Qui disait nouvelle école… Disait nouvelle paperasse à faire. Et beaucoup, de paperasse, en somme, vus les nouveaux individus qui se rajoutaient à l’Institut Trueman et vu pourquoi ils se greffaient à une nouvelle école... Entre toutes les assurances à relancer pour créer un nouveau dossier, les nouvelles à chercher parce que certaines anciennes refusaient désormais de couvrir des héros et leur nouveau lieu de vie… Milo avait passé de nombreuses heures à aider ses amis et collègues héros dans la salle de foyer. Tous les héros n’avaient pas la chance de pouvoir acheter un nouvel ordinateur comme Milo et deux-trois autres, surtout aussi rapidement après leur emménagement ici et la perte de leurs affaires. Alors, en une après-midi de liberté, ce fut l’ensemble des nouveaux étudiants bleus, qui s’entre-aidèrent dans une joyeuse ambiance et honnêtement, ça fit du bien à Milo que de retrouver cet esprit et ce mouvement de groupe. Mais une fois tout ceci fait, il était temps de donner les dossiers complétés au Secrétariat de l’Institut. Désireux d’aller voir Madame Lila (pour poser quelques questions, bien sûr, ça ne pouvait pas attendre le soir qu’elle revienne), il en profita pour récupérer tous les dossiers de ses camarades, les ayant tous vérifié avec chacun d’entre eux. Son âme de leader n’eut pas à faire grand-chose car tous étaient assez matures pour remplir des dossiers correctement. Après tout, c’était donné à n’importe quel idiot. Tout était parfait, MAIS, au cas ou, en cas de perte de papier, Milo avait même demandé à ce que chacun mette son dossier scanné sur une clef usb qu’il avait lui-même revérifié au préalable avant de sortir du bâtiment.

Autant Milo aimait la liberté d’être hors de murs, autant pour le coup, il n’aimait pas encore sortir de sa colocation géante. Il n’avait pas encore assez confiance pour se balader sans méfiance dans le parc et dans les couloirs mais il le fallait bien. Ça viendrait sûrement. Ou pas. Il était entouré de vilains. Il doutait que cette méfiance passe un jour. Il doutait même pouvoir sourire ou discuter de tout et de rien avec un seul élève de cette foutue école. Après tout, s’il n’y avait pas eu la totalité des Truemaniens à l’EIFEB le soir de la St Valentin, c’est uniquement parce que Mila n’avait pas été assez convaincante pour en entrainer plus. Sa main serra le classeur des dossiers des héros rageusement en pensant à cette bonne femme qui aurait dû atterrir en prison ou être arrêtée par la Confrérie des Ombres. Mais bon, que pouvait-on attendre de la part des Chefs des Super-Vilains ? Rien. C’était bien pour ça que les Héros existaient et Milo comptait bien se venger un jour ou l’autre sur cette maudite école.

Grimpant les escaliers quatre à quatre en faisant attention à ne pas renverser ses gobelets de café (un pour lui, un pour Lila), le jeune homme à l’uniforme bleu se figea devant le bureau de sa propre supérieure d’où sortaient deux voix de furies. Lila était bien là et… La seconde voix était certainement celle de Mila, il y avait un air de famille (malheureux) entre les différents cris… Comme quoi, la colocation n’était pas simple même pour deux sœurs. ... Du coup, il comprit vite, ça serait plus tard qu'ils partageraient ce café. C’est donc laissant la femme qu’il aimait secrètement en terminer avec l’autre Directrice Adjointe  que Milo reprit sa marche. Vers le bureau du secrétaire personnel de Mila, s'il se souvenait bien de l'endroit que lui avait indiqué un de ses collègues. Il toqua à la porte, une fois celle-ci trouvée et prit une grande inspiration. Aller, l’homme derrière ce morceau de bois aurait beau être (certainement) un beau trou du cul, rien n’allait gâcher l’humeur neutre de l’étudiant.

