[Terminé] Push, bordel, PUSH.

Vous savez c’est quoi le pire dans cette fichue école de super-vilains ? Qu’il y ait un ascenseur. Pour les handicapés ? Nooooon. Pour tout le monde. Juste pour faire chier. Pour vous montrer le luxe des murs de l’institut, tout en minimisant un maximum sa taille. Et pour créer une hiérarchie. Histoire que seuls quelques élus puissent prendre l’ascenseur, après avoir atteint le sommet de la pyramide de la domination inter-étudiants. Histoire de mettre un peu plus de compétition, bien sûr ! Ça ne serait pas drôle sinon.

Basilio Tsumi avait une « chance » dans son malheur : c’est de s’être placé en haut de cette hiérarchie très rapidement, lorsqu’il avait encore des jambes valides. Parce que ç’aurait été beaucoup plus compliqué de s’immiscer au premier rang sur ses roulettes. Tout comme rentrer dans l’ascenseur pour sa 1ère année (Il n’aurait pas payé de mine et ç’aurait été certainement plus compliqué et long comme processus) ... Car il avait bien mis une année entière à réussir à se faire respecter et voire mieux, à se faire craindre. Du haut de son pauvre mètre soixante, son pouvoir et la gueule sans sourire qu’il tirait, avaient donc beaucoup aider.

Il avait donc eu de la chance. Et lorsqu’il avait besoin d’aller aux étages de l’école, il n’avait donc plus aucun problème. Le chemin se dégageait dans les couloirs bondés (sinon il n’hésitait pas à passer sur les pieds, aucune pitié.), faisant monter le niveau de pitié, peur et douleur. Et Baz s’en fichait royalement. Il faisait sa vie. La tête haute. Qu’il gardait, même lorsqu’il pivotait son fauteuil dans l’ascenseur, face à la porte qui se refermait sur ses traits fermés. Seul. Une ou deux personnes pouvaient encore s’y ajouter, dans cette cabine fermée, mais la même chose se passait que dans les couloirs : la gêne, la peur de lui, la crainte de la douleur… Et l’américain appréciait donc ce moment d’intimité durant lequel il pouvait profiter en pleine journée de quelques secondes de silence et de repos mental et audio. L’idiotie de la masse étudiante était si forte que l’adolescent avait l’impression d’avoir hérité des dons de son oncle, télépathe disparu. Le niveau de l’institut était si pathétique…

Ça, c’est ce qu’il était en train de penser, dégageant cette dernière pensée négative de sa tête pour se plonger dans son cocon de liberté. Son fauteuil tourné vers la porte de l’ascenseur, dans exactement 6 secondes, la cabine allait se refermer. Pas besoin de presser le bouton pour la fermer plus rapidement. Il avait le temps.

…

Merde.

Mierda.

Shit.

Unko.

Lotre.

Lotre Harker était en vue.

Lotre Harker arrivait droit vers l’ascenseur.

L’une des autres élèves à pouvoir profiter de l’ascenseur avec la même peur et respect que l’on portait à Basilio Tsumi. Pire encore, la seule qui se fichait de partager 2 pauvres mètres carrés avec l’américain.

« Bordel de putain de merde, ferme-toi saloperie de porte… » commença à grogner Basilio dans son dialecte, appuyant précipitamment sur le bouton de fermeture sans arrêt en espérant pouvoir profiter de SES quelques secondes de calme mérité, essayant de faire comme si de rien était sur ses traits fermés. Alors que dans sa tête, c’était la surchauffe.

PAS ELLE, BORDEL.

Elle était là. Lotre. Lotre Harker était rentrée dans l’ascenseur. EXPRES. Il le savait, ça se voyait à sa gueule, il clignotait clairement un « coupable » sur son front. Lotre Harker prenait son pied à l’idée de maltraiter ce pauvre Basilio Tsumi. Alors que tout ça, était de sa faute à ELLE. Et dans le cas contraire, elle devrait être heureuse que son potentiel soit visible sur les bordures de son stupide uniforme de Gros Mytho ! Rah, les femmes. Pire. Cette FILLETTE était PIRE. Une VERITABLE PESTE !

