Là, maintenant, tout de suite, dans la seconde, dans l’immédiat. Neville en avait marre d’attendre, il avait été assez patient pour ne pas être assez pitoyable pour lui demander dès la 1ere fois ou leurs yeux s’étaient croisés… Il voulait avoir Léandre pour lui tout seul et le recouvrir de baisers, de sourires et d’amour. Le protéger comme s’il était la 8ème merveille du monde. Ou plutôt, le protéger car il était la première, la seule et unique merveille dans son monde à lui… Avec un petit rire amusé, Neville hocha la tête face à sa question sur l’envie immédiate de sa demande, reliant ses doigts à ceux baladeurs du super-vilain charismatique… Qui s’inquiétait de la température… ? Et alors ? Il n’y avait pas de saisons pour s’aimer, pas de temperature ! Et puis, si c’était le cas, l’hiver était idéal pour vivre un amour chaleureux, dévorant et bouillant, pour se réchauffer sous une couette, avec les bras de l’être aimé, un chocolat ou un thé… C’était encore mieux. « Euh, beh, oui, ça n’empêche pas… ? » commença à répondre enfin Neville avec un voix enrouée par le stress. Mais ça avait l’air d’aller. Léandre gardait toujours son sourire ravageur et qui avait fait battre de manière atypique le coeur du jaune. Il était juste étrange de mettre leur relation et la température en opposition dans une phrase. Mais ça continua à être étrange, à sonner faussement… Ok, Neville ne le suivait clairement pas, et il aurait voulu ! Mais son visage ne délivrait rien d’autre que des traits dérangés par le quiproquo qu’il ne voyait pas. Ou qu’il ne voulait pas voir. Ni croire. Comme une sorte d’auto-défense C’est ça : ses neurones usaient de sa débilité pour se protéger. Et ça marchait tant que Léandre ne comprendrait pas le ‘comique de situation’… Sauf qu’il le comprit. Il l’énonça clairement. Avec ses traits s’affaissant, perdant son sourire, sa sérénité, mais jamais plus que Neville au final.
Peu habitué à se prendre des rateaux (il faudrait proposer une relation pour cela, et ça n’avait pas été le cas de Neville depuis trop de temps), le bouclé ne comprit d’abord pas la premiere phrase de Léandre. Celle qui tournait autour du pot. La seule au final. Dès que le « mais » fut prononcé, le quasi trentenaire se sentit défaillir. S’effondrer. Avec son coeur.
D’abord, ce fut des phrases compréhensives. Blessantes, mais nécessaire. Puis il y eut le second « mais ». Celui qui embrasa les miettes du coeur. Celui qui n’avait pas eu besoin d’exister comme le reste du discours de Léandre. Une phrase aurait suffit mais non. Malgré son désolé qui semblait si véridique. Mais la pitié du Pyrostructor n’aida pas à éteindre le brasier qu’il avait lui-même allumé.
« C’est bon, t’inquiète, pas besoin de... » De complimenter. Ou de passer de la pommade. Ça n’apaisait pas les brulures encore torturées par les flammes, c’était pire même, avec, ça faisait encore plus mal. Vraiment, Neville aurait préféré que l’homme qu’il aimait à lui en briser le coeur se soit arrêté à sa 2ème phrase. Mais c’était trop tard et le pitoyable fapfap sentait ses yeux embués. Il n’y avait que ça à faire dans ce cas-là, pleurer, c’était bien l’eau qui éteignait le feu, non ? S’apercevant que sa main était restée dans celle de Léandre, comme s’il avait désiré s’y accrocher inconsciemment, il décida de la retirer et de se lever tout court du lit. Pour s’habiller. Ou plutôt, pour commencer à chercher ses vêtements éparpillés dans le début de leur bêtise destructrice. « Pardon pour… Ce que je t’ai demandé. C’était stupide... » Ses excuses étaient réelles. Sans déconner ? Demander à Léandre Raja de sortir avec lui, c’était quoi ça ? Il vivait sur un petit nuage de stupidité, mettant au même niveau que lui le grand super-vilain ? C’était le rabaisser… Et le gêner. Le mettre dans une situation peu agréable à vivre. Aller, son caleçon de trouvé et d’enfilé… Un bon début. De fuite. Une larme s’échappa mais mourut vite écrasée discrètement par son épaule contre laquelle il frotta son menton. « Ou-oublies ma question débile. Fait comme si je n’avais pas été aussi crétin s’il te plait. » Pantalon en place. Manquait le tee-shirt… à côté de Léandre… « Tu peux me… hum… mon haut... » demanda-t-il pitoyablement, après s’être tourné suite à une grande inspiration pour pouvoir faire face à Léandre sans larmes. Il pointa du doigt le bout de tissus avant de ranger sa main dans ses bouclettes aplaties, entourant un visage aux joues tombantes et rouges.