« Entrez ». Si seulement Milo savait que ce mot allait tout déclencher. Que de cette rencontre, pas forcément agréable dès les premiers secondes, allait naître la plus belle des bromances, dépassant de loin celle d’un bouclé et d’un roux ! Pour le pauvre Milo, tout ça n’était qu’une simple formalité mais ça allait être bien plus que ça dans quelques minutes. Ca allait être une évidence ! Et cela, jusqu’à ce qu’il découvre dans longtemps que cette personne, son ame-sœur, son jumeau, son parallèle, celui qui vivait le même calvaire depuis longtemps… Était en réalité l’un des bourreaux de l’EIFEB. Mais ça, on en était encore loin. Pour l’instant, Milo n’en était qu’à ouvrir la porte et… découvrir le fameux secrétaire personnel de Mila. Et quel accueil, mes aïeux… Aussi surprenant que l’absence de sourire du sous-fifre.

Face à ceci, Milo fit exprès de ne pas réagir. Il s’y attendait. Il avait droit quasiment au même accueil de la part de tous les ISF, comme si c’était encore une surprise que de voir débarquer de nouveaux étudiants aux bordures d’uniformes bleutés ou comme s’ils étaient les seuls à être dégouter de cette nouvelle et étrange colocation.

« Bonjour. » commença d’abord Milo, allant avec sa démarche droite et impeccable jusqu’au bureau alors que le sous-fifre venait de se montrer dès le départ hautain et menaçant. Mais bon, le héros n’était plus vraiment à ça près, même s’il devait se l’avouer : il haïssait la dénomination de lui et ses confrères et consoeurs qu’avait donné l’école. C’était une vaste plaisanterie pas vraiment cachée.

« Théoriquement… » commença Milo. « Il vous manquait tous les papiers. » Puis, il déposa le classeur calmement sur le bureau. « Et ça n’est plus le cas. Vous trouverez dedans chaque dossier complet et vérifié par mes soins, de chacun des étudiants de l’EIFEB… » Il aimait rappeler cette appartenance. « Classé par ordre alphabétique, paginés, signés, des élèves et surtout des assureurs. Ah, et aussi… Permettez. » Il déposa les deux grands cafés sur le coin du bureau et fouilla dans l’une de ses poches. « J’ai également demandé à mes camarades de tout scanner histoire qu’il y ait une sauvegarde quelque part. Je ne sais pas si ça peut vous servir ou non. Si c’est le cas, je préfère la récupérer tout de suite, j’en ai besoin pour mes révisions. » Le souci à avoir tout mis sur sa propre clef usb. « Du coup, vous pouvez comprendre pourquoi il y a le mot "super" avant "héros". » Pour rester sur son registre, bien que sa voix n'était pas hautaine, juste neutre.

Un bruit sourd fit sursauter l’étudiant, suivi de près par des cris encore plus aigus et poussés. Ca ne s’arrangeait pas du côté de Mila et Lila apparemment. Soupirant, il observa le mur derrière lequel se passait… Il ne savait quoi. Et prit une décision. C’est en détachant l’un des cafés starbuck du carton, qu’il le tendit au secrétaire.

« Je vais éviter d’exciter davantage Madame Lila… Café ? Je vais le jeter sinon. »

Milo fut rassuré de récupérer sa clef après que le secrétaire ait vérifié chaque dossier. L’échange fait entre elle et le café d’ailleurs, il la réaccrocha à son téléphone et rangea les deux outils technologiques dans sa poche. Il était prêt à partir ainsi, pas plus fier que ça de son perfect concernant les dossiers, c’était si banal après tout. Mais l’homme assis sembla décider d’autre chose qu’un départ en lui parlant, ne s’arrêtant pas un un simple merci. Allons bon, que voulait un homme de l’administration vilaine ? … D’abord sur ses gardes, comment dire que Milo les perdit vitesse grand V quand les prénoms des deux directrices furent énoncées. Son regard sombre se posa alors sur le mur derrière lequel les cris s’entendaient encore et il soupira. Pauvre Lila. Devoir se coltiner une sœur vilaine… Ce devait être si dur… Il avait de la peine pour elle et se promit de lui apporter un chocolat. C’était réconfortant et pas exitant comme le café. Ca lui ferait du bien. Surtout d’avoir quelqu’un à qui parler, et surtout un ami. En dehors de leurs rangs, Milo aimait se considérer comme ami avec la Directrice. Et amoureux secret, mais ça, c’était autre chose. Aussi, essayant de ne pas y penser, le héros retourna son regard sur le secrétaire qui s’eut raclé la gorge et… se figea sous les mots du… pauvre sous-fifre ? Il n’avait pas l’air si mauvais que ça, même s’il faisait parti de la famille des vilains sans le vouloir, via son poste.

