Journée shopping entre mecs raffinés [Orian et Virgile]

Savez vous ce qui est plus important que les réunions business ? Les réunions de familles. Chez les Harker c'était sacré.
Et à l'image d'un méfait bien accompli, le secret d'un bon meeting familial c'était la préparation. Chacun avait son rôle, mais surtout chacun devait se montrer présentable. Coquetterie ? Peut-être. Officiellement les Harker avaient fait de l'élégance une marque de respect envers leurs invités (ou leurs hôtes selon le contexte).

Bref, officiellement par respect, officieusement par coquetterie, ce bon vieux Virgile Harker avait décidé de s'acheter un nouveau costard. L'anniversaire de son neveu Adolphus Archibald (Nino pour les intimes) était bientôt, et il fallait au moins égaler la classe de celui qui avait séduit le diable (c'était un des surnoms que la famille donnait à la génitrice d'Orian (c'était un compliment)).
Et qui disait costume, élégance, prestance disait également Orian Harker. Le petit neveu du vieillard était lui aussi de la sortie. Tous deux étaient prêts à dévaliser les boutiques des quartiers chics de Paris.
Premier arrêt : la boutique Hermes. C'était bon marché, on pouvait trouver des vestes classiques à seulement 2900€ (une affaire !)

Tous les prix indiqués dans ce RP sont réels. Source :

Spoiler:

Pour le Parrain, l'élégance était un créneau de vie. Et qui disait élégance, disait renouvellement régulier de la garde-robe. Certes, Orian, avec son expression altière et ses boucles soyeuses, serait toujours à la pointe de la classe, aurait-il été vêtu d'un sac poubelle. Néanmoins, il aimait la mode, les tissus aux couleurs chatoyantes, les compliments qu'on lui déversait dès qu'il venait s'admirer dans le miroir, la richesse brandie en étendard sur sa peau. Il lui tardait donc de découvrir la collection printemps-été 2021. Quelle meilleure prétexte que l'anniversaire de son père pour aller faire des achats? Lorsque Virgil, son grand-oncle, lui avait parlé de son projet, Orian avait immédiatement décidé de se joindre à lui. Il aimait bien la compagnie de Virgil, notamment le fait qu'il le reconnaissait à sa juste valeur - comme un génie du mal.

-Tout va bien tonton, il n'y a pas de sale balance, ici? demanda gentiment Orian à son grand-oncle.

Mais il y avait une balance dans la pièce: un fichu touriste américain. Alors Orian s'approcha de lui, et lui susurra quelque chose à l'oreille. Après ces quelques mots, l'homme blémit et sortit de la boutique en quelques pas empressés, abandonnant sur place tous ses achats.

-Voilà conclut le jeune homme avec un sourire ravi.

Dans la boutique Hermès, Orian se mit aussitôt à examiner les pièces d'un oeil expert. A vrai dire, la marque cavalière ne comptait pas parmi ses favorites - mais il fallait être stratégique pour des sorties shopping, et toujours garder le meilleur pour la fin, autrement où était le jeu? Critiquer qu'un oeil fin les collections était toujours très divertissant. Le péché mignon d'Orian dans ces petites marques d'entrée de gamme, c'était plutôt Yves-Saint-Laurent (et un peu Prada...).

Il passa la veste "Stadium Light Réversible", et si les compliments des vendeurs et vendeuses pleuvaient, il afficha une moue peu convaincue.

-Je ne sais pas trop... J'aime bien cette fermeture éclair. Mais ces boutons? Je trouve cela bien rustique. C'est bien coupé, mais ce n'est pas très original. Montrez-moi autre chose. Tu trouves quelque chose de convenable tonton?

Virgil n'était pas du genre à souvent sortir de chez lui. La vieillesse était une raison, bien sûr, mais surtout les balances étaient un supplice pour lui. Evidemment en plein Paris il y en aurait tôt ou tard. Et comme "ivresse sur la voie publique" était un délit, le vieil homme s'était abstenu de boire.
Ca n'avait pas loupé, un saligaud né début octobre était dans la boutique de luxe.

