♫ C'est un ivrogne ♫ ça se voit rien qu'à sa trogne
Le quartier de la Bastille possède bien des visages. Pour beaucoup, dont moi-même, il s’agit du sanctuaire de la décadence alcoolique, de l’église du vin et du Vatican de la binouze. Comment cela, j’en fais trop? Bon d’accord, peut-être un petit peu, je le reconnais. En tout cas, le point à retenir, c’est qu’il y a beaucoup de bars et donc une activité nocturne développée. Bon, il y a bien un petit patrimoine historique, certes, mais j’étais certainement pas venu ici un samedi soir pour jouer à l’historien. Maintenant que j’y pense, on peut y trouver une boutique spécialisée dans les cartes à jouer aussi mais, aussi tentante soit-elle, je suis pauvre.
Oh pauvre étudiant sans-le-sous que je suis, comment pourrais-je donc bien me mettre une race dans un tel endroit sans me ruiner? Et bien pour cela, j’avais un plan absolument génial: me faire payer mes consos. J’étais donc parti faire un tour au Jésus à la recherche d’un groupe de piliers de bars à amuser avec des jeux de mots en échange de leur amitié alcoolisée et, plus important, des bières qui allaient avec, une fois la seconde partie de mon plan débutée: Dire que je devais partir car je n’avais plus d’argent. En d’autres termes, mon plan était de prostituer mon pouvoir et d’obtenir des verres de pitié. J’avais bien dit qu’il était génial.
Je rentre donc dans l’établissement et, de mon œil de lynx, je tente de localiser quelques bons poivrots. La première salle n’avait pas l’air bien intéressante malgré le bruit ambiant. Ballec', le véritable ivrogne des bars est une créature troglodyte après tout. Mon gibier était donc probablement plus loin, à défaut d’être à coté de sa fontaine de jouvence. Mais le problème dans ce genre de situation est l’intégration à la masse. Voyez-vous, le bar où est servi la boisson est un lieu de rassemblement et de partage ou tous viennent s’abreuver. Il est donc facile de taper la discut’. Mais dans les salles du fond, il faut se faire passer pour l’un des leurs ou avoir quelque chose à offrir en échange: De la bouffe.
«J’te prend une pinte et du pâté!» dis-je, tendant l’argent au patron. Me voilà armé pour le combat. Je m’en vais donc dans les salles du fond, cherchant ceux qui rentabiliseront mon investissement. Sur le chemin, je vois un gars passer avec un verre d’eau… Si tôt et déjà la PLS, quelle tristesse. Quelle tragédie même!… Je m’en vais donc le suivre après quelques secondes dans l’espoir qu’il me mène à ses amis qui ont du bien boire aussi. La traque avait commencé. Le temps que j’arrive et il s’était déjà installé à une table, seul… Et donc inutile. Sauf qu’il transforme son verre d’eau en verre d’un liquide rouge sous mon regard terriblement trop sobre pour s’attendre à ça. Il y avait-il seulement un taux d’alcool à partir duquel on commence à envisager de voir ça en fait? Ni une ni deux, je m’installe en face de lui, exposant le pâté comme l’argument clé qu’il était.
« Pâté? » dis-je, exhibant mon plus grand sourire « J’suis Coby mais on s’en fout, s’juste l’histoire d’être poli… Ah, ça fallait peut-être pas le dire en fait, ça fait moins d’effet après… Bref, sympa l’eau rouge. Grenadine?» Je le regarde vite fait, le verre hein. Ouai non, ça n’avait pas l’air d’être de la grenadine.