« Impressionné parce que vous avez reçu de la paperasse ? » Milo fut secoué d’un petit rictus. Les étudiants vilains étaient si nuls que ça ? « C’en est désolant… J’en suis même réellement désolé vu votre poste. Ca ne doit pas être facile tous les jours si vous n’avez que des bras cassés du côté des vilains... » En même temps, était-ce étonnant ? Rien que les gris (Milo évitait d’utiliser les initiales, il les trouvait rabaissantes) remplissaient… une belle moitié d’élèves peut-être ? Et on n’en attendait pas beaucoup de leur part niveau pouvoir… Pour les autres, les dorés devaient attendre qu’un domestique de leur famille ne vienne compléter le dossier d’une signature factice et les rouges devaient être trop occupés à affiner leurs pouvoirs pour comprendre le monde autour d’eux et la difficulté de certains métiers. Un peu plus amusé, et jaunement, il ajouta :

« Au pire, faites une grande razzia en demandant un dossier complet pour demain matin 8 heures. Vous vous débarasserez du trois quart des élèves, ça serait reposant pour tout le monde. » C’est-à-dire aussi bien pour l’administratif que pour les héros, en fait. Il y avait beaucoup trop de crétins qui pensaient pouvoir être un Super-vilain à la hauteur alors que d’après quelques études trouvées, chaque promotion pouvait compter sur les doigts d’une main ses étudiants ayant percés dans le monde de la vilenie. Aussi, un peu plus à l’aise dans la pièce et face au secrétaire, Milo posa vraiment son regard sur lui… Bon dieu. Ce visage que son cerveau avait flouté par flemme de dessiner des traits dessus...

Ses sourcils s’arquèrent face au visage familier. Et c’était peu dire, il avait en face de lui…

« Vous êtes Pyrostructor ? Sans déconner ? » Les yeux ronds comme des billes, avec une âme d’enfant et de fan du vilain, Milo s’amusa à enflammer sa main et la présenta à l’homme. « Permettez-moi de me présenter, Gaston D’Aulnay Des Charentes du Ventoux, mais on m’appelle Milo, Phenix de l’EIFEB. Je fais parti de la famille maudite par les Symbiotes mythologiques, vous avez mon cousin, Owen le dragon, parmi votre effectif de vilains. » Le café désormais un peu refroidi, le garçon en prit une grande gorgée, comme pour se donner du courage. « C’est fou, je suis surpris et heureux de vous rencontrer ! C’est donc là que vous avez atterri ? » Il eut un soupir dévasté. « J’ai suivi votre parcours de très prêt, croyez-moi quand je vous dis avoir été déçu qu’un confrère de feu se fasse rejeter par la Flander’s Company. Ils ne savent pas ce qu’ils ont perdu. Surtout un rang S comme vous, ç’en est affolant… Quand on voit que Zombina de votre promotion, de rang A seulement, est en CDI depuis sa sortie de votre institut... Avec un tel manque de charisme... » Elle ne savait dire d'autre que des beuglements! C'était pour dire !

