Kakarma is a bitch. Clairement. C’est ce que pensa Neville lorsqu’il reçut par courrier sa nouvelle attestation d’assurance car l’ancienne serait, d’après leurs mots « erronée ». Au départ, son cerveau avait accueilli le courrier sans plus d’intérêt que ça. Ok, il fallait changer l’autre, l’autre qui était… … Qui était… Dans son dossier scolaire. Géré par le secrétaire personnel de Mila. Léandre Raja. Pyrostructor. Son ancien plan cul. Son ancien ami. Et… Oui, Neville pouvait continuer longtemps les rangs de l’homme qu’il avait un jour aimé et qu’il détestait à cet instant.

… Ok, c’était faux. Il était déçu, agacé, malheureux, se sentait trahi par l’homme mais ne le détestait certainement pas. En fait, dans cette affaire, c’était certainement lui-même, la personne qu’il détestait le plus. Il avait été si abjecte et injuste il y avait un peu plus de 2 mois dans leur dernier échange par sms… Enervé et déçu pour Henriette. Et… Certainement jaloux. Léandre avait eu raison. A moitié. Seulement sur la jalousie qui hantait Neville. Mais certainement pas sur le fait qu’il avait utilisé Henriette comme excuse pour s’énerver sur lui…

Maintenant, que devait-il faire ? S’excuser ? Revenir vers lui ? Non. Neville n’avait rien fait de tout ça. Pas que son égo l’en empêchait. Il n’en avait pas, ou que très peu. Et il regrettait tant… Mais… Avec cette distance envers le secrétaire, le Jésus Local avait pu se refixer ses objectifs de vie. Des choses qu’il avait mis de côté car il avait préféré passer du bon temps avec l’homme… et bien d’autres personnes comme ses amis, bien sûr. Mais du coup, sans Léandre dans son planning, il avait du temps pour « lui ». Lui qui avait accordé tant d’attention et de temps à son cadet, voilà que son nouvel emploi du temps s’était bien vidé sans lui dans les parages. Et ça n’était pas plus mal. Après tout, il était là pour prouver sa vilenie envers sa mère. Elle continuait encore de l’ignorer ou à le regarder comme une saleté sur son passage mais… ça allait changer dès lors qu’il aurait obtenu son diplôme. Et pour ça, il fallait qu’il soit assuré. A l’institut Trueman, un bête accident pouvait arriver chaque minute, voire chaque seconde et il était hors de question que, désormais remis sur le « droit chemin » (un triste droit chemin…), il ne rate son année en se blessant ou pire.

Sur le chemin qui le séparait du bureau fatidique, Neville s’encourageait et se réconfortait vis à vis de son absence d’action envers Léandre. Comme l’absence d’excuses. Des excuses auraient mené à un potentiel dialogue, donc à un échange de mots, de regards, de… sourires, donc au retour probable d’une ambiance calme entre eux deux et alors… Il ne faudrait qu’une étincelle dans le regard de Léandre pour que le bouclé ne retombe sous son charme ou dans ses bras. Du coup… être détesté par Pyro, ça n’était pas plus mal… Ouais, c’est ça… il valait mieux que l’homme de main de Mila le regarde comme un moins que rien ne méritant rien, au final. C'était ce qu'ils s'était répété tout du long... Et ça lui permit de se tenir à peu près droit devant la porte de son ancien amant. Avec un bouclier mental en place... Normalement. Il ne devait pas craquer.

Neville était préparé. A toquer au bureau de Léandre, à lui faire face et lui donner de manière polie (sans trop de politesse, sinon il y aurait un regard prononcé, puis un sourire puis… PUIS LA SUITE) l’attestation puis retourner à ses occupations, là où Léandre n’avait plus aucune place depuis longtemps. Tel était le plan bien ficelé du FAPFAP qui… Sentit cependant tout s’écrouler quand il s’avéra que LEANDRE ARRIVA PAR DERRIERE LUI.

Leandre n’était PAS dans le bureau. Neville était entièrement destabilisé ! Non ! Il devait être dans son bureau ! Pas en dehors ! Tout son plan était gâché ! Caduque ! FOUTU ! Tout ça à cause de Léandre ! Tout était de sa faute et Nev-GOD DAMN CETTE MOUSTACHE ET CETTE TIGNASSE.

Dans un sursaut, Neville s’était retourné sous la surprise, maudissant Léandre qui était certainement en train de jubiler d’avoir mis à l’eau le plan de son ancien plan cul. Mais ce ressentiment s’était envolé totalement quand ses yeux s’étaient posés sur Lui. Lui et une moustache. Et une chevelure longue, plus sauvage (et attirante) que jamais. Léandre était magnifique. Et ça n’était pas parce qu’il se rapprochait du style de Fils à Papa. Non, cette nouvelle apparence lui offrait une aura encore plus sexy qu’avant et… Et son fichu coeur venait à nouveau de tomber amoureux de l’homme qu’il observait. S’il avait réussi à interrompre ses sentiments ces derniers mois ? Bien sûr que non. Là, Neville venait juste de surenchérir sur son amour pour le beau secrétaire… Comment vouliez-vous qu’il reste de marbre ?!

