[Terminé] La fable du secrétaire et du pilier de bar [ft Les neuneus]

Il était splendide. Ténébreux. Chaotique. Avec sa tenue de Civile, pouvant faire croire à n’importe quel pechno qu’il était comme tout le monde. Mais Neville le SAVAIT, que ça n’était qu’une couverture. Le fameux PYROSTRUCTOR ne pouvait être devenu qu’un secrétaire de Trueman, c’était un stratagème pour cacher un coup faramineux, le coup du siècle ! Et c’était une véritable insulte que le bouclé prenait personnellement lorsqu’il entendait quelqu’un appeler le grand Léandre Raja, « sous-fifre » ! Ils ne savaient PAS ! Ils étaient trop bêtes pour comprendre toute la subtilité de ses manigances. Cela provenait-il de Monsieur Trueman ou était-ce un plan solitaire du Super-Vilain, Major de Promo 2018 avec les Félicitations de la Confrérie des Ombres ? Ça ne pouvait être que la seconde option. BIEN EVIDEMMENT.

Alors, Neville garderait son secret. Il ne le trahirait jamais. Et son plus grand rêve -outre celui de croiser son regard car c’était déjà fait ! Deux fois même !- serait d’être son binôme, d’être son Robin, son Ron Weasley, son Jerry, son Watson ! De l’aider dans sa quête de Super-Vilain ! Pyrostructor et Jésusdu13 ! Ils formeraient le plus splendide des duos, tous les deux et ils feraient la une des journaux people, ils seraient les nouveaux Génies du Mal et entreraient dans la confrérie ! Et tout le monde les shipperait ! Et rien qu’en y pensant, Neville sentit son cœur défaillir ! A tel point qu’il sentit la température augmenter dans son corps, rendant sa vision trouble… Oh, non. Il paniquait. Il ne devait PAS paniquer !

Pas maintenant alors qu’il devait faire une entrée fracassante dans le bureau de Pyrostructor ! Bon, on se calme, il ne fallait pas stresser, après tout, Jésusdu13 avait déjà dépassé le bureau n°9 et s’il avait bien retenu le plan, il suffisait de ramper encore une dizaine de mètres sur la gauche… Euh, non, sur la droite… Non, en fait, Neville ne savait pas, avec tous ces chiffres qui se mélangeaient et les portes qui changeaient de couleurs !

« Rah j’ai la gerbe en plus… » se plaignit une petite voix fluette, épuisée par le parcours du combattant, se laissant suer quelques secondes immobile, tête contre le sol. Tout tournait affreusement, n’aidant en rien l’élève à l’uniforme doré dans sa quête. Mais par une chance extrême… Alors qu’il reprit aveuglément sa route pour se donner toutes les chances de garder son petit déjeuner, un POF, attendrie par la masse capillaire de Neville, retentit : un cadre de porte ! Et vu le numéro que le regard verdoyant put lire… C’ÉTAIT LA ! Et la splendide voix qui émana soudainement, surprenant Neville par un sursaut, ne put que confirmer la réussite de sa mission !

Exécrable. Détestable. Antipathique. Le Grand et génialissime Pyrostructor était là ! ET IL VENAIT DE LUI PARLER ! De quoi faire sourire bêtement le pseudo fils à papa qui se dépêcha alors de ramener ses jambes à son torse et de rentrer illico presto dans le bureau afin de se cacher des VRAIS sous-fifres.

« Ca ferait une teinture gratuite… hinhin… et ça irait bien avec mes yeux au moins ! » ironisa-t-il pitoyablement, en s’asseyant contre la porte désormais fermée du bureau de Pyrostructor. « Neville Legrand, FAPFAP de renom ! Enchanté votre sérénissime Pyrostructor ! Je suis votre plus grand FAN ! … Je vous l’aurai bien prouvé en vous faisant un baise-main mais je crois que si je me lève je vais vomir haha… Quoi que, vous me tripoterez la tignasse si je vomis, j'ai bien compris ? Héhéhéhéhé... Oh ça touuurne...»

