[Mini-Event Annexe] Arrête de bouger, bordel [PV Adèle]

Il y avait les lendemains de « soirée » où l’on dormait jusqu’à quinze heures et où l’on passait la journée allongé sur le canapé, et il y avait les lendemains de « soirée » où l’on était réveillé à l’aube par l’attaque d’un ourson, puis de sa mère, et où il y avait ensuite des dizaines de personnes à soigner en urgence – sans qu’il n’y ait de soignants professionnels dans les environs. Le seul avantage de la seconde situation était peut-être qu’elle faisait rapidement disparaître l’engourdissement caractéristique d’une nuit passée à fumer plus que de raison. En tous cas, pour Alden, les impressions cotonneuses dans son cerveau s’étaient évaporées. Après avoir rejoint Altea et Adèle, avoir vu qu’elles étaient hors de danger –Altea avait utilisé le pouvoir sur elle-même et sur sa camarade FDP miniaturisée, passer voir Basilio blessé – mais pas tarder à dégager pour des questions de migraines (vous verrez exactement de quoi il en retourne plus tard ) - Alden était parti chercher du matériel médical auprès d’Henriette. Pourquoi ? Certes, il avait un pouvoir complètement inutile en termes de soin, mais… certaines circonstances dans sa vie l’avaient obligé à maîtriser des gestes de premiers secours. Or, visiblement… il y avait pas mal de blessés ayant besoin de sutures, et pas assez de mains qualifiés pour en faire. Donc il n’allait pas y couper.

Une fois une trousse de matériel récupéré, Alden fit un détour vers son camping-car. Ce n’était pas tout de soigner, il fallait encore être en état de le faire. Or là, avec la migraine qui lui vrillait le crâne –entre l’attaque mentale contre l’ours et le contact avec Basilio… - il ne l’était pas vraiment. Son visage reprenait des couleurs à mesure qu’il s’éloignait du Tsumi, mais il avait bien besoin d’une petite aide pour supporter la surcharge télépathique qui s’était ajoutée à sa fatigue normale. Il s’attrapa donc une boisson énergisante dans un placard, et en sortit d’autres au passage, pensant les distribuer à qui pouvait en avoir besoin. Quelques gorgées plus tard, ça allait déjà mieux. Reprenant le contrôle sur son pouvoir, il sortit du camping-car pour… tomber pile sur Altea, qui trimballait encore Adèle sous le bras. La légère pâleur d’Altea ne manqua pas de l’inquiéter un peu, mais à peine eut-il le temps de lui demander un « ça va ? » que l’adolescente, qui ne savait plus où donner de la tête avec tous ces gens à soigner, lui colla la « poupée Adèle » dans les bras.

-Tu peux t’occuper d’Adèle ? Faut que j’aille voir […]

Le nom prononcé par Altea échappa à Alden. Pour cause, un hurlement retenti pile à ce moment-là. Le regard d’Altea se posa sur les canettes de boissons énergisantes et elle en attrapa une à son tour, restant autour le temps de quelques gorgées. Quant à Alden, il tourna un regard un peu perplexe sur sa camarade trentenaire miniaturisée… C’était un peu bizarre de la voir… comme ça, avec la taille d’un gros jouet. Et de la tenir dans ses bras comme si elle ne pesait rien aussi. C’était Adèle mais version gros nourrisson chevelu, en fait. S’occuper d’elle, ok…

-Hrmm, Adèle, je peux recoudre ton dos si tu veux.

Parce que de ce qu'il avait compris, ce serait pas du luxe... Enfin, pour ça il fallait déjà qu’elle reprenne sa taille normale.

Ourson. Décapitation. Maman Ourse. Griffure dans le dos. Ces mots, qui peuvent paraître pour le moins décousu si l’on a pas le contexte, étaient le résumé parfait de la matinée qu’avait vécu Adèle Magret ce jour là. Même si l’on pouvait aussi rajouter à tout cela le fait que la trentenaire ait utilisé son pouvoir pour réduire sa taille jusqu’à celle d’une grosse poupée chevelue. Et c’est d’ailleurs sous cette taille que, après qu’Altéa ait arrêté l’écoulement de son sang, la FDP fut transportée un peu partout dans le camp, assistant aux soins qu’effectuait sa camarade sans prononcer le moindre mot, ne sachant pas vraiment quoi faire. Elle aurait bien voulu aider, mais… Et bien, disons simplement qu’Adèle n’arrivait pas à déterminer si son amie avait simplement oublié sa présence, ou si elle préférait s’occuper de tout le monde avant d’enfin permettre à sa patiente miniaturisée de retrouver sa taille normale. Alors, dans le doute, la dite-patiente préférait rester une poupée dans les bras de la Tsumi, en attendant qu’elle se décide à soigner son énorme plaie dans le dos.

