Dans un couloir, un gland et un aveugle - Harryboc'estbolavie

Allez Eglantine, ça allait. Bien sûr que tu détestais tout ces cours tout pourri où tu apprenais soi disant à faire le mal. Mais ça allait. Ca allait.
C'est ce que je me répétais en boucle. A y réfléchir, ce n'était pas si horrible si on omettait les abrutis.
J'avançais dans les couloirs. J'avais envie de faire une pause, d'aller sur mon PC de mater des trucs drôles, de poster sur Tumblr mes nouveaux dessins qui n'avaient pas pris vie. La dernière fois j'avait eut au moins un coup de coeur !
Et au pire des cas, j'allais me mater des images de mes super héros préféré sur Pinterest et ça irait mieux.

Je songeais à tout ça en regardant mon téléphone. Netflix avait sorti une nouvelle série, j'avais hâte de la regarder. Cela m'occupait bien. Bon, bien sûr, je ne vis pas la marche, pas plus que mes pieds, qui s'effondrèrent, alors que je m'écroulais sur quelqu'un, mon téléphone volant un peu.
Pauvre petit téléphone.
Mais ça ne serait que la seconde fois que je tombais sur quelqu'un. Cela allait devenir ma spécialité.

Je m'accrochais à ce que je pouvais, avant de grimacer de douleur, et de relever un peu les yeux.
Je crois ce à quoi je m'étais accroché, c'était un pantalon. Oups.

Je terminais rouge et fermais les yeux :

- Je suis trop super méga désolée pardon argh je voulais pas ! Sois sympa steuplait !

Je demandais un peu de sympathie comme les gens d'ici ne l'étaient pas vraiment. Ou pas forcément.
Je lâchais rapidement le pantalon, et reculais, n'osant pas relever les yeux, oubliant que la personne pouvait porter un sous vêtement, tout de même.

Traînant des pieds, l’air un peu triste, Harry avançait lentement dans les couloirs de l’Institut Trueman, ne sachant pas vraiment comment il pouvait s’occuper. Azalée n’étant pas avec lui, sûrement occupée ailleurs, il ne pouvait donc pas suivre sa jumelle partout comme il avait l’habitude de le faire lorsqu’ils étaient tous les deux… Et puis, aussi, Mr Nounours était resté dans le dortoir des FDP tandis que son propriétaire se dirigeait vers les salles de classe pour débuter les cours. Après tout, qui emmènerait un ours en peluche en classe, hein ? Surtout lorsqu’on apprenait à devenir un super-vilain… Alors, forcément, le Rouantelezh ne pouvait pas compter sur la présence de son doudou pour se rassurer dans l’immensité de cet école, remplie de toute sorte de gens tous plus étrange les uns que les autres. C’est pour cela que le jeune homme de quinze ans se contentait de se balader dans l’Institut, rasant presque les murs afin d’éviter le plus possible le contact avec des inconnus. Il se demandait constamment pourquoi il avait accepté de suivre sa fratrie dans cette école bizarre, mais sa balade se passa sans le moindre problème…

Elle se passa sans le moindre problème… Jusqu’à ce qu’une jeune fille, qui avait visiblement la tête ailleurs, lui rentre dedans. Et encore, si elle lui était simplement rentré dedans, Harry aurait simplement assuré que ce n’était rien avant de continuer son chemin comme si de rien n’était, mais… et bien disons simplement que ça ne s’arrêta pas là. Non contente de bousculer le petit breton, la jeune fille trébucha et s’accrocha à la seule chose qui lui passa sous la main, à savoir… le pantalon d’Harry ! Réalisant la chose, elle s’excusa immédiatement en rougissant, mais le Rouantelezh ne le remarqua même pas. En réalité, la seule chose qu’il remarqua, ce fut sa vision qui se brouillait petit à petit… Ah ce satané pouvoir inutile ! Toujours à se déclencher au pire moment possible celui-là hein ! Enfin… Réalisant donc qu’il était à présent aveugle, Harry tendit les mains vers l’avant de manière à trouver un mur ou quoique ce soit d’autre sur lequel s’appuyer pour pouvoir avancer sans danger. Sauf qu’il avait oublié le pantalon toujours descendu au niveau des genoux… Si bien qu’au premier pas qu’il fit, il manqua de peu de se retrouver la tête la première sur le sol…

« Euh… C’est… pas grave… Par contre, est-ce que… est-ce que tu peux m’ai… m’aider, s’il te plaît ? Je… euh... J’y vois absolument rien et… euh… mon pantalon… »

Les yeux fermés, je m'attendais à un hurlement. Un cri de rage, quelque chose du genre. Je veux dire, je venais de déshabiller quelqu'un sans le vouloir, juste parce que j'étais tombée. Et la dernière fois que j'étais tombée cela s'était super méga mal passé.
Du coup, j'attendais vraiment à m'en prendre plein la figure.
Mais à la place, j'entendis une voix plutôt bégayante, celle d'un adolescent, comme moi, probablement, qui lâchait des mots clairs et sans me disputer.

De toute évidence, il avait besoin d'aide, parce qu'il ne voyait rien.
Quoi ? Comment ça, il n'y voyait rien ?
Je relevais la tête, et la rebaissais aussitôt. Argh. Bon ok, il avait encore son caleçon, mais quand même !