« Je... » commença un Neville soudainement perdu dans son plan. Merde. Les neurones en ébullition, il n’arrivait pas à formuler une quelconque phrase ni à retourner sur la raison de sa venue ici. Là, actuellement, un soleil était en train de se lever derrière le beau brun et une brise faisait onduler ses cheveux dans les airs. C’était si hypnotique… Neville sentait ses doigts le chatouiller dans leurs envie commune de s’entremêler à eux… Si la voix de Léandre avait déraillé sans que l’idiot amoureux ne s’en rende compte, pour ce dernier, c’était son cerveau qui avait suivi.

Et il fallut une triste réalité pour ramener tout le monde les pieds sur terre : Mila.

Il fallut le cri de Mila pour que Neville revienne à la réalité (sans le soleil et la douce brise) sur l’homme qu’il aimait et… Et des paroles blessantes envers ce dernier, de la part de la femme qu’il aimait, pour sortir… de ses gonds : le bouclé vit le visage du pauvre Léandre se déformer… Avant de prendre la fuite.

« Non, attends, Léandre ! » tenta un Neville désemparé par ce qu’il avait lu sur les traits du pauvre secrétaire. Commençant un pas dans son ancienne direction, le jaune s’arrêta soudainement… Se retourna et gueula un « C’est LEANDRE RAJA, DEJA, ET LA MOUSTACHE LUI VA TRES BIEN ! » Non mais ! Pour qui elle se prenait cette mor...OH SHIT ELLE SORTAIT DANS LE COULOIR, VITE, FUITE, FUIIIITE !

Par coup de chance, la fuite de Neville n’eut qu’à être brève (juste le temps de sortir du couloir et que la porte ne se referme derrière lui) pour que la folle tarée n’arrête sa course. Encore une fois, le Jésus s’arrêta pour regarder en arrière, histoire d’être sûr, puis reprit sa marche derrière les pas du pauvre Léandre.

« Hey, Léandre, attends s’il te plait ! » Attendre quoi ? Rien ne semblait vouloir venir par la suite alors qu’il continuait à le suivre. Les paroles de Neville se bloquaient toutes seules. Subjugué par son apparence plus virile et aussi perdu par leur ancienne dispute… Il craquait totalement, ne sachant sur quel pied danser… Autant il voulait réconforter Léandre autant… Autant montrer à Léandre qu’il l’intéressait toujours (ou du moins, qu’il ne le détestait pas) n’était pas une bonne idée ! Neuneu ne voulait pas retourner dans ce cercle infernal duquel il avait eu du mal à sortir… Au moins, ses yeux étaient plus expressifs, affichant une moue si désolée pour son ami.

Leandre ne l’écoutait pas. Il s’éloignait (de Mila, certainement…?… C’était pas lui qu’il fuyait, hein… ?) et ne lui offrit pas un seul échange visuel à partir du moment ou ils quittèrent le batiment. Même quand Neville le suppliait de l’attendre, chose qu’il n’avait pas fait non plus. Le bouclé n’avait jamais vu l’homme ainsi et ç’en était terrifiant. Alors c’était lui, Pyrostructor ? Celui qu’il avait longuement adulé au point de venir à l’Institut Trueman en parti pour l’y croiser ? Non, Neville secoua mentalement et négativement ses bouclettes : ça restait Léandre… Un Léandre tristement énervé, ce même homme qu’il avait longuement cotoyé, et qui avait le droit d’exister dans sa colère, sans mettre sur le tapis un comportement de vilain : Sa colère était légitime, si légitime, face à cette horrible Mila, à sa méchanceté, à son arrogance… Elle pensait méritait mieux ? Elle se trompait. Mais elle avait de la chance, car elle avait beaucoup et ne méritait au final rien. Et surtout pas Léandre Raja… Qui venait de passer dans une seconde étape, après les insultes incompréhensibles (qu’il essayait de ne pas prendre pour lui…) : l’usage de son pouvoir.

Le Jésus du 13 n’avait que rarement été spectateur de la pyrokinésie de son ami. Et dans tous les cas, ça restait toujours des situations ou il n’usait que peu son pouvoir. Là, c’était… Inimaginable. Incompréhensible. Cauchemardesque. Les buissons en flamme se multipliaient et Neville avait l’impression de contrôler encore moins les choses. Déjà qu’il ne contrôlait que peu de choses… Et certainement pas Léandre… A cet instant, il arrivait même à en avoir peur mais… ça allait encore. En plus avec tout ceci, la météo fraiche et sans vent n’offrait pas la possibilité aux plantations de rester longtemps en feu. Ça aidait le pauvre quasi trentenaire à ne pas paniquer ni à foncer chercher des extincteurs. Ça lui permettait aussi de demander plusieurs fois au pauvre secrétaire d’arrêter sa folie à travers différentes formulations. Sans jamais être entendu… Mais au moins, il restait avec lui.