« Arrête on dirait presque que j’t’ai manqué, Lotre. » Parce qu’il n’avait pas besoin de donner un surnom débile à cette idiote, son prénom l’était bien assez naturellement. Rien à ajouter. Juste à prononcer. Et pour le coup, face à un tel ridicule, soit le dicton était réel et ceci ne tuait pas, soit… Cette pauvre fille avait un réel super-pouvoir la protégeant de mourir sur place de honte. … Et tant mieux, peut-être parce que mine de rien, il se peut que pendant ces vacances d’été, sa présence lui ait manqué, lui faisant vivre avec beaucoup de remord son comportement de bal…

… Ah.

Elle avait osé. Lotre Harker était pourrie jusque-là moelle. Elle n’aurait mérité que le renvoi de cette école, cette faible sans pouvoir. Être huée. Devoir payer son uniforme abimé (même s’il aurait été donné à un fdp par la suite.) Être regardée de travers.

« Fait gaffe à ce que ça n’arrive pas à ton horrible tronche… Pff, pauvre fille. » conclua-t-il avant de se rendre compte que… Aucun des deux n’avait appuyé sur l’étage souhaité. Damn. Aussi idiot l’un que l’autre. Soupirant, Basilio plaqua ses mains sur ses roues pour s’avancer près des boutons et demander le 2ème étage. Sauf que, vraiment, de la manière la plus involontaire qu’il soit, il roula sur le soulier de Lotre. Sauf que, encore, pensant que ça n’était qu’un bête obstacle, il força tout juste un peu plus et passa. Avant de se rendre compte que.

« Oh, excuse-moi. » dit-il, s’arrachant presque la gorge devant ses excuses qui étaient pourtant vraies. SAUF QUE (oui, encore), pensant que cette idiote avait bougé, Basilio tourna son fauteuil et… Vlam, coup dans le tendon d’achille avec son repose-pied. Une belle béquille derrière la cheville. Bon, ça suffisait les excuses quand même !

« Mais bordel, tu veux pas te CASSER du milieu en fait ?! J’prends pas assez de place, t’as que ça à foutre de me coller ? T’es saoulante ! »

Ah, et dire que ça avait pourtant bien commencé…

Dans de lointains souvenirs, Basilio se rappelait du sourire de cette tarée. C’était leur premier jour à tous les deux. On leur avait donné la même chambre (mélanger un garçon et une fille, mineurs les deux, super l’institut, Basilio avait cru halluciné !) et lorsqu’il avait débarqué … La pièce était vide. Enfin, sa colocataire n’était pas là. Mais il y avait déjà ses affaires, non déballées. Et seul un livre tronait sur l’un des lits, avec un stabilo à côté. S’il l’ignora tout d’abord, commençant à ranger ses propres affaires, le titre du chapitre écrit en gros sur la page attira son attention. Un livre de physique quantique ? Intéressant ! En plus, il ne l’avait pas encore lu celui-ci ! Abandonnant son rangement, Baz entama la lecture et… soupira. Et pas qu’une fois. Il n’y avait que des conneries dans ce bouquin, ç’en était aberrant ! Rageant de voir qu’on pouvait lire et CROIRE une telle connerie, il reposa le livre maladroitement… Et tomba sur le chapitre précédent. Recouvert à de nombreux endroits de stabilos. … C’est-à-dire à chaque fois qu’une connerie plus grosse que le livre était écrite ! Sa colocataire relevait les débilités du livre ! Elle était géniale ! Elle gagnait déjà beaucoup de points ! Une grande impatience le prit alors aux tripes, à l’idée de rencontrer un autre génie ! Mais devant l’heure qui passait… Basilio finit par poursuivre le travail de correction déjà entamé. Jusqu’à ce que…

La coloc. Elle était là. A le fixer. Avec son livre dans les mains. Hachurant des paragraphes entiers, tellement c’était du bullshit. …

« … Ah, euh… bonejour ? » commença-t-il avec son accent pitoyable à ce moment-là, assez gêné, refermant rapidement le stabilo et reposant le livre sur le lit. « Je souis… pardon, il y avait trop de bêtises and i … Oh god, my french… » se murmura-t-il en se détestant d’avoir refusé d’apprendre le français avec le tuteur de sa tante (à défaut de son pouvoir qu’il avait poncé…). Il se sentait mal, c’était pitoyable !... Jusqu’à entendre la jeune fille lui parler en anglais. Et lui sourire après avoir regardé ce qu’il avait osé stabiloté.

