Hey ! Wake up ! | Ft Khalee

6h30 du matin. Harry ouvrit les yeux tandis que le soleil se levait à peine. Comme chaque matin, il se réveillait dans une position pour le moins étrange. Une moitié de la couverture se retrouvait au sol, et l’autre moitié lui recouvrait la jambe droite. Quant à sa jambe gauche, elle était repliée presque en angle droit, le pied en dehors du lit. En ce qui concernait Mr Nounours, il était allongé sur la tête de son propriétaire, le ventre sur le nez d’Harry. Mais de tout cela, le Rouantelezh s’en fichait complètement ! Ce qui importait, en réalité, c’est qu’il avait dormi comme un bébé ! Pas de ronflements/grognements gênants du côté d’Owen, aucun bruit du côté de ceux qui s’étaient endormis après lui… Tout était parfait ! Alors, forcément, au moment de son réveil, le petit FDP ne grogna même pas et se leva tranquillement, sans râler, pour aller se préparer à sortir du dortoir. Il jeta bien entendu un regard rapide à ses camarades, ne pouvant s’empêcher de lâcher un sourire en voyant sa jumelle dormir comme un loir puis de pouffer en voyant Khalee étalée à plat ventre sur son lit, mais ça s’arrêta là… Après tout, il n’était pas là pour juger les positions de dodo de ses colocataires !

7h du matin. Tout le monde était fin prêt et il était enfin l’heure de se diriger en cours. Tout le monde ? Non ! Un lit d’irréductible Khalee résistait encore et toujours à l’envahisseur journalier ! Dans un premier temps, Harry ne la remarqua même pas, trop occupé à traîner avec sa jumelle ou à "dire au revoir" à sa peluche, mais, alors qu’il allait franchir la porte du dortoir, son regard se posa sur la jeune femme, toujours étalée, et il se figea. Est-ce qu’il fallait la réveiller ? Cela n’allait-il pas les mettre en retard ? Pendant quelques secondes, le breton hésita, pesant le pour et le contre, puis, réalisant que, de toute façon, il avait perdu assez de temps à réfléchir, il rebroussa chemin et s’approcha silencieusement du lit de sa camarade. Il la détailla alors un instant, ne sachant pas comment s’y prendre, puis…

« Khalee ? Khaaaaleeee ? »

Harry avait prononcé ses deux mots d’une petite voix, appelant l’autre FDP de loin. Oh, bien sûr, il aurait très bien pu s’approcher plus près et la secouer pour la faire réagir mais… ce n’était pas son genre ! Le Fond d’Placards n’aimait pas pénétrer dans l’intimité des gens endormi sans leur permission. Après tout, certain.es n’aimaient pas être réveillés brusquement, alors mieux valait éviter de les embêter… Et puis, d’un autre côté, si Khalee ne se réveillait pas, c’était peut-être parce qu’elle avait fait un cauchemar ou avait mal dormi ! Et, d’expérience, Harry savait qu’il ne fallait pas embêter les gens qui avaient mal dormi… Alors, forcément, il ne se déciderait à aller la secouer que si sa camarade FDP ne réagissait pas à ses différents appels… Cependant, cela ne l’empêcha pas de parler un peu plus fort quelques secondes plus tard.

« Khalee ? Il est 7h, il faut y aller ! »

Alors là j'vous vois venir. Et voilà que Khalee se tape une grasse mat, et voilà qu'elle anticipe ses vacances. Alors déjà, calmez vous. Les vacances c'est ce samedi, soit dans... Quelques heures. Et je n'ai jamais cessé de travailler tout au long de l'année. Et quand je dis jamais cessé, c'est jamais.
Le jour je suis une étudiante sérieuse et appliquée, la nuit je travaille dans un bar en tant que serveuse. Autant dire que les week-ends je ne me repose pas vraiment, et la semaine je dois jouer du beaume anti-cernes pour ne pas avoir la même gueule que la mascotte Panda du campus !
En temps normal j'arrive à tenir le coup. Mais là... Là...