Ah, Paris. Son temps gris, ses habitants, ses boutiques excessives, ses habitants, ses personnes en costard sur les trottinettes électriques et… Ses habitants ? Plus les jours passaient et plus Neville se rendait compte de quelque chose : les rues de Marseille lui manquaient ! Avec ses bourrés marginaux du cours Julien et leurs chiens… Avec ses kébabs brillant de gras… Ses bars gaming ou l’ambiance permettait à merveille de rejoindre n’importe quel groupe de randoms… Pour tâter de n’importe quel jeu, ouvrir une discussion avec la personne la plus BG de la bande, puis tâter autre chose un peu plus tard et en toute intimité… Si les habitudes avaient la vie dure pour le paumé qu’était Neville, ici, c’était tout autre chose : il n’osait toucher à personne. Tout comme il n’osait parler à personne en fait. Tous semblaient sortir des plus grandes écoles et s’appeler Messieurs et Mesdames De. Bon, ça, c’était l’image qu’ils offraient avant de se déchainer comme des assoiffés dans les bars et de finir la cravate sur la tête… Et ça donnait encore moins envie au bouclé de s’y joindre. Alors le mieux à faire, quand les cours étaient terminés et qu’aucune révision ne le retenait, c’était d’aller tout simplement se bourrer la gueule seul. Parce que oui, lui, il a le droit de se bourrer la gueule sans paraitre plus alcoolique que ça : Il ne brillait pas comme les autres. Oh, bien sûr, à l’Institut, il irradiait : On aurait dit que chaque néon du batiment était fait pour faire ressortir les bordures dorées de son uniforme. Mais une fois les limites du terrain Trueman dépassé, Neville se noyait dans la foule.
On finissait par le connaitre dans le bar, ou tout du moins, les serveurs : il était ce mec qui commandait d’innombrables verres d’eau mais qui finissait toujours bourré comme un coing à la fermeture. Il arrivait avec son sourire et ses cernes de camé et ressortait avec un teint livide, à la limite de gerber, titubant comme le dernier des abrutis. Un véritable clown mais qui n’était pas dérangeant pour autant. Ni assez intéressant au final pour qu’un des employés du bar ne se demande comment il pouvait terminer dans cet état. Le plus innocent de la bande, lui, pensait naïvement que Neville offrait de l’eau à ceux décuvant dans les chiottes. Un brave samaritain quoi !
« Hey Gino, tu me sers un verre d’eau s’teup ? Dans un graaaaaaaaaand verre ! Et fais pas le radin, rempli bien ! » commanda-t-il avec son habituel sourire, avachi sur le bar, s’amusant à se surélever les jambes et en les balançant gaminement dans le vide quelques secondes avant que son verre n’arrive. « Meeeeeeer-ci ! » Une pièce d’un euro posée sur le comptoir pour le fameux Gino (qui ne s’appelait absolument pas Gino), Neville prit la direction de la salle du fond : éloignée des grosses basses, assez sombre comparé aux autres pièces, la pièce se montrait plutôt intéressante en proposant divers scénarios dans le coin. Refermant la poche servant de porte-monnaie pour la soirée (car oui, même s’il ne prenait que de l’eau ici, pouvant se souler tout seul comme un grand, il tenait à remplir les pourboires des braves employés qui lui permettait de boire entouré et non tout seul dans sa chambre…), Neville remua d’un air pensif son verre d’eau qui ne prit que quelques secondes pour s’empourprer. L’envie de boire était là, mais inviter Pyrostructor à ce bar l’avait lancé dans un débat mental si profond qu’il manqua de sursauter quand quelqu’un s’incrusta à sa table.
Un jeune homme. Jeune dans le sens… Plus jeune que Neville qui s’approchait de la trentaine. Il se méfiait des gamins qui arrivaient comme ça devant lui, surtout ceux présentant du paté. Il voulait l’amadouer ? Avait-il tapé dans l’œil du gosse ? Autant il ne faisait pas dans la garderie, autant le plat proposé… N’était pas à snober. Ni l’humour du mioche d’ailleurs, qui fit sourire le pseudo super-vilain qui le laissa d’abord finir son monologue.
