Bon sang. Évidemment qu'elle devait tomber dans sa semaine PILE quand son père donnait son cours de défense. Ces trucs n'arrivaient jamais dans une bonne période. Quand tu avais rendez-vous avec ton mec, sans l'avoir vu depuis longtemps. Le jour du bal de promo. Ou même pire : Lors des vacances à la plage ! C'est donc officiellement pliée en deux, le ventre en vrac et l'envie de tuer le monde qui l'entoure que Leïla s'était dirigée jusqu'à l'infirmerie.
Ok. Elle était quand même bien contente que pour cette fois, ses crampes la dispense de participer au cours de son père. Taper sur les autres... c'était moyennement son truc. Ou plutôt : se faire taper dessus. Elle n'était clairement pas masochiste !
- M'sieur Tolan ?
La voix de la jeune fille retentit tandis qu'elle ouvrait la porte sans même avoir cogné. Bon sang. Une crampe faillit lui tirer une grimace sur le visage qu'elle ne put contenir qu'en serrant les dents.
- Le prof' m'a envoyé ici, j'ai mon billet.
Ses doigts pincent le papier sur lequel le professeur -son père- avait indiqué son nom et sa signature. Son regard zieute alors droit devant elle, tandis qu'elle affiche clairement sa surprise sur son visage. Il s'était barré où l'inf ?!
- P'tin, allez, j'ai juste hâte de me foutre une bouillotte sur le ventre. Il est où sérieux ?
How unexpected...Kaan Tolan & @Leïla PiseI see you windin’ and gridin’ up on the floor, you know I see you lookin’ at me and you already know. I wanna kill you ( kill you ), you already know, girl. (I wanna love you → Akon ft Snoop Dogg)Certaines journées sont remplies d’imbéciles, à un tel point qu’une cinquantaine peut défiler dans ton bureau. Tu as même atteint le pic de la centaine de parasites crétins une fois. D’autres journées sont calmes et parfaitement vides, te permettant de mater toute paperasse et de t’adonner à quelques... fantaisies. Ces journées-là sont plus fréquentes que les premières, et c’est bien une journée vide qui t’attend. Enfin... pour l’instant, la matinée s’est déroulée sans accrocs. Personne n’est venu te faire chier ou te déranger dans ton bureau, ce qui est assez inespéré dans le coin. Bon, Mademoiselle Mila t’a bien appelé pour te dire d’extorquer de l’argent à un fils à papa, ce dont tu t’es occupé sans te poser de questions. Après une course poursuite qui a réussi à s’éterniser durant cinq minutes, tu as fondu sur la malheureuse et as réglé l’histoire en dix minutes, montre en main. Une personne traumatisée de plus au compteur. En même temps, s’ils sont pas foutus de régler les notes à temps alors que c’est la seule raison de leur présence ici... Tu hausses les épaules. Tu t’en fiches, au fond. En surface aussi, te dirait-on – à raison.
Les mains dans les poches, ton éternelle et agaçante indifférence greffée au visage, ton regard acéré fixe avec une rare profondeur et intensité le traité de biologie quantique dans ta main. Comme d’habitude, tu fixes un point sans forcément te concentrer que sur lui ; ton champ est plus large, plus global. On ne sait jamais d’où va surgir un ennemi, dit-on dans l’armée ; quand on a un champ large, on sait que l’ennemi ne peut nous surprendre. Toi, paranoïaque ? Du tout. Toi, éduqué par Hadès. La nuance est de taille. Tu continues de lire ton ouvrage tout en marchant dans les couloirs, retournant à ton bureau d’un pas leste. Tu t’arrêtes à quelques pas de l’entrée de ton bureau quelques instants plus tard, sans entrer. Trop absorbé par ce que tu lis ? Oui. Parce que la porte est ouverte et que tu as entendu une voix parler de billet ? Oui. Parce qu’il te faut un certain temps pour te faire à l’idée de parler avec un humain ? ... Aussi.
- « P'tin, allez, j'ai juste hâte de me foutre une bouillotte sur le ventre. Il est où sérieux ? - Bonjour mademoiselle Pise. » Dis-tu enfin en refermant la porte, le tout derrière elle.
Précisons que tu es actuellement en train de t’éventer avec un traité qui fait la taille de trois tomes d’Encyclopédies Universelles. Tu t’avances vers ton bureau, prenant son billet au passage, et ranges ton ouvrage. Tu poses le billet dans un coin, à côté de la paperasse que tu as rétamé, rangé et... bon, ok, t’en as classé que la moitié. Bref. Tu fais un volte-face vers la demoiselle et, cul calé sur le rebord du bureau, mains calées de la même manière de part et d’autre de ton corps, tu plantes ton regard acéré et désintéressé dans le sien.
- « Qu’est-ce qui vous amène exactement ? »
Que tu saches si tu la congédies dans la salle de repos avec une bouillotte ou si tu accompagnes le tout de médicaments. Sait-on jamais... Enfin, vu la tête qu’elle tire et le positionnement cambré de son corps, tu as déjà quelques pistes sur son mal. Mieux vaut une certitude qu’une supposition cela dit, surtout en médecine. Et elle a intérêt à se grouiller, t’as pas toute la matinée non plus. :copyright: 2981 12289 0
Son air dépité semble disparaître tandis que l'homme apparaît de nul part, la faisant sursauter. Cette expression impassible collée sur son visage ne lui facilitait pas la tâche quant à savoir ce qu'il pensait réellement. Ou du moins... Dans quel état d'esprit il était. Devait-elle se braquer parce qu'il n'en avait strictement rien à faire ? Devait-elle comprendre qu'il se souciait moindrement de son travail, puisqu'il avait prit son billet ? Non, il ne l'avait même pas lu au final... Bon sang qu'elle n'aimait pas les gens inexpressifs. Impossible de prédire ce qui allait se passer avec tout ça. Ni même savoir quelle attitude adopter en réponse à son état d'esprit du moment. Quelle plaie...
Qu'est-ce qui la menait ici ? Urgh, vrai. Il ne lisait pas dans les pensées. Elle devait donc se retenir de lui faire de l'attitude et agir de manière mature. La lumière se tamise alors d'elle-même, tandis que le regard perdu dans le lointain, Leïla tourne la tête lentement jusqu'à l'Infirmier.
- Je suis malaaaade... ♫
Se rendant compte que son don venait de se déclencher sans même crier gare, la jeune fille hoquette de surprise. Plaquant sa main droite sur sa bouche, elle fronce les sourcils, fâchée après elle-même. La lumière revint alors à la normale, tout comme l'ambiance mélancolique. Sa main retombe mollement le long de son corps, elle était découragée. Privée de pouvoir parler sans se ridiculiser, Leïla mime d'un geste de la main qu'elle ne peut plus parler. Elle osait espérer qu'il comprenne qu'il s'agissait du supposé contre-coup de son don... Sinon elle allait devoir improviser. Comme d'habitude.
Pinçant ses lèvres tout en levant le regard vers le plafond, elle se mit à réfléchir. Son regard s'éclaire quand elle pense avoir trouvé la solution. Elle se plie en deux tout en exagérant une grimace sur son visage, se tenant le ventre. Après s'être redressée, elle mime alors des larmes en glissant ses index le long de ses joues tandis que ses traits se tordent dans une expression de tristesse.
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