Le dernier jeudi beuvrie avant les vacances de Pâques dans un bar où les shots ne sont pas chers ça finit forcément mal. J'ai dû nettoyer 6 vomis, séparer une bagarre, faire descendre 2 meufs qui dansaient sur le bar, et ramasser la dent d'un mec qui m'avait foutu une main au cul ! Nan mais sans déconner ! Il m'agresse et c'est moi la méchante ?... Ouais je suis une méchante. Apprentie-méchante. Mais c'était de la légitime défense ! Heureusement le patron n'a pas trop gueulé et il a accepté de ne pas me virer si je lui offrais un verre à mes frais avec un beau sourire. Un sourire avec toutes mes dents héhéhé.


Bref, fin de soirée à 2h du mat, fin de journée de travail à 3h vu le brodel. Et à la sortie du bar le mec que j'avais frappé m'attend ! Et blablabla que c'est une honte, et blablabla qu'il va porter plainte. Porter plainte ?
Ca m'a pris 2 heures pour le faire changer d'avis. Et le temps de rentrer en vélib bah... Il était 6h du matin.
Alors forcément, le réveil qui sonne à 7h je m'en cogne un peu. Un peu comme la concordance des temps dans ma réponse à ce RP.
Ca bouge dans la chambre, les mecs se barrent un à un. Même Owen que je n'ai pas eu la force de mater. Aujourd'hui tant pis. Je fais grasse mat. De toutes façons les profs ne font pas attention aux gris donc mon absence passera ineperçue. Allez, dodo. Rêvons à nouveau de Catwoman.

« Khalee ? Il est 7h, il faut y aller ! »

Qui parle ? La voix est trop proche ça me dérange.
"Oh ta gueuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuule" dit-je la bouche pâteuse.

Maintenant que j'ai quitté le dortoir de l'Invisible j'aime bien mes colocs. Mais faut pas déconner avec mon sommeil. Qui que tu sois nique toi.
Je me tortille un peu pour essayer de me rouler dans la couette et... Je glisse lentement hors de celui ci. Je crois comprendre que j'étais déjà à moitié en dehors de celui ci. Tant pis, le sol peut être confortable je suis sûre.

Si Harry s’était attendue à un petit manque de volonté de la part de sa camarade, il ne pensait pas qu’elle irait jusqu’à lui lancer un… un commentaire aussi cinglant ! Elle qui était d’habitude si gentille avec lui, voilà qu’elle lui lançait un « ta gueule » bien violent. Oh certes, elle dormait si bien que c’était très probable qu’elle ne sache même pas qui était en train de lui parler, mais tout de même… Le petit Rouantelezh étant fidèle à lui même, il fut un petit peu surpris par tout ceci. Non seulement il n’aimait pas du tout quand on lui criait dessus, mais en plus, cette fois-là, Khalee venait de le faire alors qu’il essayait d’être sympa avec elle ! Alors forcément, pendant quelques secondes, il observa l’autre FDP sans rien dire, se contentant d’aller chercher Mr Nounours pour le serrer contre lui et se rassurer un peu. Et puis pour s’aider à décider aussi… Vu qu’elle ne semblait pas vouloir être embêtée, Harry devait-il tout de même continuer à tenter, ou fallait-il qu’il la laisse tranquille et aille en cours ?

Cependant, la réponse vint d’elle-même lorsque, quelques secondes plus tard, la jeune femme voulut s’enrouler sous sa couette. Sauf que, au vu de sa position, elle glissa et manqua de peu de se retrouver par terre… Un peu instinctivement, il faut bien l’avouer, le petit breton se précipita donc vers elle et la rattrapa, la remettant ainsi difficilement dans son lit et poussant même le vice jusqu’à poser sa couette sur elle. Et tout ça alors que son but était de la réveiller pour aller en cours, oui oui ! But qui lui revint à l’esprit à l’instant même où il faisait demi-tour. Mais elle semblait si fatiguée qu’Harry hésitait toujours à continuer ses tentatives. Ne valait-il mieux pas qu’elle soit en pleine forme, quitte à manquer une ou deux heures de cours, plutôt que de se lever et prendre le risque de dormir dans les salles de classes ? Ce fut en tout cas la pensée qui passa par la tête du Rouantelezh lorsque son regard se posa sur Khalee, endormie ou à moitié endormie. Pensée qui le poussa à prononcer les mots qui suivirent…

« Bon ben euh… Je suppose que si tu veux pas te réveiller, c’est parce que tu veux pas aller en cours, je vais donc te laisser tranquille… A plus tard ! »

Pourtant, malgré ces paroles, Harry ne bougea pas un seul instant. Espérait-il qu’elle réagisse et se décide finalement à venir avec lui ? Peut-être bien… Ou peut-être aussi qu’il pensait à Khalee et à ce que les professeurs pourraient penser d’elle si elle était absente. Parce que, oui, il était comme ça notre petit Harry ! Quelle que soit la situation, il pensait d’abord aux autres et ensuite seulement il se concentrait sur les conséquences que tout ceci pouvait entraîner sur lui…

Dé Kakarma n°1 acheté en boutique. Si jamais tu te le frappes, le faux plafond et la laine de verre tombe sur Khalee.

