ? Les pub se faisaient beaucoup de cette manière-là dans ce genre d’endroit. A la requête du bibliothécaire, Alistair lui coupa toute éventuelle retraite à l’aide de sa canne placée derrière le jeune homme. - Pas avant d’avoir fait ce pourquoi nous sommes venu, fit-il sans se départir de son sourire.
Il observa à nouveau les alentours avant d’ajouter :
- Quel pouvoir m’as-tu dit que tu avais déjà ?
Même si le bibliothécaire ne lui avait rien dit auparavant mais bon !
J'veux pas y aller, à ce dîner, j'ai pas le moral, je suis fatigué
Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Tout ceci n’avait aucune logique, et la situation n’avait rien d’agréable. Je me retrouvais à faire de la publicité avec un homme qui lui-même ne savait pas comment on en faisait. Pourquoi étions nous là ? Est-ce que la directrice était intelligente, pour nous désigner nous ? N’avait-elle pas une équipe de communication ou de marketing, comme l’avait souvent la moindre entreprise, même d’éducation ? Même moi qui ne m’intéressait pas beaucoup à ce qu’il se passait dans une entreprise, je savais ça.
Je décidais que nous devions partir. Nous n’étions pas fait pour ça, et nous allions le dire à « Mademoiselle Mila ». Elle ne comprendrait peut-être pas, comme elle ne semblait pas intelligente, mais il fallait lui dire. Elle reviendrait peut être à la raison, comme on pouvait le dire.
Mais l’homme qui m’accompagnait ne semblait pas être d’accord. Il semblait insister pour qu’on fasse cette publicité. Il ajouta une phrase qui me fit froncer les sourcils.
- Je n’ai rien dit sur mes pouvoirs.
Peut-être qu’il avait un souci psychologique, qui le faisait entendre des voix ? Mais cela me donna une idée.
- On doit juste faire la publicité, et ensuite, on s’en va ?
Je n’aimais pas le bruit aux alentours, ni la chaleur, ni tout ce monde. Je voulais rentrer maintenant, je regardais d’ailleurs beaucoup le sol. Mais s’il fallait réellement faire quelque chose, je pouvais essayer. Seulement, ça allait me prendre du temps, j’allais devoir toucher beaucoup de personnes… Je n’avais pas envie…
- Je peux modifier leur mémoire pour qu’ils aient l’institut dans leur esprit. Mais ça veut dire les toucher. Je ne veux pas les toucher. Ils sont bruyants.
Je croisais les bras. Peut-être qu’il allait finir par abandonner, et qu’on pourrait rentrer. Ou alors, il aurait un pouvoir qui réglerait ça.
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