Sauf que je ne pouvais pas le laisser comme ça.... ...Est ce que j'avais tapé dans un aveugle ? Mais qu'est ce qu'un aveugle faisait ici ? Enfin j'avais croisé beaucoup d'autres personnes différentes alors, je crois que l'institut contenait pas que des gens hyper à fond dans l'idée d'être super vilain.
Bon. Je devais vraiment aider. Je ne pouvais pas le laisser comme ça.
Allez Eglantine.

- Oooook...Euh...Attends. Désolé d'avance, désolé encore, bref....

J'espérais qu'il se foutait pas de moi juste pour me voir lui remonter son pantalon. Par sûreté j'observais le visage du garçon, passant vite sur la partie que j'allais de voir remonter, et je pus constater qu'il semblait vraiment aveugle.
Bon.
Allez Eglantine. Allez. Prends sur toi.

- Je vais le faire, mais euh... Désolé. Où je risque de toucher. Promis, je regarde pas.

Même si j'allais être obligé.
Je me baissais à nouveau pour aller prendre le pantalon qui était tombé. Mon dieu, mais qu'est ce que j'étais en train de faire. Un instant, je me rendis compte que j'étais idiote. Je n'étais pas obligé de tout remonter jusqu'au bout...
Tenant le pantalon d'une main, j'attrapais la main droite - la plupart des gens étaient droitiers non ? - du garçon et lui fit toucher le pantalon

- ...Tiens...Est ce que ça suffira, ou...Euh...Je vais devoir continuer ?

Pitié dites moi que non, pitié dites moi que non, pitié dites moi que non.

Malgré sa vision désormais complètement inexistante, Harry pouvait voir sans difficulté la gêne qui s’était emparée de la jeune fille qui lui étaient rentrée dedans. Ou plutôt, pour utiliser les bons mots, il la sentait parfaitement bien. Mais, en réalité, ce sentiment était si palpable que, même sans le vouloir, une personne se trouvant à des kilomètres à la ronde aurait pu le remarquer. Et puis… elle s’excusait si souvent, quasiment à chacune de ses phrases, qu’il ne faisait aucun doute qu’elle n’avait absolument pas voulu se retrouver dans cette situation et qu’elle aurait préféré s’enfuir au plus vite. Le Rouantelezh aurait d’ailleurs bien voulu lui assurer que ça ne servait à rien de répéter si souvent qu’elle était désolée, qui ne lui en voulait aucunement, ce genre de choses… Mais, lui aussi plus que gêné par la situation, aucun son ne parvint à sortir de sa bouche… Non, au lieu de ça, il se contenta de détourner le regard – bien que ça ne serve de toute façon à rien, puisqu’il était aveugle – tandis que l’autre élève l’aidait de son mieux à remonter son pantalon. Il réussit tout de même à lâcher un petit « merci » lorsqu’elle commença la manœuvre, mais il était tellement inaudible que la jeune fille ne l’entendit probablement pas… Et ce fut donc seulement lorsqu’il sentit sa main droite être emmenée jusqu’à son pantalon qu’il tourna de nouveau son visage vers la fille, se mettant enfin à parler un peu plus distinctement.

« Je… Mer… Merci… Je crois que… je crois que je vais… y arriver tout seul maintenant… »

Ce fut en tout cas ce que notre cher petit breton de 15 ans essaya de faire pendant quelques secondes, voulant à tout prix éviter à la gêne de s’installer encore plus. Malheureusement, comme un idiot, il ne pensa pas une seule seconde à utiliser sa main gauche et se contenta de remonter le pantalon en sautillant, ne se servant que de la main qui avait été emmené jusqu’à son vêtement. Et ce qui devait arriver arriva… Alors qu’il pensait arriver au bout de la manœuvre, son bas recouvrant maintenant à moitié son caleçon, Harry fit un faux mouvement et se retrouva d’un seul coup le cul par terre, après une chute bien violente. Secouant la tête, comme pour tenter de retrouver la vue – bien que, encore une fois, ce soit totalement inutile au vu de sa condition – le jeune garçon crispa ses doigts sur son pantalon et se demanda bien se qu’il avait fait au bon dieu pour se retrouver dans une situation comme celle-là…

« Aïe ! Je… euh… désolé… »

Ce furent les seuls mots qui réussirent à sortir de la bouche d’Harry à cet instant précis. Il ne savait pas vraiment pourquoi il s’excusait, d’autant plus que rien de tout cela n’était sa faute, mais… il s’excusait tout de même ! Peut-être pour sa maladresse ? Après tout, il avait dit qu’il pourrait se débrouiller seul et se retrouvait à présent par terre, le pantalon même pas remonté !

Quand le garçon affirma pouvoir se débrouiller tout seul, je fus rassurée. Je n'avais...Vraiment, vraiment, vraiment, pas envie de continuer de l'aider. Okay, c'était de ma faute si...Hm. Il avait perdu son pantalon. Mais je n'aurais jamais pensé qu'il était aveugle ! 

En tout cas, là où c'était rassurant, c'est qu'il semblait aussi gêné que moi. Je me sentais moins seule. Parce que bon, le pire aurait été qu'il ne le fut pas et me fixe juste... Mais il aurait pas pu, il est aveugle. Voyons Eglantine. 

Bref. Je l'observais essayer de remettre son pantalon sans sembler y arriver. Je le regardais faire en fronçant les sourcils. En même temps j'étias en train de me demander pourquoi il ne semblait vouloir utiliser que sa main droite.
Mais il était hors de question que je l'aide plus, même si c'était ma faute. C'était super trop gênant. 
Il sautillait à moitié, et je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer faire. Je ne savais pas comment les aveugles faisaient, ni s'il y avait quelque chose de différent chez eux, quand il s'agissait de se rhabiller. Je ne voulais pas le déranger. 