« Basilio Tsumi. »

« Lotre Harker ! »

« Nice te meet you Lotre ! »

Deux génies s’étaient alors trouvés à cet instant. Et une si belle complicité était née…

Oui, ça avait si bien commencé. Et maintenant, les deux en venaient à se chercher les poux à la moindre occasion. Enfin, non, à une époque, avant que Baz ne soit sur un fauteuil roulant, clairement, il les cherchait lui aussi. Mais depuis son retour (qui datait de peu…) il avait pris un autre tournant de vie. Du genre à vouloir être TRANQUILLE. A en finir avec ces gamineries. Mine de rien, traverser une vitre et faire une chute du deuxième étage, ça offrait une nouvelle vision du monde. … Et clairement, cette petite conne de Lotre manquait une belle occasion de se renouveler en ne tentant as l’expérience ! Oh, si elle avait besoin d’aide, Baz ne se priverait pas de l’aider à se défenestrer ! Mais il était sûr qu’elle refuserait sa précieuse aide. … L’instinct de survie sûrement. Car Basilio ferait certainement tout en son pouvoir pour ne pas la laisser s’en sortir vivante.

Ce genre de pensée aida clairement Basilio à faire passer le temps plus vite. D’ailleurs, en parlant d’instinct de survie, celui de l’américain ne sembla pas fonctionner. Comprenez, il venait d’écraser et de donner un coup dans le tendon d’Achille de cette idiote et… Il ne se passait r-

SCHBONG.

Ce bruit ? Le coup de pied de Lotre dans la roue de Baz ? Non.

Le bruit de la roue se dégondant ? Non.

Le bruit de la tête de Baz qui, sous le choc, tapa le cage d’ascenseur ? Oui.

« AÏE ! »

Et ce fut le début des insultes.

« You are just a piece of shit Harker, you piss me off, you’re just a fucking ashole, go to hell ! » s’emporta Basilio Tsumi après qu’il ait compris ce qu’il venait de lui arriver et que cette idiote de Lotre ait fait son petit discours à la mord-moi le nœud ! Alors là, il était hors de question qu’elle se casse ! Sans une once de remord, l’adolescent ne se retint pas pour donner un coup dans l’arrière du genou de cette maudite verte pour la déstabiliser et la faire tomber. (Et honnêtement, se venger.) Son autre main alla aussitôt plaquer le bouton de fermeture de la porte et sans une forme d’hésitation, Basilio envoya une impulsion électrique dans la cage d’ascenseur pour accélérer le processus, quitte à envoyer un bon coup de jus à Lotre si elle avait le malheur de toucher les murs de la cabine. Et à peine les portes furent-elles closes que les lumières s’éteignirent, comme s’il y avait une coupure de courant.

« Je te donne une minute pour remettre cette fucking roue Harker ! »

« Je te donne ten secondes pour trouver ce qui manque à ta définition de le Effet photoélectrique. »

La physique quantique ne faisait pas partie d’un quelconque module de l’Institut Trueman. Bien sûr que non. Trop haut niveau pour tous ces crétins congénitaux… Pourtant, Baz et Lotre aimaient se lancer des défis sur ce vaste domaine qui captivait fortement leurs esprits. En même temps, l’américain pouvait parfaire son français à travers ces heures de jeu avec son amie.

« …ça me va. » répondit l’adolescent avec un sourire après que Lotre ait rectifié sa phrase. « I’m fed up. Je arrête pour aujourd’hui. » conclut-il en rangeant son livre sur le bureau. L’ambiance était bonne à cet instant-là. Clairement, Lotre était un génie et il était agréable de voir qu’il n’y avait pas que lui qui arrivait faire une blague sur la quantification du rayonnement et des atomes ! Ils formaient un excellent duo, même si une ombre pesait dans tout ça…

« Lotre. » commença-t-il sobrement. « Je sais que tu as pas la HIV. J’ai fait des … recherches. J’ai vu dans ta medical document and… pourquoi tu mens ? C’est pas respect de dire ça… Pour les people qui ont ça et pour moi. Je te demande just one time pour ton pouvoir please. »

Mais ça restait encore et toujours la même réponse. Un non et une Lotre qui se refermait sur elle-même, inventant un cours pour disparaitre. D’un geste vif, l’américain se plaça entre la porte de la chambre et Lotre, lui faisant face. « PLEASE LOTRE ! Je te donnerai beaucoup de money. » Mais rien à faire. Après une énième discussion au volume haut, Basilio finit par se lever de devant la porte, envoyant son coussin contre une porte désormais fermée. Il n’allait pas y arriver comme ça avec cette tête de mule ! Il devait tester autrement… Par la ruse. Sans son accord.