« Neville pour moi. Ça peut être cool à savoir les prénoms je trouve. » dit-il en haussant les épaules, buvant une gorgée de sa grenadine avec amusement. « Yep, une grenadine pas autorisée aux mineurs. » Parce qu’il ne voulait pas avoir de problème avec ceux du bar, même si en soi, le minot avait une pinte de bière. Mais bon, la bière, c’était pas de l’alcool, et ça pouvait très bien être du panaché après tout ! « Sympa ton panaché. » se moqua-t-il, observant le paté avec envie, attendant quelques secondes avant… Finalement se servir sur un des morceaux de pain. « Thanx p’tit, j’avais la dalle. » Il finit par croquer dans le pain, curieux… Tout autant que son compagnon de table par rapport au vin. « Prouve-moi que t’es majeur et tu peux y gouter. » Parce qu’il avait beau être brave (pour ne dire que ça) il préférait vérifier : il n’était pas question que les flics l’arrêtent pour avoir soulé un adolescent ! Il devait garder son casier judiciaire vierge, et c’était déjà assez compliqué comme ça… Alors oui, il préférait passer pour un trentenaire soit-disant responsable et donc barbant, il se rattraperait par la suite !
Code par Melody
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Lun 14 Oct - 21:55
♫ C'est un ivrogne ♫ ça se voit rien qu'à sa trogne
Et un sourire arraché, un! Ma première impression avait été bonne, ce qui était une bonne nouvelle pour mon plan et, pour couronner le tout, le pâté semblait lui aussi faire son effet. Enfin, comment lui en vouloir après tout? Même moi j’avais du mal à résister à mon propre appât. Oserais-je penser que ça envoyait carrément du pâté, comme technique? Il semblerait bien que oui. Heureusement que mon pouvoir ne s’activait pas par la pensé n’empêche, ça aurait clairement été une autre paire de manches de le gérer.
- De la grenadine interdite aux mineurs, hein? C’est pas très gentils pour eux, déjà qu’ils voient pas beaucoup la lumière du jour…
Suis-je fier de ma connerie? Oui, clairement. Et quitte à parler de mines, autant s’enfoncer.
- Allez, ne fait pas cette m- *ahem* cette tête, j’aurais pu en sortir une pire.
Okay, c’était pas passé loin cette fois. Je calme ma langue trop pendue en avalant goulûment quelques gorgées de bières, tandis que ce Neville attaque le pâté. Meh, pas terrible la boisson. De la pisse d’âne comme on dit chez moi. Enfin, comme on disait avant que mes petits talents ne s’en mêlent. Bref, j’aurais dû prendre du cidre ou un punch.
- Prouves-moi que t’es majeur et tu pourras y goûter.
Je manque d’avaler de travers face à cette outrage. Genre, de tout ceux qui auraient pu me demander mes papiers, c’était le gars changeant l’eau en vin? Pas le patron ou le vigile mais le client? - Sérieusement gars? - je lâche, mi-choqué mi-déçu mais totalement outré.
Enfin, d’accord je ne faisais pas si vieux que ça mais quand même. Et puis je ne suis même pas certain de les avoir sur moi en fait. Surtout, même, et je refusais de voir mon investissement en pâté se révéler inefficace ainsi.
- Okay okay, trente secondes.
C’était ça ou mon plan tombait à l’eau au lieu de tomber au vin. Je met les mains dans mes fouilles en bazar. Alors, ticket de caisse, carte Navigo, clés, mouchoirs, paquet de chewing-gum… Ah, portefeuille! Et dedans… mon passe pour ce soir, avec une belle photo d’identité comme on les aime.
- Allez, mate le beau gosse un peu! Alors, content ou tu veux continuer de faire la police? - dis-je, soulagé d’avoir ma carte et satisfait de pouvoir prouver mon âge.
…
- Oups.
J’avais gaffé. A peine le temps de réaliser ce que j’avais dit que mon futur compagnon de beuverie était en uniforme bleu intégral et sur mesure, avec une moustache clichée et, surtout, avec sur la tête un gyrophare hurlant et agressant les pupilles par un trop plein de lumière. Ni une ni deux, les autres clients se retournèrent rapidement, tous surpris, et certains avec un décalage dû à l’alcool. Quant aux patrons, ils allaient clairement pas tarder eux non plus. J’allais me faire défoncer.