Et puis bon, que ça soit pour lui ou moi, c'était déjà bien assez gênant comme ça, hein. 
Il sembla y être presque. Mais non. Non, il fallu qu'il tombe, et que je n'ai même pas le temps de l'aider. 

Bon... Décidément, c'était pas sa journée ou la mienne. J'étais certaine que d'un point de vue extérieur on devait avoir l'air super ridicule. 
Il vint à s'excuser, et je me mis à réfléchir. 
Qu'est ce que je pouvais faire, moi, hein ? Le relever ? 
Bon. Ok, je pouvais au moins faire ça. 

-Okay, euh, tiens bien ton pantalon, je vais t'aider à te relever ok ? 

Je pris son bras libre et le tirait pour l'aider à se remettre debout, allant quand même doucement pour pas trop lui poser soucis. 

-Ooooh hisse. 

Finissant par l'aider à se relever, je le tins, comme si j'avais peur qu'il retombe. Il était plus petit que moi, un peu, donc ça aidait pas mal pour l'opération

-...Tu peux finir de remettre ton pantalon ? ....En utilisant peut-être tes deux mains ? 

Argh. J'avais un peu honte de devoir parler comme ça, de devoir dire tout ça, j'avais honte de cette situation, la gêne et le malaise était présent. Aurait on été sur Youtube, que j'étais persuadée qu'un grand youtuber aurait fait une vidéo pour parler de cette scène, en se moquant bien.
Mais on était juste dans la vraie vie, alors ça passait encore. Je crois. 

J'avais presque envie de vérifier que personne autour de nous ne venait à filmer la scène. Parce que pour le coup, même si l'aveugle ne verrait rien, ça serait assez honteux pour lui, non ? 

Assis par terre, Harry se sentait complètement idiot. Non seulement il s’était fait enlever son pantalon par quelqu’un, même si c’était sans faire exprès, mais voilà qu’en plus de cela, il se cassait la figure en tentant de le remettre… Si tout ceci s’était passé dans son dortoir, avec Mr Nounours comme seul spectateur, cela ne l’aurait absolument pas dérangé, et il se serait simplement donné une tape sur le front pour se rappeler d’utiliser ses deux mains la prochaine fois. Sauf que, actuellement, le Fond d’Placards avait une spectatrice. Et encore, une seule A CE QU’IL SAVAIT ! Rien ne lui disait qu’il n’y avait personne d’autres dans les parages… Et cette possibilité ne faisait qu’augmenter sa gêne. Il se demandait ce que ça serait si Barbara, ou un autre des enfants Gward, le voyait ainsi…

Heureusement pour lui, sa partenaire de malheur eut la bonne idée de le relever, et cela permit à Harry de retrouver un peu de dignité, en n’étant pas étalé sur le sol comme un idiot… Mais il lui restait encore à remonter son pantalon, et cette étape serait plus compliqué sans voir ce qu’il faisait… Ce serait bête qu’il se retrouve de nouveau le cul par terre, simplement parce qu’il n’avait pas fait attention et avait encore trébuché en remontant son vêtement… C’est pourquoi le petit rappel de son interlocutrice sur le fait d’utiliser ses deux mains fut parfaitement bien accueilli par le petit breton. Se servant de la paume de sa main libre pour se donner un coup sur le front, il la remercia ensuite d’un signe de tête et tâtonna jusqu’à pouvoir attraper le vêtement à deux mains. Une fois que ce fut fait, tout se déroula enfin comme prévu et le Rouantelezh se retrouva de nouveau complètement vêtu… Se frottant alors les fesses, qui n’avaient pas vraiment apprécié leur choc précédent sur le sol, il tourna ses yeux toujours aveugles vers Églantine et la remercia une dernière fois…

« Euh… Encore merci… Euh… Comment tu t’appelles ? Et puis aussi… euh… Ça fait longtemps que tu es ici ? »

Harry n’avait absolument aucune idée de pourquoi il demandait tout ceci à son interlocutrice, mais, en réalité, peu importait… C’était une simple tentative d’aborder la conversation, afin d’éviter de mentionner ce qu’il venait de se passer. C’était comme si le breton tentait de cette manière de faire disparaître la gêne qu’il n’avait cessée de ressentir depuis qu’Églantine lui était littéralement rentrée dedans…

En vérité, le voir tomber comme ça, ça me rappelait moi. Je veux dire, j'étais le genre de gamine qui mettait tout le temps ses lacets correctement, sinon au moindre lacet défait, j'avais tendance à m'étaler de tout mon long.
C'était encore le cas aujourd'hui.
J'avais été l'enfant qui avait appris le plus vite à faire mes lacets, selon ma maman, parce qu'elle n'en pouvait plus de m'entendre chouiner quand je m'éclatais au sol.

Bref !
Je l'aidais à se relever. Je le vis qui se tapa le front et fronçait les sourcils. Genre, y se facepalmait ? Bon, soit.
Je le laissais faire, détournant un peu le regard, légèrement rouge, parce que bon. La situation avait été gênante quoi !

Il me remercia, me demanda mon nom et tenta de faire connaissance.
C'était un peu mignon je crois, comment il essayait probablement de se récupérer maintenant qu'il venait de vivre un truc assez ridicule. J'allais pas pourrir son groove, cela ne se faisait pas. J'eus un sourire, même si ça il le voyait pas :

- Je m'appelle Eglantine ! Et ....Bah en fait non, j'suis pas trop là d'puis longtemps.