A un bon mètre, puis à deux… trois mètres ? Non, Neville essayait de diminuer la distance que son instinct de survie lui faisait créer. La distance ne cessait de vaciller au final. Tout comme les actions de son corps, qui tanguait entre volonté de l’ami de Léandre et sa peur qui prenait de l’ampleur. Dans certains des gestes créateurs de flammes, il n’était pas impossible que Neville pense être la cible. Ça partait tant n’importe où, n’importe comment, sans vraiment de rythme. Il ne suivait rien et se défendre face à toute cette crise semblait compliqué s’il y avait besoin d’esquiver quoi que ce soit… Heureusement, rien ne semblait le viser particulièrement et même s’il eut de la peine pour Armand Trueman et sa représentation, il préférait cela à lui…

Peut-être que Neville aurait pu voir la montée en puissance de Léandre, de sa colère (et donc de sa dangerosité) à travers l’incendie d’une forme humaine, mais… toujours pas, ses pas continuaient de suivre les siens. Stupidement. Amoureusement. Mais amicalement aussi. Surtout, pour la situation. Ici, c’était un ami qui ne voulait pas lâcher l’affaire. Peut-être aussi un amoureux éperdu mais principalement, il était l’ami inquiet qui voulait l’aider… Et qui commençait à s’inquiéter soudainement. Pour lui, c’est lorsqu’ils se stoppèrent au beau milieu du parc que quelques neurones se connectaient. Il faisait froid.

« Léandre... » tenta une nouvelle fois l’étudiant en voyant la cible de son inquiétude observer ses doigts abimés par le pouvoir, s’arrêtant dans sa hargne destructrice. « S’il te plait... » Sa voix était cassée par la tristesse qui émanait de toute cette scène. Le jaune était trop loin pour voir ses mains mais il imaginait très bien ce que pouvait voir l’homme en face de lui. Il connaissait tout de lui. Ses gouts, son pouvoir, ses forces, ses faiblesses… Les conséquences face à une utilisation massive de son pouvoir… Et cette maudite neige qui commençait à tomber pour couronner le tout… Le froid était aussi l’ennemi de Léandre, en plus de sa propre colère et de ses excès… Mauvais mélange… « Viens on- » continua-t-il, avec un début d’espoir, voulant mettre à l’abri cet homme qui comptait pour lui mais… Ce qu’il avait redouté se passa.

Une attaque dans sa direction. Pas vers un buisson, cette fois. Une projection voulue, le ciblant clairement lui, ou du moins, ciblant l’une de ses peurs les plus fortes : être attaqué par un proche. Lotre, Jayden, Léandre… Ses proches se résumaient à peu de personnes et… Tant mieux ? Moins il en comptait et moins il aurait de chance (ou de malchance) de se prendre un revers de la part d’une personne qu’il aimait ? C’était pas comme ça que ça marchait en général… ? Les calculs n’étaient donc pas bon ?

Le pauvre Neville s’était recroquevillé sur lui-même, repliant ses bras devant lui, y rangeant sa tête. Le visage, c’était important de le protéger… C’était ce qui faisait tout, ce qui donnait envie, ce qui permettait de s’exprimer. De la joie, de l’amour pour quelqu’un… Ou de la tristesse et de la crainte envers quelqu’un… Les paupières du brun mirent plusieurs secondes à reprendre confiance et à s’ouvrir, non sans une certaine humidité et timidité.

Léandre lui avait lancé une attaque. Volontaire. Ça faisait mal et... si peur. Le bouclé en tremblait de tout son corps. Il ne comprenait pas. Qu’avait-il fait pour avoir droit à tout ça… ? Durant de longues secondes, il observait son bourreau, fixement. Encore une fois ses mots restaient bloqués dans sa gorge et il ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre encore un peu… Après tout, peut-être qu’une deuxième attaque allait suivre ? Il devait peut-être se préparer, cette fois, à reculer, si Léandre voulait mieux faire passer son message… Ça, c’était l’instinct de survie de Neville, étonnamment en alerte. (Il ne l’avait pas été souvent, si bien que beaucoup doutaient de l’existence de cela chez l’homme…) Mais tout ceci, comme le sol qui commençait à blanchir, fut recouvert par une nouvelle couche de préoccupation.

Ils étaient deux dans l’affaire. Deux dehors. Deux à trembler comme des cons. Sous l’émotion et… la température.

« Léandre ? » Sourcils inclinés, cette simple interpellation demandait beaucoup. Est-ce qu’il s’est vraiment passé ça ? Est-ce que tu vas encore me faire du mal ? Est-ce que je peux m’approcher de toi ? Est-ce que tu vas m’accepter? « Tu… tu pourras m’attaquer autant que tu veux plus tard si tu veux mais… » Il parlait doucement. Intimement. Comme dans un souvenir ou ils étaient tous les deux drapés d’une même couverture. Ou tout comme lorsqu’ils se faisaient des confidences dans des moments calmes et sans aucune once de sexualité. Ça leur arrivait. Ça leur était beaucoup arrivés, juste avant que… juste avant tout ça… « Il neige... » Il se sentait stupide à l’idée de lui dire ça. Bien sûr qu’il avait dû s’en apercevoir ! Mais le Neuneu ne se voyait pas dire de manière plus directe « attention avec ton pouvoir ». Comme s’il n’était qu’une poupée en porcelaine, une petite chose fragile… Il n’était pas ça, non. Il était un grand homme, sensibilisé dans l’immédiat, c’était tout. Et que Neville souhaitait mettre à l’abri…

« C’est de la folie... » Doucement, le corps de l’ainé du duo s’était débloqué et avait quitté sa place, avançant prudemment face à la bête sauvage et imprévisible qu’était le mutant. Et à croire que ses pas lents avaient mis une éternité à faire se rejoindre les deux corps dans un face à face, parce que la météo avait empiré depuis. Rendant la visibilité compliqué et la température plus agressive que jamais… Surtout pour des personnes n’ayant pas prévus de vêtements pour rester dehors dans un tel climat. Qui semblait aller de mal en pis, en plus.