- … C’est pas bien de boire en service au fait.
Ouai, c’est tout ce que j’ai trouvé à dire, enfin à crier, sur le coup. Mon plan ne tombait pas à l’eau, il tournait au vinaigre.
Alors, analysons les faits. Neville était avec un petit jeune dont il voulait vérifier la majorité avant de faire le bon samaritain... Et celui-ci avait fait la blague la plus nulle au monde... à un Neville qui n'était pas bourré, donc pour le faire rire à une telle blague, c'était déjà une chose ! Mais ajoutez à cela le fait qu'il n'avait PAS compris la plaisanterie et vous aurez le plus beau petit micro mini rire gêné au monde. Avec ce rire faux qui s'éteignit en laissant l'habituel sourire en coin sur ses lèvres. Bon sang, bonjour l'ambiance, il espérait que c'était juste un faux départ, parce qu'il n'y arrivait rien de pire que d'être mal accompagné!.. Oui, même ce brave bouclé qui détestait la solitude la préférerait finalement à ce petit-bout-en-train à l'humour douteux (et compréhensible.). Relançant un petit rictus à la suite de ce qui semblait être un jeu de mot -qu'il ne comprit toujours pas- en lien avec la blague (toujours pas compris, c'est fou ça).
"Bah ouais "sérieusement gars"." s'amusa le fapfap à répondre en imitant le pauvre Coby qui semblait tout bonnement défait par cette requête. Comme si c'était la chose la plus injuste au monde. Bon, au moins, ça, ça faisait vraiment rire le bouclé.
L'adulte finit par se pencher pour visualiser la preuve apportée. Lire la date de naissance. Commencer à calculer l'âge avec ça, parce que bon, le Neuneu il était pas très fort en calcul...
Sa soustraction pitoyable de tête fut cependant rapidement stoppée par un bruit assourdissant. Une alarme. Qui résonnait dans toute a pièce! Par automatisme (parce que ça allait droit dans ses pauvres tympans) ses mains vinrent se plaquer sur ses oreilles pendant qu'il endurait ce bruit strident en grimaçant.
"Mais bordel ils sont cons dans ce bar!" s'exclama Neville dont la voix ne fut cependant pas assez forte. Heureusement pour lui, parce qu'outre penser idiotement que tout ce raffut pouvait provenir du patron du bar... traiter ce dernier n'était pas une excellente chose non plus.
Encore un peu surpris par ce boucan qui était au final aussi auditif que visuel... Il fallut une bonne vingtaine de secondes au fapfap pour comprendre que l'alarme était sur SA tête ! Difficile de ne pas s'en rendre compte au final entre le poids sur sa tête et tous ces regards meurtriers portés sur sa propre personne! Ses mains finirent par se détacher le girophare de sa tête dans la précipitation avant de trouver, à force de taton, le bouton. OUF.
"Bordel c'est quoi ce truc ?!"
Ses yeux crédules observaient tantôt l'objet désormais muet entre ses mains puis Coby! Autant ses neurones pouvaient en pas comprendre des blagues pitoyables, autant le hasard ne pouvait pas justifier l'apparition magique d'un putain de girophare juste après que ce gars ait parlé de faire la police! Un peu sur ses gardes (enfin, c'était ce qu'il offrait comme air sur son visage, quand il réfléchissait) il finit par se pencher en avant sur la table comme si avoir une conversation discrète avec Coby était possible, avec tous les yeux encore tournés sur eux, bien que commençant à se dissiper!
"C'était toi ça..?" chuchota-t-il juste avant de faire un geste malheureux et de faire tomber sa choppe de vin sur la table, trempant non radinement le pauvre Coby! "Meeeerde, j'suis désolé mec!" Ses yeux se baissèrent alors sur le pantalon qui avait pris cher et qui était teinté d'un rouge sombre! ... Ce devant, quoi, sans avoir remarqué son propre accoutrement, il ne put s'empêcher de dire en rigolant :
"Et bah, les anglais ont débarqué ?!"