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'Kakarma - FDP' :

« Bon ben euh… Je suppose que si tu veux pas te réveiller, c’est parce que tu veux pas aller en cours, je vais donc te laisser tranquille… A plus tard ! »

Ouais, c'est ça, très bien. Merci Ô inconnu. Maintenant je pouvais à nouveau m'endormir. Je n'entendis pas la personne sortir, mais je ne faisais pas vraiment attention à mon environnement. J'étais en boule dans ma couette, dans une position beaucoup plus confortable que quelques secondes plus tôt. C'était parfait. Le paradis. Rien ne pouvait gâcher cette merveilleuse sensation.

Et puis soudain, j'entendis un gros craquement et je sentis des trucs lourds me taper à travers la couette ! Oh bordel l'adrénaline et la colère montèrent d'un coup, je bondis hors de mon lit en criant :

"OH TOI JE VAIS T'APPRENDRE À ME CASSER LES OVAIRES PENDANT MON SOMMEIL SACRE !

Ma couette, plus lourde que d'habitude, vola dans la pièce et s'écrasa avec fracas sur le sol. Les yeux rouges à cause du manque de sommeil, je regardai rapidement autour de moi et vis qui était le sale petit con responsable de tout ce bordel : HARRY ! Harry ? Oh Harry :)
Je connaissais bien le petit gris, il était beaucoup trop gentil pour avoir pensé à mal en me réveillant. Je me calmai donc.

"Désolé, je me suis un peu emportée." m'empressais-je de dire. Le pauvre était sensible, si je pouvais éviter de lui donner envie de pleurer ça aurait été cool. Avec 2 paires d'yeux rouges on aurait eu l'air de 2 junkies ça aurait glorieux !

Après une longue douzaine de secondes, je remarquai enfin le plâtre et la laine de verre dans la chambre.

"Heu... C'est toi qui as foutu tout ce bordel ?"

Que faire… Debout près de la porte de son dortoir, Harry hésitait vraiment sur ce qu’il devait faire… D’un côté, il avait dit à Khalee qu’il la laisserait dormir, et qu’il allait aller en cours tandis qu’elle resterait ici mais, de l’autre, il pensait beaucoup à la réputation de sa camarade et n’arrêtait pas de se dire que les professeurs de l’Institut n’apprécieraient ni une absence ni un retard quelconque. C’est pourquoi, plutôt que de partir comme il l’avait dit, il restait immobile, la main sur la poignée de la porte, son regard alternant entre le couloir et le lit de Khalee… Elle avait l’air de si bien dormir… Qu’est-ce que c’était, la réputation au sein d’une école rempli d’idiots de vilains, face à une bouille toute mignonne de jeune fille endormie ? Harry se posait de plus en plus la question, et il commençait à se dire que ça ne servirait à rien de la réveiller, du moins pas tout de suite…

C’est pourquoi, hésitant de moins en moins, le petit Rouantelezh ouvrit finalement la porte du dortoir, prêt à partir… Juste à l’instant où un énorme fracas se fit entendre, suivi par une voix féminine semblant pour le moins énervée… Sursautant violemment, surpris, notre cher Fond d’Placard de quinze ans se retourna d’un seul coup et n’en crut pas ses yeux. C’était Khalee qui avait fait ça ou… Non ! Même s’il ne connaissait pas son pouvoir, il se doutait que si elle était chez les FDP ce n’était pas parce qu’elle pouvait faire tomber un plafond par la force de la pensée… Et puis, aussi, si c’était elle, elle ne lui aurait pas demandé s’il était responsable de tout ce bazar ! Mais alors… qui avait fait ça ? Est-ce qu’un de ces vilains de l’Institut était passé par là et c’était amusé avec son pouvoir, au cas où il y ait encore des gris dans le dortoir ? Ou alors, peut être que c’était simplement la faute à pas de chance ! C’est en tout cas la conclusion à laquelle parvint Harry après quelques secondes de réflexion. Après tout, de son point de vue, les gens ici n’étaient pas assez méchants pour risquer de tuer quelqu’un en lui envoyant un pan de plafond sur le visage… si ?