Cet homme avait un sex-appeal sans précédent. Tout en lui faisait émaner une odeur de testostérone aussi brute que caliente ! Chacun de ses regards et de ses gestes, même celui qui maltraita cet écran -oh, Pyrostructor devait adorait le rétro !- en transpirait et ça le rendait incroyablement sexy ! Et entre ça, le fait que la célébrité de la pièce se ramène et surtout… Qu’il touche le FAPFAP, Neville fondit. Peut-être presque littéralement d’ailleurs, son dos glissant un peu plus bas contre la porte. Le grand Léandre le touchait et lui flattait les bouclettes ! C’était un rêve ! Enfin, que les débuts d’un long rêve ardant et se rythmant un peu plus… En s’en rappelant, un sourire étrange se dessina sur le visage de l’ainé du duo…

« S’il me suffisait de demander, j’aurai demandé autre chose… » ricana-t-il doucement entre les deux prises de paroles de Monsieur Raja avant de se sentir tout bonnement flatté que ce dernier s’assoit en face de lui. A SA HAUTEUR. Ok, ça, Neville ne s’y attendait pas ! Sa sainte sérénissime sérénité se rabaissait pour lui ! Pas question ! Le pauvre fapfap qu’il était n’arrivait qu’à sa cheville ! Alors il se laissa glisser un peu plus vers le sol, n’ayant presque au final que la nuque et sa tête contre la porte. Voilà, là, au moins, il se sentait diminué, comme n’importe quel être humain devrait être face à Pyrostructor !

« Pour vous rencontrer Monsieur Pyrostructor ! » Aïe, cette position faisait assez mal et quiconque rentrerait exploserait juste la nuque du pauvre bourré qu’il était ! « Je ne voulais pas rater l’occasion de vous rencontrer avant le grand final ! »

Eeeeeeeeeeet c’était parti. A l’expression que tirait le secrétaire, n’importe qui aurait compris que l’homme aux racines indiennes ne voyait pas de ce dont il était question. Mais Neville lui… Était bourré. Et était persuadé d’avoir raison. Et qu’au pire, qu’aux yeux de Léandre Raja, il était impossible de déchiffrer son plan camouflage machiavélique ! Mais c’était sans compter Neville Leblanc, grand fan (même fan n°1 !), malin comme un singe et connaissant toute la biographie du grand homme qui était honteusement assis à son niveau ! … Bon, cette position était beaucoup trop inconfortable et il devait offrir une bien piètre vision d’un double menton au shooté ! Quelques secondes plus tard, son corps était allègrement allongé, genoux pliés et se balançant d’avant en arrière, et coudes repliés devant lui pour mieux tenir son visage. Ainsi, il lui serait plus facile d’échanger discrètement par tendres murmures avec Pyrostructor !

« Je suis au courant ! Je sais que… » Il chuchota encore plus bassement. « … Tout « ça » ! Je sais que ça n’est qu’une couverture ! Que le grand Pyrostructor n’est pas qu’un vulgaire sous-fifre et que ça n’est qu’une couverture ! » Passant sa main dans sa tignasse pour s’ébouriffer la tignasse, Neville prit une inspiration : c’était dur de ne pas vomir dans son état alors il devait r-e-s-p-i-r-e-r ! On respire et… On reprend. « Mais je vous promet que je ne dirai jamais rien. Même sous la torture ! Enfin, il parait que Madame de Lupe… Ou de Lacy, je ne sais plus… Est la reine en cette matière… Mettez moi au défi, je gagnerai. Je ne vous trahirai jamais ! Alors si vous avez besoin… D’un Robin… Il parait que les collants me vont plutôt bien ! Je n’ai pas encore eu mon cours de super-costume alors il est encore temps de le créer en relation avec le votre !... Ralala j’arrive pas à croire que j’ai le grand Pyrostructor à quelques millimètres de moi… Vous êtes encore plus époustouflants en vrai Monsieur Raja… » La fangirl par excellence. Qui semblait prêt à piquer du nez -entre la fatigue, l’excitation et son fichu pouvoir qui l’auto-soulait…

Il le savait… IL LE SAVAIT ! Il l’avait TOUJOURS su ! Neville aurait pu mettre ses bouclettes à raser que Pyrostructor était en train de mener l’un de plus gros projets de Super-Vilain que l’Humanité ait connu ! Bon dieu, si seulement sa famille était là pour voir qu’il avait raison ! Il n’était pas fou ! Ils auraient de quoi être fiers de leur garçon ! Commencer sa carrière en étant le second de Pyrostructor, c’était le plus beau commencement de l’univers ! S’en suivrait une romance endiablée et bien sûr cachée aux yeux de tous, une romance qui entrainerait les deux à faire le duo de super-vilains le plus extraordinaire et le plus solide de tous les temps ! Et ils mourraient, main dans la main, plus amoureux que jamais.