C'est plus élégant en noir ou en marron ?
Faut que je pense à inviter Manu pour parler business.
Cette chemise est hideuse.
Pourquoi il me regarde comme ça le vieux schnock ?

Virgil commençait à se sentir mal, mais heureusement Orian était le neveu parfait et il s'était débarrassé vite fait bien fait de ce gêneur.

"Merci mon grand."

Mais l'air était pollué par la présence de l'autre balance. Le cœur n'y était plus, Virgil ressentait du dégoût pour cet espace. Les vestes et les pantalons ? Il y avait sûrement touché.
Dégueulasse.
Il n'osait même pas regarder réellement. Rien ne lui plairait, c'était une question de principe. Alors quand Orian lui demanda son avis, le vieil homme saisit la bouée de sauvetage.

"Je ne comprends pas. On est à Gemo ? Tout ici semble valoir un centième de son prix. Aucune originalité, la finition n'est pas à la hauteur." puis se tournant vers l'une des vendeuses "Est-ce que vous avez au moins des chaussures qui volent. Ou au moins dont le confort donne l'impression de planer ?"

Vous vous souvenez de la fiche predef qui qualifiait le vieil homme de "tonton malaise" ? Il était sur le point de le redevenir.

La sale balance était partie, mais Orian se rendait bien compte que son grand-oncle était encore contrarié... (et il avait bien raison de l'être, Virgil méritait bien de la tranquillité dans sa vie). Et pour couronner le tout, la boutique Hermès semblait avoir plagié les produits du lidl du coin.

"Nous sommes bien d'accord... Les costumes sont à peine corrects, mais ce sont le produit du recyclage du recyclage du recyclage d'une saison précédente. Et regarde-moi ce t-shirt, 500 euros pour ce motif bleu absolument quelconque? Je ne l'utiliserai même pas en tant que torchon pour le service d'entretien tellement il est laid. Si on ne peut même plus faire confiance aux marques de luxes...

Orian n'était pas du genre à critiquer son époque, au contraire, il l'adorait, mais cette fois, pour faire plaisir à son tonton, il adopta un discours qui fleurait bon le "c'était mieux avant", qui placerait Virgil comme un expert en matière de goûts ("de son temps, la haute-couture française était le symbole de l'élégance, d'ailleurs c'était toujours nos couturiers qui habillaient les plus célèbres des vilains, dans le monde entier").

Virgil voulait essayer des chaussures?

La vendeuse afficha un regard désespéré quand ce vieux se mit à parler de chaussures qui volent. Sur quels tarés était-elle encore tomber?

"Nous n'avons pas de chaussures qui volent, non... Il paraît que cela n'a pas encore été inventé. Mais nous avons beaucoup de chaussures très confortable, je vous en apporte une sélection. Pouvez-vous me donner votre pointure?

Elle réapparut quelques temps plus tard avec une série de boîtes, tandis qu'Orian essayait un sweet à capuche bleu en cuir, d'une valeur de 11 000 euros. Puisque de toute façon, il ne trouverait pas l'élégance voulue pour le costume pour l'anniversaire de son père, autant regarder le reste. Il s'admirait dans le miroir avec un air d'intense concentration. Il ne trouvait pas cela ni beau, ni élégant, ni original, mais ce degré de provocation à coup de richesse ostentatoire pouvait avoir son intérêt...

"Mettre un vêtement pareil, c'est comme acheter une soi-disante oeuvre de Jeff Koons... Je ne sais pas si c'est de la nullité ou du génie: cette pièce manque terriblement de style, mais elle hurle la supériorité du porteur au reste du monde par son prix... Cela dit, la brillance de mes boucles suffit à faire passer ce message en un instant, non? Qu'en penses-tu tonton?

Pendant que le petit démon sortait cette tirade, les boîtes à chaussures furent ouvertes. A l'intérieur? Les sneakers éclair à 620 euros, les sneakers flex à 710 euros, les mocassins écume noirs à 660 euros et les sneakers easy à 830 euros.

Une paire retient-elle votre intérêt, monsieur? demanda la vendeuse, qui avait pourtant hâte de s'en débarasser.

[HRP: toutes les sneakers sont visibles ici: Click ]