Pardon ? Aucun intérêt a l’aider ? On en parlait de l’intérêt de lui POURRIR LA VIE ? Il fallait qu’elle passe à autre chose cette gourdasse à la fin !

« Arrête ça tout de suite Harker ! » Il continuait de s’énerver, envoyant des jets électriques ou il le pouvait, mais la réalité était dure à s’avouer : il avait été assez con pour cramer les circuits au lieu d’absorber simplement électricité et pouvoir reprendre le contrôle de l’ascenseur quand il en aurait décidé ainsi! Résultats : il était dans le noir avec cette folle furieuse qui en profitait pour continuer son attaque puérile ! Impossible de viser correctement et ses yeux ne pouvaient pas du tout s’habituer vu qu’il n’y avait aucune fuckingsource de lumière pouvant les aider ! Crétin, double crétin, triple CRETIN ! En plus ça donnait raison à cette idiote !

« ARRÊTE ! » répéta encore une fois le brun qui décida après un énième coup de se laisser tomber au sol. Le fauteuil était une arme pour cette stupide Lotre, autant s’en débarrasser ! L’atterrissag ne fut pas glorieux mais il s’en fichait car cette maudite Harker n’avait rien pu voir, trop occupée à… S’ÉCHAPPER PAR LA TRAPPE ?! ELLE OSAIT SE CASSER ?! « C’est MORT, tu crois que je vais te laisser faire ?! » Et puis quoi encore ?! Décidé à l’électriser et à la rendre folle (quitte à la faire tomber et à avoir un véritable combat physique avec elle), sa rage était cependant si forte qu’il n’arrivait même pas à viser avec la lumière qu’elle avait allumée. Et c’était si pitoyable cette scène. Il y a un an en arrière, jamais Basilio n’aurait pensé que ce genre de moments puisse exister. Ils étaient amis ! Ca n’était pas rien pour un garçon comme Baz ! Il fallait déjà qu’il trouve quelqu’un d’assez intéressant pour la considérer en tant que telle ! … Mais il fallait aussi (et surtout) que cette personne le supporte en retour. Et ç’avait toujours été si rare. Partager une amitié, surtout avec Lotre, avait été inespérée. Leur duo représentait une bouffée de neurones en action dans un trou noir. (Oui, l’institut trueman était un trou noir absorbant toute forme d’intelligence et ne laissant plus que des débiles consanguins.) Et ils en arrivaient là. A s’envoyer une rage folle, des insultes, des malédictions. … Des châtaignes. Et s’il avait pensé que l’entendre grogner lui apporterait satisfaction, ce ne fut pas le cas. C’était pire. La rage se mélangeait à une forme de rancœur qui le faisait poursuivre tout ça. Chacune de ses réactions à elle, face aux chocs électriques excitait davantage le pouvoir du garçon qui parsemait les airs avec ainsi que la cage en métal.

Puis Lotre parvint à s’échapper, concluant d’une formule de politesse. Ca y est. Elle l’avait totalement abandonné avec lui-même. Pour la seconde fois. Devait-il s’étonner ? C’était une fucking Harker après tout.

« MOTHERFUCKER HARKER ! » cria-t-il une dernière fois dans une dernière action enragée, à en sentir sa gorge raclée.

La respiration saccadée, épuisé et transpirant face à cette montée d’adrénaline qui l’avait incité à se décharger dans une colère monstre, le côté de son poing alla s’abattre sur le mur contre lequel il s’appuyait après plusieurs secondes de silence. Un grand bruit de métal résonna, accompagné de quelques vibrations de cette fichue cage qu’il se prit en retour comme sensation.

Il détestait cet endroit. Il voulait en partir, dégager de ce monde stupide de vilains ! Il n’avait pas sa place ici ! Et ce fut ce genre de pensées qui l’habita durant de longues minutes ou il laissa son personnage tomber, profitant du noir à nouveau total. Ce ne fut qu'une bonne dizaine de minutes plus tard qu'il envoya un message à un camarade de classe, espérant pouvoir compter sur lui pour avertir l’école. S’il voyait le message à temps… Et s’il ne se fourvoyait pas sur leur respect mutuel… Tout était à douter désormais.