Code par Melody
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Sam 26 Oct - 1:13
♫ C'est un ivrogne ♫ ça se voit rien qu'à sa trogne
Quelque part, entre deux hémorragies d’oreilles, au sens propre du terme car la réflexion à lieu dans le cerveau, je ne pouvais m’empêcher de me demander quel effet ça faisait d’avoir son premier contact avec mon pouvoir. C’est vrai quoi, ça surprenait pas mal au début en général, oui. Mais à part ça? Angoisse, colère, choc? C’était bien fait pour lui cependant, il n’avait qu’à pas me prendre pour un gosse, nanméoh. Je le laissai donc galérer avec son gyrophare. De toutes façons, j’étais trop occupé à regarder où étaient les patrons. Quand le bruit s’arrêta enfin, je tournai mon regard vers ma victime involontaire mais peu regrettable, espérant répondre à mes interrogations à partir de ses expressions faciales. Quelque part, j’avais déjà accepté mon sort. Enfin, j’étais résilié quoi. Ce n’était ni la première fois que je bourdais, ni la dernière, alors autant le prendre avec philosophie. Hakuna matata comme il dit le cochon péteur.
- Bordel c'est quoi ce truc ?!
Bon, ça c’était habituel comme réaction. Décevant un peu. Je gardai donc le silence, ne souhaitant pas répondre et lui donner la réponse. Je tentais quand même de dissimuler un petit sourire amusé en le voyant sur la défensive, clairement en pleine interrogation sur le pourquoi du comment. J’allais déjà probablement en prendre plein la poire par le patron alors inutile d’en rajouter en me la fendant, la poire. Après quelques secondes durant lesquelles je pouvais presque visualiser de la fumée sortant de ses oreilles, il se pencha vers moi, et sa « grenadine » avec, un peu trop même!
- Et bah, les anglais ont débarqué ?!
- Ah bah maintenant que tu le dis… Y a moyen qu’il y ait du sport!
Quitte à foutre le bordel, autant le faire bien après tout. A peine dis-je cela que les murs prirent les couleurs du drapeau de la Grande-Bretagne et que cinq grands humanoïdes de liquide rouge sortirent de la tâche entre mes jambes. Attendez, c’était quoi ce bruit? Une foule? Oui, la clameur d’une foule de supporters! Ou de fan de mes jeux de mots, c’était selon. Un ballon de rugby au goût de sang sortit alors de ma bouche, interrompant mes pensées, avant d’être récupéré par l’une des armoires à glace rouge.
« MAIS QU’EST-CE QU’IL SE PASSE?! » entendis-je, se rapprochant rapidement. Ça c’était le patron. Je regardai ce que je soupçonnais fortement d’être des rugbymen. Vous savez, il y a un moment où vous commencez à être fier de votre connerie tellement elle était belle. Ben ce moment, c’était celui-ci. Pour être exact, ce fut le moment où je vis le rugbyman au ballon courir vers la sortie, poursuivi par les autres cherchant à le plaquer, et renversant une bonne partie du bar au passage. Clients, tables, patrons, tout partait avec eux ou était généreusement recouvert du liquide formant leur corps.
- Bon, et bien, sur ce, je te propose de courir vite. Parce que là, ça pue vraiment la merde.
Y a moyen qu’il y ait du sport ? De quoi ? Qu’est-ce que… Oh, maintenant qu’il savait que Neville savait qu’il était majeur, ce brave petit voulait d’ores-et-déjà commencer les choses sérieuses ? Wow, le FAPFAP devait avoir un sex-appeal du tonnerre pour faire un effet aussi rapidement sur ce petit Coby ! Mais, euh, il n’allait pas trop vite en besogne ? Pauvre Neville, il n’était pas trop habitué, surtout lorsqu’il ne sortait pas pour faire des rencontres de ce genre… Bon, à croire qu’il se sous-estim-…
Neville ne comprit absolument r-i-e-n du tout à ce qu’il se passait. Mais comme si la Grande Bretagne était une maison de Poudlard, les murs du bar se peignirent à son effigie. Ce fut beau, et magique, et vraiment, le bouclé se crut dans le château de Harry Potter !... Par contre, BORDEL, les mecs de sang qui sortirent de la tache de vin, ça… Bon, ça restait magique MAIS C’ÉTAIT PAS BEAU A VOIR. C’était chelou ! Angoissant ! Dégueulasse même ! Mais pourtant, les yeux de l’ainé se firent ronds… Et l’une de ses paupières tressauta même sous l’horreur qu’il avait en face de lui.
