Il faudrait un véritable coup du sort pour que je n’en vienne pas à littéralement briser ce petit morveux. Désormais, me contenter de simplement détruire son moral ainsi que ses convictions, ça me paraît beaucoup trop peu satisfaisant. Je n’ai rien contre le fait qu’il fasse le malin ; au contraire, ça me permet même d’avoir une justification toute trouvée pour quand on viendra me demander pourquoi il se retrouve en morceaux. Et contrairement à ce qu’il doit croire, je ne suis pas débile. Lâcher prise tout à l’heure m’a paru être la bonne solution parce que je sais bien que les petits jongleurs de feu dans son genre peuvent jouer avec la température. Or, il se trouve que certaines fois, je choisis de prévenir avant d’avoir à guérir. Mais soit, qu’il me prenne pour un couard, ce n’est pas du tout un problème. D’ailleurs, qu’il pense ce qu’il veut de moi d’une manière générale, ce n’est pas comme si ça allait changer quoi que ce soit à ma vie. En ce sens, je fais à peine attention à sa pique avant d’en profiter pour lui balancer un violent coup avec l’arrière de mon crâne pile sur son menton - c’est que même pour moi, il est physiquement grand, le bougre alors que je suis loin d’être un nain. Je m’offre donc un laps de temps court mais nettement suffisant pour me dégager de son emprise. Je me tourne pour faire de nouveau face à lui et constater que sa lèvre est entaillée me fait grandement sourire. Le plus drôle selon moi serait que cette entaille devienne une cicatrice - marque indélébile et preuve irréfutable de sa fessée déculottée contre moi. « Franchement, on ne vous apprend pas les bonnes manières chez les héros ? Et ces pauvres techniciens de surface qui vont devoir nettoyer tes saletés... », je ricane dans ma barbe. Le fait est que je me fiche éperdument du service d’entretien qui regroupe les larbins d’Orian Harker. Et ça me fait doucement rigoler de voir un de ces prétendus défenseurs de la justice ne pas avoir d’autres moyens d’expression que le crachat de sang. C’est là toute la répartie dont il est capable ? Loin d’être glorieux. Et puis, à l’instant même, la face qu’il affiche n’est absolument pas celle qu’on imagine pour un héros. Sans blague, une petite blessure qui saigne et ils virent à ce point ? « Oh, tu veux voir comment on gère un vrai combat ? », si ce n’est que ça, il va être servi. Et plutôt deux fois qu’une. Fini de le ménager.

Puisqu’il le demande avec tant de ferveur, les véritables hostilités débutent à cet instant. Je me lance sur lui, poing fermé en avant et c’est le coup d’envoi du festival des coups. Nous les échangeons ; esquivons, parons et de temps en temps, l’un comme l’autre, nous prenons quelques coups mais aucun qui soit suffisamment fort pour faire abandonner un de nous deux. Je n’ai pas la moindre envie de lâcher cette affaire ou d’en démordre. Pas après que cette vermine se soit moquée de moi en pensant être en mesure d’échapper aux représailles. La foule environnante se pousse sur notre passage alors que nos mouvements donnent l’impression qu’il y a une sorte d’attraction et de répulsion entre nous ; comme une sorte de danse macabre alors que des coups résultent des moments où nous sommes en contact. Deux camps qui s’affrontent avec la même envie de victoire et l’idée de laisser le moins de terrain possible à l’ennemi. Perdre face à un mioche arrogant est la pire humiliation que je puisse subir. Alors fort de mes années d’expérience en tant que super-vilain, j’ai bien l’intention de tenir le rythme. Je sais économiser mon énergie et placer ma force là où elle s’avère la plus efficace et la plus percutante. Là où lui est un pur novice sans la moindre expérience de combat réel ou scénarisé, moi j’ai mes avantages d’ancien vilain employé de la Flander’s Company. En théorie, cette idée commence à faire son effet : bientôt, il va se mettre à souffler comme un cheval et je n’aurai dès lors qu’à porter le coup fatal. Dans la pratique cependant, il doit bien se rendre compte qu’il est en position de faiblesse et c’est sans doute pour ça qu’il tente une sorte de coup de la dernière chance. Il parvient à peine à esquiver et ses poings ne m’atteignent plus vraiment. Il exécute une dernière esquive et là, là, je me dis que c’est le moment ou jamais. Je commence à fondre une nouvelle fois dans sa direction avant de m’arrêter in extremis quand j’aperçois ses deux mains en feu. « Tu es si misérable que tu n’arrives même pas à me tenir tête sans utiliser ton pouvoir. », et c’est là la différence fondamentale entre moi et ce gamin. Même sans avoir recours à mon pouvoir, je reste un vilain qui sait se battre et dont il vaut mieux se méfier. Lui, quand il doit faire sans son don, il est quoi... ? Un moldu, oui, ça lui va bien. Il grappille quelques secondes mais je refuse de lui laisser davantage de temps pour se remettre. Ni une, ni deux, je lui fonce dessus ; une nouvelle idée en tête tout en ayant conscience qu’il faut que j’évite ses mains.