En vrai, oui, ça faisait depuis pas du tout longtemps. C'était même compliqué pour moi d'y être, mais bon, je faisais avec.

- Et toi ? ...Ca va aller ? Tu as pas une canne ou un truc du genre ? Tu veux de l'aide ? ...Je suis désolée si je suis malpolie ou quoi, mais j'ai jamais trop vu d'aveugle. Enfin si le chat de la voisine, mais... C'était un chat quoi.

Oh bon sang Eglantine.
Je ne savais pas ce que je racontais, mais c'était un peu n'importe quoi. Faut dire que j'étais un brin gênée. Je savais pas trop comment réagir moi. Pour de vrai.
Au delà de ça je compris surtout un truc, à force d'entendre :

- Au fait, tu viendrais pas de Bretagne ? T'as le même accent que ma mère.

J'eus un petit rire. Hey, si je pouvais retrouver des collègues bretons, moi j'étais contente !

Toujours aussi gêné, Harry se demandait sérieusement si sa tentative de changement de sujet allait être suivie par Églantine ou si, au contraire, elle allait s’amuser à revenir sur cette aventure pour se moquer un peu. Cela ne semblait pas être son genre, mais, après tout, on était dans une école de super-vilains, rien n’était donc sûr ! Il était fort possible que la jeune femme se fasse passer pour la  gentille, mais qu’en fait elle s’amuse à enregistrer ou filmer subrepticement pour faire partager plus tard. C’est en tout cas la crainte qu’avait le petit Rouantelezh, et c’est pourquoi il espérait vraiment qu’elle le suive dans cette tentative de conversation. Heureusement pour lui, ce fut effectivement le cas et elle répondit simplement à ses questions sans revenir une seule fois sur la mésaventure précédente. Mieux, même, elle lui demanda si ça allait et s’inquiéta de sa cécité en lui demandant s’il n’avait pas besoin d’aide. Heureux d’être enfin tombé sur quelqu’un de réellement gentil dans cette école de fous, le petit breton se para donc de son plus beau sourire et rassura Églantine sur sa condition.

« Ne t’en fais pas, je… tout va bien ! Je ne suis pas tout le temps aveugle, c’est… C’est mon pouvoir en fait. J’y suis habitué maintenant, et puis… je vais pouvoir revoir d’ici quelques minutes, ne t’en fais pas ! »

Habituellement, Harry n’était pas très à l’aise en ce qui concernait son pouvoir. Il avait peur qu’en en parlant, on se moque de lui ou considère qu’il était complètement inutile et n’ait rien à faire à l’Institut Trueman – ce qu’il pensait lui aussi, il faut bien l’avouer… Mais, avec Églantine, c’était différent. Avec Églantine, il se sentait libre de parler de toute sorte de sujet sans honte. C’est pourquoi, sans hésiter, et pour la rassurer aussi, bien entendu, il lui avait fait part de tout ce qu’il y avait à savoir sur sa cécité passagère non contrôlée. Ne restait plus qu’à voir comment elle allait réagir et ce qu’elle allait penser de ce satané pouvoir inutile. Mais le petit Rouantelezh commençait à bien cerner son interlocutrice à présent, et il se doutait qu’elle allait être gentille et compréhensive. C’était quasiment certain dans sa petite tête de breton de quinze ans. Comme il était quasiment certain qu’il allait lui reparler et… devenir son ami, pourquoi pas ? Surtout que… Surtout que, à sa question suivante, le FDP comprit qu’Églantine était une bretonne, comme lui. Et ça, c’était quelque chose qui pouvait renforcer une possible amitié, n’est-ce pas ?

« Ta maman est bretonne ? C’est trop cool ça ! Et du coup, oui, tu as bien deviné. Tu connais la société "Le Chevalier Breton" ? Tu sais, celle qui a le monopole de la galette là ! Ben le patron, c’est mon père ! Il a eu pleins d’enfants, et… TADA, je suis là ! Bon, j’ai pleins de frères et sœurs aussi, mais on s’en fiche d’eux… Les seules personnes gentilles dans cette famille, c’est ma maman et ma jumelle adorée, Azalée ! Ah et puis Mr Nounours, aussi ! »

Subitement, lorsqu’il réalisa qu’il venait de parler de son ours en peluche comme s’il s’agissait d’une personne réelle, Harry baissa la tête pour regarder ses pieds, rougissant un peu. L’enthousiasme dont il avait fait preuve en racontant sa vie à Églantine avait complètement disparu, pour laisser de nouveau la place à une gêne dont il ne savait pas comment se débarrasser…

« Mr Nounours c’est… ben… euh… mon nounours en peluche… Toi aussi tu as des peluches ? »

Au moment où il m'expliqua pourquoi il était aveugle, je manquais d'en être plus que surprise. Ok. Donc, il n'était pas tout le temps aveugle parce que c'était son pouvoir.
Je me demandais comment mes parents réagiraient si je leur apprenait que mon pouvoir c'était de devenir aveugle. Déjà que pour eux j'étais un échec, de ne pas savoir dessiner mais que tout repose là dessus pour mon pouvoir...
Je compatis à mort pour ce type qui me faisait face, vraiment. Je ne pouvais que le comprendre, après tout.

- Oh. Mon dieu....