« C’est pas grave si t’as crié, le fracas t’as fait peur, comme moi… Par contre… » S’interrompant quelques secondes pour laisser à son coeur, qui battait à cent à l’heure depuis la chute du faux plafond, le temps de ralentir, il poursuivit finalement : « C’est pas moi qui a fait ça, hein ! Je crois que c’est tombé tout seul… »

Khalee allait-elle le croire ? Harry l’espérait sincèrement ! La justification qu’il avait donné quant à la présence de tout ce plâtre par terre était pour le moins… faible, et cela pouvait être pris pour un genre de moquerie. Mais ce n’était absolument pas l’intention du petit Rouantelezh, et il espérait que sa camarade le comprendrait. Il voulait qu’elle soit son amie, et il ne valait donc mieux pas qu’elle le prenne pour un moqueur sans coeur…

"Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmhokay ! Il est quelle heure ?"

Yup, je le croyais. Après quelques mois dans cette école il y avait beaucoup moins de choses qui me surprenaient. Si on voulait aller jusqu'au bout du cursus sans mourir en tentant de faire une révolution, il fallait une certaine forme de résignation. Du genre "ok, les futures années de ma vie je les vivrai dans un taudis alors que je paye 1000 balles". C'était honteux, mais pas vraiment plus cher que la moyenne des écoles privées, qui elles n'incluaient pas le logement dans leurs tarifs. Ca devait être pour cela que les gens laissaient couler. Promo après promo. Moi même je ne disais plus grand-chose, même si je voyais la vétusté des dortoirs FDP comme une façon de nous rabaisser. De nous rappeler qu'on n'était pas ceux qui avaient le plus de chances de réussir.

Mon attention se refocalisa sur Harry. Il était bien gentil mais il allait se foutre dans la merde s'il était encore là au moment où quelqu'un remarquait les dégâts. Autant moi, j'allais réussir à me défendre, autant lui c'était moins sûr. Jayden, Owen and co étaient chill, mais les employés de l'institut pouvaient se montrer cruels. Et vu l'heure, ce n'étaient pas nos camarades de chambre qui viendraient dans les environs en premier.

"Et pourquoi t'es pas déjà parti te préparer au fait ? Allez hop hop hop !"

Je bousculai le garçon sans violence hors de la chambre.

"Va prendre une douche, je te rejoindrai au réfectoire."dis-je en refermant la porte entre lui et moi.
Bon, je devais camoufler en vitesse ce bordel, avant d'arranger tout ça ce soir. Au cas où un sous-fifre fasse un tour d'inspection et qu'il inflige la pire des punitions : faire payer les réparations ! Et tant pis pour ma toilette, de toutes façons vu les cernes que je devais me taper j'avais déjà une gueule de zombie, autant être cohérente avec l'odeur.
J'attrapai ma couette et m'en servie de serpillère, puis je la fis traîner sous mon lit. La technique de déplacement de la poussière était toujours la plus efficace niveau ménage. Je me relevai en m'appuyant sur mon matelas et... Oh qu'il était si moelleux. Si doux. Si chaud.

Non ! Je ne devais pas me rallonger ! Merde j'aurais dû demander à quelqu'un de signer les feuilles de présence pour moi.
À contrecoeur, je mis mon sac sur mon dos, aggripai mon oreiller, et partis au réfectoire. L'adrénaline commençait déjà à moins faire effet, la fatigue revenait au galop.

« Il doit être 7h20 je pense, ou peut être 30 ! »

Adressant un sourire à Khalee, malgré le choc encore présent de la chute du plafond, Harry jeta un œil autour de lui. Maintenant que sa camarade était un peu plus réveillée, et qu’elle avait cru à ses explications sans poser plus de questions, il y avait un autre détail sur lequel ils allaient devoir se pencher. Un détail de taille, il faut le dire… Comment faire pour ranger tout ce bordel avant de partir ? Non pas que tout ceci ne gêne notre cher petit breton, d’autant plus qu’il n’allait pas retourner dans le dortoir jusqu’au soir, mais… disons simplement que, même s’il ne l’avait encore jamais expérimenté, il avait entendu des rumeurs comme quoi le service d’entretien n’appréciait pas beaucoup quand on leur donnait du travail en plus, et le faisait payer. Or, pour le Rouantelezh, ils ne le faisaient pas payer par de l’argent mais plutôt… au sens figuré… Et ça, ça lui faisait tellement peur qu’il préférait ranger plutôt que de penser à un éventuel retard en cours.

