Autant, j’ai eu l’impression d’être de retour sur le terrain au moment de détruire l’EIFEB. Autant, les conséquences qui en découlent me déplaisent très fortement. Non mais sérieusement, accueillir, loger et nourrir ces apprentis héros de pacotille ? Parce qu’ils ne pouvaient pas s’acheter un hôtel et… Je ne sais pas moi. Faire cours en plein air, par exemple. Ce serait pas si mal ça, histoire d’aérer leurs deux, trois fils qui se touchent. Et ça éviterait qu’ils nous empoisonnent quotidiennement l’existence. Que ce soit les élèves ou leur équipe pédagogique, d’ailleurs - oui parce que tant qu’à faire, on a rameuté tous les débiles. A mes yeux, ce sont tous les mêmes incapables. Des études héroïques, franchement… Ce cursus pourrait ne pas exister que ce serait absolument pareil. A part se pavaner, j’ai l’impression qu’ils ne font rien. Je n’ose même pas imaginer l’attitude de celui qui fût jadis mon frère sachant qu’il a rejoint cette troupe de saltimbanques. Non parce que c’est comme ça que je les vois. Je continue de grommeler intérieurement tout en traversant le couloir qui me mène à la salle des professeurs. J’ai besoin de café. D’au moins deux grosses tasses de café. Sauf que voilà, tout ne se passe pas comme prévu. C’est là que mon regard se pose sur un groupe en contre-sens. Des héros. Une évidence qui me saute aux yeux lorsque je vois leurs uniformes. Je les fixe d’un air méprisant au plus haut point. « Tellement pathétiques qu’ils sont obligés de se déplacer en comité pour se sentir un peu protégés. », je laisse après les avoir dépassés, sans chercher à dissimuler mes paroles ou à cacher mon ton hautain. J’ai à peine le temps de faire un ou deux pas supplémentaires que j’entends une voix m’interpeller en m’insultant. Action que personne n’a osé faire à mon encontre depuis un certain temps. Autant dire que ça me fait me stopper sur le coup.

« J’espère que ce n’est pas à moi que tu parles, espèce de minable. », dis-je froidement en me retournant pour faire face au groupe, repérant rapidement celui qui a visiblement des pulsions suicidaires. Evidemment que si, c’est à moi qu’il parle. Il n’oserait pas être aussi malpoli envers l’une des groupies qui le suit. Cela étant, le dernier qui a voulu faire le mariole en s’adressant à moi de cette façon a fini par faire un vol plané à travers l’une des fenêtres de ma salle de cours. Aux dernières nouvelles, il est encore en vie… Mais il est obligé de se nourrir par intraveineuse. M’enfin, ce n’était pas comme s’il avait pu avoir l’espoir d’une brillante carrière devant lui. C’était un fdp des plus nuls, même pour sa propre caste. Mais lui, là, c’est encore pire. Un héros. Un putain de héros qui se trémousse avec son uniforme aux bordures bleues. Rien que cette vue me donne envie de vomir. Les héros, je les tolère quand j’ai un contrat avec eux. Dans d’autres circonstances, j’ai juste envie de leur refaire le portrait. Comme c’est le cas actuellement pour ce gamin. Quelque part, je suis prêt à passer l’éponge s’il s’écrase tout seul tel le cafard qu’il est. Pourtant, quelque chose me dit que ce n’est pas dans ses intentions et que, sans le savoir, il va me donner l’opportunité de lui coller mon poing dans la figure. Après tout, il n’est pas encore un héros officiel et il n’est pas protégé par un contrat scénarisé lui garantissant la victoire. Alors, je peux bien l’abîmer. Au moins, un peu. Pour qu’il retienne la leçon. Je me permets de penser que Mila ne m’en voudra pas. Surtout que je ne fais que recadrer un pseudo héros dissident. « Je crois que tu n’as pas bien compris où tu as mis les pieds, gamin. », mais s’il a besoin d’un rappel, il peut compter sur moi. « Réexpliquer » aux suicidaires la place qui est la leur, ça fait aussi partie de mon travail. Allez, espèce de sale gosse. Viens me donner d’autres raisons de te flanquer une bonne raclée bien méritée.