Milo était… étonnamment empathique. Chose qu’il était d’habitude envers ses proches et Lila. Surtout Lila. Mais passons. En apprenant que l’un des étudiants avait le pouvoir de casser des meubles, l’étudiant pinça ses lèvres en ouvrant de grands yeux ronds. Bon dieu. Pauvre secrétaire. Si ce dernier n’avait pas déjà un café rien que pour lui, Milo en serait venu à lui offrir le sien. Mais non, chacun avait le sien. Et puis bon, en se montrant conciliant avec le grand Pyrostructor, le phénix avait lui aussi besoin de réconfort en accueillant tout ceci. Quelle grande déception tout cela était… Aussi bien pour le grand super-vilain qu’il avait en face de lui que pour le monde entier à qui on osait supprimer un tel génie du mal… Secrètement, le héros pria pour qu’à sa sortie d’école, les deux se rencontrent sur le terrain… Pas qu’il comptait faire appel à la Flander’s Company, lui, Gaston Milo D’Aulnay Des Charentes du Ventoux, comptait combattre le vrai crime et non pas payer une entreprise pour avoir un combat entièrement scénarisé! Mais… Avec Pyrostructor… Ca promettait tellement de choses… Houla, Milo se sentait se perdre et vasciller vers un dessein qui ne l’intéressait absolument pas! C’était ça que de rencontrer l’un de ses idoles?

Retournant donc sur le droit chemin du véritable héros ne souhaitant que protéger la veuve et l’orphelin, Milo croisa ses bras contre lui après avoir éteint sa main par automatisme. Avoir des choses inflammable était devenu une habitude qui lui avait offert de bons réflexes devenues habituels. Il avait aussi d’autres réflexes comme avec les membres de sa famille mais aussi Owen qui était… vu comme un boulet, avec son symbiote dont l’intelligence raflait les pâquerettes. Aussi, à peine eut-il prononcé le prénom de son cousin que Milo nota l’attention de Léandre soudainement envolée quelques secondes. C’était tout? Il lui avait offert un café, échangé quelques bribes et désormais le secrétaire vedette retournait à son ordinateur, l’égo gonflé par les précédentes paroles du héros? Dommage, Milo avait presque cru que…

Ok. Il avait eu raison : Il avait attiré l’attention de Léandre Raja! Ca n’avait été que quelques secondes évasives mais le grand Pyrostructor lui offrait à nouveau son attention! Il en profitait même pour se plaindre mais… avec une telle célébrité et une telle malchance, le pauvre, il avait tant le droit et ça n’était pas Milo qui allait se moquer de lui ou l’en empêcher. En fait, malgré son côté de « vilain » et ce qu’avait entendu sur le secrétaire le phénix… Il avait l’air a minima sympathique. Presque… Normal. Avec des faiblesses (de la gentillesse?) et un intérêt pour une grande personne. Pour Léandre, ça semblait être cette fichue Mila… Cette femme vraiment à part. Tiens. Un crush? Ou juste un fanatisme gentillet? Au final, devant la conversation qui s’annonçait, entre la curiosité des deux pyrotechniciens (chacun à leur manière), Milo tira l’une des chaises et s’installa, avec un « Je peux? » réthorique.

« Ça n’est pas réellement moi qui le créé on va dire mais je peux demander à mon symbiote de m’enflammer et il s’exécute. Donc maitriser le feu est un bien grand mot au final. C’est Simorgh qui gère tout, si vous vous y connaissez un peu en Mythologie... On travaille en combiné. Quelque soit notre forme, que ça soit la mienne comme la sienne…  On s’entend très bien contrairement à mon cousin et le sien. » Milo trouvait ça fichtrement intéressant. S’il était du genre à ne pas parler de lui, parler de son autre lui était et devait être quelque chose d’intéressant à ses yeux pour les autres. Mais il n’aimait pas en parler longtemps au final. Surtout dans une école de super-vilains… Même si théoriquement, ce secrétaire avait accès à tout son dossier. Alors, buvant une grande gorgée de café, il posa son verre sur son bureau et reprit sur un sujet précédent :

« Qu’est-ce qu’elle a de si fantastique, votre directrice? De l’autre côté des supers, notre star c’est Lila et on ne s’intéresse pas vraiment à sa petite sœur. Je suppose que ça doit être pareil ici? » Milo ricana et se rectifia. « Enfin, je veux dire, avec l’envers, avec Mila. ... C'est une bonne tutrice au final ? Pour vous aider à peaufiner votre rôle... »

… Oh.