A vrai dire, je rêvais de lui faire un câlin, tellement je plaignais sa condition. Mais je ne savais pas s'il serait d'accord en fait. Surtout qu'il ne s'y attendrait pas.
Me rendant compte que mes trois mots pouvaient être gênants, je me permis de rajouter, d'un air réellement compatissant :

- T'en fais pas, je comprends.

Même si c'était super triste.
Mais nous revînmes sur quelque chose de bien plus intéressant, comme les origines. Là, Harry parla de ses origines et de la société que je connaissais en effet.
Oh wow. C'était surprenant qu'il n'ait pas mon uniforme non ? Je voulais dire, il était aussi un fils de riche si c'était le cas non ?
Mais il ne sembla pas trop vouloir s'attarder sur sa jumelle sinon sur les gens qu'il aimait bien. Et sur Mr Nounours.

J'eus un petit sourire. Hey ! Je me moquais pas, mais je trouvais ça mignon. En plus à y réfléchir, ce gamin avait une bouille...Enfin gamin. Si ça se trouve il avait mon âge. Mais il avait une tête d'enfant, maintenant que j'y réfléchissais.
Faut dire qu'en vrai, c'était pas sa tête que j'avais vu en premier...Mais ça je n'avais aucune envie d'y repenser. Et j'étais bien contente qu'Harry soit aveugle. Il ne me voyait pas rougir à nouveau comme ça.
En fait, lui aussi se mit à rougir. Mais j'imaginais que c'était pour le dit Monsieur Nounours.

On était dans un institut pour vilains. Si un seul de ces empaffés apprenaient qu'il se trimballait avec une peluche... Même s'il ne semblait pas avoir de peluche sur lui.
Il confirma mes doutes avant de me demander si j'avais des peluches.

- Oh euh ouais. Je dors plus trop avec, en fait, mais j'en ai. Elles sont sur mes étagères. Bon pas trop ici, mais j'ai ramené mon alpaga que j'ai eut en convention, et aussi une peluche qu'une amie m'a cousue.

Parce que l'alpaga était beaucoup trop mignon pour que je l'emmène pas. Même si le choix avait été dur.
On pouvait me dire "han trop girly" mais je ne pensais pas qu'avoir des peluches faisait de quelqu'un une fille. C'était juste avoir les parties génitales féminines qui faisait d'une fille une fille non ?
D'autant que Pinterest et Tumblr voire même Reddit, m'avaient bien appris ça.

- Mais ça me dérange pas que tu parles à ton nounours. Si jamais tu t'en voulais de me l'avoir dit... Au moins t'as un confident.

Moi je pouvais pas trop dire la même chose. Enfin, si, j'avais des amies sur internet avec qui je discutais tout le temps, ce qui fait qu'on se rapprochais de ce rôle.

- Pis en plus t'as une jumelle c'est classe. ... Moi je... Bah je ne sais pas si tu connais Dourenn, la super héroïne de Brocéliande ? Ou encore Terraman ? ...Bah c'est mes parents. Bon j'avoue leurs noms sont bizarres, mais bon. Surtout que papa contrôle pas la terre mais il a de la force....

De la super force même. Du coup j'ai toujours peur quand il s'énerve, parce qu'il peux casser des trucs sans le vouloir. Maman désespère après. Et Olivier est un peu effrayé aussi...

- J'ai aussi un petit frère mais...J'ai pas trop envie d'en parler non plus.

Pas que je le détestais, mais je crois que lui ne m'aimais pas trop. Probablement qu'il était trop fier parce que lui, aux yeux des parents, son pouvoir servait à quelque chose.

- Enfin voilà.... Mais c'est cool de croiser un breton !

Aussi rouge que l’insigne des Omégas, Harry se demandait ce qu’il lui avait pris de mentionner l’existence de Mr Nounours. Non pas qu’il ait peur qu’Églantine se moque de lui, puisqu’il avait finit par comprendre que ce n’était pas son genre, mais… mais quand on était un garçon de 15 ans, on n’était plus censé avoir de doudous. Et c’est pour ça que le Rouantelezh était un tout petit peu honteux. Pourtant, cette honte diminua d’un coup lorsque la FapFap prit la parole. Ainsi donc, elle ne le trouvait pas trop… bébé, à avoir une peluche ? Peut-être bien qu’Églantine était encore plus gentille que ce qu’Harry pensait ! Non seulement elle ne s’était pas moquée de lui une seule fois depuis leur rencontre, non seulement elle était compréhensive sur son pouvoir, mais en plus elle acceptait l’existence de Mr Nounours ! Mieux, même, elle avait elle-même un alpaga et une peluche cousue main… L’enthousiasme revenant au galop, le petit breton se mit à sautiller sur place et se para d’un sourire tout en demandant le plus d’information possible à Églantine sur ses doudous.

« Un alpaga ? Mais c’est trop cool ! Il est de quelle couleur ? Et il est doux ? Et puis le cadeau de ton amie, il est doux aussi ? C’est difficile de coudre des peluches ? Je pourrais les voir ? »