« Je ne sais pas pourquoi tu… as fait ça mais… je suis désolé… et je plaisantais pas quand… je disais que tu pouvais m’attaquer mais… Maintenant, il faut te mettre à l’abri, s’il te plait Léandre... » Il s'en fichait de s'excuser même s'il n'avait (potentiellement) rien fait. Tout ce qui lui importait était ce qu'il voyait : L’équilibre de son ami semblait précaire, peut-être que ceci n’était que dans sa tête… Quoi qu’il en soit, une de ses mains alla se refermer sur les extrémités des doigts de Léandre, comme pour les réchauffer avec le peu de degrés supplémentaires qu’il avait. Son autre main, elle, alla sécuriser lentement son épaule. Il n’osait pas plus le toucher que ça, le prendre dans ses bras, ou même par la taille… Alors, ainsi, ça devrait aller… Enfin, c’est ce qu’espérait le nouvel aquakinésiste qui finit par relever son regard en direction du ciel qui tournait étrangement. La météo n’avait pas prévu ça… Ça n’était pas normal… non ? Peut-être se trompait-il, pauvre sudiste peu habitué à cela qu’il était mais… Normal ou pas, le résultat était le même.

Un regard défiant s’en prit au regard inquiet de Neville… Et si ce dernier ressentait de l’injustice face à cela… Il se rabougrit quand même et s’abaissa sur le côté, n’arrivant pas à le soutenir… Avant que son visage entier ne grimace sous la fuite de Léandre. Ça lui faisait si mal au coeur… Mais d’accord, il avait compris le message. Pourtant… Quand il l’avait vu dans le couloir tout à l’heure, il n’avait pas cette colère contre lui, il avait même l’air… bonnement étonné... Comme s’il ne s’y attendait pas à le voir et était quelque part… trop surpris pour cacher vraiment ce qu’il ressentait en le recroisant ? Mais non. Visiblement, Neville s’était bel et bien trompé. Et à cette pensée, et profitant du fait que Léandre faisait demi-tour pour rentrer, l’ainé ne se retint plus de pleurer les quelques larmes qui voulaient s’enfuir depuis tout à l’heure… Dieu qu’il se détestait. Il était si pitoyable… Dans le passé et actuellement. Il avait été trop con pour se retenir d’envoyer des messages de ruptures d’amitié à Léandre il y a quelques mois et trop pathétique pour s’y tenir en le voyant, là… L’envie de rejoindre Jayden sous la couette pour un gros calin lui prit et c’était certainement ce qu’il allait faire, quitte à affronter Kakarma. Mais l’ombre de Léandre dans la neige s’allongeant devant lui lui effaça aussitôt cette envie et le précipita vers son encontre.

« Laisse moi t’aider à rentrer au moins Léandre... » le supplia pour la énième fois Neville en très peu de temps. Jamais il n’avait autant insisté auprès de l’homme qu’il aimait. Il avait si peur pour sa santé… Et Léandre répéta également son silence. C’était compliqué mais son acolyte essaya de ne pas s’en formaliser et de ravaler ses sanglots même s’ils lui prenaient la gorge. Il avait fini par comprendre, le débile du duo. Et en guise du peu d’amitié qui restait (et qui ne semblait plus que vivre chez lui), le bouclé allait respecter son silence, le ramener et juste partir. Rien de plus. Ça allait aller. D’ici dix minutes, le temps de raccompagner son ex ami et de retrouver son meilleur ami roux qui lui offrirait des papouilles pour mieux faire évacuer et digérer toutes ces émotions destructrices en lui… Sauf que, ces dix minutes prirent une tournure beaucoup plus étirée lorsque la neige s’accentua et que Léandre décida seul de se réfugier dans la cabane du jardinier. Comme promis intérieurement, Neville ne pipa mot et le suivit à l’intérieur, tentant de le sécuriser au cas ou face à une prochaine chute mais… échec. Au moins, il y avait des sacs de pailles qui faisaient son boulot à sa place. Se dépêchant de rentrer à son tour, Neville se demanda pourquoi Léandre n’avait pas poursuivi sa route vers l’école avant de se rendre compte… Qu’il ne savait même plus dans quelle direction elle était à cause de la tempête qui se levait. Quelques secondes après avoir compris, il referma la porte du mieux qu’il put et la bloqua du mieux qu’il le put avec un verrou encore en état de marche.