C’était la plus belle vie qu’il puisse exister… Ou que Neville puisse inventer, tisser, petit à petit, entre ses rêves et ses désirs éveillés. Le mélange des deux, celui de l’inédit de chimères, incontrôlables, sauvages, qu’il ne pouvait diriger… Avec celui du contrôlable, de sa vie de tous les jours, de ses désirs les plus fous, les plus vrais… Le mélange parfait…

Et puis il était là. Léandre. Faisant valdinguer le mélange parfait qui ne pouvait même pas arriver à sa cheville, tant Neville ne s’était pas attendu à tout ça. A se trouver à quelques centimètres de Pyrostructor, qui diminua un peu plus la distance entre leurs deux visages à en donner un sérieux coup détraqué à son pauvre cœur. Et il en avait connu, des bugs, son cœur, avec toutes les merdes qu’il prenait le Neville ! Mais jamais, ô grand jamais, il n’y en avait eu de similaire. Il était encore plus magnifique aussi proche, et se sentir transpercé par les gemmes sombres qui lui servaient d’yeux était quelque chose à la fois de troublant et d’effrayant. Léandre Raja était effrayant, normal, c’était l’un de plus prometteurs des futurs vilains sur Terre…

Bien qu’encore dans son brouillard, Neville comprenait tout. Chaque mot, chaque syllabe, chaque envie de son idole. Et un sourire troublé naquit sur son visage sec.

« … Je comprends… » murmura-t-il dans un hochement de tête à la fois docile et subjugué par cet instant. C’était normal. Neville n’était encore qu’un camé tout juste arrivé à l’Institut, Pyrostructor ne pouvait pas lui faire confiance d’emblée. Mais il savait qu’il saurait gagner cette confiance et dans très longtemps, s’il avait bien calculé ses plans, son cœur. Alors prêt à se relever (et à certainement se prendre l’angle du bureau car il sentait son taux d’alcoolémie beaucoup trop élevé)… Il apprit que ça n’était rien, ce qu’il venait de ressentir à l’instant. Et ça, il s’en rendit compte lorsque des avances furent lancées. Oh. Bon. Sang.

Une sorte de long ultra son plongea alors ce qu’on pouvait traiter de « mutant » dans une sorte de repli, sentant tous ses muscles se contracter tandis que les rebonds de son cœur se mélangeaient au premier son. Une crise. Une belle crise, d’avantage appuyée par son état d’ébriété précédent. Et cette pièce allait bientôt puer… Non, humecter le bon cru lidl 2012 (une merveilleuse merveille pour le connaisseur) entrainant chaque personne avec lui dans cette brume d’alcool et dans ses effets indésirables. Les effluves, rien de mieux que pour attaquer une salle complète de super-héros… Par contre, ça n’était pas du tout dans ses plans que son crétin de pouvoir ne se déclenche alors que Léandre Raja lui avait «juste » lancé un prémice d’un rentre-dedans… Quoi qu’il en soit, le bouclé ne put arriver qu’à « prévenir » le second homme de la pièce par un « Et merde… déso, mon pouvoir a un ra… » avant de s’endormir ivre mort sur le sol.

