Mince de mince de mince de miiiince ! Ça avait fait boom, après Léandre, TROP LONGTEMPS APRES LEANDRE ! Et quand Henriette fut téléportée dans la déchetterie… Son grand frère d’amour qu’elle aimait tant avait déjà disparu… Entrainant avec lui l’arme puissante qui avait dégommé le coeur de la demoiselle : sa fureur. Une fureur de grand frère qu’elle n’avait jamais connu. Accompagné d’une autre arme, la déception, et d’une troisième, la trahison ! Ça sonnait très drama mais pour Henriette, Léandre (et Hyo, mais là, il était question du plus vieux) représentait tout pour elle. Et elle donnerait tout pour oublier son regard furieux et ses mots, et pour être prise dans ses bras… Quitte à partir sans attendre Orion, alors qu’il avait disparu de son écran de contrôle depuis si longtemps, après avoir brisé son petit coeur… C’était pour dire la place qu’avait Léandre dans sa vie : Il passait avant elle-même. Parce que oui, penser à Orion revenait à penser à elle et à ses sentiments pour lui…

De longues minutes plus tard -retardée par une rencontre fortuite sur son chemin...-, Henriette arriva à son tour dans la maison de Léandre. En fait, elle préféra toquer d’abord mais… avec de la musique à fond, Léandre n’allait rien entendre… Alors elle finit par s’aventurer dans la maison et se dépêcha de blasphémer en baissant le volume d’Aya. Histoire que des oreilles ne soient plus meurtries (elle ne jugeait pas la chanteuse mais plutôt le volume!)… Et que l’ainé de la maison puisse entendre la voix de petite sœur désolée qui émanait de Henry.

« Léandre… J’suis désolée, j’ai pas voulu... » tenta-t-elle en faisant face à son grand frère… sans arriver à le regarder dans les yeux tant elle s’en voulait. « J’aurai préféré exploser moi-même que de t’envoyer la bombe, tu le sais grand frère... » Elle se retenait de pleurer mais c'était dur...

« Mais j’ai pas voulu te l’envoyer sur toi… Je l’ai envoyé en panique en l’air et... » répéta une Henriette à la petite voix, se décomposant sur place au fur et à mesure que les mots prononcés par son grand frère prenaient un ton de plus en plus colérique. Et si ça n’était que ça. Elle aurait pu se contenir, poursuivre, tout faire pour se faire pardonner. Elle s’en serait voulue, se serait ratatinée… Et ainsi de suite. Mais non, la colère de Léandre passa un nouveau stade. Qu’Henry ne semblait avoir jamais connu et qui la cloua sur place. Ses lèvres se fermèrent, incapables de couper Léandre ou d’ajouter quoi que ce soit et ses yeux se refermèrent, plissés, commençant à se remplir de larmes.

Les mots de son ainé lui firent plus mal que jamais. Jamais, Léandre n’avait été ainsi. Envers elle, en tout cas. Elle s’était toujours considérée comme sa petite princesse, sa petite sœur, envers qui il lui semblait impossible que le secrétaire n’ose dire un mot plus haut que l’autre. Mais finalement, ce fut arrivé. Ça existait. Léandre creva le coeur de sa cadette sur place, faisant un bilan psychologique dur et injuste sur la petite médium de la famille. En tapant bien ou ça faisait mal, appuyant, y mettant toute sa force et son mépris. Même s’il y avait du faux… Henriette s’était déjà liée d’amitié avec plus d’un fantôme et jamais elle n’avait ressenti ça… C’était la 1ere fois et… Et… Et Orion n’avait jamais eu d’ex femme, non… ? Franchement, à ce stade-là, ça n’était plus ça qui importait à Henry qui n’eut qu’à cligner des yeux pour faire enfin déborder une avalanche de larmes sur son visage. Son frère, l’une des personnes les plus importantes dans sa vie, à égalité avec Hyo et… personne d’autre, venait de lui tirer une balle en plein coeur.

Elle essaya de trouver quoi répondre. Mais chaque fois que sa bouche s’ouvrit, elle sentit ses lèvres trembler avant de se refermer immédiatement. Qu’est-ce qu’il y avait à dire face à tout ça ? Elle ne voulait pas et ne pouvait pas être méchante avec Léandre… Ni l’insulter, ni lui dire qu’elle le détestait, parce que ça n’était pas le cas. C’était Léandre. SON Léandre… Alors elle finit juste par dégager le plancher, ne se rendant pas compte qu’a un tournant, une petite boule de poils s’échappa de sa veste et alla aussitôt se faufiler sous un meuble en toute discrétion, tel un ninja.

La fuite, c’était la meilleure solution. Henriette était gentille et faible, même naïve, et ça n’était pas dans son tempéramment que de s’énerver contre Léandre… Qui avait sûrement raison… Ou pas. Elle ne savait pas. La seule chose qu’elle savait, était qu’elle voulait partir loin, marcher, encore et encore, et pleurer, jusqu’à épuisement de larmes et de son énergie. Quoi que… L’énergie, il y aurait une fin, mais les larmes, vu le couteau que venait de lui planter en plein coeur son grand frère… Elle en doutait, ayant l’impression qu’elle serait capable de pleurer toute sa vie à cet instant. … Ou du moins, c’était sans compter finalement un Léandre la suivant, qui regretta ses paroles… Ou plutôt, qui regretta de les lui avoir dit. Car sur ça, Henriette n’était pas dupe : il pensait très clairement ce qu’il avait dit et… elle ne comprenait pas autant de méchanceté !