Il devait faire quoi, là, du coup, maintenant ? Son regard osa tout juste se poser sur Léandre transi de froid… Dieu qu’il avait envie de le prendre dans ses bras et de le réchauffer pour qu’il aille mieux… Et pour le réconforter. Il le voyait, sur ses traits, que ça n’allait pas. Bien sûr, la situation était à chier mais il y avait autre chose de perceptible… Comme sa colère contre lui. Qui était arrivée sur le chemin… Neville voulait juste son bien… Perdu dans ses pensées, et accolé contre la porte silencieusement avec le regard à terre, la voix de Léandre le lui dicta finalement. Aussitôt, ses prunelles se relevèrent sur lui puis… sur ce dont il parlait. Les projecteurs ! Aussitôt, Neville se mit au travail. Déjà, il alluma la lumière pour vérifier si… Yes, de l’électricité ! Face a tout le bordel de la cabane, le bouclé commença par dégager les murs afin de trouver des prises. Dans ses recherches, il trouva du voile d’hivernage… Super ! Il ne se priva pas pour l’installer sur le secrétaire, le bousculant peut-être un peu pour le faire passer derrière son dos avant de le rabattre devant et de repartir sur ses installations de projecteurs. Bon. Il n’y avait que deux prises au final… Mais ça offrait de la lumière et une certaine chaleur… Les installant à des positions stratégiques aussi bien pour réchauffer le pauvre Léandre que pour éviter de l’aveugler, le bouclé arrêta de courir de partout (c’était un grand mot vu la taille de la cabane) et s’agenouilla devant le pyrokinesiste.

« Ça va aller, tu vas vite te réchauffer et je vais appeler quelqu’un pour qu’on vienne te chercher. » essayait-il de se rassurer face aux minutes qui allaient passer et face à l’état de son ancien ami. Se penchant un peu au dessus du brun, Neville réajusta la couverture, prenant attention à ce qu’elle ne fonde pas sous la lumière des projecteurs, mais ça semblait aller. Il essaya d’ignorer la proximité que son attention offrit, tout en faisant exprès de ne pas écouter ses battements de coeur… Et attention à ne pas croiser son regard. Retournant sur ses fesses, il sortit maladroitement le téléphone de sa poche et, les doigts tremblant sous le froid et la situation malheureuse à son corps, tenta de contacter de l’aide mais… s’interrompit. Aussi bien face à l’absence de réseau que face à une alarme mentale : la mémoire de Neville avait fait remonter des informations sur son super-vilain favoris.

« … Fait voir un truc... » qu’il murmura, pris d’un doute. Il posa son téléphone et s’empara le plus délicatement possible des mains de Pyro. Au diable s’il était prêt à ne pas se laisser faire, Neville était en meilleur état que lui et n’hésiterait pas à en profiter ! Quoi qu’il en fut, face à la vision des doigts abimés de Léandre, il se sentit grimacer. Des engelures. Il avait connu ça, il y a quelques années, alors qu’il vivait dans la rue, sans le sous et sans aucun toit. Prenant garde lorsqu’il rendit une liberté aux mains de son benjamin, ses yeux se baladèrent à nouveau dans la pièce… Avant de trouver ce qu’il voulait. Un seau. Un simple seau. Qu’il alla remplir de la neige déjà accumulée devant la porte qu’il eut ouvert brièvement. Ok, étape une, c’était bon. Simple… Tout comme l’étape deux. Une simple transformation de la couleur blanche en un pourpre profond : Un bon petit granita de vin ! Ça aurait pu le faire rêver dans un autre moment ça, tiens, mais pas à cet instant. L’etape 3, maintenant… Il grimaça un peu. Le seau était en plastique et Neville ne pouvait donc pas compter sur les projecteurs pour faire chauffer ce vin glacé, d’abord pour le faire fondre puis pour lui faire atteindre une température nécessaire au soin des engelures… Retournant devant ce qui lui servait de patient à surveiller, à défaut d’être un ami qu’il voulait juste protéger -Leandre avait clairement fait comprendre son avis sur tout ça...-, il plaça le seau entre eux deux. Et en même temps qu’il se concentra, plongeant les mains dans la neige qui commençait doucement à fondre face à la temperature ambiante de la pièce, Neville préféra expliquer, au risque de passer pour un fou.

« Je sais que… ça a l’air stupide mais y a rien pour désinfecter ici et… on utilisait ça dans la rue lors de certains hivers... Donc en attendant… C’est mieux que rien. »

Le plan était similaire pour les engelures de son passé et celles de son présent. A défaut que, lui et ses compagnons d’infortunes avaient une casserole et de quoi faire un feu pour faire chauffer le liquide… Mais à cet instant, Neville, lui, avait un autre pouvoir qui pouvait l’aider et remplacer toute source de chaleur… Il avait déjà réussi à transformer de l’eau en glaçon lors d’une soirée alors… Il pouvait peut-être réussir l’inverse ? Voilà la raison pour laquelle ce grand dadet avait plongé ses deux mains dans le seau, semblant se concentrer. Les premiers instants, il n’aurait su dire si c’était sa propre chaleur corporelle qui ramollissait le sorbet ou si c’était son pouvoir… Mais plus les secondes défilaient et plus le changement semblait mettre en avant une certaine évidence… Lui-même se réchauffait avec sa mixture désormais liquide et fumante. Ok, ça devrait aller là… Osant à peine relever son regard sur l’homme qui avait fait exploser son coeur un bon nombre de fois… Neville sortit ses mains du seau qu’il rapprocha devant les jambes de Léandre… avant de les lui présenter, ouvertes, afin de réceptionner les siennes.