Ô joie, il confirme que c’est bien à moi qu’il s’adresse de manière aussi indélicate. A ce moment précis, je considère donc que je peux légitimement lui coller mon poing dans la mâchoire sans que ça ne cause trop de répercussions sur ma personne. Un sourire mauvais étire mon visage quand il se permet de s’approcher de deux pas et de me toiser comme personne n’a osé le faire depuis très longtemps. S’il pense m’impressionner, c’est complètement inutile. Mes yeux sont fixés sur lui, méprisants au possible ; alors que dans le même temps, il trouve sans doute judicieux de me provoquer en jouant au débile et en sous-entendant des choses qu’il ferait mieux de conserver dans sa caboche. Je vois très bien qu’il ne me prend pas au sérieux et c’est un tort qui peut lui coûter particulièrement cher. De plus, s’il pense piquer au vif ma sensibilité de professeur, c’est bien mal me connaître et il risque d’être déçu. Je sais ce que je vaux en tant qu’enseignant et en tant que Super. Je ne me sens pas menacé par un petit merdeux qui pense pouvoir me vexer de façon aussi puérile. L’avantage, c’est qu’il me permet de constater le manque flagrant d’éducation qui sévit chez les héros. De notre côté, aucun élève doté d’un minimum d’instinct de survie n’irait parler ainsi à un adulte. Lui en est visiblement dépourvu. Du reste, même si je pourrais me contenter de lui rire au nez, j’estime important de remettre certains points sur les i quant à la relation qui nous concerne. « Ecoute-moi bien, Pocahontas, dans ton école d’amateurs de slips apparents, tu étais peut-être le roi du bac à sable mais ici, tu n’es rien ; juste une pièce rapportée alors rends-toi service : reste à ta place et tais-toi. », ça, il va bien falloir qu’il l’assimile. Ici, en ces lieux et en cet instant, il ne vaut pas mieux que le plus médiocre des fdp, à mes yeux. Le voilà désormais bien face à moi, une attitude aussi stupide que suicidaire.

Aucun de nous n’a l’intention de bouger de là ou même de simplement envisager de laisser du terrain à l’autre, ça me semble assez évident. Il parle d’arme, sans préciser lesquelles. Il sait que j’en utilise mais ça n’a rien d’étonnant : il suffit de taper mon identité sur un moteur de recherche pour que mon pouvoir et son fonctionnement - sans les inconvénients - soient visibles par tous. Sur le coup, je me dis qu’il doit faire partie de ces personnes. Je continue de le mépriser du regard sans rien dire sur ce passage. Le fait est que je n’ai absolument pas à me justifier auprès d’un vermisseau tel que lui. Au contraire, qu’il continue de croire qu’on se sert de ces armes sans plus avoir à réfléchir. Il ravalera bien vite ses paroles lorsqu’il comprendra que c’est un peu plus compliqué que ça en a l’air. En attendant, je me contente de ricaner en constatant à quel point il peut être ignorant ; ce qui n’est pas très surprenant vu son âge. Il doit avoir la vingtaine, pas plus et être sacrément naïf, par-dessus le marché. « J’étais déjà un Super certifié à l’époque où ta mère te torchait encore le derrière. », dis-je froidement mais sans énervement notable, en réponse à sa dernière fausse question. Oh et on nous apprenait à respecter les aînés aussi mais il semble que les jeunes générations soient plus catastrophiques que ce à quoi on s’attendait. « Le gamin qui pense avoir compris ce qu’est un Super, a-do-ra-ble. », dis-je, un sourire jusqu’aux oreilles en me moquant ouvertement du garçon. « Tu sais ce qu’on dit : qui fait le malin… Tombe dans le ravin. Je n’ai pas besoin d’une quelconque arme à feu - et encore moins d’un bazooka - pour te régler ton compte. », je réponds sur la même tonalité que mon interlocuteur. Intérieurement, je tique tout de même lorsqu’il évoque l’utilisation d’un bazooka. La dernière fois que j’ai fait usage d’une telle force, c’était… Oh. Quand je me suis fait plaisir à l’EIFEB. Alors c’est qui ce gars, un petit vengeur ? Je ne sais pas qui il était, ni si je l’ai vu sans m’en rendre compte mais la situation commence à m’amuser plus qu’à m’exaspérer. « Aucun regret, morveux ? », dernière chance de fuir le combat et de se défiler en bon super-héros devant un affrontement non-scénarisé. Au petit malin de voir mais je ne réponds plus de rien dans l’éventualité où il répond positivement.