Que voyait donc Milo ?

Quelque chose que lui-même ne voyait pas chez lui mais… Qu’il ressentait. Il y avait cette même chose chez ce Léandre. Mais.. à l’égard de Mila. Est-ce que le héros s’en rendait compte car il le vivait tous les jours, cette passion pour une personne ? Ou était-ce juste parce que… c’était flagrant, comme le nez au milieu d’une figure ? Est-ce qu’il était si simple de voir l’amour qu’éprouvait Milo pour Lila ? Ou n’était-ce que chez Léandre que c’était aussi appuyé pour la petite sœur des Harker ? Milo aurait presque pu en paniquer… S’il ne se sentait pas, mine de rien, sur un terrain… étonnamment neutre. Qui le mettait en confiance. Et qui le détendait. Assez pour lui faire croiser les jambes et s’étirer légèrement sur le fauteuil, bras croisés en arrière. Et un sourire sur ses traits.

« Ça a l’air d’être une bonne tutrice pour vous, en effet. » Il en était amusé. Mais il ne se moquait pas pour autant. Il était étrange de se voir juste en ce super-vilain secrétaire. Alors qu’il était un super-héros en formation et… le meilleur de sa promotion… Oh… Comme Pyrostructor justement. Son sourire ne put que croire d’amusement encore. « Pour moi c’est… Tout ce que vous avez dit… Mais tourné vers le bien… C’est ce qui m’arrive avec Madame Lila. Elle m’a appris à être une meilleure personne, sans pour autant être un stupide gentil sans cervelle. » Il était plus sage dans ses paroles, légèrement moins enjoué que Léandre, même si on sentait en lui l’affection douce qu’il éprouvait pour sa supérieure. Il finit par rire. « Je ne m’avancerai pas jusqu’à faire une comparaison étrange entre une déesse et une célébrité même si… Athéna, la déesse guerrière, lui irait très bien. » Est-ce qu’il l’imaginait dans une robe digne d’Athéna entourée par ses chevaliers du Zodiaque… ? Vous connaissez trop bien Milo. « Mélangé à la plus badass des versions de P!nk... » … on se calme Milo, on avait dit PAS de comparaison foireuse. Il prit son café et le fit tournoyer dans son verre … « Vous en êtes amoureux, n’est-ce pas ? » demanda-t-il en relevant la tête. Ça l’amusait et un nouveau rictus sortit. Pas moqueur. Aucunement. Plus… Fraternel. « On dirait moi avec Madame Lila. » Pas besoin de mentir ou rougir. Il ne put s’empêcher de lever son verre face à ce qu’il avait eu l’impression de comprendre, comme une sorte de check mental, de tchin tout autant psychologique.

Milo  ne savait pas si cela se voyait tant que ça ou si c’était juste parce que le secrétaire et lui-même semblaient vivre une sorte de vie parallèle. L’un était secrétaire de Mila, l’autre était le bras droit officieusement (et le plus proche parmi les élèves) de Lila. Chacun semblait accroché à chacune d’une des sœurs et… Sans oublier leur pouvoir tournant autour du feu (si on oubliait l’autre crétin de Génie… quoi que… peut-être que Léandre avait aussi un débile bouclé parmi ses proches? Milo rigola intérieurement face à son idiotie) et leur statut de grand parmi les autres. Milo était plus jeune que Léandre mais suivait ses pas… Juste dans la branche opposée. Mais ça faisait quand même une énième ressemblance qui pouvait aider le D’Aulnay à voir ce qui était probablement invisible aux yeux des autres chez ce Léandre. Qu’il appréciait de plus en plus. Au final, à sa première question, le brun haussa les épaules dans un petit rire, lâchant un « Qui sait ? » avant de terminer sa boisson désormais tiède.