« Donne tes mains… Fait moi confiance s’il te plait... » Une nouvelle fois. Alors qu’il l’avait pourri par sms et certainement brisé quelque chose.. Ça devait être pour ça, qu’il le détestait à cet instant. « Une dernière fois... Juste pour cette fois... »

Neville n’avait plus l’impression de connaître l’homme en face de lui. Faible. Colérique. Silencieux. Il n’avait rien du Léandre Raja qu’il avait cotoyé durant une belle et longue année. Avant qu’il ne gâche tout… Alors, dans sa demande pour récuperer ses mains… il ne sût même pas si elle allait être acceptée. C’était dans l’unique but de soigner sa main, mais il y avait ce côté intime à faire rejoindre leurs doigts, à les entremêler comme auparavant, dans un contexte intime ou simplement enjoleur. Et c’était peut-être de cela dont Pyrostructor redoutait : Faire face à un subterfuge du bouclé pour reconquérir la moindre parcelle de son corps à ses dépends. Alors que les neurones du Neuneu baignait dans l’innocence et dans l’envie de l’aider et de le soigner… Rien d’égoïste, rien pour sa personne, juste, tout pour Lui.

Finalement, après un instant, Neville eut ce qu’il désirait le plus ardemment et c’est avec une extrême douceur qu’il plongea la main malade dans le vin chaud. Il savait que ça ne ferait pas du bien à son propriétaire, du moins, en terme de douleur, mais ça restait un minima curatif. Aussi, il y alla parcimonie et se fia à ce qu’il entendait. Pas a ce qu’il aurait pu voir sur le visage de Léandre. C’était trop intime, la douleur qu’il aurait pu percevoir et il voulait laisser le secrétaire tranquille. Un tel caractère n’était pas du genre à montrer ses douleurs ni à aimer les montrer. Il le connaissait, un peu, à force… Alors le bouclé était resté focus sur sa main sur laquelle il fit couler le liquide rouge pour aider à l’immersion plus douce. Bon, et maintenant… La suite du plan, était de contacter quelqu’un. Avec le second téléphone de la pièce, certainement ? Prêt à le demander auprès de Léandre, Neville fut soudainement attiré contre l’ancien étudiant. Et son coeur manqua bien plus qu’un battement. Il en manqua plusieurs à chaque étape en fait. Quand il sentit la main de Léandre se rapprocher de lui. Puis attraper son tee-shirt. Puis l’attirer vers lui. Anciennement accroupi, Neville bascula maladroitement sur le côté de son cadet avec des yeux ronds, manquant de renverser le seau. Heureusement, il l’avait maintenu d’une main, ne pouvant donc sauver son pauvre fessier qui n’apprécia pas -surtout avec la température ambiante- l’atterrissage. Esquissant une grimace, il ne fit aucun commentaire présentement et comme si quelque chose allait lui tomber dessus, il attendit, légèrement crispé… Avant de tourner la tête vers Pyrostructor. Merde. C’était pas cool ça. Cette manière de l’attirer contre lui comme ça. Cette proximité. C’avait réveillé bien trop de souvenirs… Décidément, c’était peut-être la pire journée de sa vie… Voir Léandre dans un tel état et être balancé comme ça dans le maigre passé qu’ils avaient eu en commun rien que par de simples gestes sans aucune arrière pensée de la part de Pyro derrière… Bien sûr qu’il l’avait compris : le mutant avait froid et il cherchait une autre source de chaleur… L’ainé du duo ne se laissait plus berner par son propre coeur. Il avait été dégagé définitivement du cercle proche du garçon et il n’était là que comme simple matériel. Comme ce projecteur, là...

Alors, malgré tout, docile, comme d’habitude, Neville se laissa faire et prit l’initiative de se tourner légèrement vers son ancien ami et de passer un bras autour de lui, lui frictionnant l’épaule opposée. Mais, bon sang, que cette position était mauvaise. Elle était digne d’un rencard raté, ne servant absolument à rien à part faire éprouver une gêne maladroite jusqu’à la crampe. Mais il tenta de rester tout de même. Il sentait Léandre contre lui et… ça lui mettait du baume au coeur… Même s’il n’osait pas le regarder et que son regard restait éperdument timide et bas.

« A-attends, je… change de position… On sera mieux... Tu peux… »

Se séparant de Léandre -mais n’attendant plus qu’une chose, vite y retourner-, Neville se leva et, après une rapide demande auprès de Léandre, s’incrusta lui et le mur. Son bassin glissa difficilement dans l’endroit étroit et finit par entourer le tronc de Léandre entre ses longues jambes. De surcroit, ses bras finirent aussi par envelopper ses épaules quelques secondes après avoir installé sa veste tout juste enlevé sur le buste du plus refroidi.

« Ça devrait aller mieux maintenant... » murmura-t-il de manière paternelle alors qu’il réajustait la veste au niveau du cou de Léandre… Avant de s’éteindre dans un nouveau silence durant lequel il colla l’arrière de ses bouclettes contre le mur… A défaut de poser son menton sur son épaule. Comme avant. A quelques différences près… Comme sa chevelure bien plus longue que jamais… Ou sa nouvelle pilosité. Profitant de l’angle de vue discret, la timidité de Neville dans cette situation s’envolait de longs instants, n’hésitant pas à observer cette nouvelle longueur qui semblait partir pour onduler. Ça lui allait définitivement très bien. Mais ça, il allait le garder pour lui, tout comme son envie de plonger son nez dans son cou pour y retrouver son odeur charnelle d’autrefois… Car il n’y avait plus de « comme d’autrefois ». C’était proscrit. Pour la conscience de Neville du moins. Son inconscience, elle, faisait se balader le bout de ses doigts le long du tissus qui recouvrait Léandre, sur la longueur de son bras. Pendant que son esprit divaguait. Il lui manquait tellement. Il était un abruti fini… Et profondement perdu dans ce genre de pensées, il en oublia de demander le téléphone au brun.