Le changement de comportement d’Harry pouvait paraître étrange, mais il était comme ça notre petit FDP… Quand un sujet l’intéressait ou le passionnait, il en oubliait tout ce qu’il s’était passé juste avant pour se concentrer sur le dit-sujet. Exactement comme en ce moment, en fait… Peu importe si Églantine était surprise, du moment qu’elle lui fournissait les réponses à ses questions ! Et tant pis si elle voulait parler d’autre chose ! Quoique… pour ce point, le Rouantelezh finit par revoir son point de vue. En effet, quand sa nouvelle amie se mit à parler de ses parents, il écarquilla les yeux et garda la bouche ouverte pendant quelques secondes. Ainsi, le père et la mère de la jeune fille étaient des héros ? Et pas n’importe quels héros, en plus ! Non, non, juste les héros qu’Harry considérait comme les meilleurs de Bretagne… Ça, pour être un choc, c’était un choc ! Tellement que, après cette annonce, le petit garçon resta un instant silencieux, tentant d’assimiler cette information. Et il resta silencieux pendant plusieurs secondes, jusqu’à ce qu’Églantine décide de conclure en annonçant que c’était cool de croiser un autre breton. Et ces mots eurent le loisir d’enfin faire réagir Harry, dont la langue se délia enfin…

« Oui, c’est trop cool ! On pourra se plaindre ensemble des "fausses" crêpes qui nous sont servies ici ! Et puis en plus tes parents c’est des héros que j’adore, alors on pourra en parler aussi ! Enfin… euh… si tu veux bien, évidemment… »

Ben oui parce que, si le Rouantelezh adorait Drouenn et Terraman, rien ne disait que c’était le cas pour Églantine aussi… Peut-être même qu’ils n’étaient pas les mêmes dans la vie privée et la vie… "professionnelle"… Peut-être aussi que la FapFap avait rejoint l’école de super-vilains justement pour se rebeller… Même si du point de vue d’Harry, ça semblait peu probable vu comme elle semblait gentille et adorable. Ce qu’il s’empressa de lui faire savoir, d’ailleurs !

« En tout cas, tu es trop gentille ! »

Je me prise à remarquer que ce garçon qui semblait avoir été gêné, paraissait maintenant sautiller presque, et j'en fus surprise mais contente. En fait, je crois que je le comprenais. Il avait un pouvoir peu encourageant, et en prime il était un peu spécial pour cette école. Sa vie ne devait pas être facile tous les jours. Et moi, j'étais là, à compatir. Parce que je n'étais pas une vilaine et que mon pouvoir n'était pas tant utile.
Je regardais Harry être super content de me parler de l'alpaga et j'eus un sourire :

- Il est bleu pâle, et ils sont tous les deux doux j'imagine...

Je fus un peu perturbée qu'un aveugle me demande s'il pourrait les voir mais je me rappelais qu'il n'était pas réellement aveugle. Du coup je hochais la tête. Avant de me rappeler qu'il restait aveugle là. Bien Eglantine, tu vas y arriver.

- Et je sais pas si c'est difficile...Je l'ai pas fait, mais en tout cas, je pourrais te les montrer !

De fait, nous en vînmes tout de même à parler de nos origines, et je m'exposais donc en tant que bretonne, ce qui surpris mon camarade, je crois, quand je parlais de mes parents. Je ne savais pas comment réagir. Peut-être que j'aurais dû me taire. Peut-être qu'il n'aimait pas les héros...Peut-être que...Zut j'avais peut-être fait une bêtise ? J'essayais de sauter sur le sujet sur le fait que c'était cool de croiser un breton, et enfin il se mit à parler.

Et je fus rassurée qu'il était bien d'accord pour qu'on soit un peu plus proche. Mais surtout je ne fus pas surprise d'apprendre qu'il adorait mes parents. Pas que ça me dérangeait, même j'étais heureuse de ça, mais... Mais comment dire, mes parents eux, n'étaient jamais content de moi alors...
Je ne savais pas trop comment réagir. Je forçais un sourire, même s'il ne le voyait pas. :

- Euh oui, oui, si tu veux... J'ai pas grand chose à dire sur mes parents après, c'est mes parents quoi.

J'étais assez mal à l'aise. J'avais beau adoré papa et maman, je... Je leur en voulais de m'avoir mis là quand même. Soi disant que quitte à pas être un héros je pouvais être une vilaine. Je leur en voulais de ne pas m'avoir comprise, je leur en voulait de ne pas m'avoir encouragé. Je leur en ovulais probablement aussi de préférer Olivier par à rapport à moi, parce que lui, son pouvoir était utile.
Alors, je rebondissais rapidement sur un autre sujet. J'avais beau avoir présenté mes parents, je... N'aimais pas ce sujet quoi.

- Et hm, on pourra essayer de faire des vraies crêpes ! Ca pourrait être bien.

J'observais un peu Harry :

- Quand est ce que ta vue reviens, en fait ? A moins que ça soit comme moi, aléatoire...

Un sourire jusqu’aux oreilles, Harry était loin du petit garçon timide et gêné qu’il était lorsque Églantine lui était rentré dedans. Bien au contraire même, il ressemblait à présent plus à un enfant qui attendait impatiemment d’ouvrir ses cadeaux de Noël. Ou plus exactement, dans son cas, à un enfant qui attendait d’obtenir plus d’informations sur les deux peluches dont on venait de lui parler. Un alpaga, de couleur bleue pâle donc, et une peluche cousue main, tous les deux doux semblait-il, que… que la FapFap le laisserait voir un jour. En entendant ces mots, le sourire du Rouantelezh s’élargit – si cela était encore possible – et il eut dans l’idée de se jeter dans les bras de la jeune fille pour lui faire un câlin. Sauf que, ayant peut-être un peu peur de sa réaction, il faut bien l’avouer, il se retint et se contenta simplement de la remercier verbalement. Mais, même par de simples mots, sa joie était très palpable…

« Oh ouais trop bieeeeen ! En plus un alpaga bleu ça doit être trop mignon ! J’ai hâte de le voiiiir ! »