Ah, s'endormir en étant bourré. Ca passait en une seconde, alors que de trop nombreuses heures disparaissaient. Et malgré toutes ces pauvres disparues à jamais, on se réveillait mal. Gorge sèche, haleine d'enfer, un mal de ventre horrible avec des boyaux offrant l'impression de se consummer de l'intérieur. Et ça n'était qu'une fois réveillé, qu'on douillait, comme s'il était impossible au corps de se reposer pendant le sommeil! Nooon, il fallait qu'il se venge au réveil du bourré, bah oui, bien sûr. En tout cas, tel était le comportement vicieux et vengeur du corps de Neville. Il faisait le gentil, aux prémices du réveil, lui offrant des premières ouvertures en douceur de ses paupières. Avec une envie de s'étirer tout le corps. Mais retourner dormir était trop tentant, donc à éviter... Se rendormir, vite, avant que Morphée ne l'abandonne dans les bras du Dieu Gueule de Bois... Bon, pour ça, il aurait fallu du silence mais une voix peu douce au réveil vint le titiller. Une splendide voix énervée, mais dont il ne devinait pas l'appartenance.

Certainement un beau mâle qu'il aurait squatté toute la nuit, à s'en offrir des courbatures... Que ça soit ça ou non, Neville ne fit qu'offrir un petit grognement matinal enfantin, posant son bras sur ses yeux comme si ça allait l'aider à se rendormir alors que la pièce était encore bien obscure...

...

Bon, y avait pas moyen. Son coup d'un soir semblait beaucoup trop grognon pour laisser le bel éphèbe se rendormir en paix. Laissant son bras retomber mollement sur le matel-Aïe, dur le matelas-, le bouclé ouvrit un oeil. Noir. Il faisait noir. Il lui voulait quoi ce guignole a le réveiller sans café ?

"Hmmm laisse moi dormir bordel... il fait encore nuit, demain matin si tu veux..." qu'il maugréa, agacé. Mais il sentait bien que l'autre l'était tout autant et qu'il n'allait pas le laisser tranquille. Alors son deuxième oeil accompagna le premier dans son réveil... avant de voir luir le matelas. Ou le sol plutôt. Il était où bordel ? Chez un étudiant trop pauvre de Paris pour avoir un matelas ?! ... Oh. La voix. Cette voix. Ca y est, les neurones s'allumaient. Une aussi belle voix. Qu'il avait entendu des centaines de fois, à travers des vidéos... A travers des exploits flamboyants... Il rêvait, hein ? Il n'avait pas passé la nuit avec Pyrostructor..? IL S'EN SOUVIENDR... Oh. Ok. Ca revenait. Il était allé le voir, en bon futur Robin (ou en bonne groupie) et son pouvoir s'était déclenché... Tout comme le mal de crâne commençait à s'immiscer petit à petit. Comme si son réveil avait appuyé sur le fameux interrupteur, déclenchant le reste des symptômes pour la journée... ... Soirée ?

Merde, il était quelle heure ? Sa main alla chercher son téléphone dans ses poches et finit par aveugler le mutant. Minuit... ... Neurones en surchauffe. Ses yeux vrillèrent sur le corps à ses côtés (habillé...), profitant de la lumière qu'offrait son téléphone.

"PYROSTRUCTOR ?!"

C'était sorti tout seul! Jusque-là, ses neurones ne croyaient pas trop en la situation, mais là, bordel, impossible de penser que c'était faux! PYROSTRUCTOR ETAIT A SES COTES, DANS LA PIECE, ÉNERVÉ CONTRE LUI! Se relevant doucement en position assise (et tenant son crane, comme pour l'aider à combattre la gravité), Neville se sentait gêné. Désolé. Merde, il avait vraiment saoulé son super-vilain favoris, l'élu de son coeur, l'amour de sa vie ?! De sa petite voix à la fin excitée et ne sachant plus ou se mettre, il finit par répondre, la bouche patteuse, à son modèle.

"Il se peut euh... que mon pouvoir... de bourrer les gens, entre autre... m'ait... échappé..." Sa voix se fit de plus en plus petite et stressée, avant de reprendre un peu dans les octaves, se raclant la gorge. "Chewing-gum...? Eau ? " proposa-t-il au pauvre Léandre, se servant une grogée (une graaaande gorgée) puis un chewing-gum à lui-même. Son brave sac à dos stockait bien plus que des affaires de cours... Deux petites bouteilles d'eau, une canette d'eau de coco, une bouteille de jus de tomate, une ration de muesli, une petite fiolle d'huiles essentielles et du sucre. Bref, il était malheureusement habitué le pochtron. De l'aspirine ? Que nenni. Il avait déjà le foie d'un vieux avec tout cet alcool, si en plus il rajoutait une telle connerie...