« Je suis désolé... » Sa voix avait fini par casser le silence. « J’étais juste venu te donner ma nouvelle attestation et… je pensais pas que ça t’énerverait comme ça... » S’il ne se trompait pas et qu’il était bien la raison d’un tel déchainement… Peut-être… Mila aussi ? « Et s’il y a l’autre cinglé aussi dans l’équation… C’est qu’une conne... » Hmm, peut-être pas ultra malin de traiter la femme qu’il aimait. Aussi, il rajouta rapidement « Enfin, je… Pardon… Mais elle m’énerve… » Elle avait la chance d’avoir Léandre Raja à ses pieds et… Rien ? Pire que rien, elle s’en prenait à lui… « Elle m’insupporte à te parler tout le temps comme ça et… elle a tord. En général, je trouve mais… surtout là… ça te va bien… tes cheveux et ta moustache… Enfin, p-pardon si… enfin, je parle trop. Excuse-moi... » Il ne s’en était pas aperçu mais à travers la libération de ses mots, son corps avait recherché un certain réconfort, qui s’était finalement créé en le serrant inconsciemment contre lui. Mais sa tête, elle, restait toujours fidèle au mur et ne flanchait pas. Surtout pas. Mais ça ne suffisait clairement pas pour empêcher l’odeur de Léandre de l’ennivrer… Voilà tout le problème des cheveux longs, chez un homme que l’on désirait ardemment et qui ne vous supportait plus… Décidément Neville avait l'impression que chaque parcelle du corps de Léandre était faite pour se faire désirer... Ca lui allait décidement terriblement bien...

Neville se sentait définitivement stupide. Et il aurait voulut retourner en arrière, ayant l’impression d’avoir pourri encore plus l’ambiance… Et croyez-le, à ses yeux, il était dur d’arriver à cet exploit ! Vous vous imaginez ? Arriver à emmerder un pyrokinesiste qui était déjà de base en train de refroidir ! Il fallait le faire. Clairement le bouclé méritait une couronne. En guise de réaction à sa propre injection à se la fermer, il soupira discrètement et baissa les yeux, honteux et triste. Il avait cette impression de ne plus pouvoir creuser tellement il l’avait fait : il ne pouvait désormais pas tomber plus bas. Entre lui et Léandre, tout était fini, plus une goutte d’amitié ou de complicité ne semblait exister…

…

Oh.

Une petite lumière. Toute petite.
La voix de Léandre venait de renaitre de ses cendres. Les yeux brillants de Neville se relevèrent alors avec un certain espoir, très maigre, mais bien là. Avec ce petit espoir qui avait failli mourir il y a quelques secondes encore. Est-ce que c’était pour nourrir son égo que Léandre lui demandait confirmation ? Ou bien pour tenir éveillé jusqu’à ce que ça aille mieux.. ? Ou parce que ses compliments, à lui, de la part du Jésus local, lui avaient manqué, tout comme lui tout court ?

« C’est pire que ça. C’est toi qui fait irradier ta moustache de beauté. » répondit bêtement Neville dans un rire maladroit et timide, avant de retourner vite sur son idiotie. « Oui. Tu es très beau avec... » C’était de la timidité en barre qui sortait d’entre ses lèvres, mais c’était si sincère. « J’aurai pu retomber... » Stop. On arrête les conneries. «… tomber par terre sous la surprise de ce nouveau look. » Bien rattrapé. Ou peut-être pas. Il ne voulait pas faire encore plus pitié à l’homme qu’il tentait de réchauffer. « Ça t’offre un air encore plus mature et… Même tes cheveux. J’ai hâte de te voir avec ta tenue de Pyrostructor… » Un peu de rêvasserie, c’était autorisé, non ? « Je t’y vois déjà, en photoshoot pour le magasine ‘Vilainerie en Herbe’. « La Renaissance de Pyrostructor : apprenez comment la moustache et le nouveau charisme du vilain a fait naitre des larmes de regrets chez Kurtzman »... » Son rire cristallin et doux se remélangea à ses paroles avant qu’il ne soupire à nouveau. Il fallait s’habituer à le voir désormais de loin. Comme avant. Avec le fantôme de leur relation le narguant sur ce qu’il n’aurait plus jamais.

Ressembler à Trueman ? Pourquoi vouloir ça quand on pouvait ressembler à Pyrostructor ? Sincèrement, Neville ne comprenait pas mais il respectait la drôle d’envie de Léandre. Mais quel gachis, tout de même, ça serait descendre sur l’échelle de la beauté… Stop, Neville ! S’ordonna-t-il silencieusement avant de… Se crisper. Merde. La tête de Léandre. Dans son cou. Genre… Ses cheveux ultra sexy là. Contre sa peau. Brrr. Ça devait être interdit ça. D’être aussi craquant et mignon. Il ne savait pas si Léandre avait fait exprès mais… Rien que cette simple et vieille habitude (qui lui avait manqué, il ne pouvait le nier) avait totalement désarçonné le bouclé qui colla encore plus sa tête contre le mur, essayant de ce concentrer… Et au final, ça ne fut pas si dur que ça. Dès lors que le brun parla d’Henriette, il eut l’attention totale de son ainé qui abaissa aussitôt la tête face à cette accusation.