Mais ce n’était apparemment pas ce que Khalee avait en tête puisque, après lui avoir posé une question plutôt étrange, elle poussa Harry jusqu’à l’extérieur de la chambre sans plus de cérémonies. Pourquoi donc voulait-elle qu’il se prépare et aille prendre une douche ? Ça faisait presque une heure qu’il était réveillé, que diable ! C’était évident qu’il avait déjà eu le temps de faire tout ça ! Et puis, il n’était plus en pyjama et portait des habits de jour, donc c’était encore plus évident ! Mais bon… Peut-être qu’elle n’était pas encore assez réveillée et qu’elle n’avait pas vu. Ou alors, peut-être qu’elle avait plus été concentrée sur le plafond par terre que sur le reste. C’est en tout cas la conclusion à laquelle le Rouantelezh arriva, et ce pourquoi il commença à protester.

« Hey mais… Attends ! »

Mais il n’eut pas le temps de prononcer un seul mot de plus, la porte se refermant sur lui. Un peu surpris, donc, Harry ne bougea pas d’un poil et cligna quelques secondes des paupières avant de se mettre à réfléchir. Est-ce qu’il devait aller au réfectoire comme elle le lui avait dit ? Est-ce qu’il devait l’attendre ici ? Est-ce qu’il devait rentrer dans le dortoir et l’aider à ranger ce qu’il y avait à ranger ? Est-ce que… Plongé dans ses réflexions, le FDP ne vit même pas le temps passé et ne fut ramené à la réalité que lorsque la porte s’ouvrit à nouveau. Une porte derrière laquelle se trouvait une Khalee, son sac sur les épaules et un oreiller dans les bras. Son regard détaillant sa camarade de bas en haut, Harry se demanda bien combien de temps il avait passé à réfléchir, avant d’enfin ouvrir la bouche…

« Oh… euh… Tu as été rapide dis donc… Moi je… euh… J’étais déjà prêt avant de venir te réveiller… euh… Je me suis levé à 6h30 donc j’ai eu le temps ! Du coup… euh… On va au réfectoire ensemble ? »

Mais... Mais qu'est-ce qu'il faisait encore là ce couillon ? Il était gentil Harry mais il n'était pas toujours très vif... Je lui avais dit que je le rejoindrais, et pourtant il était là, à se justifier. Bon, pour sa défense c'était assez chou de le voir comme ça, c'était comme un enfant pur en plein apocalypse. Le pauvre Harry méritait d'être bien entouré, et c'était un peu pour cela que je restais bienveillante envers lui. J'ébouriffai ses cheveux et le poussai doucement en direction du réfectoire.

"Tu as raison. Je ne sais pas pour toi, mais j'ai besoin d'un énorme bol de café. Et d'un thermos."

Et pendant que nous avançions, je me remis à réfléchir aux raison de l'éboulement de la chambre 1. Le bâtimennt des FDP était le moins bien lotti, certes, mais cela n'expliquait pas un état de dégradations aussi avancé. Surtout avec Owen dans la chambre, qui forçait l'administration à faire des travaux de rénovation régulièrement. Personne ne pouvait nous faire croire que la seule chambre dottée de double vitrage du bâtiment avait en compensation un plafond en sucre ! C'était aberrant. La seule raison possible était un saccage proprement organisé. Et je ne connaissais qu'une personne qui se donnerait la peine de fragiliser le plafond comme par hasard juste au dessus de mon lit.
Je ralentis le pas et m'arrêtai à quelques mètres du réfectoire. Si Harry pouvait me faire confiance alors je pouvais avoir confiance en lui, non ? C'était un gentil dans l'âme. Je le regardai, hésitante, puis sa bouille d'ange me poussa à la confidence.

"Je peux te dire un secret ? Je crois qu'il va falloir s'habituer à des emmerdes de cette envergure. J'ai fait la conne avec Orian Harker le 14 février et c'est peut-être le début de sa vendetta contre moi."