"Ok, franchement, j'suis désolé... Mais attendez juste que je me requinque avant de m'expulser à coup de pieds au cul de votre bureau Monsieur Pyrostructor... J'serai en état dans même pas 5 minutes..." quémandait-il, n'osant pas entamer son rituel pour se remettre "en forme" ou du moins dans une forme assez convenable pour partir sans trop souffrir. Bon dieu, quelle image il venait d'offrir au secrétaire agent secret... "Et attendez que je sois assez loin pour me juger aussi s'il vous plait..." Sait-on jamais, hein.

Oups. Neville se faisait engueuler. Encore. Comme le gamin qu’il ne pensait plus être… Mais à croire que pour cela, il fallait plus qu’être éloigné de ses parents : il fallait en plus avoir un comportement qui allait avec celui d’un adulte… Et savoir aussi gérer son pouvoir ! Il se sentait dans de beaux draps, se faisant engueuler par son idole… C’était sûr, il n’allait pas être son futur binôme… Il avait chié dans la colle ! Baissant la tête et faisant la moue, n’osant pas vraiment observer Pyrostructor de peur de voir son regard jugeur (et peut-être fondre physiquement et mentalement), Neville lança un petit « Beh si un peu euh mais pas là quoi… » Ou plutôt pas devant vous qu’il aurait du dire. Car c’était clairement LUI qui l’avait mis dans un tel état ! Sinon, il se contrôlait mieux que ça quand même le Neuneu ! Le voyant s’éloigner, le bouclé retrouva enfin la volonté de lever son regard sur lui avant de se cacher ses pauvres yeux clairs. Bon. Sang. La lumière. C’était digne d’un super-vilain, ça, allumer la lumière alors qu’ils sortaient d’une nuit gueule de bois ! Neville grommela, se laissant retomber en avant, souffrant de l’effet de gravité que ressentit sa pauvre caboche… Et de la nausée qui monta. Pitié, pas ça, pas devant Pyrostructor, pria-t-il en se concentrant et en se dépêchant de macher le chewing-gum pour éviter tout désastre. Bon. Ce dernier avait décidé de partir en premier… Ok, Neville n’avait plus qu’à attendre bien sagement qu’il parte avant de ramper jusqu’à la sortie et…

« … Comment ça enfermé ? » geignit-il, a quatre pattes, passant le pas de la porte de la pièce de sa tête seulement, regardant la source de lumière. La scène était d’une beauté époustouflante. Jamais il n’avait vu en vrai son idole user de son pouvoir. Se laissant hypnotiser par la vision, il sursauta cependant quand la seule source de lumière du couloir s’abattit sur la porte… Oups. Il l’avait mis en colère… Et ce qui suivit cette scène ne l’enchanta guère. Enfin, le Léandre. Parce que Neville, lui, même s’il savait qu’il avait déçu le grand super-vilain… ça lui offrait l’occasion de se rattraper et de montrer qu’il n’était pas un boulet !! Ou, plutôt, pas JUSTE un boulet !

Bon, le mutant eut beau penser ça, il flippa tout de même pas mal en voyant le grand homme revenir vers lui… Pour finalement aller dans une autre salle. Double oups. Il boudait. Triple oups : il avait allumé un feu dans cette dite pièce ! Ouvrant de grands yeux face aux lueurs qui ressortaient dans l’obscurité, Neville prit tout son courage à deux mains (et son équilibre aussi) et décida de se lever (difficilement), rejoignant après un certain temps le secrétaire dans l’autre pièce… Où il n’osa pas vraiment rentrer d’abord. Il était encore gêné et s’en voulait de tout ça… Mais trouvait l’expérience intéressante. Essayer de l’approcher ainsi serait peut-être pas mal… Alors, il se planta derrière le cadre de la porte, refermant ses mains dessus et laissant dépasser sa bouille. Oh ? le secrétaire avait-il froid ou était-ce un moyen de réconfort ? C’était comme pour els feux de camp, c’était plus pour le mental que pour le froid, non ?