« Quoi ? Mais… non... T’es pas ridicule… » commença-t-il avant de ne pouvoir s’empêcher de le serrer contre lui tendrement. Quant au sujet de la petite brunette d’amour de Neuneu… « Et… C’est pas moi qui ai balancé à ta sœur... » Il n’aurait jamais pu faire ça à sa petite Henriette. « J’ai rien dit... » Neville soupira. « C’est ma petite sœur, Lotre… C’est elle qui a balancé ça à Henry... » Et dieu qu’il lui en avait voulu. Un tout petit peu. C’était sa petite sœur d’amour quand même, il ne pouvait pas lui en vouloir de grand-chose et bien longtemps. Il avait été simplement très triste pour la Raja-Yoon. « Je suis désolé pour ça… Je pensais pas que c’était pour ça... » Après tout, la surveillante n’était pas bien depuis quelques mois déjà, suite au retour d’Orion, déjà, dans la vie de l’Institut. Mais de là à ce qu’elle quitte l’institut, son boulot, son frère et ses amis, « juste » parce que son ancien fantôme crush et son grand frère s’étaient embrassés… « Mais maintenant qu’on sait ça, on va pouvoir s’occuper de notre petite Henry ? Si je te soutiens, elle comprendra peut-être que c’était vraiment un accident, non ? » Il espérait mais après tout, pour qui se prenait-il en pensant avoir un minimum d’emprise sur Henriette ? Comme si sa voix était d’or…

Terriblement dérangé par toute la situation concernant leur petite Henriette, Neville s’était rabougri sur lui-même et donc, sur Léandre… Et il en profitait avec sa joue sur son épaule. Ça lui avait tant manqué, juste un simple calin comme ça, avec ses yeux branchés sur lui, en toute intimité et en toute tranquillité… Mais un frisson le rappela à la raison.

« T’as ton téléphone sur toi ? Dans une poche ? Faut qu’on appelle quelqu’un pour sortir de là, faut pas rester là... » murmura-t-il par habitude et pour faire résonner dans sa voix le retour d’une certaine affection dans leur relation… Et merde, c’était trop dur de ne pas retomber dans cette drogue...

Non, ne pars pas, my love ! Voilà ce qu’aurait voulu chouiner Neville lorsqu’il sentit le poids de Léandre s’alléger de contre sa personne. Mais il se tût, encore. A la place, toujours aussi docile, ses yeux observèrent au loin la main du secrétaire qui semblait avoir été stabilisée. Ça, le bouclé n’en avait eu aucun doute, il connaissait ce remède si bien, tout comme les prodiges que cela faisait. Rien que pour avoir servi là, à cet instant à Pyrostructor, il ne regrettait pas ses années sans domicile, dans la mouise et la pauvreté. Ça en valait largement le coup. Pour protéger Léandre et le retrouver. Rien que pour ça…

« Je t’accompagnerai ! » répondit aussitôt Neville avec une voix loin du murmure lorsque Léandre annonça aller à l’infirmerie à la première personne, après avoir usé de la 3ème pour ce qui était d’aller jusqu’à la porte de l’institut. Se rendant compte du volume employé, l’ainé se racla la gorge et reprit « Enfin, je veux dire… si tu veux… » L’air penaud, le FAPFAP se releva et tendit ses mains au beau secrétaire, prêt à l’empoigner par les poignets délicatement pour l’aider à se mettre debout. « Je… je suis content que… ça se soit réglé entre nous et.. je veux pas terminer sur ça… Enfin, je veux dire... » Et merde. Il se sentait encore pitoyable ! Toute cette période passée sans Pyro, il l’avait été ! Bon, il l’était aussi de base, mais avec lui, souvent, à ses côtés, Neville arrivait à s’oublier, lui, et son côté misérable. A ne pas l’être, peut-être, même. Et cette sensation se faisait ressentir dès qu’il pensait à cet homme et à quel point il était formidable. C’était dans ce genre d’instant que ses neurones s’activaient à autre chose qu’à nourrir son côté pathétique. Quand toutes ses pensées se tournaient vers lui. A le complimenter. A le draguer, quelque part ? C’était sûrement ça qui avait beaucoup plus au super-vilain du feu ? Et puis, son égo nourri par tous les jolis mots de l’étudiant, Léandre pouvait oublier facilement à quel point Neville ne lui arrivait pas à la cheville !

Une grande inspiration plus tard, c’est s’oubliant et se noyant de Léandre dans son esprit que Neville finit par terminer sa phrase :

« Je veux dire… Si je viens pas… Imagine, l’infirmière t’agresse face à ta moustache et tant de charisme ? Il te faut… Un garde du corps, non… ? Je me proposerai bien... » Un homme plus sûr de lui, voilà ce qu’avait le jeune secrétaire en face de lui.