« Laisse-moi Léandre, c’est bon ! » chouina-t-elle sans s’arrêter de marcher, séchant ses joues qui s’humidifièrent rapidement à nouveau. Mais Léandre ne semblait pas prêt à l’écouter. « Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ? T’as gagné ! Je sais pas si c’était ça que tu esperais, si c’était un de tes plans tordus pour que je parte de chez toi, pour que je m’éloigne d’Orion en abandonnant mon boulot, la seule chose qui me réussit et qui me rend un minimum heureuse dans ma vie de merde, mais quoi qu’il en soit, t’as gagné ! » Finalement, Henry s’était immobilisée et retournée vers son ainé, les yeux rouges, délivrant aussi bien des larmes que de la tristesse, de la déception et… peut-être dans la rancoeur. « C’était ça ton plan hein ? Avoue-le ! Ou alors que je me sente assez minable pour choisir entre Orion et toi ? Puisqu’apparemment il est question d’un choix à faire ! » Redoublement de larmes, les lèvres d’Henriette tremblaient en attendant une réponse.

Et voilà qu’on lui volait sa vie ! Que Léandre décidait de ce qui était normal comme jeunesse (d’enchainer les rencards tinder), comme si elle devait suivre ses traces à lui, jeune homme volage qu’il était ! Grand bien lui fasse cette vie, ça n’était pas celle de Henriette qui avait besoin d’attache et qui croyait encore qu’au XXIème siècle, on pouvait compter sur le hasard des rencontres fortuites, sans toute cette technologie ! D’un côté, certes, elle pouvait comprendre le rôle de Léandre, mais la méchanceté employée n’était, elle, pas nécessaire ! Et voilà qu’il repartait sur le ballon explosif…

« Arrête avec ça ! » le coupa-t-elle à peine eut-il encore mis cette idée saugrenue sur le tapis. Elle n’avait pas enjolivé ses paroles lorsqu’elle avait dit avoir préféré exploser elle, à sa place… Surtout qu’Orion n’était aussi pour rien dans l’affaire, c’était une injustice totale tournée vers son ami… Ami dont elle était… amoureuse… ? Ça lui faisait mal mais… peut-être avait-il raison… Sur ses sentiments éprouvés pour Orion ! Pas sur… le reste. Enfin, elle savait qu’il n’y avait rien à construire avec, qu’elle était certainement considérée comme une gamine par le fantôme mais… Tout ça, elle ne l’avait pas demandé. Aussi, le ton baissé du côté de Léandre, Henriette suivit cette baisse de volume de son côté.

« J’ai pas fait exprès... »

C’était comme un electrochoc. A peine l’eut-elle prononcé (avec beaucoup de difficulté) un nouveau torrent de larmes s’échappa.

« De… de t’envoyer la balle, déjà... » Tant qu’il le répétera, elle fera de même… Puis… « Et… de tomber amoureuse d’Orion... » Ca y est, enfin, c'était tombé. Son visage se crispa, accélérant la chute des larmes. « J’ai pas voulu… Je suis jamais tombée amoureuse et… j’ai pas fait exprès… J’ai rien pu contrôler Léandre... Je te promet… » Ses bras se croisèrent sur sa poitrine, comme pour se supporter face à cette chute mentale. Elle tombait de haut, de très haut. « Je te jure… J’aurai… préféré jamais tomber amoureuse… De lui ou de qui que ce soit… Mais juste… j’ai rien fait… Alors… arrête d’être méchant et injuste… J’ai pas besoin de ça… S’il te plait… »

Henriette gardait ses bras contre elle, comme pour s’enlacer elle-même et se réconforter à défaut de l’être par son ainé. Elle l’aurait d’ailleurs certainement repoussé s’il avait tenté quoi que ce soit, jusqu’à… Jusqu’à ce qu’il s’excuse. Ouf. L'ambiance changeait, d'abord avec l'attitude de Léandre puis avec celle d'Henry qui suivit

Enfin, Léandre commençait à comprendre et arrêter d’incriminer sa petite sœur en pleurs. Il y avait des excuses. Et des justifications. Et plus de jugement ou de toute autre chose négative de la part de son grand frère. Juste du positif, même l’inquiétude qui régnait chez Léandre en faisait parti. Et ça faisait du bien d’entendre les raisons de colère de toute cette affaire. Peut-être même que Henry décelait de la jalousie mais elle préférait garder ceci pour elle. Il était normal qu’un grand frère ne veuille pas voir sa petite protégée partir dans les bras d’un autre… Ou plutôt, donner son coeur à un fantôme.