Le temps continuait à passer dans la cabine. Baz avait fini par s’allonger au sol, observant la pénombre du plafond. Quelque part… C’était relaxant. Assez relaxant pour faire remonter le fameux épisode de l’ascenseur entre son oncle claustrophobe -et géniteur d’Altéa- et son père. Cette pensée alla même le faire sourire malgré le calvaire que les deux hommes avaient vécus dedans. Adrian s’était souvent montré réticent face à cette histoire devant tout le monde… Mais il avait plusieurs fois offert le même récit qu’à son ami blond pour le calmer dans sa crise, auprès de ses enfants, racontant monts et merveilles sur la villa de son enfance à Altéa. Dommage que pour Basilio, ce nom ne représentait plus celui d’une ville mais celui d’un de ses nombreux bourreaux.

S’attardant sur ces pensées-là, l’adolescent finit par ressortir son téléphone et… ne put s’empêcher d’envoyer un mail à son défunt oncle, Holden. Un très long mail. Il en avait besoin. C’était idiot d’écrire à une simple adresse mail mais son côté personnel et caché -son oncle était quelqu’un de réservé et au passé lourd- avait une certaine signification forte. Et ça lui fit du bien. Du moins, bien plus que n’importe quelle action possible ici. Si Holden avait été là… … Non, ç’aurait été pire, il aurait fait une crise. Et Basilio aurait du s’en occuper -comme Adrian-. Sauf qu’il n’était pas comme son père. Et il aurait certainement échoué face à un adulte paniqué. Même avec l’homme dont il se sentait le plus proche mentalement. C’était pitoyable. Il n'était qu'un adolescent, un gosse. Il ne pourrait rien faire pour aider un adulte. ... Vie de merde.

Le mail envoyé, Basilio dut attendre d’effacer le message de sa boite d’envoi pour enfin sentir un poids s’évanouir, certainement avec un peu d’humidité sur ses joues. Mais il s’en fichait : il était seul.

Basilio ne sut pas exactement combien de temps il attendit. Plus il regarderait l’heure et plus il perdrait patience, il se connaissait. Alors il se laissait aller, pour une fois, laissant les secondes s’épuiser sans leur porter attention en essayant de ne pas imaginer tout ce qu’il perdait à cause d’elle. Il ne fallait plus penser à cette fille stupide et ne comprenant rien, trop têtue pour ça. Oups. Il s’y perdait. Non. Il fallait penser à quelque chose qui l’aidait. Mais comment dire qu’avec sa mentalité actuelle, il était compliqué de trouver un sujet qui lui rendrait le sourire. Au final, il se demandait même s’il n’allait pas se laisser emporter par un sommeil à provoquer. Oui, non. Il se ravisa vite. Se laisser aller, là, c’était possible. Mais se laisser voir dans un tel relâchement par quiconque, il en était hors de question. Alors il se ravisa et se concentra sur sa propre respiration tout le temps ou il resta dans le noir.

Du bruit se faisait entendre. Mais pas de voix le réconfortant. Encore heureux, ça aurait certainement mis Baz davantage en colère envers l’école. Mais non. Pas de contact demandé, les sous-fifres étaient à l’image de cet établissement, au moins ça. C’était réconfortant en un sens et ça allait dans le sens de Basilio qui voulait rester tranquille au final. C’était pas si mal une cabine, maintenant qu’il y pensait. Peu de bruit, une obscurité parfaite, de quoi se retrouver avec soi-même. Dans son monde, il n’y avait plus que lui sur qui il pouvait compter. Du moins, sur son monde « proche ». Il aurait senti au moins une certaine épaule à Jacksonville. Un peu chiante mais terriblement réconfortante et proche de lui.

Une voix fière d’elle se félicita et lança un compte à rebours pitoyable. Certainement celui avant d’appuyer sur le foutu bouton. Mais même face à ça, l’oméga ne bougea pas d’un pouce. Retourner sur un fauteuil sans roues ? Et puis quoi encore ? Puis mine de rien, rester au sol, se fichant de tout, ne donnait-il pas un petit air détaché face à cette situation ridicule ? C’était le meilleur plan pour sauver au maximum son égo. Il espérait désormais juste que cette histoire ne se répandrait pas.

Les portes s’ouvrirent enfin, et le regard de Baz attendit une seconde ou deux avant d’y prêter attention. Son air blasé sur son visage ne partit même pas lorsqu’un adulte visible l’observa, bras croisés en se moquant de lui. En temps normal, il ne lui aurait pas répondu. Mais là, il avait envie de sarcasme.