Quand il fut ensuite question de Lotre Harker (oui, Milo savait des choses), le héros ne put plus retenir un éclat de rire… Avant d’avoir un sursaut face au bruit de la pièce d’à côté. Le jeune homme s’était même planté sur ses pieds, comme prêt à foncer ou à s’enfuir, selon. Sourcils froncés, un peu inquiet, Milo essaya malgré tout de se tranquilliser et de poursuivre la discussion.

« Je suis peut-être amoureux mais je ne suis pas stupide. Je n’aurai jamais Lila. La question concernant sa fille ne se pose donc pas. »

A peine eut-il finit sa phrase… Qu’un second boom retentit… Faisant perdre des miettes au mur de la pièce. Brrrr. Pas très solide. … Quelle teigne, quelle hargne, quelle femme cette Lila ! Il entendait ses cris derrière les murs, accompagnés de chouinements pitoyables et aigus (Mila, à tous les coups).

« Par contre je vous avoue ne jamais l’avoir cotoyé dans un tel état… J’ai déjà fui pour moins pire que ça... » Lila était vraiment une femme impressionnante. Remarquable. Puissante. Et cela émerveillait son plus proche élève tout comme ça l’effrayait. Quel sentiment d’excitation étrange. Un second boom. Quand était-il de Mila ? Etait-elle toujours aussi impressionnante ? Dangereuse ? Est-ce que l'amour que portait Léandre pour elle l'empêchait d'avoir un instinct de survie ainsi que le sentiment de peur ? Encore un boom. Après le claque d’une porte. Merde. Les voix des deux sœurs résonnaient dans le couloir… Accentuant les bruits de destruction. « T’as une issue de secours ici ? Un accès à un bunker dans ce genre de cas ? » Oh, un passage au « tu » , sous la panique… BOUM. Les bruits se rapprochaient, les bruits de destruction aussi.

Trouver mieux ? Si Milo n’était pas à l’instant effrayé par ce qu’il entendait en dehors du bureau (alias la plus belle des créatures face à son dragon de sœur) et ne craignait pas pour sa vie (quelle personnalité explosive et sublime…), le phenix aurait certainement tilté. Il n’y avait PAS mieux que Lila. En général, tout comme pour sa personne… Mais bref, pour l’instant, comme indiqué, il n’y pensait guère. Debout, à moitié tourné vers la porte, puis jetant un coup d’oeil vers le secrétaire… puis à nouveau vers l’entrée de la pièce, Gaston se demandait comment sortir de ce bordel… Et il aurait peut-être été prêt à se servir du génie si… Si Léandre ne lui offrit pas un abri. Cette proposition sembla tant sortir du coeur du secrétaire que dans un réflexe confiant, Milo rejoignit son acolyte derrière le bureau… Rigolant de la situation au bout de quelques secondes.

« Vous avez attendu que les héros se mélangent aux vilains pour avoir ce genre de choses ? … Woh. A l’EIFEB, chaque mobilier avait ça... » Les pauvres, quand même. Enfin, le pauvre personnel de l’Institut ! Des étudiants et des professeurs, il s’en fichait bien ! Mais les braves sous-fifres (d’ailleurs, on en parle de ce surnom?!) comme Pyrostructor … Un grand soupir ponctua la phrase de l’étudiant bleu face a ce rappel de l’incendie… Dieu que l’EIFEB lui manquait… Mais bientôt, cette pensée fut bien vite mise de côté. Comment cela pouvait en être autrement quand on cotoyait le fabuleux Pyrostructor ? Et dire que Milo avait mis tout le monde dans le même panier. Quelle erreur : Ce Léandre Raja n’avait rien de ces blancs-becs et c’est ce que découvrit le D’Aulnay, tout au long de l’alerte … Et même encore bien après, bien après le retour du calme dans le batiment administratif.

Une bromance était née.