Je ne lâcherai pas. J’ai une réputation à tenir et ce n’est certainement pas un gamin pourri gâté qui va me faire baisser les yeux ou reculer d’un millimètre. Contrairement à ce que la plupart des personnes pensent, les vilains ont un honneur et je refuse de perdre le mien face à ce type. Cela dit, il est plus doué que je ne l’imaginais pour ce duel de regard qui dure depuis plusieurs minutes. Ou alors, il est simplement aussi têtu. Peu importe. Un silence - certainement pesant pour les autres qui regardent leur ami - s’installe entre nous, mettant un terme aux piques verbales qui ne semblaient de toute façon n’avoir aucun effet notable sur l’un de nous deux. En toute franchise, ce n’est pas faute d’avoir essayé mais ce garçon a visiblement un mental un peu plus solide que les autres. Mais pourquoi pas après tout, ça n’en sera que plus plaisant de le briser ; avec autre chose que des commentaires banalement racistes, ça va de soi. Autour de nous, certains esprits s’échauffent, prennent des paris alors que d’autres essayent de calmer les choses - sans succès, on ne va pas se mentir. Me donner en spectacle ne me fait ni chaud, ni froid. A vrai dire, c’est ce qu’on me demandait à l’époque où j’exerçais en tant que super-vilain pour la Flander’s Company alors j’en ai l’habitude. Je ne fais même pas attention au rire de l’apprenti-héros, il ne mérite pas particulièrement que je m’y attarde. Je n’ajoute rien de plus, me contentant de le toiser de haut. Je n’ai même pas le temps de dire quoi que ce soit lorsque l’un de ses amis lui attrape le bras avant de le retirer subitement sans raison apparente. Pour une fois, les « héros » ont une réaction intelligente en s’éloignant de leur ami. C’est trop tard désormais pour espérer arrêter quoi que ce soit et ils viennent probablement de le comprendre à l’instant.

Et puis, la confrontation évolue. Fini les simples paroles ; maintenant, place aux actions plus concrètes. Il ricane encore mais je vais me faire un plaisir de virer cette insolence qu’il affiche avec un peu trop d’assurance. Quoi qu’en tant que personne avec une certaine éthique, je lui laisse une dernière possibilité d’arrêter ses conneries et de repartir la queue entre les jambes, avant que ça ne vire au drame. A la place, il hausse un sourcil avant de... Balancer un immonde crachat à mes pieds. C’est donc ça la fameuse éducation d’excellence des héros ? Pas très glorieux. Et puis, oh tiens, ça va faire du travail au service d’Orian Harker, ça. Je rigole intérieurement avant d’adresser un sourire mauvais au jeune homme en face de moi. « Très. Clair. », j’appuie mes mots et le ton de ma voix se fait volontairement menaçant. Je ne prends même pas la peine de répondre à ses dernières incessantes et ridicules petites provocations. Cependant, lorsqu’il me souffle sa fichue haleine mentholée au visage, je n’y tiens plus. Sans prévenir, je serre mon poing droit et je l’envoie en direction du ventre de ce sale petit héros de pacotille.

Résultats des dés:

Sourire vicelard aux lèvres, je sens mon poing qui s’enfonce en plein dans l’estomac du sale gosse. Quelle sensation plaisante que de sentir qu’il se tord sous la douleur. J’en viens même à regretter de devoir retirer ma main mais après une rapide réflexion, le voir se tenir le creux du ventre, penché en avant - comme si ça allait changer quelque chose -, c’est tout aussi gratifiant. Il ne sait pas ce qu’il vient de réveiller en moi, cet inconscient. Mais il risque de très vite s’en rendre compte. Je n’ai pas pour habitude de faire preuve de pitié lorsqu’on me provoque ouvertement ; surtout que là, ce morveux n’est pas protégé par un contrat avec la Flander’s Company. Je n’ai pas à faire semblant de perdre ou même à retenir mes coups. Et bon sang, que ça fait du bien de pouvoir être soi-même. Parce qu’à notre époque, les héros semblent l’oublier mais il n’y a pas plus dangereux qu’un véritable vilain qui n’a pas de muselière. Et ce type risque de l’apprendre à ses dépens ; qu’importe, il a cherché cette leçon. C’est ce que je me dis alors que l’étudiant héroïque recule, titube et va jusqu’à manquer de tomber. Dommage qu’il ne soit pas allé jusque-là, ça aurait été encore plus satisfaisant. Cela dit, ce n’est que le début et je commence à peine à m’échauffer.