« Je vis ma meilleure vie. » répondit-il avec un ton morne alors qu’il se relevait sur ses coudes pour mieux observer l’homme. Puis il se rendit compte qu’il ne le connaissait pas. Pourquoi connaissait-il son nom alors ? De réputation ? Il était vrai qu’il en avait une certaine ici, tout comme la famille Tsumi après tout, ça devait être ça.

« Vous pouvez cependant me propulser jusqu’au paradis en me donnant juste un tournevis de derrière vous. » Basilio quitta le regard de l’adulte au léger accent américain (il y avait tant de nationalités qui se mélangeaient ici mais il y avait peu de sa nationalité, mis-à-part son propre entourage) pour observer une des vis à ses côtés et ajouta « Cruciforme. » en précision. S’aidant de ses mains et de la force de ses bras, Basilio se redressa sur ses fesses et tendit sa main gauche vers l'inconnu, attrapant de l’autre l’assise de son fauteuil.

Quoi ? Prendre un tournevis c’était trop dur pour l’inconnu ? Hm. Un professeur sans doute (et nouveau), aucun sous-fifre (mis à part les plus tristement connus comme Léandre Raja et Orian Harker) ne serait aussi hautain. Superbe, encore un professeur trou du cul dans l’établissement, de l’inédit à l’Institut Trueman ! C’était un critère de sélection ou ça se passait comment ? Remerciant donc l’homme qui lui prêta son tournevis, Baz se mit à l’assemblage de son fauteuil tout en recommençant à maudire Lotre avec acharnement dans sa tête. A croire qu’avec le retour de la lumière, ses idées étaient plus claires.

Ha

Ha

Ha.

Une blague sur ses roues. Basilio était transcendé de rire. Et cet inconnu pouvait le voir avec son haussement de sourcil bref et ses lèvres qui se pincèrent tant il était déçu. Ce crétin venait de se placer au même niveau que les autres abrutis de cette école. Ca devait aussi être un des critères d’inscription pour devenir professeur. C’est donc agacé par ce premier tacle qu’il ne comprit pas la subtile référence de l’homme. En même temps, comment la comprendre ? Basilio n’était pas encore désespéré au point de s’imaginer que sa métamorphe de sœur viendrait jusqu’ici, jouerait le rôle d’un professeur et lui enverrait des indices subtils sur sa présence avec une anecdote familiale.

Est-ce qu’il allait vraiment aller le voir ? Certainement pas. De quoi se mêlait-il ce pechn-… … L’enfoiré. Attendez, comment il connaissait la faiblesse de Ba… …. Du hasard. Orian était, après tout, le chef des sous-fifres, il était normal que sa punition soit choisie par le « gardien » de l’ascenseur. … Deux trous du cul quand même ces deux là. … Ces trois là, en fait. Ce professeur inconnu et se permettant beaucoup trop de choses, cet abruti d’Orian et son idiote de cousine. ARG. Et son sourire de connard. Basilio le savait déjà : il l le détestait. Et fit exprès de ne lui prêter aucune attention visuelle tant que lui, l’observait. Ce ne fut que lorsque l’adulte tourna les talons que Basilio le fusilla du regard et dût se retenir de lui envoyer une décharge. Puis il reprit ses bricoles. Qui durèrent au total une vingtaine de minutes. Il n’était pas dans une bonne position et dans un endroit très vaste pour faire comme il le souhaitait, sans parler que la mécanique n’était pas son truc… Comparé à Lotre. ARG, arrête d’y penser. Testant son fauteuil au sol une première fois, il se sentit prêt à y retourner. Et ce fut tout un bordel. Mettre les freins, se positionner correctement dos au fauteuil, placer ses pieds correctement pour faire en sorte de pouvoir laisser son poids reposer un peu le temps que ses bras passent des hanses du bas jusqu’aux accoudoirs pour s’y hisser… Il était habitué à le faire avec une hauteur égale à celle de son assise, pas depuis le sol… Ou en tout cas, il avait souvent le pouvoir de se soulever avec sa télékinésie… Une chance pour lui qu’il n’y avait plus personne et que le sous-fifre était parti. Bon. Maintenant… Direction le bureau d’Orian pour recevoir directement sa punition ou celui de cet abruti qui n’avait même pas pris la peine de se présenter ? … La 1ère option lui plaisait d’avantage, elle était plus mesquine et ne répondrait pas à l’ordre de ce charlatan… Et surtout, il verrait Orian. Aussi con soit-il . … Dilemme.

Suite du rp : https://institut-trueman.forumactif.com/t511-convocation#4710