Une nouvelle vie? (feat Altea)

Enfin... Presqu'un an après sa punition qui l'avait menée à être rétrogradée chez les FDPs (voilà qui vous faisait passer l'envie de vous opposer frontalement - et il faut bien le dire, assez stupidement bien que justement - à Mila à l'avenir), Altea réintégrait enfin les Omégas et récupérait sa bourse. Bien qu'elle ne manquait clairement pas d'argent, la jeune fille en était plutôt soulagée et n'allait pas dédaigner cette opportunité, quand bien même elle avait beaucoup de sympathie pour ses camarades FDPs qu'elle devait maintenant quitter. Certes, la fortune familiale des Tsumis était conséquente (et celle d'Altea était plus importante encore, en raison de la part d'héritage de son père dont elle disposait), mais elle n'avait aucune envie de dilapider cet argent en le donnant à une école de supervilains qui ne correspondait pas du tout à ses valeurs. Avoir le plaisir de pouvoir en quelque sorte les arnaquer en recevant une bourse pour étudier ici alors qu'elle les espionnait et avait tout d'une superhéroïne, c'était tout de même bien mieux. Par ailleurs, tout comme sa mère avant elle, Altea n'avait aucune intention de construire sa vie grâce à l'argent gagné par ses ancêtres. Elle voulait pouvoir se débrouiller, ne pas compter sur tout cela et être indépendante. (Même si très clairement, tout cela l'avait sauvée lorsqu'il s'était agi non seulement de partir à Paris - les billets d'avion n'étaient tout de même pas donnés - mais en plus de payer de nombreux mois de cours insupportablement inutiles en raison de cette punition... Enfin bon, c'était pour la bonne cause, disons, elle avait beaucoup de raison légitime de se trouver là). Enfin de nouveau Oméga, donc, dans ce groupe qui avait initialement était choisi pour elle en raison de sa maîtrise de son pouvoir, et enfin de nouveau boursière.

Après des "au-revoir" émus avec ses camarades FDPs (émus du côté d'Altea en tout cas), la nouvelle rouge traversa le campus avec sa valise et ses sacs, son chat Gal trottinant sagement à côté d'elle. Enfin, "sagement", c'était relatif, disons qu'il ne s'était ni arrêté en plein milieu de l'allée pour miauler en réclamant d'être porté, ni qu'il parti on ne sait pas où, dans un coin du campus où il pourrait être embêté s'il n'était pas à côté d'Altea. Par contre, elle devait constamment faire attention à là où mêle mettait ses pieds, car Gal semblait prendre un malin plaisir à chercher des câlins en passant brusquement devant ses jambes... En conséquence de quoi, si elle ne faisait pas attention, elle aurait vite fait de donner un coup de pied à son pauvre chat et de tomber elle-même avec toutes ses valises... Or, voir où elle posait les pieds n'était pas si simple, puisque des affaires qu'elle tenait dans ses bras l'empêchait de voir exactement où elle allait. Néanmoins, passer tout ce temps à observer son chat pour éviter un incident lui permis de remarquer un léger boitement dans la démarche de Gal. Elle s’arrêta pour caresser le petit, lui parlant comme faisaient tous les propriétaires de chats (Ben alors, qu’est-ce que tu t’es fait ?). Est-ce que le chat s’était blessé durant l’une de ses escapades ? Ou bien est-ce qu’un étudiant de l’Institut Trueman l’avait embêté ? Si c’était cette dernière option, le coupable allait passer un mauvais quart d’heure. (Altea était gentille, mais il ne fallait pas exagérer, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds). Elle mit donc looongtemps à effectuer ce périple entre les bâtiments des Fonds de Placard et des Overcheatés.