Ok, Neville rêvait. Hop hop hop. Réveille-toi du con. … Non, ça ne marche pas ? Bon, le fapfap, angoissé par toute cette soudaine agitation autour de lui (il y avait trop de conneries qui poppaient pour qu’il comprenne tout ce qu’il se passait !) finit par se pincer le bras du bout de ses ongles… A s’en faire chouiner de douleur, s’excusant vite auprès de lui-même en se frottant l’endroit endolori. Machinalement. Parce qu’en vrai, il n’avait rien perdu de la scène. Et vraiment, à sa gueule, ça se voyait que ses neurones avaient beaucoup de mal à analyser tout ça. Et à se dire tout se passait réellement.
Et si tout ceci était incompréhensible… C’était hypnotisant. Toute cette couleur rouge qui éclaboussait chaque chose et chaque être sur leurs passages… Et le côté luisant naturel du sang faisait briller tout ça en plus, pour en mettre davantage plein la vue aux spectateurs… et aux victimes. Bon, c’était ULTRA GLAUQUE en vrai, et Neville était plus copain avec le vin qu’avec le sang à vrai dire : Il aurait préféré que ça soit l’odeur du vin qui emboucane le long couloir qu’était le bar… … Enfin, c’était ce qu’il pensa avant de sentir une autre odeur s’engouffrer dans ses narines… … … Bordel-de-merde.
C’était le cas de le dire. Au lieu de l’odeur (désagréable ou pas du sang, ça dépendait de chacun ça) que regretta vite Neville, il y eut une odeur de m-e-r-d-e. Et c’était foudroyant. Tant et si bien qu’une remontée arriva rapidement pour le bouclé qui se retint du mieux qu’il le put. Son instinct de survie se mit en marche et c’est le nez dans le creux de son coude que le mutant se cassa de l’endroit. Suivant le gars chelou devant… Pourquoi ? Il ne savait pas. Les mauvaises langues diraient que c’est parce l’inconscience de Neville était plus rapide que sa conscience et qu’il avait compris (sans vraiment l’avoir compris) que tout ce magnifique bordel provenait de ce gars. Et d’autres mauvaises langues diraient qu’il était juste con à bouffer du foin et que fuir avec un simple inconnu, dans une situation de détresse (et ç’en était une !) était la meilleure solution pour ses neurones. Ou plutôt, la seule solution car bon, réfléchir dans la vitesse, c’était pas dans ses habitudes. Donc obéir comme un bon petit sbire, c’était la meilleure chose à faire pour ses bouclettes.
Inconsciemment donc, (toujours,) comme si le petit Coby lui avait dit de fuir avec lui, le Jésus Parisien l’avait suivi dans sa débandade. … Avec le paté. Et une baguette qui allait se faire découper sur le comptoir du bar. … Et c’était tout. Et c’était déjà bien. Parce que bon, entre ça et son déguisement de flic recouvert de sang (parce qu’il s’était bien cogné contre tout le monde dans le bordel du bar), ça offrait un résultat pas mal. Surtout si on comptait également le rouquin qui était à ses côtés…
« Kessissépassébordel… » arriva-t-il à prononcer entre deux tentatives pour reprendre son souffle, affalé contre un mur, se rajoutant à lui-même « suistropvieuxpourcesconnerieslàputain… », plissant les paupières sous la douleur du point de côté et celle à sa poitrine sous l’effort monumental de cette fichue fuite.
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