Suite à ce petit interlude peluche, la discussion partit ensuite dans la direction des origines de chacun, et les deux nouveaux amis découvrirent qu’ils étaient tous les deux bretons. Mieux encore, Églantine était la fille des héros Drouenn et Terraman, deux héros qu’Harry affectionnait tout particulièrement. C’est pourquoi, dès que cette information parvint à son cerveau, l’enthousiasme du Fond d’Placards augmenta encore d’un cran et il se mit à proposer à la jeune fille de se revoir pour parler de tout un tas de trucs de bretons et, surtout, de sa famille ! Pourtant, dès qu’elle lui répondit, l’enthousiasme du jeune homme redescendit d’un seul coup. A la façon qu’elle avait d’en parler, c’était comme si… comme si elle n’avait pas vraiment envie de dire quoi que ce soit de plus sur Drouenn et Terraman. Alors forcément, Harry fut déçu. Mais d’un autre côté, les parents étant ce qu’ils étaient, il comprenait parfaitement qu’elle puisse ne pas vouloir en ajouter d’avantage. C’est d’ailleurs pourquoi, un peu par instinct, il s’approcha d’elle – à tâtons, puisqu’il voyait toujours rien – et lui frotta le bras comme l’avait déjà fait sa mère pour le rassurer quand il était petit, tout en continuant la conversation.

« Ben si t’as pas beaucoup de choses à dire sur tes parents, on dira pas beaucoup de choses dessus, voire rien du tout, et puis voilà ! Par contre, pour les crêpes… Compte sur moi, j’adore évidemment ça ! »

Sur ces mots, Harry fit son plus beau sourire à Églantine – ouais, encore un… – avant de se reculer de quelque pas, ne voulant pas non plus empiéter trop longtemps sur son espace vital. Puis il l’écouta changer une nouvelle fois de sujet en lui demandant quand est-ce que sa vue reviendrait. Surpris par cette question, qui était pourtant logique vu qu’il lui avait parlé de son pouvoir, le jeune homme mit plusieurs secondes à réagir… Secondes qu’il mit à profit pour réfléchir. Parce que oui, en réalité, lui même ne savait pas vraiment comment ça fonctionnait… Est-ce que sa cécité se terminait quand l’émotion qui l’avait déclenchée était terminée ? Est-ce que, du coup, on pouvait considérer que c’était aléatoire ? Harry ne le savait pas vraiment… Pourtant, s’il en croyait son expérience, il y avait bien deux ou trois choses qui ne changeait pas d’une fois à l’autre, n’est-ce pas ? C’est en tout cas ce qu’il lui semblait, et ce qu’il répondit à Églantine.

« Oh… euh… Je crois bien que c’est aléatoire, oui ! En tout cas, ma vue revient souvent peu de temps après que le… l’émotion qui l’a déclenchée se soit terminée ! Du coup, t’en fait pas, ça devrait pas tarder ! »

J'observais ce type. Enfin, Harry. Et...Je sais pas. J'ignorais quel âge il avait, mais clairement, il avait pas le mien, d'âge, ou alors il n'avait pas encore eut la puberté. Mais il était presque trop innocent. Super méga giga innocent. Je le plaignait un peu de se retrouver dans une école pour Super vilains. Je veux dire, plus que moi. Moi, j'y étais par défaut et parce que mes parent savaient payé pour qu'ils me prennent. Mais lui ? Lui, avec son air innocent, son amour des peluches, et même son admiration pour mes parents...
Je me demandais ce qu'il faisait là.

Mais au delà de ça, j'étais très heureuse de le rencontrer, parce qu'il avait l'air super cool et adorable, et bon sang que ça faisait du bien ! Ca changeait des crétins, comme par exemple Basilio. Que je ne citerais pas.
Trop tard.

Je fus surprise de voir Harry me toucher le bras, mais me laissait faire. J'étais contente qu'il soit aveugle, parce que je savais très bien pourquoi il faisait ça, et qu'à ce moment là, je ressentis comme si ma tristesse sortait de mon ventre avec force. Du genre "TIENS PRENDS TOI CA DANS LES DENTS"
Et je n'avais pas envie qu'il voit ça.
Parce que d'abord, je ne voulais pas qu'il sache que mes parents me rendaient triste, et ensuite, il les admirait, donc je voulais qu'il sache encore moins.

Surtout que mis à part le fait qu'eux n'étaient pas du tout fiers de moi et ne voulaient presque jamais de moi, même parfois à table...Je savais qu'ils étaient des héros admirables.
C'était juste moi, le problème.

J'eus un petit sourire alors que Harry n'insista donc pas sur mes parents, mais préféra le faire sur les crêpes. Je fus plus enjouée et lâchais un :

- Avec plaisir alors !

Et pour le reste, je changeais légèrement de sujet, sur son pouvoir.
Ca pouvait être gênant de parler de son pouvoir, et même si le mien était super méga cool, et qu'il défiait toutes les lois de la physique puisque je pouvais changer l'état d'un dessin d'une façon jamais vue, il n'empêchait que... Pour d'autres c'était plus gênant.

- Oh ! Cool ! ...Et encore désolé.

Je veux dire. D'être tombée dessus. De l'avoir déshabillée à moitié, tout ça tout ça.
La vision que je ne voulais pas revoir me revins en tête. Je secouais vivement la tête avant de me reprendre :

- Au fait, tu allais quelque part ? ...Je t'ai peut-être interrompue ? Je peux peut-être t'aider alors ?

