Intrigue II : Partie 1 - Réveil Nocturne

Paroles:

Alors c’était ça, leur grande annonce. La Flander’s Company assiégée par une petite armée de mutants et incapable de se défendre sans des renforts de grande envergure. La nouvelle souleva aussitôt une vague de réactions hystériques et de glapissements abasourdis. Barbara se contenta quant à elle de soulever un sourcil intrigué, plus ennuyée qu’autre chose par la tournure que prenaient les événements. Elle avait dû manquer le passage qui expliquait en quoi c’était son problème, que Trueman et sa bande de cas sociaux aient froissé les mauvaises plumes. Elle ne travaillait pas pour la Flander’s et jusqu’à preuve de contraire, elle n’avait pas encore son diplôme de Super – même s’il ne faisait aucun doute qu’elle surclassait déjà le niveau nécessaire à son obtention, cela allait sans dire.
Les doigts de Basilio pressèrent plus fortement les siens. Son regard soucieux se posa sur lui.

- Je crois que j’aurais préféré l’accouchement…
- Pas moi, répondit-elle aussitôt avec un frisson de dégoût, le visage grimaçant.

Elle tentait de détendre l'atmosphère comme elle pouvait, percevant très bien la nervosité grandissante du garçon. Elle-même ne savait pas quoi penser de la situation. Son cerveau s'activait en douceur, elle analysait les possibles scénarios et observait minutieusement les alentours.

- Tu vois Lucina ou Altea quelque part ?
- Oui, je vois Altea. Elle est avec ta tante.

Information qui devait faire le bonheur de Baz, tel qu'elle le connaissait. De Lucina, en revanche, nulle trace. Barbara ne s'en plaignait pas. Elle avait beau faire les yeux doux et sortir toutes les marques d'amabilité dont elle était capable, il n'y avait pas moyen de s'entendre avec la Tsumi, qui lui restait obstinément hostile. A croire qu'il n'y avait que cette petite sainte-nitouche d'héroïne pour entrer dans ses bonnes grâces – difficile de voir en elle la fille de Barthelemy Leclercq.
Pour rester sur le registre paternel, Daddy Trueman faisait de nouveau des siennes. Non content de répondre à un appel en plein milieu de sa grande tirade dramatique, cet éberlué se sentait obligé de leur imposer le haut parleur. Lorsqu'un cri paniqué et haut perché s'échappa du téléphone, Barbara fût tentée de le mettre en sourdine, le poil hérissé. Elle était à deux doigts de faire sauter les verres optiques de sa voisine... puis les hauts parleurs se mirent à saturer. Un sifflement strident lui vrilla les tympans et ce fût la goutte de trop. Toutes les lunettes dans un périmètre de dix mètres se fissurèrent de concert, provoquant des exclamations de stupeur. Les mains plaquées sur les oreilles, l'adolescente se retenait de ne pas faire sauter les fenêtres du gymnase.

- Fucking... Lord...

Elle n'avait pas réalisé que ses yeux s'étaient clos. Lorsqu'elle les rouvrit, ce fût pour voir Tabitha et Desmarais. Les bras remplis d'armes. Il était évident qu'elles s'étaient téléportées, et les excités du téléphone avaient manqué de la faire passer à côté d'une telle chose. Elle sentait ses muscles se tendre sous l'impulsion d'une colère sourde à mesure que la situation s'éclaircissait. Un abruti de super-héros était mort, leurs effectifs de mutants étaient en train de se faire décimer, dans un camps comme dans l'autre. Il ne leur restait plus que...

- Les é... Les élèves. Tu... Tu crois vraiment que ce grand malade va envoyer les élèves ? demanda t-elle à Basilio.

Sa voix était encore secouée par l'épisode des haut-parleurs. Ses yeux, quant à eux, ne quittaient plus Tabitha. Si les choses tournaient mal, elle savait exactement ce qu'elle avait à faire.