Résultats des dés:

Un sacré coup de bol. C’est l’explication officielle qui sortira de ma bouche si jamais on me demande comment j’ai fait pour ne pas réussir à l’attraper alors qu’il est fatigué. Sentant la chaleur, je recule instantanément mais un coup d'œil en direction de mon bras gauche me fait grogner. A cause de ce sale morveux, ma chemise a rossi de mon poignet à mon épaule. Monsieur doit se sentir fier tout à coup mais il ne devrait pas. Il ne devrait parce qu’il va payer, au sens figuré comme au sens propre. En attendant, mon adversaire est le seul à utiliser son pouvoir et je n’attends pas pour envoyer une pique à ce sujet. Pique qui n’aurait pu faire davantage mouche qu’à cet instant. « Je suis seulement réaliste. », je réplique, sourire mesquin sur le bord des lèvres.  « Ça rassurerait ton égo de savoir que j’en ai pas ? Ne t’embête pas, même en l’utilisant, t’es loin d’être à armes égales avec moi. », et ce crétin qui discute au lieu d’en profiter pour agir. Ce même crétin qui ne sait visiblement pas qui a précisément fait exploser des pans entiers des murs de son ancienne école avec l’un de leurs propres bazookas factices. Qu’il pense que je n’ai pas le moindre pouvoir si ça peut le rassurer ; pour ma part, il n’est pas question que je dévoile aussi facilement toutes les cartes que je peux avoir dans ma manche. Il veut voir ce que je peux encore faire ? Aucun problème, il suffit de demander. Le combat reprend sans plus attendre alors que l’apprenti héros parvient encore à esquiver et à porter quelques attaques. Rien qui soit réellement dangereux, cela dit. Jusqu’à ce qu’il ait apparemment envie de passer à une vitesse supérieure.

Les coups s’enchaînent d’un côté comme de l’autre sans plus désigner un vainqueur. Aux termes d’une suite d’attaques, ce morveux décide d’effectuer une pirouette. C’est tout ce que j’ai le temps de voir avant de sentir, au niveau de la hanche, une douleur qui me coupe le souffle sur le moment. Oh, d’accord, ce coup-là, il fait quand même bien mal. Un rictus de douleur vient déformer mon visage le temps que j’arrive à faire abstraction. Je refuse de me faire mettre à terre par un gamin pourvu d’une arrogance capable de faire pâlir certains vilains. L’apanage des héros, ce n’est pas l’humilité, normalement ? Ce n’est pas ça que ses professeurs sont censés lui enseigner ? A moins qu’ils aient essayé avant de constater que c’est un cas trop désespéré. En y réfléchissant, ça ne serait pas spécialement surprenant. Ou autre possibilité : les héros sont encore plus laxistes que je ne le pensais. Je ne suis pas familier de leurs méthodes d’apprentissage mais c’est une option qui me semble tout à fait plausible. Et puis, ça expliquerait pas mal de choses concernant ce gamin. Cela étant, il n’est pas l’heure de faire de la psychologie de comptoir. J’ai une rouste à mettre à un allumeur. Je me force à passer outre la douleur - j’ai connu des héros qui tapaient plus fort que lui - et je me contente de parer et esquiver tant bien que mal ; attendant patiemment qu’il fasse une erreur, qu’il laisse simplement entrevoir la faille dans laquelle je vais pouvoir me glisser pour frapper un grand coup. Ma patience est récompensée lorsque je la vois de mon œil aguerri. Sans plus attendre, je prépare mon poing droit que j’envoie en plein dans le creux de son estomac avec la ferme intention d’en terminer.