Les bâtiments des Omégas et des Fonds de Placard, deux mondes à l'opposé. Elle passa à l’accueil, où on lui remis les clés de la chambre 5, en l’informant qu’elle n’aurait pas encore de colocataire. A vrai dire, Altea était plutôt contente d’apprendre cela. Bon, elle avait tout de même eu le maigre espoir qu’on la mette, par un heureux coup du sort, avec Tabitha, sa meilleure amie, (après tout, est-ce que cela aurait été beaucoup plus improbable que le hasard qui avait mené à sa colocation avec Basilio, quelques mois plutôt ? Tabitha avait déjà une colocataire, Barbara, mais bon, des fois les dortoirs étaient réorganisés. Habiter avec Tabitha ça, ç’aurait vraiment été le rêve pour les deux américaines) mais elles n’eurent pas cette chance). Puisqu’elle serait avec un ou une inconnue, s’installer seule lui voenait très bien. On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber ici, et elle était ravie d’avoir au moins une soirée tranquille pour se reposer et profiter un peu du confort d’une chambre rouge pour elle toute seule, avant de gérer les éventuelles galères de la cohabitation. Cohabiter à deux, ce n’était après tout pas nécessairement un soulagement par rapport à cohabiter à six comme dans le bâtiment des FDPs. Au moins, dans la chambre 1, la bonne entente entre tous les colocataires était constante, et le mauvais traitement des gris les menaient à être solidaires. Par ailleurs, l’avantage d’être six, c’était que si on ne s’entendait pas bien avec quelqu’un, on avait au moins l’assurance de n’être pas le seul objet de son attention, de pouvoir ignorer et de se soucier de quelqu’un d’autre. A six, on se souciait aussi beaucoup moins des petites manies agaçantes des uns et des autres (il y en avait beaucoup trop, si chacun devait être le coloc parfait, ils passeraient leur temps à se disputer…). Tandis qu’à deux, les tensions et frictions pouvaient émerger beaucoup plus vite. Certes, ça pouvait aussi très bien se passer et elle pouvait se retrouver avec une personne adorable, mais les rouges n’étaient pas connus pour avoir un très bon caractère.

Le bâtiment des Omégas n’était pas exactement plein de bons souvenirs pour Altea : elle y avait passé des débuts difficiles, d’abord en doutant de sa décision d’être venue ici, puis c’était là qu’elle avait eu une violente dispute avec Basilio, où les deux adolescents avaient fini par user leurs pouvoirs l’un contre l’autre, et furent forcés de cohabiter difficilement plusieurs mois, avant leur passage chez les FDPs pour s’ignorer mutuellement lorsque c’était nécessaire était un peu plus facile. Pourtant, elle ne put réprimer un sourire lorsqu’elle ouvrit la porte de la chambre et découvrit cette espace calme et propre, et vide. Cette nuit, ça allait être comme de petites vacances. Même si l’ambiance des FDPs allait forcément lui manquer (elle espérait qu’ils allaient continuer à avoir de bonnes relations, qu’ils ne retiendraient pas contre elle son retour chez les Omégas et qu’elle pourrait retourner dans leurs soirées de temps à autres), elle avait hâte de profiter de tout ce confort. Se relaxer dans une salle de bains propre sans que cinq autres personnes attendent leur tour, prendre le temps qu’elle voulait, s’installer confortablement dans son lit, regarder calmement une série sur Netflix sans avoir le moindre problème pour se concentrer, puis dormir sans entendre les ronflements d’un dragon. Mais le premier à se jeter sur un lit ne fut pas Altea, mais Gal. Le chat noir se décida pour le lit de droite et s’y roula en boule en ronronnant, et c’est ainsi qu’Altea décida que c’était dans ce côté de la chambre qu’elle s’installerait. Mais, avant de profiter de tout cela, Altea avait encore quelques efforts à faire. D’abord, elle chercha le numéro de téléphone d’un vétérinaire pour son pauvre chat qui boitait, et prit un rendez-vous pour le lendemain. Ensuite, elle prit du temps pour ranger convenablement toutes ses affaires : appareils électroniques, affaires de cours, livres, vêtements et surtout ses réserves de sang, qu’elle devait stocker d’une manière bien particulière. Après tout cela, elle s’autorisa une pause pour prévenir certaines personnes par SMS qu’elle avait changé de bâtiment. Elle alla ensuite dîner au réfectoire, profitant d’un très bon repas cuisiné par son oncle Adriel, et elle revint aussitôt dans sa chambre, comptant profiter de sa tranquillité le plus longtemps possible. Elle avait plein d’autres choses à faire, et elle éprouvait une sorte de culpabilité à se laisser aller comme ça, mais en même temps, elle avait besoin d’un peu de repos. Et en ce qui concernait son enquête sur la disparition de son père, elle savait qu’Alden devait rechercher quelque chose ce soir, et elle avait donc moins de scrupules à tout laisser tomber pour une soirée.

