Pluie a plutôt un visage neutre. C’pas qu’elle tire la gueule, elle râle pas souvent, elle gueule presque jamais. Elle a juste un visage dénué d’expression. Par contre, quand elle sourit et qu’elle s’éclate, son sourire s’élargit si fort qu’il déforme son visage et on se demande si sa mâchoire va pas s’bloquer. Et pourtant là, Pluie n’a pas du tout envie de rire. Oh oui, elle tire la gueule. Ca se voit pas, le visage reste impassible mais elle tire la gueule sévère. C’est quoi cette fanfreluche qu’elle a comme colocataire, là ? Elle cligne des yeux tranquillement, sac à dos toujours sur l’épaule et son gros sac aux couleurs de l’armée dans l’autre. Elle vient d’arriver et l’autre elle a déjà envahi tout l’espace. Pluie, elle reste sur le pas de la porte, elle pénètre pas dans ce havre trop girly et trop superficiel. JAMAIS.
“OOooooh c’est toi ma colocataire ?!” La voix aïgue perce les tympans de la blasée. Son regard la transperce de haut en bas. Elle juge Pluie. Elle juge très très fort. Elle peut pas. C’est au dessus de ses forces. Pourtant, en général, elle tolère bien les autres, c’est… L’autre lui saute dessus et la prend dans ses bras. Pluie se fige, pas tactile pour un sous. Y’a son visage qui grimace, ses muscles se tendent, ses poings se serrent tandis que ses bras se collent à son flanc. C’est au-dessus de ses forces. Après une éternité, elle la lâche enfin et lui renvoie en pleine face la réverbération de son sourire qui aveugle ses prunelles si claires.
“Je ne suis pas ta colocataire, tu es beaucoup trop insupportable.” Sans demander son reste, et face à la mine déconfite de Barbie, Pluie s’avance dans le couloir. La voilà SDF à présent. Merde. Elle arpente le couloir jusqu’à apercevoir une porte ouverte. Une chambre. Y’a un type dedans. Il a l’air jeune, bien moins casse-couille que Barbie. Pluie hausse les épaules et entre. Ca sera sa chambre, c’est décidé.
“Salut ! “ Elle entre et dépose ses sacs sur le lit vide “t’es pas mon coloc mais l’autre m’a brisé les oreilles.” Pluie, elle lui demande pas son avis et commence à ouvrir son sac. Elle, elle a pas grand chose. Les mains sur une pile de T-shirt elle se tourne vers lui, sourire large : “J’m’appelle Pluie et toi?” Elle s’avance jusqu’à son armoire et ajoute : “Tu connais les bails ici ? C’est ma première année. Les gens ont l’air abrutis. Toi ça va, t’as une bonne tête.”
(c) DΛNDELION
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Mer 21 Aoû - 15:50
It's electrifying.
La rentrée pointait le bout de son nez et la toute première activité que les élèves devaient faire était de prendre place dans leur dortoir attitré accompagné d'une possible colocation de bonne ou de mauvaise augure. Wyatt n'avait pas à se plaindre. Bien qu'il trouvât cela très injuste le prestige qu'avait le droit un fils ou une fille à papa. Tout en ayant clairement pitié des fonds-de-placard.
D'aussi loin qu'il puisse se souvenir, il avait toujours partagé sa chambre avec plusieurs de ses frères malgré l'étroitesse de l'endroit. Ici, non seulement il avait le droit à une chambre bien plus grande que celle qu'il avait abandonné en Irlande, mais en plus il n'avait qu'un seul colocataire. Plus de place voulait aussi surtout dire qu'il allait moins trébucher sur les affaires posées sur le sol. Quoique à bien y regarder, là tout de suite, le côté qu'il avait investi ressemblait à un champ de bataille. Finalement renverser son sac de fringues sur son lit et sur son sol, dans la foulée, n'était en soit pas une si bonne idée. Bien que cela puisse lui donner une vue d'ensemble !
La porte était grande ouverte, l'adolescent n'ayant pas pour coutume de fermer les portes sauf quand il avait quelque chose à cacher. Retroussant mentalement ses manches, il avait commencé à piocher ses vêtements, les balançant sur une des étagères de l'armoire grande ouverte. Même si ce n'était pas plier, après tout à quoi bon plier quelque chose qui allait être mis un jour ou l'autre, il tâchait de faire un tri entre les différentes étages, ne mettant pas les haut et les pantalons ensemble par exemple. Il était d'ailleurs en train de lancer un caleçon en boule telle une attaque de dragon ball quand une invitée surprise avait débarqué dans la chambre. Wyatt avait lentement tourné la tête dans la direction de la demoiselle.
"- Yo ! Fait comme tu veux."
Il avait hoché les épaules d'un je-m'en-foutisme, puis avait balancé son caleçon à l'étage correspondante de son armoire. Il s'était tourné vers la dénommé Pluie pour se présenter à son tour.
"- Wyatt allias electrode !"
Le rouquin, tout en continuant de parler, avait repris son lancement de fringues avec une certaine rapidité quelque peu ralenti par les fois où il manquait de se croûter tout seul.
"- C'est ma première année aussi. Tout ce que j'ai retenue des informations sur le règlement chiant c'est que le couvre-feu est à 23h du dimanche au jeudi et qu'on doit porter des fucking d'uniformes à 150€."
Il avait repêché l'uniforme complet de sa vague de fringues restante, le pantalon, la chemise blanche, le blazer aux traits rouge et la cravate de même couleur. Il avait déposé le tout plus soigneusement que le reste sur sa chaise de bureau. Il avait pivoté d'un coup en direction de Pluie.
"- Dit tu sais nouer des cravates ? Car moi, c'est mort, j'ai jamais porté un truc comme ça."
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