« Hm… » dit-il, comme pour lui rappeler sa présence. « J’ai… Je suis désolé de vous avoir fait enfermer et… de vous avoir alcoolisé… Et de vous avoir mit en colère… Je voulais pas… Surtout que vous êtes vraiment mon idole et que… Je suis pas bien à l’idée d’avoir mit un super-vilain comme vous en rogne… » Il cherchait ses mots, bêtement, bégayant, devant faire attention à relever le niveau de sa voix qui s’enrouait dans sa timidité. « Si vous voulez j’ai, euh… Des chamallows dans mon sac… Enfin, un reste mais j’ai fait une overdose donc… J’en prendrai pas beaucoup… » s’essaya-t-il, sentant soudainement l’intérêt du Raja sur lui. Oh ! Il lui disait de venir ? Neville aurait pu en frétiller du popotin s’il ne se savait pas déjà TROP pitoyable aux beaux yeux sombres du pyroman. Avançant doucement et en même temps qu’il fit glisser son sac à dos devant son torse, le bouclé rejoignit le feu de camp. Il ne s’asseya pas tout à fait en face de lui, ni à côté directement. Il lui laissa un espace vital et une trajectoire visuelle qu’il ne gacherait pas, ainsi. Enfin, assis, le Jésus du XXIème siècle finit par vider le contenu de son sac entre eux, mettant en avant les gourmandises promises.

« Vous pouvez vous servir… J’vous dois bien ça pour me faire excuser… Enfin, j’veux dire, même sans ça, je vous aurai proposé hein ! Et pas que parce que vous êtres le grand Pyrostructor ! Enfin, ça y joue mais… Rah ta gueule Neville bon sang… » finit-il par murmurer à sa propre encontre, cachant son visage dans ses mains, soupirant. « Désolé. De tout ça. … Et euh… Vous n’avez pas le numéro de Mademoiselle Mila… ? Ou d’un sous-f…euh de quelqu’un du personnel qui pourrait nous ouvrir.. ? »

De ce point de vue, assis, devant levant son nez pour pouvoir observer Léandre, Neville avait l’impression d’être un spectateur. Et il adorait l’acteur de cette pièce de théâtre. Les flammes offraient même un côté dramatique à tout ceci, faisant danser l’ombre du pyroman sur les murs de la pièce. Bon dieu, qu’il aimait toute cette vue, être en dessous, ne faire qu’observer…

Mais ça changea. Encore. Encore une fois, le magnifique Pyrostructor se mit à sa hauteur. C’était une manie, de se rabaisser ainsi ! Et outre le fait que c’était rabaissant pour le grand super-vilain aux yeux verts de la pièce… c’en était troublant pour cette même paire. Surtout aussi proche. Bon, leurs genoux et leurs mains ne se frolaient pas, mais tout de même ! (Il valait mieux éviter tout contact pour l’instant, s’il ne voulait pas à nouveau s’enivrer lui et Léandre… Une fois, pas deux, la seconde fois il était prêt à parier qu’il deviendrait la dinde de la farce et qu’il rotisserait au milieu de ce feu de camp.)… Se mordant la lèvre inférieure par remord quand on lui annonça qu’ils étaient officiellement coincés toute la nuit, Neville se tut et ramena ses genoux contre son torse, pour ensuite s’émerveiller face à un bras insensible plongeant dans les flammes. Tout était TELLEMENT MIEUX en vrai ! Encore plus époustouflant ! Que ça soit le physique comme la personnalité comme les actes de son voisin de feu… Il y avait de quoi baver à en éteindre le feu ! D’ailleurs, il faisait chaud rapidement pour le bouclé. Enlevant sa veste, il se dépêcha d’intercepter la brindille tendue, manquant de la faire tomber : elle était chaude. Et il s’était brûlé. Mais sans lâcher le morceau. Pas question d’être encore plus minable et chouineur. Le tissu de sa veste aida bien, même si dans sa tête, il couinait face à ses doigts douloureux. Bon, on arrête d’être ridicule. Il finit par envoyer la veste un peu en arrière, pour lui éviter l’odeur de feu.