Voilà donc comment Altea d’une des nuits de sommeil les plus réparatrices qu’elle ait eu depuis longtemps, Gal dormant contre elle et ronronnant paisiblement. Elle se réveilla tard, juste à l’heure nécessaire pour se préparer, prendre un petit-déjeuner, et nettoyer un peu avant de partir dans Paris avec Gal, qu’elle avait installée dans une cage de transport cette fois, malgré ses miaulements désapprobateurs. Après le rendez-vous (finalement, le chat n’avait pas besoin de grand-chose, heureusement, même s’il fallait surveiller tout cela), Altea en profita pour déjeuner dans un café et prendre l’air avant de retourner dans l’Institut. Lorsqu’elle revint dans ses chambres chez les Omégas, c’était donc en milieu après-midi. Elle ouvrit machinalement la porte, et fit quelques pas dans la pièce… avant de s’apercevoir qu’il y avait quelqu’un… Le sursaut de la jeune fille rousse allongée sur le lit de gauche surprit Altea elle-même, qui manqua d’avoir un petit mouvement de recul. Si elle n’avait pas ouvert la porte avec sa propre clé, elle serait allée vérifier qu’elle ne s’était pas trompée de numéro. Déjà ? Une coloc ? Eh bien… ça n’avait pas traîné. Elle eut un sourire pour accueillir la dormeuse, qui semblait avoir à peu près le même âge qu’elle. La pauvre… Altea était un peu désolée d’avoir gâché son repos, elle avait l’air d’en avoir bien besoin… mais elle avait l’air quand même pas trop en mauvaise forme, puisque la rousse prit aussitôt la parole et se mit à lui poser des questions. Questions qui s’enchaînaient un peu. Altea n’était même plus choquée que l’une des premières questions qui soit posée aux gens que l’on rencontrait soit de leur demander leur pouvoir, même si elle n’y était pas tout à fait habituée… Bon en tous cas, Aloy se montrait plutôt sympathique dans cette entrée en matière, c’était déjà ça !

-Enchantée de te rencontrer, Aloy. Moi c’est Altea Tsumi. Je suis désolée de t’avoir réveillée. répondit Altea avec un sourire, son accent particulier émergeant dans ces premières phrases. Elle posa la cage de transport de Gal pour tendre la main à la jeune femme. Et c’est à ce moment-là qu’elle remarqua les traces du sommeil sur le visage d’Aloy. A vrai dire, elle ne savait pas très bien que faire. Elle ne voulait pas la vexer en lui faisant remarquer qu’elle avait des traces de bave, mais elle ne voulait pas non plus que Aloy ne lui reproche de ne rien lui avoir dit et de la laisser dans cette situation peu agréable. Donc… Ah euh… c’est rien tu as un tout petit peu de bave sur ton visage, là dit Altea avec un sourire un peu gêné. Elle enchaîna tout de suite avec la question posée par Aloy sur son pouvoir, pour ne pas laisser de blanc désagréable dans la conversation, qui pourrait insister sur ce qu’elle venait de faire remarquer. Et je suis hémokynésiste, j’ai le pouvoir de contrôler le sang. Et toi, quel est ton pouvoir ? Tu viens d’arriver ici ?

Encore peu habituée à son deuxième pouvoir, ses capacités de télépathe nouvellement découvertes, Altea n’avait pas encore le réflexe de le mentionner, et oublia complètement cela… En attendant, elle s’assit sur son lit en face d’Aloy… pour tout de suite se lever et libérer son chat, qui, pile à la fin de sa question à Aloy, rappela sa présence par un miaulement mécontent. Cela mena Altea à tout de suite reprendre la parole pour préciser la situation à sa nouvelle colocataire.

-Ah oui, au fait… J’ai un chat, il s’appelle Gal. Hmm… J’espère que ça ne te dérange pas ? Tu n’es pas allergique ?

Autant mettre cela au point tout de suite…