… Ou plutôt qu’elle se décide à la refiler à quelqu’un d’autre qui, lui, pourrait la recoudre… En effet, probablement débordée par le nombre de blessés présents au sein des étudiants – et des adultes aussi, semblait-il – Altéa n’hésita pas une seule seconde à donner la poupée Adèle à Alden, en lui demandant s’il pouvait en profiter pour la soigner. Et, à vrai dire, du point de vue de la Magret, c’était peut être la meilleure décision à prendre… Sa camarade semblait épuisée, et une suture était un travail qui demandait énormément de forme et de concentration. Or, dans son état, la Tsumi ne pourrait pas en avoir suffisamment. Alors, pour son bien et celui de ses patients, il valait mieux que ce soit Alden qui s’occupe de Magret d'canard… Mais, pour qu’il puisse lui recoudre le dos, comme il venait lui même de le proposer, il valait mieux qu’elle reprenne sa taille normale, pour éviter que ses points de sutures ne sautent. C’est pour cela que, sans hésiter une seule seconde, la trentenaire activa son pouvoir, faisant ainsi retrouver à sa chevelure (et donc à son corps) la longueur qu’elle avait avant l’épisode ours.

« Voilà, c’est mieux comme… ça ? PUTAIN CA FAIT MAL ! »

Malheureusement, l’étirement causé par le pouvoir d’Adèle avait également étiré sa plaie, qui s’adaptait à la taille de son corps, et elle se remit immédiatement à saigner. La FDP ne put s’empêcher de pousser un long soupir. Non pas que cela la gêne, puisqu’elle ne risquait plus de tomber dans les pommes, mais elle s’en voulait d’avoir réduit à néant le travail effectué par Altéa… Et puis, en plus, ça allait gêner Alden ! Décidément… Elle commençait à penser que son pouvoir n’était pas le plus agréable à vivre, dans des situations comme celle-là… Et c’est d’ailleurs à cette pensée que, comme pour s’excuser, la Magret tourna la tête vers son homologue "vieux" et lui adressa un sourire un peu désolé.

« Je… Pardon pour ça… Je crois que la plaie a grandi avec moi… Mais si tu veux tu peux prendre mon T-shirt pour éponger le sang ! Il faudra bien que tu l’enlèves pour me recoudre, de toute façon, non ? »

Ben quoi ? Adèle ne faisait que dire la vérité, après tout ! Alden n’allait pas la suturer sans lui enlever son haut, ce serait complètement idiot, vous ne croyez pas ?

Le plan de suturer Adèle fut accepté. Altea s'éloignant en entendant cela, comme si elle avait voulu rester encore un peu pour s'assurer qu'Alden allait correctement prendre en charge la "patiente" et qu'il n'allait pas la renvoyer ailleurs. Alden observa avec une sorte de curiosité mêlée d'inquiétude la transformation d'Adèle, qu'il tenait toujours dans ses bras. Il aurait pu la poser mais il avait vu Altea se balader en portant Adèle depuis le début, si bien qu'il n'était pas sûr qu'elle puisse se déplacer ou tenir debout sans aide, au cas où cela provoquerait une douleur insupportable dans son dos. Alden ne l'avait donc pas vraiment anticipé mais il continuait à tenir Adèle dans ses bras lorsqu'elle se retransforma. Autant dire qu'il pouvait en sentir toutes les étapes, entre l'extension progressive du corps et le rapetissement des très longs cheveux qu'il sentait filer sur ses bras. C'était... Étrange. Apparemment, Adèle n'avait pas mal mais il avait du mal à concevoir comment une tellement transformation pouvait se faire sans douleur. Donc voilà comment en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, il se retrouva avec une Adèle taille adulte dans les bras. L'effet était un peu surprenant.

Il y avait une autre chose surprenante aussi. Cette chose qu'il sentait dégouliner sur ses bras et sur son t-shirt. Il écarta une main d'Adèle pour voir ce qu'il se passait et... Elle était pleine de sang. Et merde. Bon, la plaie ne s'était qu'un peu rouverte, ce n'était pas l'hémorragie comme celle arrêtée par Altea, ce n'était pas la peine d'appeler la Tsumi pour la faire revenir. Alden aurait bien pensé que le plus gênant était la douleur mais... Ça n'avait pas l'air de vraiment déranger Adèle, la douleur. C'était assez soulageant pour lui d'ailleurs. Il n'était pas sûr de s'en sortir avec une personne douillette... (D'ailleurs il savait d'avance ce qu'il aurait fini par faire : assommer le patient avec une attaque télépathique pour suturer tranquillement).

-Te fais pas de souci pour ça, ça n'a aucune importance, répondit Alden en balayant les inquiétudes d'Adèle à propos du sang et du t-shirt. Franchement il s'en fichait.. Il était un peu amusé du sens étrange des priorités de sa camarade trentenaire. Vu la quantité de sang qu'il y a dessus je crois pas que ton t-shirt fasse une éponge très efficace. De toute façon je vais devoir te le découper avant de suturer, vu que la plaie s'est réouverte, il va rien en rester, ajouta le blond sur un ton léger, tout en observant le dos d'Adèle.