Je savais bien que pour le moment il ne voyait pas mes sourires, mais je voulais vraiment l'aider.

- Oh et euh... Selon nos cours, et la façon dont on se recroise, je pourrais t'apporter mes peluches, quand tu auras retrouvé la vue, ou pas, si tu veux !

[Peu de relance, j'suis sorry x.x]

Désolé ? Comment ça désolé ? Églantine était extrêmement gentille et amicale depuis qu’elle l’avait rencontré, alors le petit breton se demandait de quoi elle pouvait bien s’excuser… A moins, bien entendu, que ce soit pour le fait de l’avoir à moitié déshabillé sans faire exprès, ou encore parce qu’elle compatissait avec son pouvoir bidon ? Mais de tout cela, Harry s’en fichait… Ou, pour être exact, disons qu’il avait rangé ça dans un coin de sa tête pour se concentrer sur autre chose. Comme, par exemple, le fait d’avoir rencontré une camarade trop gentille, qui était non seulement bretonne et lui proposait de se revoir un jour pour faire des crêpes, mais en plus avait deux peluches qu’elle acceptait de lui montrer un de ces quatres. C’est en tout cas ce qui occupait les pensées du Rouantelezh, l’empêchant de comprendre pourquoi elle s’excusait ainsi après lui avoir assuré qu’elle le reverrait avec plaisir…

« Oh non, je sortais d’un cours en fait ! Je cherchais comment m’occuper, et j’hésitais à rentrer dans mon dortoir… Du coup, tu m’as interrompu dans rien du tout, ne t’en fais pas ! »

Avait-il fini par répondre, effaçant complètement de son esprit les excuses inexpliquées qu’il avait reçu. Églantine lui avait demandé s’il se rendait quelque part, et Harry s’était contenté de lui répondre le plus honnêtement possible, comme il en avait l’habitude. De toute façon, même s’il avait voulu mentir, ou piéger la FAPFAP en la faisant l’emmener dans un endroit isolé pour ensuite l’embêter ou se moquer, il en aurait été incapable… Non seulement ce n’était pas son genre, mais, en plus, le mensonge et lui ça faisait deux. Alors le petit breton avait tout simplement dit la vérité, précisant peut-être qu’il ne savait pas quoi faire dans le but inconscient que sa nouvelle amie lui propose de passer un peu de temps avec lui jusqu’à ce qu’il retrouve sa vue… Voire un peu plus, pourquoi pas ! Passer du temps entre nouveaux amis ça permettait de faire connaissance, après tout !

Cependant, bien qu’il n’en ait pas réellement conscience, encore une fois, ce but quitta l’esprit d’Harry lorsque le mot « peluche » fut prononcé… Son sourire s’élargit alors et, instinctivement, le Rouantelezh se jeta dans les bras d’Églantine – enfin, il l’espérait, vu qu’il ne voyait rien – pour lui faire un gros câlin, afin de la remercier. Voir une peluche alpaga bleue, qui ne pouvait être que super mignonne, et une autre qui avait été cousue main et devait donc être trop jolie elle aussi, c’était quelque chose qu’Harry adorerait ! Et là, Églantine venait de le lui permettre… Alors, forcément, le Fond d’Placard était super content, et ça se voyait ! Il serrait tellement fort sa camarade contre elle que, si quelqu’un passait par là, il se demanderait sûrement si elle pouvait respirer…

« Oh ouaiiiis trop bien ! Je vais voir des peluches trop coool-euh ! Et en plus c’est une bretonne trop gentille qui va me les montreeer-euh ! »

Mais, finalement, réalisant que son enthousiasme était peut-être un peu trop envahissant, Harry se recula d’Églantine et rougit légèrement, sans pour autant se départir de son sourire… Certes, la gêne le gagnait un peu, et il se demandait si la FAPFAP aimait les câlins, mais il était toujours aussi excité ! Et c’est ce sentiment qui prédominait actuellement…

Je fus rassurée soudain d'apprendre qu'en fait, Harry s'était contenté de sortir d'un cours, et que c'était dans pareille situation que je l'avais croisé. Je préférais ça au fait que genre, il aurait dû aller en cours. Après, est ce qu'il aimait aller en cours ? Moi perso, c'était pas trop mon truc ici.
Mais finalement, ça allait.
J'étais au moins soulagée pour ça, et je fis un sourire :

- Oh chouette ! Eh bien... D'accord, ça va alors.

Je sais que je m'excusais beaucoup parfois. Que dans une école de super vilain ça pouvait être le pire des points faibles. Mais en fait...Tant pis. Tant pis, parce que finalement, les excuses, ça pouvait apporter quelque chose non ?
Et puis, peut-être que si je m'excusais autant, c'était parce que souvent, à la maison, j'avais parfois même l'impression de devoir m'excuser d'exister.

J'eus un sourire à nouveau quand Harry parla du fait qu'il voulait réellement voir mes peluches. En fait, je crois que je me mis à rougir un peu aussi. Il faisait un peu gamin, mais ça n'était pas si mal.
J'eus un petit rire :

- Ouaaais ! Et je te montrerais d'autres trucs cools si je peux !!

Puis, alors, en m'approchant de lui, je lui demandais :

- ...Est ce que je peux t'amener au dortoir du coup ? On va pas au même, vu que je suis....Jaune, mais je peux t'aider quand même.

Oh je savais très bien qu'être jaune ça voulait dire "Fille à Papa", mais je détestais cette appelation, alors du coup, je préférais citer la couleur plus qu'autre chose.