« P-pardon aussi… Je veux pas que tu te sente inutile… tu ne l’es pas... T’es mon grand frère et tu le seras toujours… »

Et non, le petit moineau ne voulait pas totalement s’envoler du nid, elle y était si bien ! Ça n’était pas que par question économique qu’elle était venue vivre chez Léandre. Bruyamment et comme une enfant, Henriette renifla et baissa les yeux, n’arrivant pas à soutenir le regard ainé.

« Et promis… Je vais essayer de faire attention… … Je peux … Avoir un gros calin s’il te plait ? »

Voilà, Henriette préférait clairement ça. Être serrée dans les bras de son Léandre -à défaut de Hyo qui était parti en voyage loin d’elle...-. Elle s’y sentait si bien, si protégée de tout. Pas forcément libre de ses mouvements, certes, entravée, même, mais elle le savait : si elle voulait vraiment s’en débarrasser, elle n’avait qu’à forcer. Ça n’était pas la protection un peu étouffante de Léandre qui ne cédait pas dans l’affaire, la preuve avec son discours. Mais c’était plutôt elle qui ne voulait pas totalement couper court à tout ça.

« Je t’aime énormément Léandre… » rajouta-t-elle en maximisant encore son étreinte.

C’était tout doux, tout chaleureux, tout chaud… et ça ne venait surement pas du don de son grand-frère. A force d’habiter avec Léandre, Henriette se rendit compte au travers de ce calin, que ce genre de moments avait quelque peu disparus depuis leur cohabitation. Et c’était triste. Encore une fois, elle accentua son étreinte pour profiter de tout l’amour qui en émanait. Ces genres de moments chez Léandre, peu de personne les connaissaient et Henriette savait à quel point elle avait une chance inouïe d’y avoir droit… Qu’est-ce qu’il serait arrivé si Léandre avait rejeté Henriette tout comme il avait rejeté Hyo, leur frère ? Comment aurait-elle grandi sans son affection ? Déjà que la relation entre ses deux ainés l’attristait beaucoup, alors si cette indifférence la visait, elle…

« … Tu pleures… ? » demanda-t-elle soudainement après un long instant de doute durant lequel elle s’était arrêté de respirer pour entendre si… elle avait rêvé ou non. Mais alors qu’elle comptait en avoir le coeur net, elle sentit… tout contre elle… Juste Leandre. RIEN D’AUTRE ?! Se séparant totalement de son grand frère, Henriette se mit à fouiller la poche de son sweat et… RIEN !

« MINCE ! LE CHATON ! »

Observant d’abord tout autour d’eux (heureusement, c’était dégagé comme vue!), Henriette se ravisa rapidement sur la maison des Raja… Il ne pouvait être que là-bas !.. Oh, elle PRIAIT pour qu’il soit là-bas ! Sans plus attendre, elle se retourna et courut en direction de leur petit nid douillet… Et tomba le regard net, arrivée dans l’entrée, sur la petite boule de poils sale et… en train de dormir sur le canapé. Ouf, il était là !

Henriette, rassurée, lacha un soupir et se retourna vers son frère avant … de le voir littéralement fondre devant le chaton, a genoux, puis fondre mais de larmes cette fois. Et c’était exactement pour ce genre de moments adorables et si intimes (pour un grand dur comme son grand frère) que Henry raffolait de cet homme. A cet instant-là, elle ne sut même pas si elle était plus touchée par le chaton qu’elle avait trouvé dans la décharge  ou par son grand frère, devenu plus gaga que jamais. Du genre… Plus que devant des photos ou vidéos de chatons qu’elle lui envoyait ! Parce que là, le chaton était REALITÉ. Et pire encore, chose qui arracha un rire terriblement attendri fut le fait que LEANDRE voulait envoyer une photo a NEVILLE. Ça avançait bien entre eux, et Henriette devenait à son tour une guimauve. L’amour était pour Henriette ce qu’un chaton était pour Léandre. SURTOUT quand ça concernait les autres ! Et d’avantage un de ses frères et un de ses amis. Et puis, Neville, quoi, l’adorable petite bouclette chez les jaunes ! Elle avait tout autant kyatisé intérieurement quand Hyo lui avait parlé d’Alex ! Sauf qu’entre les deux asiatiques, la relation avait vite débuté. Entre son ainé et son jaune préféré, par contre…

Bref. Henry laissa Léandre flatter quelques instants avant de… répondre à la question pour le chaton. Se rapprochant et se penchant en avant, elle se joignit à la caresse face au chaton qui s’était déjà habitué à elle lors du transport.

« Je l’ai trouvé à la décharge. » expliqua-t-elle doucement avant de s’accroupir aux côtés de son frère. « J’ai pas osé le laisser là-bas... » Est-ce qu’elle avait aussi vu en cette adorable boule de poils  un moyen de se faire pardonner auprès de son grand frère ? HMMM. NAN. ABSOLUMENT PAS. « Je me suis dit que… En plus… c’était un signe... Par rapport à toi... » Ajoutez les violons derrière une Henriette qui savait comment manipuler son frère et vous aurez la petite sœur la plus adorable au monde et celle à qui on pardonnerait tout. Même si là, en soi, Léandre l’avait déjà pardonné. Bon, ça n'était pas de la manipulation sournoise, juste celle nécessaire chez toute bonne petite soeur digne de ce nom...