Ouais, vu l'était de la plaie et la quantité de sang, mieux valeur découper le vêtement que d'aggraver les choses en le retirant normalement.

-Allons dans le camping-car, offrit Alden.

C'était l'endroit hygiéniquement correct (ça ne valait pas un salle de consultation stérilisée en hôpital mais ça passait) le plus proche, et il valait mieux ne pas trop tarder à suturer. Alden surveilla Adèle pendant ce très court trajet, vérifiant qu'elle n'ait pas de problèmes pour marcher. La caravane était du même modèle que celui de tous les autres sous-fifres présents, assez étroite. Dans le cas d'Alden elle était toujours complètement rangée. Vu le temps qu'il avait passé dedans..

-Je vais me rincer les mains. Si tu veux installe-toi sur le lit, c'est le plus pratique.

(Il y avait bien la banquette mais c'était la caravane des sous-fifres, il ne fallait pas rêver, elle était bien trop étroite). Et oui, manier l'aiguille avec des mains pleines de sang, ça n'irait pas... Alden se débarassa au passage de son t-shirt poisseux de sang (assez peu agréable)... et préféra ne pas en remettre un autre tout de suite. (Il pouvait toujours se tâcher avec la suture et il n'en avait pas non plus apporté 36 000 des t-shirts...). Ceci fait et quelques gestes d'hygiènes de base respectés, il alla rejoindre Adèle.

-Ça va, tu es prête? T'as déjà eu des points de sutures?

Dans les bras d’Alden, ayant retrouvé sa taille normale, Adèle pissait littéralement le sang. Assez rapidement, elle se rendit d’ailleurs compte qu’en plus de cela, le liquide rougeâtre rejoignait le bras et le T-shirt de son médecin improvisé. Et, évidemment, elle ne put s’empêcher de s’en vouloir pour cela… Non seulement, en s’agrandissant, elle avait anéanti tout le travail d’Altéa mais en plus, à présent, elle ruinait l’un des vêtements d’Alden… C’est d’ailleurs pour cela que, le plus rapidement possible, et même si cela ne changerait pas grand-chose, la Magret préféra se lever, pour éviter de rougir encore plus le pauvre T-shirt… Malheureusement, elle réalisa que c’était déjà trop tard et soupira. Par sa faute, le pauvre sous-fifre venait de perdre un vêtement ! Peut-être fallait-il qu’elle s’excuse ? Ce qu’elle fit, en y ajoutant une petite touche d’humour pour détendre l’atmosphère.

« Si mon T-shirt est dans le même état que le tien, c’est sûr que s’en servir d’éponge ne servirait pas à grand-chose ! Désolé pour ça, d’ailleurs, j’aurais dû demander à Altéa d’utiliser son pouvoir uniquement après ma transformation ! M’enfin… On va pas refaire l’histoire, hein ! Et je t’autorise à me découper le mien, de T-shirt, si ça t’aide pour les soins… »

Sur ces mots, Adèle adressa un clin d’oeil à Alden, sans vraiment de raison d’ailleurs, puis le suivit lorsqu’il lui proposa de rejoindre l’intérieur du camping-car. Un camping-car qui, s’il n’avait pas le luxe de celui de Neville, avait tout de même l’air assez confort. Si l’on oubliait l’étroitesse des lieux, c’était même une caravane que l’on aurait pu retrouver dans un camping à bon prix… Mais, bien évidemment, ce ne fut pas la première chose qui traversa l’esprit de notre chère FDP. Non, la première chose qui capta son regard, ce fut ce lit au milieu de la pièce servant apparemment de chambre. Un lit avec un vrai matelas… Un lit moelleux… Un lit bien mieux que ceux des dortoirs, à l’Institut, même ! S’allonger là dessus devait-être si… si… si génial ! Ce fut en tout cas ce à quoi Adèle pensa, et elle se dit qu’elle préférerait largement se faire soigner sur ce matelas que sur la banquette étroite et probablement bien dure. Un vœu que le propriétaire des lieux sembla entendre puisque, alors qu’il allait se laver les mains, Alden proposa à sa patiente de le rejoindre, pour que la suture soit plus pratique. Souriant, Magret d’Canard se jeta littéralement sur le lit et… eut mal bien évidemment, en raison du choc s’étant propagé jusqu’à son dos, mais peu lui importait…

Et cela lui importa encore moins lorsque, quelques secondes plus tard, un certain sous-fifre revint pour s’occuper d’elle… Torse nu… En l’apercevant, Adèle laissa échapper un sifflement d’admiration. Elle ne s’en était pas rendu compte en discutant avec lui la veille, le noir de la nuit et les vêtements le cachant probablement, mais Alden était très bel homme. Appétissant, même, si l’on écoutait les pensées de la Laressingloise. Mais on n’était pas là pour ça, n’est-ce pas ?

« Dis moi, ce n’est pas très réglementaire, cette tenue ! Enfin, au moins ça me fera quelque chose sur quoi me concentrer pendant que tu martyrisera mon pauvre dos haha »