« Merci. » qu’il dit tout de même, titillant le pic plusieurs fois avant de pouvoir y mettre à son tour un chamallow… Et de s’apercevoir qu’il était soudainement devenu le confident de son idole. What ? Oh, bourré, surement ? Ne prêtant pas attention à l’importance qu’accordait le plus jeune à la directrice de l’école, ce fut lorsque leurs regards se croisèrent que l’élève comprit. Il était amoureux de la célèbre Mila, non ? Bien sûr. Normal. Les supers n’étaient amoureux que de supers. Et Mila était l’une des supers le plus connues au monde malgré son entrée en scène depuis peu. Normal que Pyrostructor s’intéresse à une telle personne. Resserrant son bras gauche autour de ses genoux, Neville croqua enfin dans sa sucrerie cramée (beh oui, quand on bugue en découvrant que son idole est amoureux de quelqu’un, on reste con.).

« Je comprends. » Pas très bavard le fapfap, mais en même temps, avec encore la tête qui tournait, sa timidité face à son idole et le fait de devoir se faire tout petit face à sa connerie… C’était difficile de lui sortir beaucoup de mots. « Mais il n’y a pas de raison qu’elle refuse. » finit-il enfin par dire doucement, retournant ses yeux sur son charbon au sucre. Bon sang, c’était dégueulasse et en plus, ça ne passait vraiment pas. Quelle idée à la con. Laissant tomber sa brindille, le bouclé ouvrit son sachet de muesli et piocha des pépites, s’ouvrant aussi une canette d’eau de coco, posant assez au milieu pour que le brun n’hésite pas à se servir.

Puis il y eut cette phrase.

Neville tiqua, sentant un sourire à la con apparaitre, à la fois gêné mais amusé. Si seulement Pyrostructor savait que cette petite phrase pouvait l’allumer comme un feu déclenché par une vulgaire cigarette balancée par la fenetre d’une voiture en pleine canicule ventilée. De quoi dévaster des hectares et des hectares. Se laissant quelques secondes pour dégager son sourire idiot, le mutant s’octroya une gorgée d’eau de coco avant de tourner la tête vers le sous-fifre et… S’étouffer. Par le nez. Tout y passa. L’eau de coco comme les petits morceaux de fruit. Par un réflexe surhumain, l’accoutré jaune eut le temps de mettre sa main devant sa bouche pour épargner son pauvre voisin. Bon, pas sa propre tenue… B.o.r.d.e.l.. C’était de pire en pire, ça n’était pas possible, le Raja le cherchait ?! Entre son air de shagasse bouffant du sucre dégoulinant sur un pique et une nouvelle phrase sortie comme ça, il cherchait à ce que l’élève perde à nouveau le contrôle ?!

« Pardon, désolé… » Et aller, encore une excuse. S’essuyant avec la manche de son tee-shirt, le bouclé n’osait même plus regarder l’homme à ses côtés ! Et heureusement qu’il avait ses genoux contre son torse. Parce que là, ç’aurait été cramé. « Beh euh, je-j’ai pas de uno sur moi je l’ai oublié chez les gris mais parcontrej’aiblancmangercocomaisjouera2àçac’estpaspossiblejecroiseuuuuh… » prononça-t-il de manière précipitée, se perdant dans ses pensées et essayant de se contrôler. Il n’allait pas tenir ! Il ne savait pas si Pyrostructor faisait exprès juste pour se venger, si c’était innocent, ou s’il le cherchait réellement… … Non, temps mort. C’était Pyrostructor. Qui convoitait la belle (et Frigide) Mademoiselle Mila. C’était dans sa tête. Ok, il cherchait juste à se venger. Du calme, restons innocent, restons droit, restons… Non, pas droit, on se détend. Cachant son nez entre ses deux genoux pour mieux contrôler la direction de son regard… ça ne servit à rien finalement puisqu’il tourna quand même son regard vers l’autre.