Résultats des dés:

Je sens que la tendance commence à basculer et c’est une sensation qui ne me plaît pas du tout. Me faire rétamer par un jeune blanc-bec n’est pas franchement dans ma to-do list. Alors même si son coup de pied façon voltigeur me fait putain de mal, je refuse d’abandonner. J’ai une réputation à tenir et il est hors de question qu’elle se retrouve entachée par un prétentieux apprenti-héros dans son genre. Conservant ma rage de vaincre et mon refus de perdre, je fais mon possible pour parer et esquiver - selon ce qui est le plus approprié - les coups qu’il enchaîne avec une hargne décuplée. Je dois reconnaître qu’il en veut mais c’est aussi mon cas. Peut-être qu’il retient ses attaques, peut-être qu’il n’est plus en mesure de frapper aussi fort qu’au début. Ce serait logique aux vues de cet affrontement qui s’éternise. Pourtant, le coup de pied de tout à l’heure me laisse tout de même penser qu’il en a encore dans les muscles. Qu’importe, ce n’est pas mon problème s’il décide de frapper comme un faible. Quoi qu’il en soit, il me paraît évident qu’il ne se bat pas comme le ferait un véritable héros. Là où eux sont normalement guidés par le désir de protéger la population, ce garçon suit plutôt son envie de vengeance. Une attitude plus que malsaine pour un soi-disant défenseur de la loi et des opprimés. Personnellement, ça me fait sourire quand je m’en aperçois. Il peut bien dire ce qu’il veut, les faits sont là : il n’est pas un saint. C’est justement ce qui risque de lui coûter une potentielle victoire. Il maîtrise moins ses coups, je le remarque et j’ai bien l’intention de me servir de sa mauvaise gestion contre lui.

Je ne sais pas pour quelle raison il perd momentanément mais de façon nettement perceptible sa concentration sur le combat et je m’en moque. Ce qui compte, c’est que cet instant d’inattention est celui que j’attendais pour passer à l’action. Mon poing prêt à percuter son estomac, je n’atteins pourtant pas ma cible qui, par un miraculeux réflexe, parvient à se déplacer in extremis sur le côté ; évitant de justesse un coup possiblement fatal qui ne fait qu’érafler son torse. Autant dire que c’est passé à ça de lui porter l’attaque finale. J’avais préparé mon poing de façon à ce qu’il ne puisse pas se relever en le recevant. Il n’est pas temps de me demander comment il a réussi. Il faut enchaîner, ne pas lui permettre un seul instant de répit. Du moins, c’était mon intention... Sauf que sur cette action, le gamin s’avère plus rapide que moi. Il utilise mon épaule à proximité pour me propulser plus loin, accentuant la force de son coup par l’appui d’une jambe placée en arrière. La force de la propulsion m’envoie contre un mur et la rencontre de mon dos avec ce dernier me fait grogner de douleur. Quel sale petit merdeux... « Dit celui qui se retient de souffler comme un boeuf. », je rétorque en me relevant tant bien que mal. Je vois bien qu’il faiblit au fur et à mesure des minutes qui s’égrènent. Je suis peut-être plus vieux et moins souple mais j’ai bien plus d’endurance que ce mioche. Du reste, je ne suis pas idiot, j’ai bien conscience que le premier à porter un grand coup va sûrement remporter ce duel et je n’ai pas l’intention de lui laisser ce plaisir. Il me cherche avec sa fierté mal placée et son égo de pseudo héros ? Très bien, je vais répliquer et pas plus tard que maintenant. Ce serait bête de lui laisser le temps de la réflexion. N’ayant heureusement pas atterri trop loin du garçon, tentant un croche-patte dans un premier temps avec l’intention de le faire chuter et d’enchaîner sur la saisie de son col d’une part ; puis, une fois immobilisé, je pourrai lui donner un dernier coup.

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