Bien évidemment, en voyant sa gueule horrifiée je me rendis compte de mon erreur. Le pauvre Harry devait être terrorisé par mon annonce ! Mais quelle conne j'étais ! Vite, je devais trouver un truc pour le rassurer.

"Ce que je veux dire, c'est que rien ne sera fait contre toi, ou contre les autres membres de la chambre. Tu ne risques rien. Par contre on peut commencer à réfléchir à un moyen de se défendre. Il faudra être malins, et surtout suffisamment subtiles pour ne pas attirer le regard de Mademoiselle Mila. Est-ce que tu me suivrais ?"

Nous étions entrés à l'institut alors que nous n'étions que des civils. Nous terminerons l'année comme des guerriers. Les généraux illustres de la chambre 1 allaient s'opposer à la tyranie Harker !

Pourquoi Harry n’avait-il pas tout simplement obéi à Khalee en se rendant au réfectoire ? Pourquoi avait-il perdu son temps à réfléchir et à attendre sa camarade ? La question pouvait se poser lorsqu’on le voyait posté comme un piquet devant la porte du dortoir. Même lui se le demandait. Mais, en réalité, la réponse était plutôt simple… Il aimait tout simplement beaucoup la jeune femme et l’idée de se rendre au réfectoire avec elle, pouvant ainsi discuter de tout et de rien, lui plaisait énormément. Et, même si c’était totalement inconscient, ça pouvait expliquer pourquoi le Rouantelezh avait attendu là comme un idiot. Tout comme ça pouvait expliquer l’énorme sourire qui s’afficha sur son visage lorsque Khalee lui ébouriffa les cheveux, et la façon qu’il eut de lui prendre la main comme il l’aurait fait avec sa sœur ou sa mère…
Certes, le trajet se passa dans le silence le plus complet – probablement à cause de la fatigue de son amie, d’ailleurs – mais Harry était tout de même heureux de se promener avec la jeune femme dans les couloirs de l’Institut. Il était d’ailleurs si content qu’il en oublia le petit incident qui avait eu lieu dans le dortoir quelques instants plus tôt…

Ou, tout du moins, l’oublia-t-il jusqu’à ce que Khalee remette le sujet sur la table. Et, à vrai dire, la perspective dont elle lui fit part effraya quelque peu Harry… Que voulait-elle dire par là ? Le dénommé Orian allait-il "embêter" les Fonds d’Placard jusqu’à ce que celle qui s’en était prise à lui ne cède ? Allait-il abîmer encore plus le dortoir, ou ce genre de choses ? C’est en tout cas les craintes qu’avaient le petit Rouantelezh, craintes illustrées par l’air plutôt apeuré qu’il avait affiché sur le visage. Craintes, également, qui ne furent pas vraiment calmées par les explications fournies par sa camarade, bien qu’il s’efforce de le lui cacher… Qu’avait-elle fait pour que ce Orian veuille s’attaquer à elle à ce point ? Et puis, aussi, qu’est-ce qu’elle voulait dire par se défendre ? Est-ce que Khalee et Orian entraient dans une sorte de guerre ? N’aimant pas du tout les conflits, Harry afficha une moue plutôt triste et se tourna vers son amie, prêt à lui faire part de son soutien le plus total dans cette entreprise. Ce qu’il s’empressa de faire, d’ailleurs, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres…

« D’accord ! Mais… euh… tu es sûre que le plafond est pas tombé tout seul hein ? Parce que sinon, après, Orian va vouloir se venger et vous aller vous bagarrer et c’est pas bien ! » Puis, après quelques secondes de silence, il préféra ajouter : « Mais si c’est lui, je veux bien t’aider ! Je t’aime bien, et puis tu es mon amie, alors personne a le droit de t’embêter ! »

Sur ces mots, comme pour illustrer ce qu’il venait de dire, Harry se hissa sur la pointe des pieds et déposa un petit baiser tout à fait innocent sur la joue de Khalee, avant de finalement lui lâcher la main pour entrer dans le réfectoire et rejoindre Azalée, qui devait probablement déjà avoir presque fini de prendre son petit déjeuner… Mais retrouver sa jumelle n’empêcha pas notre petit FDP de se tourner pour adresser un sourire sincère à son amie fatiguée…