« Euh… et vous ? Enfin, j’veux dire… une idée… ? Z’avez pas un paquet de cartes dans votre bureau ou euh… je sais pas… Ah, euh attendez, z’avez qu’à me prendre… » … … POURQUOI CA BUGUE A CE MOMENT LA. POURQUOI LA SUITE DE LA PHRASE NE VIENT PAS. De quoi devenir cramoisi pour Neville qui se mit à baragouiner et baissa les yeux avant de les fermer de force, comme pour se concentrer. « DANS MA VESTE.  Derrière vous. Poche gauche, j’ai un petit jeu de cartes… » Et dans la poche droite, une petite boite de capotes fraichement achetée pour un de ses potos gris. Mais ça, il l’avait oublié. Mais bon, un grand super-vilain comme Pyrostructor, ça doit savoir reconnaitre sa gauche de sa droite, non ? Pas comme Neville…

Une meilleure idée ? La stupidité de Neville se laissa facilement berner, croyant dur comme fer que le super-vilain de la pièce était vraiment prêt à s’amuser gentiment ! Peut-être avait-il une application sur le téléphone ! Oh, que c’était une bonne idée ça ! Il y en avait tellement désormais qui permettaient de jouer à deux, ils allaient passer une sacrée bonne nuit blanche à rigoler sur un morpion, un puissance quatre ou quoi que ce soit ! Impatient à s’en tortiller sur place, avec un grand sourire de gamin heureux, Neville suivit du regard son compagnon de soirée ou plutôt sa main… Se crispant un peu sous les pauvres centimètres qui existaient désormais entre lui et Pyrostructor. Arf, c’était que c’était presque perturbant, mais après tout, c’était dur de garder un certain espace vital en pleine gueule de bois et…

Et…

Et…

Et ce fichu souffle chaud dans son oreille déclencha un début de frisson, qui devint rapidement plus prononcé avec l’aide d’une main dévalant son échine. A l’en faire frissonner tout le corps. OK, ils ne pensaient pas DU TOUT au même genre de jeu ! Et là, c’était clair, pas moyen de douter encore une seconde de plus ! Tournant son regard vers le brun, Neville resta cependant silencieux de longues secondes. Comme s’il vérifiait VRAIMENT ce qu’il se passait. Oui, même si c’était clairement clair, le mutant avait BESOIN de vérifier toujours plus. Parce qu’honnêtement, c’était dur de se dire que son idole, déjà, qui était secrétaire, était avec lui dans une pièce enfermée… Mais lui faisait en plus du gringue !

Il n’avait jamais entendu parler que le Pyrostructor était un chaud lapin ! Ca semblait être quelqu’un de respectueux (autant que pouvait l’être un super-vilain, bien sûr), droit et pas du tout aussi … en chaleur que ça ! … Ou alors Neville était fichtrement attirant, était carrément son genre, malgré le fait que quelques minutes auparavant, le Raja bavait sur Mademoiselle Mila… OH. MON. DIEU. IL VENAIT DE REMPLACER LA SPLENDIDE MILA DANS LE CŒUR DU GRAND PYROSTRUCTOR !

Sa tête tournée vers le sous-fifre, l’élève sentit son cœur s’emballer sous la proximité de leurs visages et de leurs nez. Et l’envie ridicule de faire un bisou esquimau lui traversa l’esprit. Mais c’était ridicule. Léandre Raja n’était pas un homme mielleux. C’était un homme fort. Viril. Qui voulait de réelles actions. Pas de simples mignonneries. … Bon, honnêtement, que ça soit l’un ou l’autre, ça n’allait pas venir de la part du FAPAP ! Trop intimidé, mais aussi surpris, son pouvoir semblait à nouveau déverser son poison dans son sang comme dans celui du plus jeune. Mais de manière plus réservée cette fois. Plus doux, comme pour adoucir la situation et non pas l’empirer. Même si au fond, rien n’était voulu. Ce fut automatique. Et l’action fut aussi brève que la couleur pourpre qui rougit ses iris, comme des yeux malades.

« … Est-ce qu’il y a un seul imbécile qui a déjà répondu négativement face à vos avances… ? … Enfin, je devrais dire plutôt… est-ce qu’il y en a eu un qui vous a déjà répondu négativement tout court en fait… » Car comment ne pas être hypnotisé face à un tel homme ? C’était ce que se demandait cet idiot de Neville qui n’osait lancer le jeu… Mais qui appréciait tout de même grandement les petites papillons dans son ventre.