Les cris environnants qui oscillent entre stupeur et acclamation me mettent un peu plus dans l’ambiance. Je ne sais pas si c’est dû à un excès de confiance mais la suite n’était certainement pas prévue au programme. En effet, je ne m’attendais pas à ce que ce gamin se remette aussi rapidement et surtout... A ce qu’il fasse ça. Il enchaîne avec une balayette qui fauche l’une de mes jambes, me faisant perdre l’équilibre. Sur le coup, j’essaye de me rattraper comme je peux - à un type qui passe par là, au mur, qu’importe ! - mais non, sans vraiment comprendre comment sur l’instant, je finis sur le sol. Et il espère quoi ce crétin en faisant ça ? Que je devienne docile ? C’est très mal me connaître parce qu’au contraire, je sens la colère monter un peu plus en moi. « Tu vas regretter ce que tu viens de faire, gamin. », je laisse ces mots en grinçant des dents. On ne s’attaque pas à la fierté - certains diraient l’égo - de Barthelemy Leclercq sans en payer les conséquences. Ah, il se croit malin avec ses ridicules foutus grands airs de sauveur de la planète. Je me relève rapidement, refusant de rester dans une position pouvant laisser penser qu’il domine. Je vais lui faire passer l’envie de me regarder de haut. Rapidement et sans lui laisser le temps de réagir, ma main droite part en direction du col de la chemise de l’apprenti.

Résultats des dés:

Papi a encore de la ressource mais ça ne me pose aucun problème qu’il me voit déjà perdant. Sa défaite n’en sera que plus douloureuse et son égo de pseudo héros que plus démoli. C’est la première et la dernière fois qu’il me fait tomber de cette manière. Qu’il ricane, le gamin ; qu’il se moque tant qu’il est encore en mesure de pouvoir le faire parce que ça ne va pas durer. Je n’en ai rien à faire qu’il soit juste un sale morveux arrogant qui pleure sur son école de pseudos héros détruite. Il m’a provoqué et il est temps qu’il se rende compte de l’erreur commise. Je ne suis pas un de ses professeurs mollassons, moi. Je ne vais certainement pas prendre des pincettes pour lui inculquer certaines leçons. Et si je dois en arriver à lui casser un bras ou une jambe - voire les deux - pour qu’il comprenne, alors je le ferai sans ciller. Il veut se défouler ? Aucun problème, tant qu’il est un minimum capable d’en assumer les conséquences. Il rigole pour l’instant mais il va vraiment finir par se plaindre et pleurer sa si chère madame Lila. Et je n’aurai qu’à récolter ses larmes de douleur. Oh oui, c’est une perspective qui m’enchante beaucoup. Les gens comme lui ne méritent que ça, après tout et puis, c’est toujours plaisant de voir un soi-disant héros chuter lourdement de son piédestal. A son âge, on a encore des rêves plein la tête et il faut des coups du destin pour comprendre que dans la vie, on ne peut pas toujours prendre ce qu’on veut, encore moins avec des caprices. Et je suis plus que motivé pour lui transmettre cette leçon, ça lui en fera au moins une de réellement utile dans sa pitoyable existence. Oh non, pas la peine de me remercier.

L’entendre gémir lorsque sa tête frappe le mur bétonné de l’institut est déjà une récompense bien satisfaisante. Certes, c’est léger mais ça ne fait que commencer et je n’ai pas envie de le briser tout de suite. Avec ce genre d’insolent, il est préférable de prendre son temps pour s’assurer qu’il comprenne. Actuellement, il n’est pas en position de faire le mariole et pourtant, il l’ouvre, encore. Et sa phrase... Oh putain, sa phrase, elle me fait éclater de rire. « Parce que tu as une fiancée, toi ? Ou elle t’a plaqué dans tous les sens du terme après avoir réalisé qu’elle en avait marre de voir ta tronche ? », petit mais efficace et honnêtement, ça ne m’étonnerait pas qu’elle en ait eu assez de ce type. C’est déjà incroyable de se dire que quelqu’un peut supporter de vivre avec ce mioche. Franchement, sa fiancée - si tant est qu’il dise la vérité - mérite une médaille. Je pourrais l’étrangler. En tout cas, j’aurais au moins pu le faire suffoquer mais soudainement, sa main qui s’accroche à mon poignet se met à me brûler ; me forçant à lâcher prise - je suis borné mais pas fou. Bordel de... Oh, j’ai à faire à un petit pyromane ? D’accord, il m’est arrivé de matter pire garnement que ça. Je n’ai pas le temps de plus réfléchir à ce qui est arrivé à ma main que ce morpion a le culot de me faire une clef de bras et de me bloquer à mon tour contre le mur. « Tu parles trop, abruti. », c’est le problème des héros qui réussissent une petite action, ça. Ils sont tellement fiers comme des paons qu’ils se mettent à bavasser, laissant ainsi des failles où s’engouffrer. Pourtant, chez nous, c’est une règle de base : jamais de putain de monologue.

Résultats des dés: